Comment définir et maintenir des limites saines à ce besoin de plaire
Le besoin de plaire est biologique: nos ancêtres dépendaient des autres pour leur survie. Encore aujourd’hui, nous recherchons l’acceptation: les relations sociales et le bien-être des autres sont valorisants pour nous. Mais lorsque nous en faisons trop pour leur plaire, il peut y avoir des conséquences. «Cette tendance altruiste peut devenir préjudiciable», explique la psychologue Deborah Serani, autrice primée de Living With Depression, et professeure à l’Université Adelphi. Voici comment poser des limites équilibrées à notre propension à vouloir plaire aux autres.
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Prioriser son bien-être
Le problème survient lorsque vous privilégiez les besoins des autres au détriment des vôtres, selon Deborah Serani. «Beaucoup de gens qui aiment plaire aux autres ne se valorisent qu’en fonction de ce qu’ils font pour ces personnes; ils ne sont pas capables d’apprécier leur propre valeur sans donner, aider ou plaire.» Alors, comment se sortir d’un tel cycle? «Pour fixer de nouveaux paramètres, il faut d’abord être convaincu que prendre soin de soi est un besoin, et non un caprice», dit Sherry Pagoto, psychologue et professeure de la faculté de médecine de l’Université du Massachusetts. «Imaginez-vous dans le rôle du chauffeur d’un camion de la Croix-Rouge qui apporte de l’eau et de la nourriture aux victimes d’un ouragan. Si vous êtes tellement pressé de sauver toutes les victimes sans faire de pause pour faire le plein, vous risquez de vous retrouver en panne d’essence au bord de la route et vous n’aiderez personne. Pensez qu’un plein d’essence est du temps que vous accordez à votre bien-être.» (Et voici des idées originales pour prendre soin de soi.)
Trouver le bon équilibre
Selon Mental Health America, une codépendance dans une relation priorise le bien-être des autres, tout en perdant contact avec vos propres besoins, désirs et sens de soi. Ce déséquilibre peut commencer dès l’enfance, et provoquer une volonté de plaire à tout prix à l’âge adulte. «Grandir dans un environnement d’amour conditionnel, de gardiens non disponibles émotionnellement ou dans lequel les petites erreurs sont sévèrement punies, peut provoquer chez l’enfant une forte peur de décevoir, précise Sherry Pagoto. Cela se poursuivra durant toute la vie.» La reconnaissance de tels modèles peut vous aider à vous en libérer et vous donner une chance de vous en sortir, pour que votre vie ne se résume plus à l’approbation des autres.
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Ce n’est pas de l’égoïsme
Fixer des limites à votre implication envers les autres n’est pas de l’égoïsme, mais un choix sain. En vous préoccupant excessivement de vos enfants, de votre conjoint, de votre patron ou en devenant responsable du comité parents-élèves, vous pouvez créer des modèles de relation malsains. «J’aime croire qu’une limite sert à établir des paramètres sains dans une relation, dit Deborah Serani. Les limites sont des instructions essentielles pour préciser concrètement la façon de se comporter et de coexister. Un plan d’action pour encadrer vos relations peut tempérer votre tendance à vouloir plaire.» Sachez que si la volonté de donner ne se trouve que d’un côté, il ne s’agit pas d’une relation saine. Voici d’ailleurs 8 signaux d’alarme à reconnaître si vous vivez une relation à sens unique.
Un cheminement progressif
Malgré votre bonne volonté à fixer vos limites personnelles, certains jours peuvent être décourageants. Commencez par de petits changements qui vous permettent de garder du temps pour vos propres besoins, même si ce n’est qu’une heure par semaine. «Définissez au départ trois objectifs prioritaires pour l’année. Par exemple faire un potager, obtenir une promotion ou prendre des vacances en famille, ajoute Sherry Pagoto. Consultez alors votre calendrier pour repérer les activités qui vous éloignent de vos objectifs. Ce sont les premières à éliminer.» Le retrait d’événements qui prennent du temps et de l’argent peut alléger le trop-plein qui vous freine dans l’atteinte de vos buts et des activités qui sont importantes à vos yeux.
Définir ce qu’il est possible d’accomplir
Un autre moyen pour mettre en œuvre vos priorités est de connaître vos capacités logistiques. Il n’y a que 24 heures dans une journée! «Si vous souhaitez vous impliquer davantage dans la vie scolaire de votre enfant, augmenter vos heures de travail ou accompagner votre mère âgée, il faut tout d’abord vous demander si c’est possible, souligne Deborah Serani. Combien de temps pouvez-vous y consacrer? Pouvez-vous déléguer pour ne pas avoir à tout faire? Existe-t-il une autre solution?» Des questions qui pourraient vous éviter de trop vous engager.
Tenir compte de son équilibre mental
«Quand on fait passer les autres avant soi, même si l’on se sent épuisé et accablé, on peut avoir du ressentiment, prévient Sherry Pagoto. Trouver un équilibre entre l’aide aux autres et le soin de soi contribue à prévenir ce ressentiment.» Si vous vous ressourcez en aidant les autres, c’est que vous faites votre plein d’énergie. Sinon, vous pourriez avoir besoin de plus de temps pour vous-même. «Laissez vos sentiments vous guider», conseille-t-elle.
S’exprimer sans contrainte
«Plaire aux gens fait partie de ce qu’on attend traditionnellement des femmes, dès leur plus jeune âge, souligne Sherry Pagoto. Nous avons été élevées pour prendre soin, coopérer, tempérer la colère et, en général, pour prioriser les besoins des autres.» Apprendre à s’exprimer sans contrainte va à l’encontre de cette dynamique. Bien que cela puisse être gênant au départ, le fait de pouvoir vous exprimer et affirmer vos besoins constitue la première étape pour prévenir l’abus des autres. Si un «non» catégorique semble un défi, vous pouvez reporter votre réponse sous prétexte de vérifier votre agenda, ou simplement pour avoir le temps d’y penser, et dire non à la fin.
Écouter sa petite voix intérieure
Il vous arrive d’éviter ceux qui vous demandent des services, mais vous n’êtes pas capable de leur dire autre chose que oui quand ils vous trouvent. Au lieu de les éviter, concentrez-vous plutôt sur votre réaction initiale, conseille Deborah Serani. «Quand on vous pose une question, arrêtez-vous, respirez et décodez ce que vous ressentez. Si vous hésitez, sentez une contradiction ou de la peur, c’est que vous ne voulez pas le faire. Point final.» Le fait d’en prendre conscience peut vous aider à comprendre votre tendance à toujours dire oui. Est-ce par peur? Pour être aimée? Par sentiment d’obligation? L’analyse de vos comportements peut vous aider à amorcer un changement.»
Apprendre à dire non
Quand on a l’habitude de dire oui, dire non est difficile et il faut s’y entraîner. «NON» est un mot très puissant, comme le savent les enfants en bas âge, rappelle Deborah Serani. «Comprenez que dire non est une affirmation de vous-même, et de ce que vous ressentez au moment précis.» On peut le dire gentiment, mais fermement. Vous n’avez pas besoin d’une excuse blindée pour ne pas avoir à superviser la leçon de danse de votre enfant. Le désir de prendre un bon bain moussant suffit. Vous n’avez d’ailleurs aucune explication à donner, alors il vaut mieux être directe: «Désolée, impossible pour le moment.» Si vous protestez trop, on pourra vous faire changer d’avis plus facilement. «Pensez à dire non comme une expression de votre indépendance.»
Mettre fin aux relations toxiques
Les gens habitués à vouloir plaire peuvent craindre la réaction d’amis et de proches face à un non, s’ils n’ont pas compris vos nouvelles limites. «Vous pourriez découvrir alors s’il s’agit d’une relation toxique, car une personne saine acceptera un non, le comprendra et le respectera, affirme Deborah Serani. Si quelqu’un se fâche, vous boude ou vous culpabilise pour vous faire dire oui, il faudrait remettre cette relation en question.» Quand la relation est fondée sur le fait que vous donnez et que l’autre reçoit, une réaction négative de sa part est à prévoir face à votre nouvelle affirmation. Soit il ou elle apprennent à l’accepter, soit il faut vous en séparer.
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Reconnaître quand on profite de vous
Une fois que vous aurez maîtrisé les outils pour améliorer vos limites, vous serez en mesure d’identifier les tentatives qui visent à vous piéger. Selon Deborah Serani, la relation peut être acceptable si l’échange entre les parties est équitable. Vous pouvez éviter les manipulateurs en décodant ce qu’ils vous disent, comme une expression teintée de culpabilisation, «j’espérais vraiment que tu fasses cela pour moi», ou subtilement manipulatrice, «je ne crois pas avoir le temps d’aller à la poste cette semaine.» Plus vous repérerez ce qui est sous-entendu, mieux vous comprendrez leur intention. Vous pourrez alors éviter le piège d’avoir à plaire à tout le monde.
Dépasser votre sentiment de culpabilité
En affirmant vos propres besoins, vous allez ressentir inévitablement de la culpabilité, ce qui est parfaitement normal et attendu, tant que vous y résistez, souligne Deborah Pagoto. «Un élément important pour instaurer de meilleurs paramètres est d’assumer la culpabilité que la démarche génère. Même si cela peut sembler difficile au départ, la culpabilité s’estompera avec le temps. Vous serez récompensé de votre persévérance par une vie plus équilibrée, à laquelle vous participerez plus activement et plus énergiquement, que ce soit dans vos responsabilités ou dans vos relations.» L’élimination de certains engagements vous permettra de mieux apprécier ceux que vous conservez. Et tout le monde en sortira gagnant. (Voici les signes indiquant qu’il est urgent de prendre soin de soi!)
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