La Forêt de la Seconde Vie ou le cimetière du futur
Une nouvelle forme de services funéraires ouvrait ses portes au mois d’août à Sainte-Sophie dans les Laurentides: la Forêt de la Seconde Vie.
Concept unique, c’est le premier site en Amérique du Nord qui permet l’inhumation de cendres incorporée à une servitude de protection de l’environnement. La Forêt de la Seconde Vie, c’est un site magnifique d’une superficie de 2 500 000 p2 où l’on peut passer du bon temps, pour apprivoiser les lieux avec les êtres chers ou pour se recueillir.
Un cimetière nouveau genre
Ritchie Deraiche et Guillaume Marcoux, des développeurs immobiliers «consciencieux», ont fait l’acquisition du terrain en décembre 2019. C’est en discutant avec les voisins et leur entourage que l’idée de préserver ce grand espace – un ancien terrain de golf – dans sa beauté naturelle a fait son chemin. «L’endroit est magnifique, donc de fil en aiguille, en échangeant des idées, on est arrivés à l’idée d’un cimetière où l’on planterait des arbres, pour chaque personne inhumée» explique Ritchie Deraiche. Constatant que l’industrie funéraire n’avait jamais vraiment évoluée, ils ont vu ce magnifique terrain comme une belle opportunité.
Ce cimetière nouveau genre est assez unique et très écologique, puisque le site est protégé par une servitude de protection et de conservation forestière. Et cela, à perpétuité. Et c’est le seul (ou l’un des seuls) cimetière en Amérique du Nord, à être greffé de cette intention. Plus qu’une intention, c’est un engagement. Cela veut dire que l’immense terrain restera toujours une forêt.
Plusieurs options possibles
Plusieurs services d’enracinement sont proposés à la Forêt de la Seconde Vie. La concession dite partagée est le produit de base qui permet un accès à réalité augmentée disponible via l’application (dont le concept est expliqué plus bas). Il y a également l’option des arbres commémoratifs exclusif à une personne, et finalement l’arbre familial, qui implique que les personnes enracinées dans cette partie du terrain (jusqu’à huit défunts) seront toutes issues d’une même famille, comparativement au premier service où l’on ne peut pas choisir qui s’installera dans le périmètre du terrain acquis. Les prix varient de 500 à 2500$, selon l’expérience souhaitée et le désir des familles.
Pour l’«enracinement» – mot utilisé par les co-fondateurs à la place d’«enterrement» –, deux options sont possibles. On peut mettre les cendres directement en terre, dans un espace préalablement creusé par l’équipe de Forêt de la Seconde vie, ou dans une urne écologique et biodégradable: «On a trouvé une entrepreneure dans le coin de Terrebonne qui fait des urnes artisanales en carton recyclé – elle va en forêt récupérer les écorces de bouleau mort pour former ses urnes qui sont écologiques, non seulement parce que ce sont des produits traçables, mais également de proximité, locaux, et conçus par un artisan local. C’est dans nos valeurs de diminuer le plus possible l’empreinte écologique» précise Guillaume Marcoux. Et l’avenir du site est encourageant: «On sait qu’à échéance, on devrait avoir planté 7000 arbres. En fait, on a créé cinq zones avec cinq essences d’arbres différentes pour chacune d’entre elles. Ça donne une idée au niveau des possibilités d’enracinement.»
Pour les générations futures
L’idée de partager de son vivant des souvenirs pour les générations futures, un peu comme un journal qui traversera les générations et les époques, est possible grâce à l’application disponible sur Apple Store et Google Play. Celle-ci agira comme une banque de souvenirs et permettra de transmettre ses réflexions et les moments marquants de sa vie à ceux et celles qui succéderont. Et grâce au GPS, il ne faudra plus chercher l’emplacement de l’être cher, comme on le fait traditionnellement, mais simplement suivre les indications pour retrouver l’endroit. Une excellente idée, puisque la forêt se transformera avec le temps. «Le but de cette technologie-là, c’est aussi la création d’un héritage, qui se transmet de génération en génération. Les messages que vous voulez offrir aux générations futures, par exemple la fameuse recette de biscuits aux fraises de grand-mère», précise Guillaume Marcoux.
Selon les statistiques au Québec, en 2043, le nombre de décès devrait dépasser celui des naissances. C’est toute une contribution, une réussite ou un mouvement collectif écologique. Si les gens adoptent davantage la Forêt de la Seconde Vie, on va effectivement réussir à préserver des millions de pieds carrés. Au Québec, mais aussi ailleurs où l’on pourrait établir des Forêts de la seconde vie un peu partout. «On le voit déjà, la nature reprend de plus en plus son droit sur le terrain de la Forêt de la Seconde Vie. On voit plein d’animaux, des insectes, des oiseaux. Et on a l’impression que ce n’est qu’un début. Parce que ça va se bonifier au fur et à mesure que les projets vont se créer. Déjà là, il y a des renards, il y a des dindons, des outardes et plusieurs espèces de petits oiseaux. On a créé des milieux qu’on ne touche plus, qui sont remis à l’état naturel, alors la nature reprend sa place» précise avec enthousiasme Guillaume Marcoux.
La vision des co-fondateurs c’est d’avoir des sites semblables partout à travers le Québec. La Forêt de la Seconde Vie n’est pas une entreprise de services funéraires, mais collabore plutôt avec des partenaires du milieu. «Le but de nos partenariats c’est justement d’être une prolongation de leur offre de services. Nos partenaires nous présentent parmi les services funéraires et la Forêt de la Seconde Vie est l’option de destination finale pour donner suite à la crémation, qu’ils peuvent conseiller aux familles» précise Ritchie Deraiche.
Pour plus d’information, visitez le site web: www.foretdelasecondevie.com
Inscrivez-vous à l’infolettre de Sélection du Reader’s Digest. Et suivez-nous sur Facebook et Instagram!