Les troubles alimentaires : une réalité chez les adultes
Les troubles alimentaires ne sont pas des défis réservés exclusivement au monde des adolescents. L’ANEB (l’association sur l’anorexie et la boulimie au Québec) dévoile que sa clientèle est principalement adulte.
Anorexie et boulimie sont perçues comme des menaces communes affectant la période de l’adolescence. Le terme anorexie, par exemple, nous ramène souvent à l’image d’une jeune fille pubère ayant la peau sur les os. Une réalité moins connue fait pourtant surface : les troubles alimentaires sont aussi très présents chez la population adulte en milieu de vie.
Marilène Dion, coordonnatrice clinique de l’ANEB (l’organisme Anorexie et Boulimie Québec qui soutient les personnes aux prises avec ces troubles), souhaite freiner l’association systématique faite entre les problèmes alimentaires et les jeunes. « C’est une fausse croyance que l’on entretient. En fait, les personnes ayant recours à nos services ont en moyenne autour de 44 ans », signale-t-elle.
Les défis vécus par les personnes ayant des troubles alimentaires sont sensiblement les mêmes, peu importe la tranche d’âge. Cependant, la façon de vivre cette problématique varie selon un facteur particulier : la présence assidue d’un réseau.
L’appui dans un regard bienveillant
« Un adolescent est relativement bien entouré de ses parents, sa famille et ses amis. Une personne adulte, toutefois, vit souvent plus dans la solitude», fait remarquer Mme Dion. L’adolescent(e), sous la charge d’une supervision parentale, bénéficie d’un regard régulier et bienveillant pouvant noter ses sauts d’humeurs et ses changements de comportement.
Dans le cas de l’adulte, celui-ci est susceptible de vivre un trouble alimentaire sur une période plus longue. Vivant seul, ou ayant moins souvent, à proximité, quelqu’un pouvant l’observer sur une base régulière, le malaise alimentaire peut mieux s’enraciner. « Ainsi, cela peut prendre plus de temps avant que les gens autour se mobilisent et se rendent compte que quelque chose va mal », explique Mme Dion.
Des symptômes d’un trouble alimentaire
Il est possible qu’une personne soit aux prises avec un trouble alimentaire sans en être consciente. Ce dernier s’immisce, d’abord, de manière subtile. « Ça débute souvent par des comportements alimentaires qui semblent anodins », ajoute la clinicienne. La personne affectée commence par sauter des repas, par exemple, question d’éviter des calories en trop. Puis, soudain, une récurrence s’installe et le comportement devient compulsif.
Par ailleurs, et comme tout autre malaise, « il y a toujours la période du déni qui empêche de voir la réalité en face », ajoute Marilène Dion.
Des symptômes associés aux troubles alimentaires sont le réflexe d’une personne à se gaver régulièrement de nourriture (pour gérer ses émotions) ; son désir de planifier de manière excessive son alimentation ; le fait de s’isoler et de refuser les repas en groupe ; l’intérêt marqué pour de l’entrainement excessif, et/ou le fait de nourrir un sentiment de culpabilité face à l’alimentation, entre autres.
Il existe quatre principaux troubles alimentaires :
• L’anorexie : caractérisée par le désir ardent de conserver un corps mince, au sacrifice de repas quotidiens.
• La boulimie : ce trouble se constate par la consommation excessive de nourriture qui est, par la suite, rejetée à l’aide de laxatifs ou autres moyens.
• L’hyperphagie : ponctuée de comportements boulimiques, à la différence près qu’il n’y a pas de rejet qui s’en suit.
• L’orthorexie : caractérisée par une fixation déséquilibrée autour de la saine alimentation (ce trouble fait figure sur la liste depuis peu).
L’obsession alimentaire
Ces troubles alimentaires semblent viser, à leur façon, l’obtention d’un poids santé et/ou l’adoption de bonnes habitudes salutaires. Mais ils partageant tous, à la base, un réflexe malsain qui vient déformer la réalité : l’obsession à l’égard de l’alimentation.
Lorsque quelqu’un est prêt à écarter ses activités sociales et orienter presque tout son temps autour de l’alimentation, il est probable qu’il vit un déséquilibre. Lorsqu’il y a obsession avec la nourriture, manger n’est plus associé avec la notion du plaisir.
Le désir d’avoir un poids salutaire n’est pas mauvais en soi et peut être un gage de santé. Toutefois, lorsque ce désir devient la principale inquiétude, qu’il occupe la majorité de vos pensées et vide de ses ressources d’autres besoins importants (ex. : la santé relationnelle, les besoins en apports énergétiques, l’estime de soi, etc.), il y a matière à réflexion.
Vers de saines habitudes
Afin de réduire les effets néfastes et envahisseurs de l’obsession alimentaire, Marilène Dion est d’avis qu’il faut cesser les interdits alimentaires et miser plutôt sur la variété. « La restriction peut encourager la compulsion alimentaire et accentuer l’obsession, fait-elle noter. Ainsi, il est bien de se nourrir d’un peu de tout et de donner au corps ce dont il a besoin ». Puisqu’en réalité, la source du trouble alimentaire «n’est pas l’aliment lui-même. Le problème est souvent en dessous de l’assiette », ajoute-t-elle.
Le dilemme de la modération et de jongler raisonnablement avec quantité et qualité revient. Tout est dans la mesure du raisonnable et rien de bénéfique ne peut germer dans l’excès.
En vue d’aider les personnes aux prises avec des troubles alimentaires, dans ce sens, l’équipe de soutien de l’ANEB propose à ces derniers des exercices de conscientisation de leurs corps. De manière à aider les individus à être plus attentifs aux signaux de satiété et de faim envoyés par leur organisme. L’objectif final étant d’enrayer le malaise et l’angoisse vécue autour de l’alimentation et de ramener le sentiment de plaisir dans l’acte de se nourrir.
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