Bronzer sans danger
Avant de vous procurer un écran solaire, prenez compte d’avis des experts!
La Société canadienne du cancer s’attend à 4 600 nouveaux cas de mélanome et à 900 décès de ce cancer cette année. Elle prévoit aussi le diagnostic de 69 000 autres tumeurs cutanées. Pour ceux d’entre nous qui tiennent à prendre l’air et à profiter du si court été canadien, la prévention passe par l’achat d’un écran solaire efficace et la prise en compte des plus récents avis d’experts.
Pleins feux sur les UVA
La lumière solaire qui baigne notre planète comprend différentes longueurs d’ondes. La partie ultraviolette de ce spectre se divise en trois catégories.
Les rayons ultraviolets A (UVA) sont les plus abondants. Ils pénètrent jusqu’aux couches profondes de la peau et peuvent affecter les fibroblastes (cellules qui produisent l’élastine et le collagène auxquels la peau doit son élasticité). Les ultraviolets B (UVB) sont absorbés en bonne partie par la couche d’ozone, mais comme ils possèdent plus d’énergie que les UVA, ils provoquent plus d’altérations cellulaires. Ce sont surtout les UVB qui nous font bronzer… et brûler. Quant aux ultraviolets C (UVC), ils se dispersent complètement dans l’atmosphère.
Jusqu’à tout récemment, les écrans solaires étaient faits pour nous protéger des UVB auxquels on imputait tous les cancers de la peau. On présumait en effet que le bronzage était le signe d’une mutation de l’ADN épidermique potentiellement cancérigène. Mais comme nous sommes beaucoup plus exposés aux UVA – environ 19 fois plus – des chercheurs ont commencé à s’interroger sur leur rôle dans la détérioration de l’épiderme et sur l’efficacité réelle des écrans solaires contre ce type de rayonnement.
Pénétrant plus profondément que les UVB, les UVA sont responsables des principaux stigmates du vieillissement. « Les rides, les poches, l’amincissement de la peau sur le dos de la main, toutes ces marques que nous attribuons à l’âge sont causées par le soleil », fait valoir le docteur David McLean, chef des programmes de prévention à la B.C. Cancer Agency, un institut de Vancouver. En effet, les UVA freinent la production du collagène qui donne sa texture à la peau. À la longue, le vieux collagène se décompose. Par ailleurs, les UVA affaiblissent les réactions immunitaires de la peau au point que les médecins s’en servent à présent pour traiter certaines allergies. Pour les personnes allergiques, c’est un progrès, mais on peut se demander si cette fragilisation ne prépare pas le terrain au cancer.
L’hypothèse qui tend à s’imposer actuellement, c’est que la mélanine, pigment du bronzage, libère des radicaux cancérigènes en s’oxydant. Elle reste à prouver.
Sachez acheter
Les écrans solaires à large spectre (ceux qui protègent contre les UVA et les UVB) existent depuis si longtemps qu’ils sont devenus la norme. Pourtant, un nombre étonnant d’entre eux ne filtrent que les UVB. « Les ingrédients actifs sur large spectre coûtent plus cher que les produits bloquant uniquement les UVB, explique McLean. Les produits économiques n’arrêtent probablement pas les UVA. » Il recommande les écrans FPS 60 parce qu’à ce niveau de protection, le produit doit contenir des filtres anti-UVA comme le Parsol 1789 (aussi appelé avobenzone ou dibenzoylméthane).
Au fait, saviez-vous que le facteur de protection solaire (FPS) sur l’étiquette mesure uniquement celle qu’il accorde contre les UVB ? Pour le calculer, on vérifie le temps qu’il faut à la peau pour brûler avec ou sans l’écran solaire. Évaluer la protection contre les UVA est plus problématique parce que les experts ne s’entendent pas sur un protocole.
Un classement devrait enfin être implanté cette année aux États-Unis. Supervisé par la Food and Drug Administration, il consistera en une série d’étoiles, une seule indiquant une protection minimale contre les UVA et quatre, la protection maximale. Santé Canada doit maintenant décider d’adopter ou d’adapter le système, ce qui pourrait demander jusqu’à dix ans, selon McLean. En attendant, les consommateurs doivent se résigner à lire attentivement les étiquettes.
Quelle quantité appliquer ?
Pour ne pas rôtir, vous devriez probablement mettre beaucoup plus de crème solaire que vous ne le faites actuellement. « En moyenne, les gens utilisent le quart de la dose employée pour évaluer le FPS, dit McLean. Ce qui veut dire qu’un FPS de 60 tombe à 15 et un FPS de 15, à quatre. »
Étendez au moins une cuillerée à café sur chaque membre, sur le torse et dans le dos. Appliquez généreusement sur le visage, le cou et les oreilles. Si vous êtes trop chiche, les UVA ne vous rateront pas. « Il faut faire un petit effort pour penser à la nuque et aux oreilles », observe le docteur Cheryl Rosen, directrice du programme Prudence au soleil de l’Association canadienne de dermatologie.
L’idéal, c’est d’appliquer l’écran solaire une demi-heure avant de sortir pour laisser aux ingrédients actifs le temps de pénétrer. Répétez l’application toutes les deux heures et n’oubliez pas le baume pour les lèvres : il doit avoir un FPS d’au moins 15. ( La plupart des brillants et baumes ne bloquent pas les rayons solaires. Selon une récente étude américaine, certains auraient l’effet inverse.)
Les écrans chimiques se dénaturent à la longue. Pour ralentir cette dégradation, gardez votre crème solaire à l’abri de la lumière et de la chaleur (pas sur la lunette arrière ou le dessus du tableau de bord !) au maximum pendant un an.
Pour plus de sûreté, vous pouvez utiliser un écran physique à l’oxyde de zinc ou de titane qui réfléchit les UVA au lieu de les absorber. Certains sont à base de nanoparticules si petites qu’elles disparaissent à l’application au lieu de former l’épaisse couche blanche qu’on remarque souvent sur le nez des skieurs.
Minimiser le risque n’exige pas seulement d’utiliser un écran solaire. « La période de la journée qu’on passe à l’extérieur a un impact considérable sur les dommages potentiels, dit McLean. De toute façon, c’est plus agréable de jouer au tennis à 9 h 30 qu’à 13 h. » Bien entendu, vous porterez des manches longues et un chapeau à large bord.