La dermatite atopique: un désordre cutané
La dermatite atopique, aussi appelée eczéma atopique, est la maladie cutanée inflammatoire chronique la plus courante [1]. La Société canadienne de l’eczéma estime que 11% des enfants et 7% des adultes vivent avec cette pathologie[2].
Le dermatologue Joël Claveau, également chercheur associé au CHU de Québec, explique que les patients souffrant de dermatite atopique présentent des anomalies de la structure de leur peau surtout au niveau des attaches entre les cellules cutanées (la filaggrine, qui aide à retenir l’eau dans les couches de la peau) [3].
Cette altération de la structure de la peau permet aux allergènes de l’environnement (pollens, poussières, savons…) de pénétrer dans l’épiderme et de stimuler le système immunitaire, qui réagit de façon excessive à ce qu’il considère comme une agression [4]. Il déclenche alors rougeurs, démangeaisons, inflammations et suintements. À cause du bris de la peau causé par les lésions et le grattage, la peau sèche devient également plus sujette à une surinfection [5].
Le degré d’atteinte varie d’un patient à l’autre, bien que le symptôme principal de la dermatite atopique reste le prurit et des lésions typiques au niveau du visage et des plis de flexion [6], explique Joël Claveau. La dermatite atopique peut ainsi être définie en fonction de sa gravité, allant de légère à sévère [7].
Alors que la dermatite atopique légère forme des zones de peau sèche, provoque des démangeaisons peu fréquentes, avec ou sans zones de rougeur, la dermatite atopique sévère, pour sa part, forme des zones étendues de peau sèche, provoque des démangeaisons incessantes et des rougeurs, un épaississement étendu de la peau, des saignements, des suintements, des craquelures et une altération de la pigmentation de la peau [8].
La dermatite atopique est un problème cutané ayant des origines multifactorielles complexes, mais certains gènes ont été associés à l’atopie, note Dr Claveau. Le terme atopie signale en effet une prédisposions génétique à développer des allergies — qui regroupe habituellement trois conditions: la rhinite allergique, l’asthme et l’eczéma atopique [9]. Les enfants des patients atypiques sont donc plus à risque de développer une des trois manifestations [10].
Le dermatologue précise que la dermatite atopique est souvent la première manifestation dans cette triade. «On fait souvent référence à la “marche atopique”, c’est-à-dire le passage de la dermatite vers la rhinite et enfin l’asthme» [11], souligne-t-il.
Conséquences sur le sommeil
Il est bien documenté que la dermatite atopique perturbe le sommeil [12]. Les patients atteints d’une maladie grave doivent généralement composer plus de 150 nuits de sommeil affecté par année. La mauvaise qualité du sommeil est probablement l’un des impacts les plus importants sur la qualité de vie liés à la dermatite atopique [13].
Un sondage de la Société canadienne de l’eczéma a révélé que plus de la moitié (55%) des Canadiens atteints de dermatite atopique sévère déclarent se réveiller chaque nuit en raison de démangeaisons [14]. Près du trois quarts (74%) des soignants canadiens qui s’occupent d’un enfant atteint de la dermatite atopique déclarent que les démangeaisons ont un effet négatif sur la capacité de l’enfant à s’endormir la nuit [15].
Conséquences sur la vie sociale
La Société canadienne de l’eczéma souligne que les symptômes de la dermatite atopique peuvent non seulement entraîner un manque de sommeil, mais aussi une faible estime de soi et un impact négatif important sur la vie sociale [16]. 87% des Canadiens qui souffrent de la dermatite atopique affirment que leur vie est affectée de façon négative par leur dermatite atopique [17]. Aussi, près de la moitié (48%) admettent qu’ils évitent les activités sociales en raison de leur dermatite atopique, révèle le sondage effectué par la Société canadienne de l’eczéma [18].
Conséquences sur la santé mentale
La dermatite atopique est bien plus qu’une simple peau sèche qui démange. Les personnes atteintes de dermatite atopique sont souvent accablées par de multiples effets physiques, mais aussi psychosociaux [19].
Elle peut avoir des conséquences significatives sur la santé mentale des personnes atteintes de cette maladie cutanée et elle est également associée à des taux accrus de dépression et d’anxiété, rappelle la Société canadienne de l’eczéma dans son rapport sur la qualité de vie [20].
Selon le sondage orchestré par la Société, 64% des Canadiens qui souffrent de la dermatite atopique déclarent ressentir de l’anxiété spécifiquement liée à leur pathologie, et près de la moitié (44%) déclarent souffrir de dépression spécifiquement liée à leur dermatite atopique [21].
Les conflits psychoaffectifs peuvent aussi entraîner des recrudescences de la dermatite atopique, tout comme peut le faire le stress [22].
Solutions
Si l’hydratation est le mot d’ordre, la prévention est aussi importante [23]. Les personnes devraient éviter la chaleur et la sueur, ainsi que tous les irritants cutanés (certains tissus, certains savons, etc) [24]. «Les allergies alimentaires sont aussi un facteur aggravant» [25], note Joël Claveau.
«Il faut bien hydrater la peau avec des lotions ou, idéalement, des crèmes non parfumées, et appliquer un hydratant après la douche», recommande-t-il. Le soin ultime passe par une hydratation régulière et efficace du corps et de la peau [26].
«Il faut éviter les douches et les bains chauds prolongés et les savons basiques» [27], recommande le dermatologue. Éviter également les détergents trop puissants pour lessive et les assouplisseurs [28].
Enfin, en hiver, un chauffage trop important de la maison et un manque d’humidité sont à éviter. Il est également préférable de favoriser les vêtements de coton et d’éviter la laine [29].