Nous ne sommes pas les seuls parents à dorloter leurs enfants adultes qui, bien souvent, ont le privilège de vivre sans loyer à payer. L’excuse de cette réalité «boomerang»: le contexte économique. Nous le rendons responsable des difficultés qu’éprouvent nos enfants à se lancer dans l’existence, en plus des contraintes actuelles – dette d’études, rareté des emplois, hausse du prix des maisons – qui en font une génération désavantagée comme nulle autre auparavant.
Cela dit, assurons-nous que notre coup de pouce affectueux ne se transforme pas en aumône étouffante et surtout que nous en avons les moyens. Les mesures suivantes vous y aideront.
1. Faites un budget
«Votre plan financier devrait vous permettre de parer à toute éventualité», dit Heather Duncan, planificatrice financière à Ottawa.
Caroline ne croyait pas que cela coûterait plus cher de garder Chris à la maison. Il avait déjà sa chambre, qu’elle ne louerait certainement pas à un étranger! Quelle différence cela pouvait-il faire?
La suivante: quand son fils est revenu à la maison, elle a dû optimiser l’abonnement de base de son portable pour un forfait familial (20$ de plus par mois), et augmenter le débit internet quand le téléchargement de ses musiques et de ses films transmis en continu a fait exploser la bande passante (25$ de plus par mois). Elle a dû aussi payer 100$ supplémentaires pour le désigner comme second conducteur de sa voiture. Et elle achète désormais du Gatorade à la caisse.
Bien sûr, il ne s’agit pas là de sommes astronomiques, mais il faut tout de même les assumer. Si vous avez des déductions inutilisées au titre d’un REER ou si, au moment de prendre votre retraite, vous n’êtes pas libérés de votre hypothèque, vous ne pourrez probablement pas couvrir ces frais.
2. Sachez pourquoi il revient
Pourquoi votre enfant revient-il à la maison? Dans le but de rembourser ses dettes? D’acheter une copropriété? Ne le laissez pas revenir au bercail avant que la raison ne soit bien claire.
Après avoir obtenu un baccalauréat à Montréal, Pierce, 24 ans, le fils de Carina D’Brass Cassidy, est retourné à la maison familiale de Toronto afin de préparer ses études de deuxième et troisième cycles. «Pour son bac, nous avons tout payé. Désormais, nous lui avons dit qu’il ne devait compter que sur lui-même.»
Carina, 53 ans, et son mari ont accepté que leur fils s’installe à la maison sans payer de loyer, devenant ainsi les partenaires silencieux de son épargne.
3. Posez vos conditions
Quand Pierce est parti, Carina et son conjoint vivaient dans une grande maison. «Elle nous semblait désormais trop grande, confie-t-elle, mais nous pensions qu’il reviendrait probablement à la fin de ses études.» Ils ont emménagé dans une habitation plus modeste en s’assurant toutefois que leur fils y ait une chambre.
Pierce est donc revenu pour un temps. Carina ne faisait pas sa lessive et ne cuisinait pour lui qu’à sa convenance. «Nous en avions parlé auparavant», dit-elle. Assurez-vous que votre progéniture sait dès le départ à quoi s’en tenir. Ainsi la situation risquera de créer moins de tensions.
4. Demandez un loyer
Même si votre enfant a des dettes d’études, fait face à une situation financière difficile et n’a aucun emploi bien rémunéré en vue, il devrait vous payer un loyer, conseille Karin Mizgala, planificatrice financière à Vancouver. Ainsi, il sera confronté à la réalité.»
Le fils de Caroline paie maintenant un loyer mensuel de 150$. (Elle ne lui a pas dit qu’elle comptait lui rendre cet argent quand il quitterait le foyer, histoire de l’aider à s’acheter une copropriété).
5. Fixez une date limite
Quand Pierce a décidé de poursuivre ses études et de revenir à la maison pour s’y préparer, «nous en avons discuté et lui avons dit qu’il y aurait une date limite», confie Carina D’Brass Cassidy. Il a demandé à rester un an et ses parents ont accepté.
Il importe de négocier tout en restant bienveillant et ouvert d’esprit. Le boulot de parent est exigeant et sujet à la critique, on ne peut donc pas toujours tout faire à la lettre.