Bâtisseur de rêves
Ils auraient voulu une maison pour leurs quatre enfants. Donald Tremblay leur a donné les moyens de se l’offrir.
Trois chambres lumineuses, deux salles de bains, un sous-sol aménagé en salle de jeu… C’est la maison dont rêvaient Renée Bélanger et Jason Wallace pour élever leurs quatre enfants. Même le chien de la famille semble y trouver son compte puisqu’il peut enfin gambader dans le jardin… «Il y a tellement de place ici qu’on a parfois peur de se perdre!» plaisante le jeune père de 32 ans.
La maison flambant neuve de la 16e Avenue, à Deux-Montagnes, n’a rien à voir avec le demi-sous-sol sombre et humide de Saint-Eustache que la famille occupait il y a quelques mois à peine. Le couple avait bien essayé de trouver un toit plus convenable, mais le maigre salaire de Jason l’empêchait d’obtenir une hypothèque. Et puis, en 2007, Donald Tremblay, alors curé de la paroisse, a ouvert une filiale de l’organisme Habitat pour l’humanité à Deux-Montagnes.
Fondé en 1976 aux Etats-Unis, Habitat pour l’humanité construit des maisons en partenariat avec des familles à faibles revenus, grâce à des dons recueillis dans la collectivité. Il cède ensuite ces maisons aux familles en leur accordant un prêt hypothécaire sans intérêt.
«Cela leur permet d’acquérir une propriété et de sortir enfin du cycle de la pauvreté», explique Donald Tremblay. Jusqu’à présent, Habitat pour l’humanité a construit plus de 300000 logements dans le monde – dont six au Québec, depuis l’ouverture de la première filiale, en 1998.
Dès qu’il pose le regard sur le dossier des Wallace-Bélanger, en janvier 2009, Donald Tremblay sait qu’il tient des candidats de rêve. «La famille choisie doit être vaillante et disposer d’un faible revenu», précise le président de l’organisme.
Jason Wallace est presque un cas d’école: le travail ne lui fait pas peur, et il gagne autour de 28000$ dans une entreprise de pneus de Saint-Eustache. Comme Renée reste à la maison pour élever leurs quatre enfants âgés de deux à huit ans, le couple n’a pas les moyens de se payer la moindre fantaisie. Encore moins d’acheter une maison… Habitat pour l’humanité est leur seule chance de réaliser ce rêve.
Quand elle apprend qu’ils sont choisis, Renée pousse un cri de joie, et Jason sanglote comme un bébé.
«J’ai tout de suite appelé ma mère pour lui annoncer la bonne nouvelle, se souvient-il, mais j’étais incapable de lui parler tellement je braillais.»
Le 1er juin 2009, on retire la première pelletée de terre de l’emplacement où va s’élever la maison. Les Wallace-Bélanger sont à pied d’œuvre, prêts à mettre la main à la pâte. «La famille doit investir 500 heures dans le projet», dit Donald Tremblay.
Le terrain a été acquis avec les 50000$ généreusement offerts par George Gantcheff, le copropriétaire des Promenades Deux-Montagnes. Le reste de l’argent, qui a servi à acheter les matériaux de construction, vient des magasins Home Depot et de l’entreprise Schneider Electric, deux partenaires nationaux d’Habitat pour l’humanité, ainsi que de diverses activités de financement organisées en ville.
Une dizaine de travailleurs bénévoles sont venus donner un coup de main. Daniel Dagenais, pompier à la Ville de Montréal, et Ronald Blanchard, technicien en génie civil à la retraite, supervisent le chantier pendant que d’autres cuisinent des repas pour les travailleurs de l’équipe des Constructions St-Aubin, qui prêtent gracieusement main-forte. Un entrepreneur donne des gouttières neuves. Couvreurs, peintres et poseurs de plaques de plâtre travaillent sans rien demander en retour. «Ça m’impressionne toujours de voir à quel point les gens peuvent être foncièrement bons lorsqu’on leur en donne l’occasion», souligne Donald Tremblay.
Quatre mois et demi plus tard, la maison est prête à accueillir Renée, Jason et les quatre enfants.
Le 23 octobre, une soixantaine de personnes se rassemblent devant le perron du 253 de la 16e Avenue, à Deux-Montagnes. Il y a là quelques voisins curieux, mais surtout les bénévoles qui ont aidé à construire la maison.
Quand Donald Tremblay remet les clés de la demeure au père de famille, l’émotion est palpable.
«Je n’aurais jamais pensé avoir un jour une maison à moi», balbutie Jason. Après avoir remercié tout le monde, il se tourne vers son bienfaiteur et ajoute:
«En emmenant Habitat pour l’humanité à Deux-Montagnes, vous nous avez permis de réaliser un rêve, d’obtenir une chose à laquelle nous n’aurions jamais cru être destinés…»