Un nouvel emploi
À l’automne 2015, Chantal Bérubé (son nom a été modifié) collectrice de fonds de 52 ans, depuis quelques semaines seulement à l’emploi d’une organisation à but non lucratif, a compris que ses rapports avec la directrice générale ne seraient pas faciles. « Lors de l’entretien d’embauche, elle avait pourtant été charmante. Mais une fois sur les lieux, je me suis rendu compte à quel point elle était stupide. Impossible de lui faire entendre raison. Elle n’écoutait personne et n’acceptait aucun conseil. »
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Que faire?
Chantal Bérubé, qui occupait un poste important, estimait quand même pouvoir exercer une certaine influence. Elle s’est dit que sa patronne pourrait profiter d’une formation pour cadres, mais un expert des techniques de direction lui a suggéré de ne pas perdre son temps avec une personne manifestement fermée. Le conseil était sage, mais Chantal Bérubé devait tout de même trouver le moyen de travailler au quotidien avec son impossible directrice.
La vie nous condamne fatalement à côtoyer des gens insupportables – ou du moins à subir les comportements stupides de gens qui ne le sont pas forcément. Que cela arrive au travail, à l’épicerie ou à la maison, voici quelques astuces pour y couper court et atténuer leur effet pernicieux.
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Limitez les risques
Le travail occupe une part importante de notre vie éveillée. C’est un milieu où la hiérarchie et le choc des ego donnent naissance au collègue détestable. Il y a les traîtres, ceux qui vous regardent de haut, ceux qui s’arrogent tous les mérites, sans oublier les hypocrites au double langage.
« Tout le monde peut être odieux dans certaines circonstances, dit Robert Sutton, auteur du Kit de survie face aux sales cons. Votre réaction dépendra de la personne en cause et des forces qui s’affrontent. »
Les superviseurs peuvent certes édicter des règles qui valorisent la courtoisie et qui mettent en garde contre les conséquences d’une attitude malveillante. Mais quand les abus proviennent d’un supérieur, Robert Sutton conseille de recueillir des preuves solides – courriels et incidents corroborés – avant de porter le problème aux ressources humaines. Et même alors, insiste-t-il, on préférera peut-être protéger l’entreprise plutôt que vous défendre.
Restez positif et prenez du recul
Même si vous ne pensez pas pouvoir changer la situation, il y a toujours moyen de l’améliorer. « Traitez la connerie comme si c’était un matériau radioactif et essayez de l’éviter. » Robert Sutton suggère notamment de réduire les échanges avec les empoisonneurs, et donne l’exemple d’un de ses amis aux prises avec un directeur de thèse exigeant qui lui envoyait beaucoup de courriels désagréables à toute heure du jour et de la nuit. Au lieu de répondre immédiatement, il attendait quelque temps, ce qui lui permettait de prendre un peu de recul par rapport au flux des critiques.
Robert Sutton recommande aussi quelques exercices mentaux pour « protéger l’esprit ». Si vous assistez à une réunion présidée par un imbécile, projetez-vous ailleurs dans le temps et dans l’espace, ou encore changez de perspective : imaginez que vous êtes un éminent scientifique, spécialiste de la bêtise humaine, en train d’observer un cas fascinant avec curiosité et détachement.
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Soyez attentif aux indices
Au premier rendez-vous, on tombe parfois sur de véritables malappris : la femme qui utilise son téléphone plus souvent que sa fourchette et vous laisse faire toute la conversation ; l’homme dont chaque remarque semble destinée à vous rabaisser. De quoi vous donner envie de décamper.
La popularité des sites de rencontre a certes accru le risque des rendez-vous nuls, mais selon Lew Bayer, cofondatrice de Civility Experts à Winnipeg, l’augmentation du nombre de candidats a un côté positif: «Nous n’avons plus à nous sentir obligés de tolérer l’impolitesse.»
Comment repérer les mal élevés assez vite pour ne pas perdre de temps en leur compagnie ? « Les manières en disent long », note Lew Bayer. Manger sans manières, parler de haut au serveur, arriver en retard sont des indices classiques. «C’est aussi mauvais signe quand la personne ne s’excuse pas d’avoir commis une erreur grossière ou choisit de s’absoudre en disant: “Je suis comme ça”.»
On sort avec quelqu’un pour faire connaissance. Il peut donc être difficile de savoir quand c’est trop. La tentation est grande de chercher une excuse, d’imputer une grossièreté à la nervosité, par exemple. Mais Lew Bayer croit qu’il vaut mieux prendre les devants : «Ce n’est jamais bon de tolérer le manque de respect. Ça mine l’estime de soi.»
Réagissez
L’idéal, dans bien des cas, c’est la fuite, mais si vous connaissez la personne avec qui vous êtes et croyez que son manque d’égards est circonstanciel, vous pouvez essayer de l’aider à s’améliorer. Lew Bayer et Robert Sutton conviennent qu’une bonne conversation peut être fructueuse.
Selon Robert Sutton, « il y a des gens qui humilient ou blessent les autres sans s’en rendre compte » parce qu’ils sont eux-mêmes stressés ou ont appris ça de quelqu’un d’autre – les mauvaises manières sont contagieuses. L’effort que vous ferez pour leur révéler l’effet qu’ils ont sur les autres et leur montrer que ce n’est bon pour personne sera peut-être l’étincelle qui provoquera une métamorphose.
Ne l’accusez pas directement
Des clients ont confié à Lew Bayer que ce genre de conversation est difficile à mener. Elle conseille d’éviter tout reproche direct qui vise l’interlocuteur – donc d’éviter les pronoms « tu » et « vous » – pour se concentrer sur des exemples de ce qui dérange les autres, dont vous, et sur les changements qu’on espère.
Pour Chantal Bérubé, la confrontation était exclue. Elle a démissionné pour préserver son moral et sa réputation. Par chance, elle a retrouvé un milieu de travail et des collègues beaucoup plus agréables. «Les êtres humains sont bourrés de défauts et font fatalement des conneries de temps en temps, dit-elle. Le secret, c’est de déterminer rapidement s’il s’agit d’un accident ou d’une habitude – et si ça peut se corriger – afin de pouvoir décider en connaissance de cause s’il est possible de continuer à avoir des rapports avec eux.»