Élevage urbain: une ferme bovine en ville
L’élevage urbain ne se résume pas à quelques poules dans sa cour. Il suffit de rencontrer Laetitia Brouard et sa ferme bovine nouveau genre pour le comprendre.
Lorsque Laetitia Brouard se promène avec sa génisse Gulyana à Boucherville (sur la rive sud de Montréal), le duo attire tous les regards. Les passants s’arrêtent pour caresser l’animal et pour poser une foule de questions à l‘éleveuse de 20 ans. «Cette génisse de cinq mois est gentille et affectueuse. Elle a un tempérament en or! Elle cherche le contact avec les gens et elle est très patiente même avec les enfants tout excités de la voir de près. Quand on fait la file devant la crèmerie du coin, ça fait sourire les gens.» Laetitia fait parfois des rencontres surprenantes comme avec ce policier qui l’a interpelée pour se faire photographier en compagnie de Gulyana. La jeune femme saisit toutes les occasions de mieux faire connaître les bovins aux personnes qu’elle croise. «Ce sont des animaux très calmes et dociles qui gagnent à être connus», estime-t-elle.
En se baladant ainsi dans les rues en compagnie de Gulyana et de ses autres veaux, Laetitia poursuit un autre objectif: les socialiser et les habituer à l’animation et aux bruits de la ville. Elle veut s’assurer que ses jeunes bovins restent calmes en toutes circonstances, car elle souhaite les entraîner à faire de la zoothérapie. «Je prévois suivre un cours de zoothérapie prochainement pour approfondir mes connaissances dans ce domaine. Cette envie remonte à 2018, alors que je travaillais dans une fermette. J’ai établi une relation extraordinaire avec une génisse appelée Jasmine. J’ai réussi à l’entraîner à se coucher sur demande, à monter dans la remorque et à me suivre sans licou. Je pouvais même la monter comme un cheval! Durant deux ans et demi, j’ai emmené Jasmine partout avec moi. Un jour, en nous voyant passer devant leur école, des enseignants m’ont demandé d’organiser une rencontre avec leurs élèves dans la cour. Jasmine et moi étions toujours ravies de participer à de telles activités éducatives.»
Depuis le décès de Jasmine survenu en juillet 2021, Laetitia concentre ses efforts à entraîner Jules et Owen, deux veaux de race Lineback qu’elle destine à la zoothérapie. Pour s’assurer qu’ils restent bien dociles, elle marche avec eux tous les jours. Elle passe aussi beaucoup de temps, assise sur le gazon, tout près d’eux. C’est un de ses secrets pour établir un lien de confiance avec les bêtes. Laetitia doit manipuler ces bœufs quotidiennement, car si elle négligeait de le faire, ils risqueraient de charger et de la blesser avec leurs cornes, une fois devenus adultes.
Lorsque Laetitia aura terminé son cours de zoothérapie, elle souhaite emmener ses veaux pour rendre visite aux personnes âgées habitant dans des résidences. Récemment, l’éleveuse a fait une rencontre marquante qui l’a confortée quant au bien-fondé de son projet. «Alors que je promenais Gulyana sur le bord du fleuve à Boucherville, je suis passée devant d’un centre pour les aînés. Une dame et son père se sont approchés et l’homme a caressé doucement le museau de la génisse. Puis, il s’est mis à trembler. La dame m’a expliqué que son père avait grandi sur une ferme laitière et que le contact avec Gulyana lui faisait sans doute revivre de beaux souvenirs d’enfance. Ça m’a émue aux larmes.»
Découvrir sa vocation
Laetitia n’a pas été élevée sur une ferme, mais elle a toujours été fascinée par les vaches. À l’âge de sept ans, elle adorait regarder les encans d’animaux de ferme diffusés à la télévision et elle rêvait de devenir encanteuse. Elle passait aussi beaucoup de temps sur la ferme laitière appartenant au cousin de sa mère. C’est d’ailleurs là qu’elle a acheté Jules et Owen. Laetitia possède également deux vaches laitières (de race Holstein), ainsi que quatre veaux de race Angus destinés au commerce de la viande. Comme elle vise à produire de la viande de la plus haute qualité, elle nourrit ses veaux Angus avec du foin, des grains et le lait de ses vaches Holstein. «Je suis heureuse d’avoir réalisé mon rêve en dépit des gens qui me disaient que j’étais folle de vouloir élever des vaches. Tout au long de ce projet, j’ai eu la chance de bénéficier des encouragements et du support indéfectible de ma mère. Elle n’hésite jamais à me donner un coup de main pour nettoyer la grange ou pour construire un nouveau box. Je peux aussi compter sur l’aide de Jonathan Hardy pour faire le train. Ce sont des alliés très importants pour moi», déclare-t-elle.
Pour en savoir plus
Laetita se fait un plaisir d’accueillir les visiteurs à sa grange sur rendez-vous.
Pour plus d’information, visitez sa page Facebook
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