Geneviève Borne: belle et bonne
Ambassadrice officielle de Vision Mondiale, coanimatrice de l’émission Belle et Bum et porte-parole du Festival Mode & Design, Geneviève Borne continue d’employer sa vie à réaliser ses rêves et à repousser les limites de sa créativité.
Elle arrive sans fard au restaurant où elle nous a donné rendez-vous.
Peau impeccable d’un blanc lunaire, frange infiniment blonde et asymétrique qui voile à demi un œil bleu glacier, intense.
Oui, même sans maquillage, Geneviève Borne est d’une beauté irréelle. Ce qui se passe de bon dans la vie de la coanimatrice de Belle et Bum ? Entre autres le retour d’un voyage dans son pays d’Asie préféré, le Cambodge, où en tant qu’ambassadrice officielle de Vision mondiale, elle a participé au tournage d’une campagne contre l’exploitation des enfants. Sinon ? Elle continue d’employer sa vie à réaliser ses rêves et à repousser chaque jour les limites de sa créativité. Seulement ça.
Comment votre aventure avec Vision mondiale a-t-elle commencé ?
C’était en 2013. Avant de me proposer officiellement le rôle d’ambassadrice, ils m’ont demandé si je voulais aller en Inde avec eux. J’ai accepté pour deux raisons. Premièrement, parce que les causes qui touchent les enfants m’ont toujours interpellée. Tout au long de ma vie, je me suis impliquée auprès d’eux, notamment par le biais du Club des petits-déjeuners et du 24 h Tremblant. Ensuite, l’idée de retourner en Inde me plaisait. J’y étais allée pour le tournage de Shanti, au cœur de l’Inde, une série diffusée sur le canal Évasion.
J’avais envie d’entrer en contact de manière plus directe avec certaines problématiques que j’avais pu observer, notamment en ce qui concerne l’exploitation des enfants.
Racontez-nous des situations qui vous ont particulièrement touchée.
Au Cambodge, j’ai rencontré une jeune fille toute frêle de 14 ans, Chanroth, qui vit avec sa famille dans une usine à briques, en raison d’une dette envers leur employeur. Elle fabrique entre 2 000 et 3 000 briques par jour. C’est un travail très exigeant. Je l’ai fait avec elle. En Inde, j’ai visité une communauté installée aux abords d’un chemin de fer. Le train qui y passe apporte l’espoir. Les enfants courent à côté des wagons et sautent à bord pour y ramasser des bouteilles de plastique vides abandonnées par les passagers. Ils les revendent ensuite à un centre de tri qui leur en donne un cent la pièce. Les petits ramènent l’argent à la maison, pour aider à subvenir aux besoins de la famille. Chaque sou compte.
Ces enfants doivent travailler. Des membres du personnel de Vision mondiale se sont installés dans une école près des rails. Là, ils proposent de la nourriture aux enfants et les incitent à apprendre à lire et à écrire, ne serait-ce qu’une heure par jour. Ils se chargent aussi de fournir des papiers d’identité à certains enfants qui n’en ont pas. Sans cela, il leur est impossible de fréquenter les écoles publiques.
Comment avez-vous vécu la découverte de cette dure réalité ?
Ça m’a donné envie de m’impliquer, justement pour contrer mon sentiment d’impuissance. Je me suis dit qu’en témoignant de ce qui se passe sur le terrain, j’aide à ma façon.
Ce qui me bouleverse, c’est que les enfants, tous les enfants, sont des êtres vulnérables. Ils n’ont pas de ressource et ils ne peuvent pas bien verbaliser leurs besoins. Ils sont à la merci de ce que les parents et la société dans laquelle ils vivent les obligent à faire. Et moi, j’ai envie de faire ma petite part pour eux.
On sait que l’industrie du vêtement emploie bon nombre d’enfants, au Bangladesh, par exemple. Une amoureuse de la mode telle que vous y pense-t-elle à deux fois
lorsqu’elle fait les boutiques ?
C’est très complexe. J’encourage beaucoup les créateurs locaux, mais, pour être honnête, je ne consomme pas que des vêtements fabriqués ici. Certains n’ont d’autre choix que de produire en Chine. Et il est difficile de savoir dans quels contextes les vêtements sont fabriqués. C’est pourquoi j’encourage les gens à signer la pétition Contre l’exploitation des
enfants*. Le but est de demander plus de transparence aux compagnies canadiennes, afin qu’elles nous assurent que les produits qu’elles vendent n’ont pas été produits dans un contexte où des enfants ont été exploités. L’idée n’est pas d’interdire le travail des enfants, car ils doivent travailler, mais nous voulons qu’ils gagnent leur croûte dans des conditions acceptables, dans un contexte où leur vie n’est pas en danger.
Est-ce que le fait de s’engager n’est pas aussi un peu une manière d’équilibrer votre côté plus « léger » de personnalité glamour, d’animatrice et de mannequin ?
Je ne crois pas. Le côté plus « léger », mon amour pour la coquetterie par exemple, ce n’est pas quelque chose à laquelle je réfléchis. Le mannequinat, c’est très naturel pour moi, c’est intégré, parce que ma mère était mannequin. Je m’exprime à travers mes vêtements et mon maquillage, tout simplement. Je n’intellectualise pas cela. Cela peut sembler contradictoire par rapport à l’image que je projette, mais il y a des jours où je me fous pas mal de mon apparence. En fait, il y a deux constantes dans ma vie. La curiosité, qui me pousse à voyager, à vouloir en connaître le plus possible sur différentes réalités, et il y a aussi un désir impérieux d’être créative, que ce soit dans mon travail d’animatrice ou dans ma manière de m’habiller et de me mettre en beauté.
Comment le décès de votre amoureux Michel Gendron en 2008 et votre diagnostic de cancer du sein quelques mois plus tard ont-ils influencé votre désir de créativité et votre curiosité ?
Je ne veux pas aller dans les clichés du genre « la vie est fragile ». Ce que j’ai ressenti, c’est un désir instinctif d’exprimer davantage qui j’étais réellement. D’aller vers l’essentiel. J’ai été forcée de faire un voyage à l’intérieur de moi et j’en suis ressortie avec un appétit encore plus grand pour la vie. Je dirais que je suis une version 2.0 de moi-même. J’ai l’intention d’aller au bout de ce que je peux faire dans mon travail comme dans l’aide humanitaire. Je veux explorer ce que ma vie peut être.
En terminant, vous êtes la porte- parole du Festival Mode & Design depuis 2008. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans cet événement ?
La mode, le style – quoi que tout le monde en pense – viennent de la rue. C’est là que les plus grandes tendances naissent et meurent. Et ce festival, il se déroule en plein air, est gratuit et ouvert à tous. Bref, il redonne à la rue !
Pour en savoir plus sur le Festival Mode & Design de Montréal :
* Pour signer la pétition Contre l’exploitation des enfants, rendez-vous sur contrelexploitationdesenfants.ca