À qui pouvez-vous encore faire confiance de nos jours? Certainement pas aux politiciens, à en croire vos choix pour le palmarès de la confiance 2012. Aux personnalités du milieu des affaires? Que non! Pour une deuxième année consécutive, ce sont plutôt les chefs d’antenne qui remportent la palme.
Céline Galipeau ouvre la marche à nouveau, talonnée de près par les présentateurs de TVA, Sophie Thibault et Pierre Bruneau. Ces deux derniers sont désormais ex aequo, un gain d’une position pour Sophie Thibault par rapport à 2011.
«C’est très bien!» s’exclame Pierre Bruneau, joint au téléphone quelques heures avant le téléjournal de 18h. «Ça fait 36 ans que je suis là chaque jour, même heure, même poste. C’est donc la troisième génération qui nous écoute et pour qui on devient une référence. C’est un grand privilège de pouvoir tisser un lien comme celui-là avec le public.»
Le fossé qui sépare le top trois et les autres personnalités présentes dans le sondage semble infranchissable. Comment expliquer l’avance de ces animateurs qui rapportent les bonnes et – surtout – les mauvaises nouvelles? «Notre travail implique d’être neutre, souligne Pierre Bruneau. Tandis qu’un politicien, par exemple, doit prendre position. Alors en partant, les gens qui ne partagent pas son opinion seront contre lui.»
Plus encore, quand les mots corruption, collusion et fraude sont répétés semaine après semaine, la population se demande sur qui elle peut encore compter. «Lorsque les gens perdent confiance en une institution ou une personne, ils cherchent une alternative, explique la doctorante en sociologie à l’université de Montréal Isabelle Valois. Dans ce cas-ci, le mouvement est entre les médias et la sphère politique. Les gens ont moins confiance en nos politiciens, alors ils se tournent vers les chefs d’antenne.»
Le ménage commence
Malgré le cynisme qui règne dans la province, les Québécois donnent une chance à la juge France Charbonneau. Celle qui a notamment fait condamner Mom Boucher s’est hissée en 6e position du sondage, avant même que les travaux de la commission d’enquête sur l’industrie de la construction n’aient commencé. «Elle est très fière et très flattée de faire partie du palmarès de cette année, dit le directeur des communications de la commission Charbonneau, Richard Bourdon. Elle espère qu’elle s’y trouvera encore l’an prochain.» Tout dépendra de sa façon de diriger la commission, dont les séances publiques débutent ce mois-ci.
Plusieurs des nouveaux venus dans le palmarès de la confiance cette année obtiennent de bons résultats, dont l’ex-chef de l’Unité anticollusion Jacques Duchesneau (9e), la ministre du Travail Lise Thériault (11e), et la présidente de la Commission de la construction du Québec Diane Lemieux (12e). «Tous les trois étaient chargés de faire le ménage dans le milieu de la construction», rappelle Bernard Motulsky, titulaire de la Chaire de relations publiques et communication marketing de l’UQAM. Lise Thériault et Diane Lemieux sont restées fermes dans leur volonté de revoir le placement sur les chantiers, malgré les pressions musclées des syndicats, tandis que Jacques Duchesneau a brisé le silence pour confirmer publiquement ce que les médias rapportaient depuis quelques années.
Mais ce ne sont pas toutes les personnes associées à la construction qui s’en sont bien tirées. Le patron de l’Unité permanente anticorruption, Robert Lafrenière (18e), et le ministre des Transports, Pierre Moreau (23e), n’ont pas su gagner la confiance des Québécois. «Ils n’ont pas eu une bonne année, surtout au ministère des Transports, souligne Bernard Motulsky. L’effondrement du paralume, les travaux, les ponts, les cafouillages…»
(Photo: Courtoisie de Robert J. Galbraith/Flickr)
Côté politique
Régis Labeaume continue de défier les tendances en bondissant de deux places par rapport à l’an dernier pour se hisser au 5e rang. Parions que Gérald Tremblay, en recul d’une position à la 22e place, et Gilles Vaillancourt (25e) paieraient cher pour percer le secret de sa popularité. Comme l’a appris le maire de Laval cette année, construire un amphithéâtre ne suffit pas. «Labeaume est dynamique, il n’a pas la langue dans sa poche, il n’a pas peur de prendre des décisions et a des projets, souligne Isabelle Valois. Tous ces éléments mis ensemble donnent l’impression qu’il est digne de confiance.»
Au provincial, Amir Khadir (13e) et François Legault (14e) sont les chefs de parti qui ont le plus de crédibilité, selon les sondés. «C’est une performance qui est un peu décevante pour M. Legault, note Luc Dupont, professeur de communication à l’université d’Ottawa. Mais il peut se consoler en se comparant à Pauline Marois et Jean Charest», dont les noms figurent aux 16e et 19e rangs.
En queue de peloton, apparaît Michael Sabia. L’homme d’affaires, appelé en renfort à la Caisse de dépôt et placement du Québec après la perte de 40 milliards en 2008, termine 21e, une légère amélioration par rapport à l’an dernier. «Le problème est probablement davantage l’institution que la personne, croit Isabelle Valois. Les gens ne pardonnent pas facilement.»
En qui avez-vous confiance?
1. Céline Galipeau
2. Sophie Thibault
3. Pierre Bruneau
4. Guy A. Lepage
5. Régis Labeaume
6. France Charbonneau
7. Thomas Mulcair
8. Gilles Duceppe
9. Jacques Duchesneau
10. Denis Coderre
11. Lise Thériault
12. Diane Lemieux
13. Amir Khadir
14. François Legault
15. Pierre Karl Péladeau
16. Pauline Marois
17. Gérard Deltell
18. Robert Lafrenière
19. Jean Charest
20. Stephen Harper
21. Michael Sabia
22. Gérald Tremblay
23. Pierre Moreau
24. Michel Arsenault
25. Gilles Vaillancourt
(Source: le sondage a été mené auprès de 527 personnes en janvier 2012.)