Mettre fin à une relation
Que vous soyez la personne qui a pris l’initiative de la séparation ou celle qu’on a quittée, la fin d’une relation représente toujours un moment critique, et c’est un euphémisme. Selon une étude néerlandaise de 2019, publiée dans PLoS One, 26% des gens qui avaient vécu une rupture amoureuse présentaient des symptômes proches de la dépression, et ce, même si l’événement s’était produit six mois avant cette étude sur l’impact psychologique d’une rupture. Ce qui n’a pas étonné les experts.
«C’est un coup de tonnerre dans le quotidien. Votre vie s’est construite autour de cette personne en particulier. Elle est votre phare dans la nuit. Elle est votre premier recours. C’est avec elle que vous partagez les plus petits détails de votre quotidien», explique Susan Winter, spécialiste en relations, coach et auteure. «En son absence, les fondations de votre mode de fonctionnement s’écroulent.» Cependant, pour passer à autre chose il faut à tout prix éviter de faire ces choses après une rupture.
Cela va se produire même si vous ressentez un soulagement ou de l’indifférence. «Il est quasiment impossible d’en ressortir indemne. Il restera toujours un relent de douleur», précise Gary W. Lewandowski fils, professeur de psychologie à l’Université Monmouth de West Long Branch au New Jersey.
«Les gens expriment un sentiment de perte d’identité. Ceci s’ajoute aux ressentis émotionnels négatifs de douleur, de regret, de solitude et de dépression. Ils sont tous caractéristiques», souligne ce professeur qui est également auteur d’un ouvrage sur les angles morts des relations amoureuses, paru récemment: Stronger Than You Think: The 10 Blind Spots That Undermine Your Relationship…and How to See Past Them.
La suite heureuse dépendra de la façon dont vous gérerez ces émotions brutes en transformant l’échec relationnel en expérience d’apprentissage et avoir ainsi la perspective voulue pour aller de l’avant. Notre équipe d’experts propose des conseils sur la façon la plus constructive de poursuivre sa route après la fin d’une relation.
Le droit à la tristesse
Vous êtes écrasé de douleur, alors accordez-vous le droit de vivre ce sentiment à fond et à votre rythme.
«Prenez une semaine ou deux nuits, ou le temps qu’il vous faut pour laisser libre cours à votre tristesse et pleurer un bon coup. Puis, fixez-vous une date à laquelle vous vous lèverez et reprendrez le cours de votre existence», explique Beth Sonnenberg, travailleuse sociale clinicienne et psychothérapeute à Livingston au New Jersey.
«Vous permettre d’être triste peut vous aider à éviter un sentiment de culpabilité. Et si vous vous assignez une période distincte pour le faire, vous pourrez alors aller au fond des choses», poursuit-elle. Vous pourrez aussi réaliser que ce sentiment d’éclatement, de colère ou de solitude n’est pas éternel. «Ce que vous ressentez aujourd’hui se modifiera dans une semaine, un mois ou un an.»
Est-ce une étape primordiale? La tristesse est-elle bonne ou mauvaise?
Des projets avec les amis et la famille
Les distractions sont un bon moyen pour chasser les idées noires, en particulier en rencontrant des amis et des membres de votre famille qui vous aiment et sont prêts à vous aider, ajoute Beth Sonnenberg. Bien sûr, la pandémie impose ses limites, mais vous pouvez socialiser de façon sécuritaire. «Planifiez une promenade ou une randonnée avec un ami, une rencontre de groupe sur Zoom ou un jeu de société, de chasse au trésor ou de déguisement. Ou fêtez en respectant la distanciation sociale dans votre entrée de garage ou votre cour, ou faites une dégustation de vins virtuelle ou suivez un cours de cuisine en ligne», conseille-t-elle.
Prendre soin de soi est une autre façon de s’occuper l’esprit. Si un bain chaud ou un livre ne font pas l’affaire, vous pouvez écouter la musique qui vous rappelle de bons souvenirs, ou contacter un vieil ami. Ou encore, faites du volontariat virtuel ou en distanciation, afin de vous concentrer sur les autres, précise-t-elle.
Le moins que vous puissiez faire est de vous offrir quelque chose de spécial, comme un bon repas à emporter ou un achat spontané qui vous réconforte. «Pour aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi-même, ce qu’on tend souvent à oublier. Méditer là-dessus pourrait vous faire beaucoup de bien», selon elle.
Vous ne verrez plus vos amis de la même manière après avoir découvert ces 20 faits étonnants sur l’amitié.
Le rappel des bons moments
Il est important de faire le point pour saisir l’ensemble de la situation. Vous pouvez, par exemple, vous concentrer sur les aspects positifs du couple que vous avez formé.
«Prenez du recul pour évaluer tout ce que vous avez accompli, comme l’éducation de vos deux enfants, ou encore l’importance de sa présence durant la Covid-19. Bref, tout ce qui s’est bien passé, pour mettre l’accent sur le bon côté des choses. Accepter la fin de la relation est alors moins difficile lorsque vous n’avez pas l’impression d’avoir tout perdu», ajoute Susan Winter.
Maintenir le contact (si c’est possible)
Garder le contact avec l’ex pourrait atténuer le sentiment de désillusion, explique Beth Sonnenberg. «Vous pouvez avoir beaucoup d’amis en commun et ainsi vous revoir et avoir la possibilité d’établir un autre type de contact, même si le niveau est moins profond», dit-elle.
Il vaut mieux laisser aller les choses au moment de la rupture, plutôt que de tenter de forcer un possible lien d’amitié. Il est préférable de lui envoyer un texto quelques semaines plus tard, avec un simple bonjour. Ou lui demander plus directement s’il accepterait de vous donner des nouvelles de son travail, de sa famille, conseille-t-elle.
S’il accepte, bravo. Sinon, vous saurez à quoi vous en tenir. Prévoyez cependant qu’une première rencontre après une rupture risque d’être plutôt inconfortable, ajoute-t-elle.
Faites attention à ces comportements que l’on croit bons quand on est en couple alors qu’ils sont toxiques.
La redécouverte de soi
On fait tous des sacrifices pour le bonheur de notre couple. «Il faut penser à l’autre et s’en occuper, et par le fait même tenir compte de ses préférences, n’est-ce pas?», demande Gary Lewandowski, qui fait aussi de la recherche dans le domaine des relations amoureuses. Il cite comme exemple le fait que vous aimiez la plage et lui non, ce qui pouvait vous forcer, dans ce couple, à renoncer aux vacances en bord de mer. Mais le rappel des choses que vous avez aimées un jour pourrait vous aider à affronter plus facilement le sentiment de perte.
Dans une étude portant sur la façon dont les gens vivent la séparation, publiée dans The Journal of Positive Psychology, il a demandé à un groupe de reprendre leurs activités abandonnées au nom du couple.
«Ces gens se sont sentis mieux, car la reprise de ces activités leur a permis de renouer avec qui ils étaient avant le couple. Ils ont également eu plus de facilité à restaurer leur identité individuelle et de la séparer de l’identité du couple qu’ils avaient formé.»
Éviter de s’engager dans une relation de rebond
Une nouvelle relation immédiatement après une séparation est à éviter, surtout si on vous a quitté, affirment les experts. On comprend que c’est une façon d’apaiser la douleur et la solitude. Et cela peut aussi servir à démontrer à votre ex (et à vous-même) que vous avez toujours du charme, note Susan Winter. «Si vous vous lancez trop vite dans une nouvelle relation alors que vous êtes toujours blessé, le pire est à prévoir. Vous allez être encore plus désemparé si la personne n’est pas sérieuse, si elle vous laisse tomber ou vous ignore», ajoute-t-elle.
Ceci vient avec une mise en garde. Si c’est vous qui avez quitté l’autre, l’idée vous talonnait peut-être déjà depuis longtemps, mais attendez que le choc de la rupture soit absorbé et que vous ayez commencé une nouvelle vie pour entamer une nouvelle relation, conseille-t-elle.
Découvrez quelles sont les choses qui justifient une rupture selon les femmes.
Écrire sur l’expérience
Le fait d’écrire ce qui leur arrive peut aider les gens à traverser des moments difficiles, en leur permettant de conceptualiser et d’extérioriser leurs sentiments, précise Gary Lewandowski. Dans une conférence TEDx, il a parlé d’une étude dans laquelle on avait demandé à un groupe de sujets de réfléchir sur les conséquences négatives d’une rupture alors qu’un autre groupe discutait des avantages d’une rupture.
«Il n’y a pas de séparation totalement négative ou positive. Mais quand on est blessé, on ne perçoit souvent que la douleur et on oublie tout ce qui est positif», dit-il.
Quand les participants ont ciblé les avantages résultant d’une rupture, ils ont notamment relevé leur propre incompatibilité avec leur partenaire, ou leurs disputes permanentes. Ils ont peut-être même ressenti du soulagement. Par exemple: «Cela se préparait depuis longtemps, et je me sens mieux de ne plus avoir à m’en préoccuper. Ce qu’il y a de bien avec cet exercice rapporté par Gary Lewandowski, c’est qu’il pousse à la réflexion, et empêche de ruminer sur des sentiments plus négatifs comme la douleur, la tristesse ou la solitude.
Résister au retour en arrière
Vous apitoyer sur la perte de votre conjoint pourrait vous inciter à vouloir revenir en arrière. Résistez. «C’est inutile, ça ne marche pas», affirme Gary Lewandowski.
«Si les choses ont mal tourné au point de mettre fin à votre relation, c’est qu’il y avait un problème majeur. Et il est clair que revenir en arrière ne fera que prolonger l’agonie du couple.»
Il est malheureusement possible que vous soyez la personne toxique dans votre couple.
Faire un bilan
Quoi qu’il arrive, prenez le temps de dresser un bilan détaillé de cette relation pour pouvoir vous en remettre et continuer votre chemin, soulignent les experts. Il faut réfléchir à la situation en tenant un journal, en méditant ou en discutant avec des amis ou la famille. Bien que facultatif, le recours à un conseiller pourrait faciliter les choses.
«Révisez tous les aspects de votre couple avec un thérapeute ou un spécialiste», conseille Susan Winter. Cela implique de revoir tous les tenants et aboutissants de la relation, et de départager ce qui a bien et mal été, explique-t-elle. «Les événements, les accrochages, votre part et la sienne dans l’échec et la fin inévitable.»
Gary Lewandowski renchérit en soulignant qu’il est très difficile de faire sa propre analyse, et que le recours à un thérapeute ou autre intervenant permet plus d’objectivité et de rigueur. Un tel appui semble important. «Sans une forme d’analyse comme celle-ci, les gens risquent de répéter la même erreur», ajoute-t-il.
Ne rejetez pas tout le blâme sur votre ex.
«C’est ce que je dis tout le temps à mes étudiants en relations humaines. Malgré le fait que tout ceci puisse être de sa faute quand il crie, qu’il est déchaîné et tout le reste, c’est quand même vous qu’il l’avez choisi. Et vous êtes restés ensemble trop longtemps. Il faut donc que vous assumiez votre part de responsabilité», précise-t-il.
L’avenir en restant indulgent pour soi
Quand il est question de surmonter une rupture avec succès, il est essentiel d’avoir de la compassion pour soi. Votre réaction ne regarde que vous, et il n’y a pas de façon parfaite pour y parvenir, selon Beth Sonnenberg. Certains peuvent être accablés au départ et se rétablir progressivement par la suite, alors que pour d’autres c’est le contraire.
«Vous vous distrayez peut-être au point de ne plus y penser, jusqu’à ce qu’un événement vous rappelle votre ex et vous fasse sombrer dans la tristesse. Je ne crois pas qu’on puisse juger de la façon dont les gens entreprennent d’y faire face», conclut-elle.
Il n’y a pas que les relations amoureuses qui sont difficiles à arrêter: apprenez comment survivre et mettre fin aux amitiés toxiques.