Le yoga stimule la confiance et l’estime de soi des enfants
Le yoga a renforcé la confiance et l’estime de soi chez mes filles préadolescentes.
Le yoga pour aider l’estime de soi des enfants?
Ma Charlotte, 9 ans, et son amie Eleni se tordent de rire sur le sol à côté de moi.
Ma fille aînée, Lauren, 11 ans, vient de leur montrer un exercice de yoga dans lequel elles commencent accroupies, puis tendent leurs jambes et relèvent leur bassin tout en laissant leurs mains au sol.
«C’est ridicule», dit Charlotte, en prenant une voix coassante de grenouille. Lauren lève les yeux au ciel et demande à Charlotte et à Eleni de s’asseoir les jambes croisées en position du lotus.
«OK», dit-elle, «nous nous mettons toutes en position du chien renversé, sauf une d’entre nous. Celle-là va ramper sous les autres. Et pendant qu’elle le fera, nous allons à tour de rôle dire quelque chose de gentil sur elle.» Charlotte est la première à ramper. Je lui dis « J’adore comment tu es câline.» «Je suis contente que tu sois ma petite sœur», dit Lauren.« J’aime que tu ne dises jamais que tu ne m’aimes pas», dit Eleni.
J’ai commencé le yoga avec mes filles il y a six ans pour plusieurs raisons. D’abord, il y avait les études qui en vantaient les effets salutaires. Les chercheurs de l’université de Leipzig, en Allemagne, avaient trouvé que les enfants qui faisaient du yoga étaient plus calmes, moins impulsifs et moins agressifs, et davantage capables de faire face aux facteurs de stress. Dans un autre rapport d’étude, publié dans Pediatric Physical Therapy, on avait analysé la littérature sur le sujet et conclu que le yoga était bénéfique sur le plan physiologique pour les enfants. En fait, l’enseignement du yoga aux enfants est devenu si populaire que de nombreuses écoles d’Amérique du Nord l’offrent dans leurs programmes.
Pour moi, c’est important que mes filles aient une image saine de leur corps; à l’adolescence, j’avais eu des problèmes d’alimentation. Une étude canadienne de 2008 montre que 37 % des filles au secondaire III et 40 % des filles au secondaire IV se trouvent trop grosses, même si elles ont un poids normal. L’association américaine de l’anorexie mentale affirme que 95 % des personnes qui souffrent de troubles alimentaires ont entre 12 et 25 ans. Je suis convaincue que c’est en partie grâce au yoga que Lauren, qui est à l’âge où l’on change de forme, se sent bien dans sa peau. Charlotte et elle aiment ce qu’elles entendent dire à leurs cours de yoga, à savoir qu’un corps fort et confiant peut les aider à atteindre leurs objectifs. J’aime aussi le temps passé ensemble avec mes filles à faire du yoga.
Une autre de mes priorités consistait à leur faire connaître une stratégie qu’elles pourraient utiliser à long terme pour se calmer l’esprit. Alors que les classes parents-enfants étaient formidables quand elles étaient petites, avec les postures d’animaux et d’étoiles, vers 8 ou 9 ans, elles ont perdu l’intérêt. Les classes pour adultes ne les intéressaient pas non plus. « Je ne comprends pas ce qui se passe », m’a dit Lauren après une introduction au hatha yoga.
Il me fallait leur trouver du sur-mesure, et je l’ai trouvé avec Aruna Kathy Humphrys, une yogiste kundalini qui élabore des programmes pour son studio de Toronto, Young Yoga Masters. Kathy Humphrys livre la philosophie du yoga en racontant aux jeunes des histoires merveilleuses tirées d’un livre pour enfants sur le zen, en faisant faire de la méditation et, bien sûr aussi, en leur enseignant des postures de yoga. Elle aide les préadolescents à prendre la pleine conscience de leurs pensées. Et surtout, elle les encourage à poser des questions. Presque toujours, les questions de mes filles portent sur l’intimidation à l’école, leur apparence, leurs amis. Elles n’ont jamais posé une seule question sur le yoga.
Le professeur George Scarlett, directeur adjoint du département (Eliot-Pearson) d’études sur les enfants et le développement humain, à l’université Tufts (Boston, É-U.), classe les préadolescents en deux groupes. Les enfants de 9 à 11 ans se préoccupent de réussir et de mesurer leur valeur à celle des autres, explique-t-il, alors que les 11 à 14 ans découvrent qu’ils ont une vie intérieure en quelque sorte cachée, qui est différente de l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes. Selon lui, ceci crée chez eux une sorte de solitude et la peur de partager leur vie intérieure avec d’autres, l’intimité devenant un défi.
«Les personnes en autorité devraient encourager l’amitié de ces jeunes pour elles, faire preuve de patience et avoir une attitude d’approbation quand ils se montrent sous leur vrai jour.» La professeure de yoga de Boston, Susanna Barry, qui est aussi responsable d’un programme de bien-être au centre médical du MIT, ajoute que le fait de laisser les préadolescents inventer des postures de yoga les aide à développer leur leadership.
Mes filles et moi commençons nos séances par des exercices de respiration. Ma Charlotte de 9 ans décrit ainsi ce que ce moment représente pour elle : « J’inspire les pensées de ce que je suis capable de faire et de qui je suis, et j’expire les mots des enfants qui m’ont dit de vilaines choses et m’ont fait me sentir petite. »