Les candidats à la présidence américaine parlent de leur vie de famille et vous racontent leur blague préférée.
Sélection rencontre Barack Obama
Reader’s Digest : Si vous deviez écrire un livre sur votre premier mandat présidentiel, quel en serait le titre ?
President Obama : Oh, la, la ! J’ai toujours eu besoin de temps pour trouver des titres (de livres). C’est un peu comme le choix des prénoms de nos filles. Je me souviens des 48 premières heures à l’hôpital. Nous réfléchissions encore et encore : bon, comment allons nous l’appeler celle-ci ? À mes yeux, mon premier mandat est placé sous le signe la persévérance… Alors d’une façon ou d’une autre, il faudrait que le titre traduise cette idée.
RD : Vous avez déclaré avoir commis une erreur au début de votre mandat, en n’accordant pas assez d’importance à la façon de présenter les choses, de raconter l’histoire. Comment la raconteriez-vous aujourd’hui ?
Obama : J’aurais dû préparer davantage le peuple américain aux défis auxquels nous allions devoir faire face pour surmonter la pire récession que le pays ait traversée depuis la crise de 1929. J’aurais dû insister sur le fait que nous allions trouver des solutions à nos problèmes, mais que ça allait prendre du temps… J’aurais dû essayer de trouver un juste milieu, en inspirant confiance tout en faisant comprendre aux gens que le processus serait long. Que la solution ne serait pas instantanée.
RD : Comment concluriez-vous la phrase suivante : « Le monde attend du prochain président qu’il …»
Obama : … fasse croître l’économie américaine. Parce que, lorsque l’économie américaine est en hausse, sa croissance se répercute sur l’économie mondiale.
RD: J’ai lu quelque part que votre mère vous a dit un jour : « S’il y a une chose que j’ai réussie, c’est de t’offrir une vie intéressante. » Et vous, quel genre de vie voulez-vous offrir à vos filles, Sasha et Malia?
Obama: Eh bien, pour ce qui est de la vie intéressante, elle l’ont déjà ! Parmi les gens que je connais, les plus heureux sont ceux qui, en plus d’avoir une famille merveilleuse, apportent une contribution au monde. Chacun de nous peut contribuer à sa façon. Je conseillerai probablement à mes filles de ne pas s’engager en politique. [Rires] Mais quelle que soit la voie qu’elles choisissent, j’espère qu’elles garderont en tête l’effet qu’elles peuvent avoir sur les autres. Je le leur ai déjà dit. Je crois sincèrement que, lorsqu’on arrive à la fin de sa vie et qu’on se retourne sur ce qu’on a accompli, on se souvient de deux choses. Tout d’abord, on se rappelle l’amour que l’on a partagé avec ses amis et sa famille, ainsi que les quelques moments où cet amour s’est exprimé. Ensuite viennent les souvenirs des moments où l’on a aidé quelqu’un. Je crois que c’est ce qui façonne une vie, ce qui lui donne tout son sens.
RD : Vous vous décrivez comme quelqu’un de très stable émotionnellement. Mais on traverse tous des moments difficiles. Avez-vous une stratégie ou une astuce pour vous remettre en selle lorsque ça vous arrive ? Avez-vous une chanson fétiche, Monsieur le Président ? [Rires]
Obama : Vous savez, ce sont mes enfants qui me sauvent de toutes les situations difficiles. Chez nous, le dîner en famille à 18h30 est une institution. L’avantage d’habiter au-dessus de la boutique c’est que, même quand on est débordé, on peut rentrer chez soi – ça ne prend qu’une minute. Je peux m’asseoir, passer une heure en famille et redescendre travailler. Ça me permet de prendre de la distance avec les épreuves ou les défis auxquels je dois faire face, quels qu’ils soient. C’est un des avantages du statut de parent : vous faire prendre conscience que tout ne tourne pas autour de vous. Que ce qui compte vraiment, ce sont vos enfants, leurs vies et ce que vous pouvez faire pour les améliorer. Je crois également aux vertus de l’exercice physique. Quand je n’ai pas le moral, je sors et je m’offre une bonne suée, je m’active. Nous avons aussi une petite salle de gymnastique à l’étage et, en plus du tapis de course, des poids et des équipements habituels, il y a ce très utile petit sac de boxe… [Rires]
RD : J’ai une question spéciale Reader’s Digest à vous poser.
Obama : Avant toute chose, je tiens à vous dire que mes grands-parents adoraient le Reader’s Digest. J’ai donc grandi avec ce magazine. Quand mon grand-père recevait son exemplaire dans la boîte aux lettres, il se faisait un devoir de me lire les blagues. C’était un grand amateur des blagues du Reader’s Digest.
RD : Notre magazine existe depuis 90 ans et, depuis sa première année de parution, nous publions régulièrement une rubrique intitulée «L’être le plus extraordinaire que j’aie connu». À l’exception des membres de votre famille, qui serait le héros qui vous a marqué?
Obama: Tous les trois mois, je me rends à l’hôpital et j’éprouve toujours un sentiment très fort lorsque je vois nos jeunes soldats, hommes et femmes, revenir d’Iraq et d’Afghanistan, certains affligés de blessures dévastatrices. Lors de mon dernier voyage en Afghanistan, dix de nos hommes venaient de subir un attentat à l’EEC. Je me suis donc rendu à l’hôpital à leur chevet. L’un d’eux était inconscient. Son visage était boursouflé, il respirait grâce à un tube placé dans ses narines et ses yeux étaient clos. Je lui ai murmuré tout doucement : « Nous sommes fiers de vous et nous vous sommes très reconnaissants, nos pensées sont avec vous. » Au moment de partir, tandis que je m’apprêtais à m’éloigner, j’ai vu quelque chose bouger sous sa couverture. Sa main s’est levée à la hauteur de la mienne et nous avons échangé une poignée de main. Le gamin devait avoir 20 ou 21 ans. Il n’a jamais ouvert les yeux.
Environ deux ou trois mois plus tard, je l’ai revu à Walter Reed. Il avait retrouvé l’usage de ses jambes. Il était en compagnie de son père, venu du Maryland. Cet homme ne quitte jamais mon esprit. Non pas parce qu’il est extraordinaire, mais parce qu’il incarne ce que ces jeunes hommes et femmes sont capables d’accomplir pour nous, chaque jour. Nous avons accroché une photo de cette rencontre sur un de ces murs et tout le monde s’arrête pour la regarder, parce qu’elle exprime bien ce que ces gens font pour nous : ils protègent notre liberté.
RD : J’aimerais que vous me racontiez votre blague préférée.
Obama : Je ne sais pas si c’est ma blague préférée, mais c’est la blague la plus récente. En fait, c’est une histoire vraie, mais c’est aussi une bonne histoire drôle et elle est de circonstance. Mon directeur de campagne participe à une réunion, à laquelle assiste également un couple accompagné de leur fils de quatre ans. Un enfant adorable, plein de vie et dont les parents sont, à l’évidence, très fiers. Dans la pièce, sur un mur, il y a une photo de moi. Les parents sollicitent leur fils : « Qui est-ce ? » Le garçon regarde la photo et répond : « C’est Barack Obama. » Ils enchaînent : « Et qu’est-ce qu’il fait Barack Obama ? » Le garçon réfléchit un moment et dit : « Il approuve ce message. » [Rires] (NDLR : Comme dans ses publicités de campagne).
Sélection rencontre Mitt Romney
Le candidat républicain parle de ses souvenirs, donne son point de vue sur le mariage – et raconte blague préférée.
Reader’s Digest : Si vous deviez écrire un livre sur votre campagne pour la présidence, quel en serait le titre ?
Mitt Romney : Le titre de cette campagne … Le périple le plus long.
RD : Après toutes ces années en tant que personnalité publique, pensez-vous que le peuple américain connaisse le vrai Mitt Romney ? Qu’aimeriez-vous nous révéler sur vous ?
Romney : Je ne crois pas que les gens me connaissent si bien. J’ai occupé le poste de gouverneur dans un seul État. Les citoyens du reste du pays ne savent pas grand-chose de moi. Mais ils vont apprendre à me connaître avec le temps. Je suis très attaché à ma famille. Ce qui compte le plus pour moi dans la vie, c’est ma relation avec ma femme, mes fils, mes belles-filles et mes 18 petits-enfants. Tout ce que je fais, c’est pour eux.
RD : Comme cette campagne ?
Romney : Oui. Comme cette campagne. Si je me suis lancé dans cette campagne, c’est pour mes enfants, pour leurs enfants et pour tous les jeunes américains.
RD : Comment concluriez-vous la phrase suivante : « Le monde attend du prochain président des États-Unis qu’il… »
Romney : … Redonne à l’Amérique sa force. La force de nos valeurs, la force de notre économie et la force de notre armée. Nous espérons ne jamais avoir recours à nos troupes, mais le monde compte sur une Amérique forte pour empêcher les pires individus de commettre les pires méfaits.
RD : Et cette phrase : « Les Américains attendent du prochain président des États-Unis qu’il… »
Romney : … Forge une économie plus solide et rétablisse les principes qui restitueront à l’Amérique son statut de puissance économique.
RD : Quelle est votre définition du bonheur ?
Romney : À mes yeux, le bonheur est proportionnel au nombre de mes proches. Et je crois que la joie et le bonheur que nous éprouvons sont fonction du nombre de personnes qui partagent notre existence et de l’intensité des liens qui nous unissent à eux. Donc je suis heureux lorsque je suis avec Ann, et je le suis plus encore si ma famille et mes petits-enfants se joignent à nous.
RD : Dix-huit petits-enfants !
Romney : Il n’y a pas de plus grande joie pour moi que d’être entouré de toute ma famille. C’est un bonheur incomparable.
RD : Chacun de nous – chefs d’État et dirigeants y compris – connaît des bons jours et des moins bons jours. Le genre de moment où on se sent triste ou dépourvu d’énergie. Avez-vous une stratégie ou une astuce pour vous remonter ? Avez-vous une chanson fétiche ?
Romney : Quand je passe une mauvaise journée, je me dis que le lendemain sera sûrement meilleur. Je baisse la tête et j’avance. La vie, c’est un peu comme les montagnes russes : une fois qu’on est à bord, il n’y a pas moyen de s’arrêter avant la fin du tour. Il y a des jours où on trouve ça difficile et d’autres où on trouve ça palpitant. Mais quoi qu’il en soit, il faut aller de l’avant.
RD : C’est le moment de vous poser quelques questions spéciales Reader’s Digest. Une de nos rubriques s’intitule «L’être le plus extraordinaire que j’aie connu». Qui serait le héros qui vous a marqué et pourquoi ?
Romney : Mon père. Mon père est né au Mexique. Il est revenu aux États-Unis à l’âge de cinq ou six ans. De retour au pays, sa famille était si pauvre qu’il a été placé sous tutelle pendant un moment. Sa famille a connu la faillite à plusieurs reprises. À tel point qu’il n’a jamais pu finir ses études collégiales. Mais cela ne l’a pas empêché de prendre la tête d’une compagnie automobile, d’être élu gouverneur à trois reprises et de participer à la course pour la présidence des États-Unis. Les circonstances ont fait de lui un homme sans limite. Un homme de caractère doté d’une vision qui a vécu sa vie sans jamais tricher.
RD : Au Reader’s Digest, nous disons toujours que le rire est le meilleur des remèdes. Alors, pourriez-vous nous raconter votre blague préférée ?
Romney : Au Massachusetts, je suis entré en compagnie de ma femme dans une vaste salle remplie de républicains. Je me suis tourné vers elle et je lui ai dit: « Ann, dans tes rêves les plus fous, m’as-tu jamais imaginé candidat à la présidence ? » Elle s’est retournée vers moi et m’a répondu : « Mitt, tu ne fais pas partie de mes rêves les plus fous. »
RD : J’aime l’idée que votre meilleure blague soit signée de votre femme. Vous fait-elle souvent rire ?
Romney : Nous étions jeunes lorsque nous sommes tombés amoureux. Elle avait 16 ans, j’en avais 18. J’ai souvent entendu dire que certains couples formés très jeunes finissent par s’éloigner avec le temps. Ann et moi avons mûri ensemble. Nous partageons les mêmes perspectives. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais nous voyons les choses de façon très semblable et nous sommes totalement dévoués l’un à l’autre. Rien n’est plus précieux à mes yeux que d’être près d’elle.