Prendre le temps
En face de chez moi vivait un vieux monsieur. Presque toujours seul, il passait de longues heures à se bercer près de la fenêtre. Un matin d’automne, il a été transporté en ambulance aux urgences. Les jours passaient, mais l’homme ne revenait pas. Sa chaise restait immobile à la fenêtre. ll n’est revenu chez lui que six semaines plus tard. Je ne pensais pas le revoir.
Je suis donc allée le saluer. M. Proulx était d’une grande gentillesse et d’une rare générosité. Nous avons longuement discuté et il m’a raconté toutes sortes d’histoires sur le quartier. Ce jour-là, je me suis dit que j’irais le voir souvent.
Je lui ai rendu visite toutes les semaines pendant quelques mois. Je lui apportais de la soupe et, lui, il me parlait de sa vie et des gens qui l’ont quitté au fil des ans. Puis, un jour, il m’a dit « merci ». Il m’a confié que j’avais rendu ses derniers jours plus beaux. C’était son anniversaire, il avait 85 ans.
M. Proulx est parti quelques semaines plus tard, en février. C’est un voisin que je n’oublierai jamais. Par des gestes aussi simples qu’un sourire, on peut parfois rendre la vie des gens plus agréable…
Élise Tardif Turcotte, Montréal
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L’amitié comme voisinage
« Tu veux jouer au baseball? » C’était en juillet, je devais avoir quatre ou cinq ans tout au plus, mais j’en garde un souvenir encore limpide. J’avais à peine mis les pieds dehors que mon nouveau voisin m’interpellait le plus spontanément du monde, comme les gamins savent si bien le faire. Dès lors, toute notre enfance, mon voisin Pascal et moi nous retrouvions pour jouer, rêvasser, ou pour le plaisir d’être simplement ensemble. Si sa famille était originaire d’Haïti, à des milliers de kilomètres de là, le hasard aura voulu que Pascal et moi habitions côte à côte, alors que nous avions exactement le même âge, sur ce petit bout de rue de la ville de Sherbrooke.
Avant d’écrire ces quelques mots, j’ai pu retrouver d’anciennes photos de nous deux dans un album que je croyais égaré depuis des années. Tiens, si je l’appelais pour avoir de ses nouvelles ?
François Van Hoenacker, Montréal
De l’autre côté de la haie
Du temps où l’ennui était la plus terrible affliction, la quiétude de mon quartier m’embêtait. Et puis ils sont arrivés. Les voisins de droite. Avec leur peau mordorée, leurs cheveux noirs et leurs yeux sombres. Du haut de mes 11 ans, je n’avais encore rien vu de tel, du moins pas en vrai. Ensuite, j’ai remarqué leur ribambelle d’enfants. J’ai entendu les fous rires qui les accompagnaient. Je savais déjà que je m’étais fait de nouveaux amis. Les branches de la frêle haie qui nous séparait, fragilisées par les assauts de la petite « Foufou » de quatre ans, les dépassaient à peine. On pouvait donc s’épier mutuellement, et on ne s’est pas gênées pour le faire.
Ma sœur et moi observions leurs plants de menthe, que les enfants mâchouillaient à l’occasion. On humait le fort parfum de gomme balloune qui émanait de leur étrange pipe à bulles, que seul les adultes utilisaient. De l’autre côté de la haie, les enfants reluquaient notre piscine. Rapidement, les regards curieux se sont transformés en échanges. On jouait ensemble. On parlait. On dansait. C’était une incursion dans un nouveau monde, un univers différent et excitant à découvrir. Mes nouveaux voisins nous ont appris la fameuse danse du ventre. On leur a montré en rigolant comment dansent les Québécois. Ils m’ont fait goûter mon premier baklava, dont la pâte feuilletée – et les étés gorgés de soleil – me fera toujours penser à eux.
Clarisse Bérubé, Québec
Inspirez-vous de cette histoire pour régler vos futurs problèmes de voisinage.
Meilleures amies pour toujours
Il y a plus de 10 ans, je me suis séparée de mon conjoint et me suis installée dans un immeuble d’habitation. Tout un changement pour quelqu’un qui avait été propriétaire d’une maison. Je devais également m’habituer à la garde partagée de ma fille. J’étais anéantie et perdue. Heureusement, ma voisine de palier, une femme très gentille, m’a prise sous son aile et est devenue à la fois ma meilleure amie et la sœur que je n’ai jamais eue. Dawn est décédée en janvier. J’ai toujours le sentiment qu’elle va frapper à ma porte et entrer chez moi. Pour la première fois depuis 11 ans, j’ai l’impression de vivre seule.
Debbie Fox, Lachine, Québec
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Donner sans compter
J’ai les meilleurs voisins du monde. Quand je me suis installée dans le quartier, je ne connaissais personne. Jusqu’à mon intervention chirurgicale, je me contentais de saluer Enzo et Judy de la main. Contrainte de rester quelques jours à la maison en raison de complications, j’ai pu enfin discuter avec eux lorsque je me suis risquée à sortir. En apprenant que j’avais des problèmes de santé, Judy m’a dit que je pouvais l’appeler en tout temps, même au milieu de la nuit! Je ne l’ai jamais fait, mais c’était rassurant de pouvoir compter sur des gens si près de chez soi.
Depuis, Enzo m’a souvent aidée quand j’avais des ennuis de plomberie, d’aspirateur ou pour d’autres réparations. Lui et Judy m’ont prêté leur tondeuse à gazon, leur laveuse à pression, leur nettoyeur à vapeur et divers outils. Ils ont tondu ma pelouse, arrosé mon jardin, déneigé mon entrée, veillé sur mon chat et promené mon chien. Judy m’a même conduite en voiture au milieu de la nuit, sous une pluie torrentielle, chez ma mère qui venait de tomber malade, à 70 km de chez nous. Et quand mes parents sont décédés, Enzo et Judy étaient là.
Et pas seulement pour moi. Mes merveilleux voisins ont la clé de plusieurs maisons dans notre rue. Ils sont toujours prêts à donner un coup de main. Je n’ai pu les aider qu’à de rares occasions, mais ils n’ont jamais rien demandé en retour pour toute leur gentillesse.
Teresa Lico, Aurora, Ontario
La générosité des inconnus
Il n’y a pas si longtemps, chez mes parents à LaSalle, au Québec, j’ai répondu à la porte et me suis retrouvée devant une inconnue. J’étais venue du Portugal, où j’habite, pour les funérailles de ma mère. Je ne connaissais pas tout l’entourage de mes parents.
Cette femme, Isabelle, avait été leur voisine et une amie attentionnée pendant 18 ans. Je l’ai invitée à entrer.
Isabelle m’a parlé du caractère bien trempé de ma mère et du rôle qu’elle avait joué pour la sécurité dans le quartier. Comment maman – Mary – connaissait les allées et venues de tout un chacun qu’elle surveillait depuis son poste d’observation : sa chaise sur la galerie. Papa et moi avons ri et cela nous a fait du bien.Elle a également évoqué la disparition de ses deux mères, biologique et adoptive. Elle a dit combien la mort de Mary l’attristait, puis elle s’est tournée vers mon père : « Joe, vous allez devoir vous asseoir sur la galerie et surveiller la rue pour tout le monde. »
Papa m’a raconté qu’Isabelle avait été d’un grand réconfort. Quand il y avait eu un incendie chez mes parents, Isabelle était sortie dans la rue munie d’une chaise et d’une couverture pour ma frêle maman. Elle parlait même portugais, la langue maternelle de ma mère! Et son fils continue à saluer mon père chaque fois qu’il le croise.
Aux funérailles, dans mon éloge, j’ai remercié Isabelle, qui n’est plus une inconnue, pour sa bonté.
Leonia Nunes, Paço de Arcos, Portugal
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Une voisine qui fait du bien
En août 2013, quand j’ai reçu un diagnostic de cancer des ovaires de stade quatre, mon entourage était consterné. Tout de suite, j’ai commencé les traitements les plus puissants de chimiothérapie et les effets se sont vite fait sentir. De plus, toutes les trois semaines, je parcourais plus de 200 km aller-retour pour me rendre à l’hôpital.
Comme m’en avaient prévenue les médecins, je me suis mise à perdre les cheveux. Pour moi, ils sont une partie importante de ma personne. J’ai donc pris rapidement la décision de les raser, non sans tristesse… Un jour, à mon retour à la maison : surprise! Mélissa, la fille de ma voisine bien-aimée, avait elle aussi rasé ses cheveux! Elle l’avait fait par solidarité! J’étais très émue.
Mélissa et sa mère, Iris, sont d’ailleurs très attentionnées à mon égard depuis l’annonce de ma maladie. Chaque matin, peu importe le temps, je trouve un verre de jus d’orange frais sur le pas de ma porte! Avec des voisines comme elles, je suis très bien entourée.
Lise Turcotte, Marston, Québec
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M. Bricole
Mes voisins, Art et Margaret, font partie de ces gens sur qui on peut toujours compter. Il y a quelques années, j’ai traversé une période difficile sur le plan financier, et ma voiture avait besoin d’être réparée. Art m’a envoyée chez le concessionnaire avec une liste de pièces à acheter. Puis il a passé la journée du samedi à la retaper. Le prix pour cette réparation que je n’aurais pas eu les moyens de payer ? Empêcher les enfants d’entrer dans le garage et merci ! C’est tout ! Aujourd’hui, je fais de même dès que l’occasion se présente. Un petit coup de pouce à un ami, cela réchauffe le cœur.
Joanne Ellis, Saskatoon
L’union fait la force
Mon mari et moi vivons à la même adresse depuis 42 ans. Je n’ai pas de préférence pour un voisin en particulier, ils sont tous formidables! On se soutient quand il y a des crises familiales et des événements heureux. Chacun anime à tour de rôle la braderie et la fête de quartier.
Un jour, un de nos plus jeunes voisins était à l’agonie. Tout le monde s’était alors mobilisé pour récolter des fonds destinés à rembourser ses frais médicaux.
Nous avons toujours été là les uns pour les autres.
Karen Gunby, Windsor, Ontario
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Que de souvenirs !
Quand j’étais toute petite à Kenora, en Ontario, nous avions une vieille voisine appelée Mme Redding. Elle avait installé un canapé sur sa véranda arrière, et on m’y a souvent retrouvée faisant la sieste. Je venais régulièrement m’asseoir avec elle pour manger des biscuits et boire du lait. Elle m’apprenait aussi (avec beaucoup de patience) à tricoter. Elle me traitait avec tout l’amour et toute l’attention qu’elle aurait témoignés à ses petits-enfants, si elle en avait eu. De nombreuses décennies se sont écoulées depuis, mais je pense encore à elle avec beaucoup de tendresse.
Quand je me suis mariée, Mme Redding m’a offert un ravissant ensemble crémier et sucrier Belleek. Je le chéris plus qu’on ne peut l’imaginer.
Terri Armstrong, Lindsay, Ontario
Paroles de sagesse
Ma famille vivait à la campagne, en Alberta. Quand j’étais petite, j’allais souvent voir grand-papa B. Ce n’était pas mon grand-père, mais tout le monde l’appelait ainsi parce que cet homme, qui avait plus de 80 ans, se portait encore à merveille.
Je m’y rendais au moins une fois par semaine pour jouer aux dames et parler de la vie. Je n’ai jamais oublié ses sages paroles quand je lui avais confié que je voulais être adulte : « Ne précipite rien, la vie est déjà assez courte comme ça ! » Et après que je m’étais plainte d’avoir les jambes trop courtes : « Elles sont très bien. Assez longues pour toucher le sol, non ? »
Grand-papa B. m’avait appris à vivre l’instant présent et à accepter ce qui ne peut pas être changé.
Debbie Browne, Spruce Grove, Alberta
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Un premier Noël solidaire
Arrivés au Canada depuis moins d’un an, le 25 décembre 1979, nous n’avions jamais fêté Noël. Il faisait froid ce matin-là, et mon mari Jay et moi étions blottis devant le téléviseur avec notre petit Sandy. On frappa à la porte. C’était notre voisin Charlie avec un camion-jouet et des friandises en forme de cannes à la main. « Regarder la télé le jour de Noël? Jamais de la vie! Venez donc à la maison rencontrer la famille. »
Chez eux, je leur avais confié que je venais de décrocher un travail de soir, mais que je craignais de ne pas trouver de gardienne entre l’heure de quitter la maison et le retour de Jay. « Sandy pourra rester avec nous », avait aussitôt offert Vivienne.
Ce premier Noël canadien avait marqué le début d’une longue amitié.
Mala Ashok, Surrey, Colombie-Britannique
De petits gestes
Puisque son petit-fils jouait avec mon garçon, ma voisine m’a demandé à plusieurs reprises de lui préparer à dîner pendant qu’elle accompagnait son mari gravement malade à ses rendez-vous à l’hôpital. Voilà comment a commencé notre histoire de voisinage… Or, après le décès de son mari, ma voisine a fait une grave dépression. J’ai alors décidé d’aller lui porter des repas, de lui faire des mises en plis chaque semaine, de partager le café quotidien pour lui tenir compagnie – du moins pour m’assurer qu’elle surmonte cette triste épreuve. Ce n’est pas grand-chose, mais je crois que ces petits gestes lui ont permis de mieux vivre son deuil. On se voisine encore chaque semaine et cela dure depuis près de quatre ans.
Mélissa Laprise, Saint-Honoré-de-Chicoutimi
Le comité de soutien
En avril 2014, on m’a diagnostiqué un diabète de type 2, et mon médecin m’a conseillé de perdre du poids. Il m’a suggéré de faire une promenade quotidienne de 30 minutes dans le quartier. L’idée de faire de l’exercice me terrifiait – je n’en faisais plus depuis l’université. Je me rappelle lui avoir répondu d’un ton désinvolte : « Je mourrai jeune. »
Un mois plus tard, j’étais victime d’un grave accident. Mon camion était démoli et je pouvais à peine marcher avec mon dos blessé. J’ai entrepris des séances de physiothérapie et j’ai rapidement perdu 22 kilos. Les premiers mois, j’étais très gênée par ces marches quotidiennes, mais je me suis accrochée et j’ai fait tous les jours le même parcours. C’est comme ça que j’ai rencontré Robbie et Carol.
Aussitôt que je passais devant leur maison, ils étaient sur la galerie. Robbie me lançait : « Bravo, ma fille. Tu es resplendissante ! » Ils m’ont encouragée de la taille 18 à la taille 10, et un jour, ils m’ont invitée chez eux. Je leur ai dit combien leur soutien -indéfectible avait compté pour moi.
Aujourd’hui, je vais m’entraîner à la salle de gym trois fois par semaine et je marche tous les jours, par tous les temps. Et le plus important, j’ai deux nouveaux amis.
Lori Gardiner, Toronto
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