Pas très bavard…
«Comment s’est passée ta journée à l’école?»
«Bien.»
Cela vous dit quelque chose? C’est la réponse appréhendée à une question bien intentionnée que tout parent pourrait poser.
Cette réponse donnée machinalement suggère que l’enfant limite l’information qu’il partage avec ses parents, ou qu’il n’en donne plus du tout, au sujet de sa journée à l’école.
Lorsque les parents entendent «bien», ils peuvent réagir de différentes façons. Certains peuvent chercher à obtenir plus d’information en posant plus de questions. Cependant, la recherche a montré que poser trop de questions peut sembler envahissant, en particulier pour les adolescents.
D’autres parents peuvent cesser de poser des questions parce qu’ils en ont assez d’entendre la même réponse. Cependant, la recherche a montré que les enfants qui perçoivent un faible intérêt de la part de leurs parents ont davantage de problèmes de santé mentale et de comportement.
Par conséquent, les parents peuvent se sentir découragés. Comment peuvent-ils amener leurs enfants à parler de leur journée sans les irriter ou les amener à se refermer davantage?
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À chaque âge ses questions
À tous les âges, des études ont révélé que la communication parentale peut protéger contre une faible estime de soi et un mauvais rendement scolaire. Une forte participation des parents peut aussi avoir une influence positive sur la participation des enfants à l’école, leurs objectifs éducatifs et leurs résultats. Et notamment, une communication positive peut renforcer le lien d’attachement entre parents et enfants.
Mais comme tous les aspects du développement, les compétences en communication se développent avec le temps.
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Du concret pour les tout-petits
De la maternelle à la 1ère année, les conversations avec les jeunes enfants à l’école tournent généralement autour de sujets reliés à l’école, aux nouvelles amitiés ou aux expériences concrètes. Par exemple, un jeune enfant pourrait vouloir partager l’information suivante: «J’ai joué sur les barres de singe à la récréation!»
Vous pouvez aller plus loin avec votre jeune enfant en lui faisant décrire ses expériences. Par exemple, «J’ai vu que Justin a pris ton jouet aujourd’hui. Qu’est-ce que ça t’a fait?» Il peut aussi être utile de l’aider à mettre des mots sur ses émotions, en verbalisant ce que vous remarquez, par exemple:
«On dirait que tu étais en colère parce que Justin a pris ton jouet.»
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Parler des amis
De la 2e à la 3e année, les amitiés deviennent de plus en plus importantes pour les enfants. Ils peuvent être plus intéressés à parler de leurs nouvelles relations avec leurs pairs qu’à parler de leurs travaux scolaires. Essayez de montrer de l’intérêt en posant des questions sur leurs amis, par exemple:
«Parle-moi de tes amis. Qu’est-ce qu’ils aiment faire à la récréation?»
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Dévier la question
De la 4e à la 5e année, les enfants pourraient commencer à considérer vos questions comme des demandes, ce qui réduirait davantage le partage d’information. Il peut être plus facile d’aborder les sujets qui vous intéressent en faisant dévier les questions sur les pairs de votre enfant pour entamer une conversation. Vous pouvez tenter la question suivante:
«Que pensent tes amis du nouveau professeur de sciences?»
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Solliciter leur opinion
De la 1ère à la 5e secondaire, l’établissement de l’identité et de l’indépendance personnelles est un élément essentiel de l’adolescence. Par conséquent, votre adolescent(e) peut rechercher plus d’intimité et partager moins d’information avec vous. Vous pouvez soutenir ces étapes du développement en démontrant votre intérêt pour leurs opinions, en leur permettant d’avoir un peu d’intimité au besoin et en leur permettant de prendre part à la prise de décision familiale.
Quel que soit l’âge de votre enfant, gardez à l’esprit que les conversations positives, courtes mais fréquentes, que vous aurez avec lui au fil du temps sont toutes aussi valables que les conversations longues et approfondies que vous pourriez avoir avec lui.
Six conseils pour délier les langues
La communication est à double sens. Comment les parents peuvent-ils communiquer avec leurs enfants lorsque ceux-ci ne semblent pas réceptifs?
1. Poser des questions ouvertes
La question «Comment s’est passée ta journée» est considérée comme une question fermée parce qu’on peut y répondre en un mot. Certes, pour certains enfants, cette question pourrait provoquer une longue discussion. Mais pour d’autres, elle provoque l’arrêt de la conversation.
Si c’est le cas, essayez d’amorcer la discussion en posant une question ouverte comme «Dis-moi ce que tu as aimé le plus dans ta journée». Ou encore, vous utilisez un élément que vous avez remarqué en guise d’ introduction:
«Je vois que tu es dans une classe mixte avec des enfants plus âgés maintenant. Que penses-tu des élèves de 4e année?»
(Vous pouvez partager un bon moment avec votre enfant en lui apprenant à cuisiner…)
2. Éviter l’interrogatoire en règle
Les enfants sont souvent très fatigués à la fin de la journée. S’ils ne sont pas prêts à parler tout de suite, essayez de garder vos questions jusqu’à ce qu’ils aient eu le temps de se détendre et de prendre une collation. Une fois reposés et rassasiés, ils peuvent être prêts à parler de leur journée scolaire.
3. Modifier son angle d’attaque
Vous voudrez peut-être savoir quelque chose de précis sur la journée de votre enfant, par exemple s’il a été victime d’intimidation ou si quelqu’un l’a contrarié. Cependant, poser des questions directes comme «Pourquoi es-tu si triste?» peut sembler trop intrusif.
Si vous vous inquiétez pour votre enfant, tentez d’aborder la question indirectement, comme: «Tu avais l’air contrarié après l’école, que s’est-il passé?» Ou, commencez d’abord une conversation avec une question plus large, telle que:
«Penses-tu qu’il y a des enfants dans ta classe qui sont intimidés?»
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4. Écouter avant de parler
Les parents qui écoutent démontrent qu’ils s’intéressent à leur enfant et qu’ils le comprennent. Mais pour devenir un bon auditeur, il faut s’entraîner. Lorsque votre enfant vous parle de sa journée, rangez les appareils électroniques, essayez de maintenir un contact visuel et accordez-lui toute votre attention.
5. Favoriser la résolution de problèmes
Si votre enfant mentionne qu’il éprouve des difficultés à l’école, par exemple avec un pair ou un enseignant, ou pour comprendre ses devoirs de mathématiques, n’essayez pas de trouver vous-même la solution.
Profitez plutôt de cette occasion pour lui apprendre à résoudre ses problèmes en l’encourageant à trouver lui-même quelques solutions possibles. Aidez-le ensuite à choisir celle qui semble être la meilleure, puis évaluez avec lui si cette solution a été efficace ou non. Si ce n’est pas le cas, retournez ensemble à la planche à dessin!
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6. Demander de l’aide si nécessaire
Si votre enfant cesse de parler de ses activités quotidiennes, cela peut être inquiétant. C’est particulièrement le cas s’il est d’un naturel bavard et qu’il devient soudainement fermé comme une huître. Si vous remarquez des changements radicaux dans le comportement de votre enfant, il peut valoir la peine de consulter votre médecin de famille, son enseignant ou un psychologue.
S’engager à communiquer avec nos enfants, c’est prendre le temps de vraiment connecter avec eux. Les parents qui persistent à poser des questions avec de bonnes intentions pourraient se surprendre de voir que ce sont leurs enfants qui tout à coup parleront spontanément de leur journée scolaire!
Jessica Cooke, Doctorante, Département de psychologie, University of Calgary et Sheri Madigan, Professeur adjoint, Chaire de recherche du Canada sur les déterminants du développement de l’enfant, Owerko Centre à l’hôpital Alberta Children’s Hospital Research Institute,University of Calgary.
La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.