Blues nègre dans une chambre rose
De Jennifer Tremblay, éditions VLB.
« La peau des hommes noirs est naturellement imbibée d’un parfum imaginé par Dieu pour faire basculer la femme blanche (peut-être la femme noire aussi, mais ça, je ne le sais pas). » Et qu’est-ce qu’elle a basculé cette Fanny, la narratrice de ce roman qui écrit à Bobo dans des cahiers qu’elle garde pour elle. Jennifer Tremblay a su traduire dans La liste, la trajectoire du désir et de la passion plus dévorante, celle dont on ne se remet jamais, évidemment, celle qui bien des années après continue de hanter nos nuits, même quand un autre a pris place à nos côtés dans le lit… Teintée de phrases à retenir, de jeux de mots qui s’embrasent comme cette langue que l’écrivaine manie en grande maîtresse des sentiments, cette déclaration d’amour en est aussi une de guerre et c’est à ce paradoxe qu’on reconnaît les plus grandes histoires de cœur.
À l’état sauvage de Robert Lalonde
Éditions Boréal.
Quelle femme n’a pas un jour rêvé d’être un homme ? Juste pour en savoir assez sur beaucoup de choses, parmi lesquelles la nature des liens qu’ils créent avec d’autres hommes ; vieux, jeunes, amis, amants, élèves, père, fils, etc. Faisant partie des plus fins observateurs des comportements humains dans ce qu’ils ont de plus subtil, Robert Lalonde nous revient avec un roman tissé comme un patch-work de relations entre mecs. Les silences habités, les mots qui changent un monde, les regards qui font mal ou un éclair qui secoue, l’écrivain agence les phrases et la nature dans ce qu’elle a de plus sauvage. L’indomptable mâle m’est apparu ici dans ce qu’il a de plus envoûtant. J’imagine que les lecteurs se sentiront compris et que les lectrices, elles, en sauront davantage sur le mystère masculin.