En route vers le pacifique
La campagne Défi pacifique se déroule partout au Québec, du 8 au 21 février, sur le thème «Un 2$ pour la paix»
«Aider les autres à régler leurs chicanes, ça peut finir par changer le monde!» affirme Julien, 11 ans. Autour de la table, Nadine, Myriam et Aude approuvent. Ces quatre «grands» de 5e et 6e années agissent comme médiateurs auprès des plus jeunes à l’Ecole internationale Filteau-Saint-Mathieu, de Québec, dans le cadre du programme Vers le pacifique. Depuis 10 ans, cette formation en résolution de conflits a permis à quelque 500000 jeunes Québécois d’apprendre le b-a ba d’une dispute qui finit bien.
«Les conflits, on ne peut pas les éviter. Mais on peut apprendre à y faire face correctement», explique Benoit Tremblay, directeur de l’Institut Pacifique, l’organisme communautaire de Montréal-Nord qui a conçu le programme. Une partie de ballon qui tourne mal? Une bousculade? Des insultes? Autant de situations qui peuvent dégénérer, avec mots blessants et coups à la clé. Mieux vaut agir avant.
Prévenir la violence et les problèmes psychosociaux chez les 6-12 ans: telle est la mission première de l’Institut Pacifique. «Au départ, explique le directeur, le Centre Mariebourg [NDLR: ancien nom de l’Institut], créé en 1976, accueillait des jeunes mésadaptés socioaffectifs le jour. En les côtoyant, nous nous sommes aperçus que les jeunes ne savaient pas résoudre convenablement leurs disputes. Notre équipe a donc mis au point Vers le pacifique, un outil de résolution de conflits destiné aux jeunes.»
Ce programme accompagne les enfants de la prématernelle à la fin du primaire. A l’école Filteau-Saint-Mathieu, une trentaine de jeunes sont devenus médiateurs. «Quand on voit des élèves se disputer dans la cour de récré, explique Aude, on leur demande si on peut les aider et on leur parle des quatre étapes à respecter: se calmer, parler des sentiments qu’on ressent, chercher des solutions et s’entendre sur une solution pacifique.»
En 2007-2008, quelque 98000 élèves des quatre coins de la province ont adopté Vers le pacifique. Et, depuis 1998, année du lancement du programme, un millier d’écoles ont suivi le mouvement. La campagne de financement Défi pacifique, qui se déroule ce mois-ci – avec entre autres l’appui de la Sûreté du Québec et de la Chambre des notaires du Québec –, permettra à des écoles d’implanter gratuitement le programme pendant un an.
Des résultats? Il y en a. «Les enfants ont appris à gérer leurs chicanes au fur et à mesure, se réjouit Patsy Doyle, enseignante de 4e année. Ils sont plus calmes et plus réceptifs durant les cours. Ce n’est pas encore parfait, mais c’est mieux qu’avant!»
Le directeur d’une école secondaire de Montréal-Nord, où ça jouait dur, a même confié à Benoit Tremblay qu’il reconnaissait les jeunes ayant reçu la formation Vers le pacifique au primaire rien qu’à leur attitude dans la cour d’école.
En plus de réduire les problèmes de violence, le programme améliore le climat général de l’école. Le modèle d’intervention a reçu le sceau de l’UNESCO, qui l’a qualifié d’«outil essentiel de culture de la paix». Depuis, il a notamment fait école en France, en Suisse, au Liban et au Pérou.
«Vous savez quelle est la beauté du programme? Les enfants acquièrent des habiletés interpersonnelles que bien des adultes n’ont pas, lance Benoit Tremblay en souriant. Et ce bagage, ils l’ont pour la vie.»
Julien en est sûr et certain. «Plus tard, dit-il, on sera de meilleurs amoureux et de meilleurs parents parce qu’on saura comment se défâcher.»
Qui oserait le contredire?