Vous êtes en voyage d’affaires 260 jours par année. Est-ce difficile de s’entraîner régulièrement ?
Mon grand défi, c’est de manger correctement. Je trouve toujours le temps de courir. C’est idéal pour combattre la fatigue et cela me permet de rencontrer des coureurs de différentes communautés.
Y a-t-il une ville où vous préférez courir ?
J’ai un faible pour Edmonton, là où je vis. Il y a plus de 160 km de sentiers dans la vallée de la rivière Edmonton – c’est phénoménal. Mais chaque ville a sa particularité : à Vancouver, c’est le Seawall ; à Montréal, la montagne ; à Saint-Jean, Terre-Neuve, les collines. Un coureur découvre les lieux autrement qu’un touriste en voiture.
Les coureurs que vous rencontrez ont-ils des points communs ?
La plupart sont des obsessionnels-compulsifs – nous en faisons trop, trop vite, trop tôt. Sinon, je dirais qu’ils sont généreux. Presque toutes les courses à pied organisées au Canada comportent un incitatif caritatif. Les gens qui se soucient de leur bien-être pensent aussi aux autres.
Vous avez commencé à courir quand vous vous êtes rendu compte que vous deviez faire plus attention à vous.
Au milieu de la trentaine, j’étais vice-président d’une entreprise d’alimentation, et je travaillais comme une bête. J’abusais autant dans mes loisirs : 108 kg et deux paquets et demi de cigarettes par jour. Mes fils voulaient participer à des courses locales. J’ai dit au cadet que je l’accompagnerais. Un parcours de deux kilomètres.
Avez-vous eu la trouille ?
J’ai commencé par faire le trajet en voiture et je me suis dit que ça allait être difficile. Je me suis traîné jusqu’à la fin, mais cela m’a ouvert les yeux. J’ai donc commencé à courir – à 5 h du matin pour que personne ne me voie. Et puis un jour, je me suis retrouvé à faire des courses de 10 km et à y prendre plaisir.
Elles étaient également de bonnes occasions d’affaires.
En 1984, on trouvait des chaussures de course dans les magasins, mais personne pour vous conseiller. Les gens qui voulaient faire du sport, mais ne savaient pas comment faire n’avaient nulle part où aller. J’avais vu des boutiques spécialisées aux États-Unis, et je me suis dit : voilà ce qu’il faut à Edmonton. Trente ans plus tard, Le Coin des coureurs a 128 points de vente en Amérique du Nord.
À quoi ressemble le client typique de vos boutiques ?
C’est depuis toujours une clientèle féminine de 30 à 45 ans. À l’époque, les hommes pensaient que n’importe quel idiot pouvait courir alors que les femmes s’informaient et étaient capables de s’astreindre à un programme bien mieux qu’eux.
Et aujourd’hui ?
Les femmes cherchent un programme et un entourage. Elles veulent s’entraîner avec d’autres femmes pour pouvoir discuter du difficile équilibre entre le travail, la vie, la famille et le sport.
La grande difficulté, c’est de rester motivé. Que suggérez-vous ?
Ne forcez pas la dose pour éviter les blessures qui briseraient votre élan, progressez graduellement de façon à vous améliorer sans cesser d’y prendre plaisir.
Ce serait difficile de se faire admettre dans votre famille si on n’aimait pas le sport.
Nous aurions tôt fait de vous convertir.