La Guignolée du Dr Julien : pour l’amour de nos enfants
Au Québec, un enfant sur quatre vit dans des conditions de pauvreté. Ces jeunes, encore beaucoup trop nombreux, sont privés de soins essentiels à leur santé, à leur développement ainsi qu’à leur bien-être. À l’aube de la 12e Guignolée du Dr Julien, Sélection.ca s’entretient avec le pédiatre au grand cœur, pour qui la santé des enfants est l’affaire de tous.
Qu’est-ce qui distingue l’approche de la Fondation du Dr Julien en matière de santé?
Dans notre système de santé actuel, on semble davantage compter sur l’État pour régler les problèmes très complexes en matière de santé et d’éducation. Malheureusement, il en résulte une sorte de désengagement par rapport à nos enfants. La pédiatrie sociale telle que je la pratique est d’abord basée sur la confiance et la proximité des enfants ainsi que de leurs familles. Elle vise à assurer la bonne santé et le développement des enfants, le tout dans un concept de responsabilité partagée, d’empowerment et d’une implication active de toute la communauté.
Quel serait votre diagnostic du système de santé québécois?
Les coûts de notre système de santé explosent et représentent une partie énorme des budgets de nos gouvernements. On observe en ce moment des coupures, et lorsque cela se produit, ce sont les moins privilégiés qui en écopent. Au Québec, des dizaines de milliers d’enfants vivent dans des conditions de pauvreté graves, et sont exposés à des problématiques très complexes. Pensons à la présence de moisissures, tant dans les écoles que dans les maisons en milieu défavorisé. Des familles peuvent être à la fois confrontées aux problèmes de pauvreté, de santé physique et mentale… Trop souvent, ces problèmes se conjuguent, et il est crucial d’avoir une approche beaucoup plus globale. Or, notre système tel qu’il est en ce moment ne peut parvenir à régler ces problématiques.
Comment alors nous assurer que les enfants vulnérables aient accès à de meilleurs soins?
Nous devons changer le paradigme de notre système de santé. Les enfants sont l’affaire de toute la communauté, et si l’on arrivait à mobiliser davantage les membres et organismes de notre société, si l’on arrivait à ce que tout le monde fasse un petit bout de chemin, cela ferait toute la différence. Cela demeure évidemment un rêve pour l’instant, mais avec notre fondation, on démontre qu’il est tout à fait possible de créer une importante mobilisation citoyenne, de s’attaquer ensemble aux problématiques liées à la pauvreté, et les résultats sont là pour le prouver. C’est aussi extrêmement valorisant pour les professionnels, les bénévoles et les intervenants qui s’impliquent dans notre organisme.
Vous parliez d’un rapport de proximité avec vos patients ainsi qu’avec leur famille. Comment cela se traduit concrètement?
Les enfants que je suis en pédiatrie m’appellent parfois et me montrent leurs bulletins scolaires, on partage et on discute ensemble de leurs succès, de leurs difficultés. Dans notre approche, l’empowerment est un concept très important, on cherche à redonner espoir aux enfants et à leurs familles afin qu’ils retrouvent leur confiance et leur autonomie. On travaille aussi beaucoup avec les parents, on devient très proches de ces familles qui viennent nous demander conseil. Ils viennent rencontrer les différents professionnels de notre organisme, tant les professionnels de la santé, les travailleurs sociaux ou les avocats pouvant les aider à régler des conflits nécessitant une approche multidisciplinaire. On les reçoit parfois lorsqu’ils sont en situation de crise, et tous ensemble, on arrive à trouver des solutions. Une grande relation de confiance s’établit entre nos équipes, les familles et leurs enfants, et c’est essentiel pour pouvoir s’attaquer à des situations aussi complexes.
Souhaiteriez-vous une plus grande aide gouvernementale?
Le gouvernement Couillard semble intéressé à construire avec nous et s’est formellement engagé à investir en pédiatrie sociale. Cela dit, je ne voudrais pas que notre organisme ne dépende uniquement que du gouvernement. On souhaite garder une implication et une participation active de la société, car c’est aussi ce qui explique le succès de notre organisme. Et malgré les coupures auxquelles on assiste actuellement, cette volonté d’aider les enfants vulnérables et d’investir en pédiatrie sociale semble demeurer du côté du gouvernement. D’ici cinq ans, si cet engagement est tenu – et j’ai espoir qu’il le sera – on sera en mesure d’aider 20 000 enfants dans le besoin. C’est 20 000 enfants qui seraient suivis et auprès desquels on pourrait mieux prévenir le décrochage scolaire, le recours à l’aide sociale, l’itinérance, voire même le suicide… Un jour, la vie me forcera à cesser mon travail et c’est pourquoi je veux m’assurer qu’il y ait une relève lorsque je ne serai plus là. Mais pour la fin de mon parcours, je ne pourrais pas demander mieux que la réalisation d’une telle promesse.
Pour en savoir plus sur la Fondation du Dr Julien ou pour faire un don pendant ou après la Guignolée, rendez-vous à l’adresse suivante : http://www.fondationdrjulien.org/impliquez-vous/faites-un-don.aspx
La collecte de fonds dans le cadre de cette 12e Guignolée se termine le 15 janvier.