Come Prima – Alfred, éditions Delcourt / Mirages
Je suis sensible aux histoires de mecs virils qui craquent enfin, après des années à jouer les durs. Ça me rassure… Ce moment précis d’effondrement, sorte de point de bascule, a donné de riches histoires au fil des époques. Bien que l’œuvre graphique d’Alfred ne révolutionne en rien ce thème, l’histoire de ces retrouvailles entre deux frères italiens qui entreprennent un road trip jusque dans leur contrée natale au début des années 1960 n’a rien de banal, bien au contraire, à commencer par cette urne funéraire du père déposée sur la banquette arrière. Puis, il y a ces illustrations qui rendent hommage au cinéma italien de l’après-guerre, et ces propos dignes d’une comédie sociale dont on veut en retenir les répliques. J’ai savouré ces 222 planches qui m’ont fait passer par plusieurs émotions. C’est puissant, déstabilisant, poignant. Pas étonnant que cette BD ait remporté le fameux Fauve d’Or d’Angoulême en 2014.
L’audience – Oriane Jeancourt Galignani, éditions Albin Michel
Vous vous souvenez de l’affaire Tania Pontbriand, cette enseignante québécoise accusée d’avoir eu des rapports intimes avec un élève mineur et qui en a eu pour 20 mois de prison. Ce cas récent est loin d’être unique. La Française Oriane Jeancourt Galignani s’est inspirée d’un fait similaire pour écrire l’histoire d’une mère qui attend en silence le verdict de son procès dans une petite ville du Texas où tous les regards sont tournés vers elle. Ce huis clos qui peut être très dérangeant pour certains lecteurs m’a captivée, m’empêchant de vaquer à mes autres occupations jusqu’au verdict attendu. Si ce livre n’a rien de lumineux, il éclaire tout de même sur le système judiciaire américain et les procédés typiques au Texas…