Bienvenue au XXIe siècle. Si vous êtes de votre temps, il y a fort à parier qu’un jour ou l’autre vous irez grossir les rangs du groupe démographique le plus important de la province: celui des «tout seuls»! Célibataires, endeuillés, divorcés… le club des cœurs esseulés compte un peu plus de trois millions de membres au Québec. Trois millions de candidats potentiels au jeu de la séduction.
Afin de vérifier si les Québécois sont bien outillés pour affronter cette réalité, Sélection a commandé une étude à la firme Léger Marketing. Nous avons d’abord présenté à près de 200 femmes quatre scénarios de premières rencontres imaginaires en leur demandant ce qu’elles feraient dans de telles situations. Puis nous avons invité 200 hommes à dire comment ils auraient voulu que madame réagisse. Enfin, nous avons inversé les rôles en demandant aux hommes ce qu’ils feraient dans quatre autres scénarios, et vice versa.
Les résultats sont parfois surprenants. Chose certaine, en matière de «drague», le Québec est aussi une société distincte.
Vous rencontrez l’autre pour première fois et êtes confronté à l’un de ces huit scénarios. Comment réagissez-vous?
Dans les scénarios 1 à 4, les femmes doivent indiquer quelle attitude elles adopteraient dans chacune de ces circonstances, et les hommes révéler de quelle manière ils aimeraient que les femmes se comportent.
Scénario No 1
C’est votre premier rendez-vous, et tout se passe très bien. A un certain moment, votre compagnon vous demande si vous sortez avec quelqu’un pour le plaisir ou dans le but de trouver un conjoint. Que répondez-vous?
a) «Si je trouve la bonne personne, j’aimerais avoir une relation à long terme.»
b) «Je pense qu’il est un peu tôt pour en parler.»
c) «Je ne recherche pas une relation sérieuse pour le moment.»
d) «Je ne peux même pas imaginer passer toute ma vie avec le même homme.»
Si le site de rencontres Réseau Contact demande à ses membres de cocher les cases «amour», «amitié», «sexualité» ou «discussion», c’est pour une raison bien simple, explique Cynthia Bélanger, directrice du célèbre portail: «Il faut préciser ses attentes dès le départ; sinon, on court à la déception.»
C’est pourquoi 70 pour 100 des femmes ont choisi l’option a, qui laisse place à toute éventualité, tout comme 48 pour 100 des hommes. Cet écart de 22 pour 100 témoigne d’un certain malaise de la gent masculine: 29 pour 100 n’ont pas osé se prononcer, choisissant l’option «Refus/Ne sais pas». «Leur malaise face à ce genre de question vient peut-être de ce qu’on a si souvent répété au mâle québécois qu’il est un piètre séducteur», avance Rafaële Germain, chroniqueuse et auteure de Soutien-gorge rose et veston noir et de Gin tonic et concombre, deux romans mettant en vedette la femme célibataire.Une chose est sûre, si vous cherchez à fonder une famille, fuyez à toutes jambes si monsieur vous sort l’option c. Quant aux options b et d, deux réponses plutôt évasives, elles augurent plutôt mal. «Vous savez d’avance que ce sera compliqué», résume Rafaële Germain.
Scénario No 2
Vous avez de gros soucis au travail. Au cours de la soirée, votre compagnon vous dit: «Tu as l’esprit ailleurs. Quelque chose te tracasse?» Que répondez-vous?
a) «Désolée, j’ai un petit problème au bureau, mais cela va s’arranger.»
b) «J’ai des soucis au travail. Est-ce que vous pourriez me conseiller?»
c) «Oui, ça va mal au boulot. Mais ça arrive à tout le monde, n’est-ce pas?»
d) «Non, pas du tout. Tout va pour le mieux, et je passe une excellente soirée.»
Parler de vos problèmes de boulot lors d’une première rencontre est aussi incongru que de parler de vos problèmes conjugaux lors d’une entrevue d’embauche. A ce stade, la conciliation travail-couple est franchement prématurée.
Si, toutefois, vous avez du mal à cacher vos soucis, jouez franc jeu en montrant que vous avez la situation en main (option a) et que vous n’êtes pas à la recherche d’une bouée de sauvetage (option b). C’est ce que feraient 68 pour 100 des femmes, au grand bonheur de 47 pour 100 des hommes.
«La première rencontre sert à connaître l’autre, explique Danièle Parent, auteure et experte en séduction. Ce n’est pas le moment d’entrer dans des détails intimes. Par exemple, on peut dire à l’autre qu’on a des enfants, mais éviter de dire qu’ils ont des problèmes.»
Scénario No 3
Votre partenaire de rendez-vous vous emmène dans un restaurant qui sert un type de cuisine que vous n’aimez pas. Il vous demande si vous appréciez les mets. Que répondez-vous?
a) «Je mange très rarement ce genre de nourriture. C’est assez nouveau pour moi.»
b) «Pour être honnête, je n’aime pas beaucoup cette cuisine, mais vous ne pouviez pas le deviner.»
c) «C’est succulent. Quel bon restaurant!»
Un conseil aux messieurs, tout d’abord: demandez à madame ce qu’elle aime manger! Cela vous évitera d’emmener votre conquête végétarienne au Pied de cochon…
«Connaître les goûts de l’autre, c’est la base, explique Marc Boilard, auteur du Code Boilard du vrai gars. C’est comme si un vendeur de voitures vous présentait un modèle qui ne correspond pas à vos besoins», illustre-t-il.
Mieux vaut tenir compte de cette mise en garde, puisque 51 pour 100 des Québécoises n’hésiteront pas à faire savoir qu’elles n’aiment pas trop, en prenant soin toutefois d’atténuer la maladresse de leur soupirant par un «mais vous ne pouviez pas le savoir» (option b), ce qu’espèrent 38 pour 100 des hommes. Dans le reste du Canada, cependant, 63 pour 100 des femmes épargneront l’ego masculin par un poli: «C’est assez nouveau pour moi.»
«Mais le pire, lors d’un premier rendez-vous, c’est de mentir», croit Cynthia Bélanger. Si vous choisissez l’option c, votre cavalier risque de vous réinviter sans cesse à ce restaurant indien qui vous donne des brûlures d’estomac. N’attendez pas le 10e anniversaire de mariage pour passer aux aveux.d) «Je suppose qu’il faut tout essayer! Heureusement que je ne dois pas manger ça tous les jours.»
Scénario No 4
Pendant le souper, le serveur renverse du vin sur votre robe et ne vous présente pas ses excuses. Comment réagissez-vous?
a) Vous le lui faites remarquer. S’il propose de payer pour le nettoyage, vous acceptez. S’il n’en fait rien, vous ne protestez pas.
b) Vous ne dites rien. Si votre compagnon commente l’incident, vous répondez: «Oh, ce n’est pas grave!»
c) Vous demandez à voir le patron et exigez qu’il paie les frais de nettoyage.
d) Vous dites à votre compagnon, dans l’espoir qu’il va réagir: «Regardez. Il a renversé du vin sur moi!»
Il m’est déjà arrivé qu’un serveur renverse du vin sur ma robe. Mais comme la valeur du vin dépassait celle du vêtement, j’ai passé l’incident sous silence, comme l’auraient fait 37 pour 100 des répondantes à notre sondage.
Surprise: alors que 13 pour 100 seulement des femmes demanderaient une compensation, le quart des mâles québécois s’attendent à ce qu’elles optent pour cette stratégie. L’art de s’en laver les mains?
Quoi qu’il en soit, dans ce genre de situation, l’humour est toujours de mise. Mariée à un gaffeur professionnel, Geneviève Martel Kinder, 36 ans, a connu son lot d’épandage de liquides. Après avoir renversé un Coke géant sur sa mini-jupe et son chandail blanc au cinéma, son Jotham a dit: «Je t’assure que ce concours de tee-shirt mouillé était tout à fait improvisé.»
Dans les scénarios 5 à 8, les hommes doivent dire quelle attitude ils adopteraient dans chacune de ces circonstances, et les femmes révéler de quelle manière elles aimeraient que les hommes se comportent.
Scénario No 5
Vous constatez que le verre de votre invitée est vide. Que faites-vous?
a) Vous lui demandez si elle veut du vin et, si elle répond par l’affirmative, vous remplissez son verre.
b) Vous prenez la bouteille et remplissez son verre sans interrompre la conversation.
c) Vous lui dites de se servir et la laissez remplir son verre elle-même.
d) Vous attendez que le serveur le fasse.
Selon Marc Boilard, tirer la chaise, servir le vin et autres règles de bienséance «importantes»… n’ont aucune incidence sur le dénouement de la soirée. «L’essentiel, c’est d’être drôle et de se montrer intéressé», dit-il.
«Demander avant de servir, c’est galant», estime toutefois Marie-France Archibald, formatrice et coach de séduction. Au Québec, cette option fait consensus, rassemblant 45 pour 100 des votes des femmes, et 55 pour 100 des attentes des messieurs.
L’étiquette entourant le vin n’est pas la même partout. «En France, lors d’un mariage dans un milieu bourgeois, j’ai attrapé la bouteille de vin pour remplir mon verre et celui d’une amie, se souvient Rafaële Germain. Un homme m’a dit que c’était d’une vulgarité!» Prenez-en note, mesdames, au cas où votre prochain «prospect» aurait des racines aristocratiques.
Scénario No 6
Vous invitez la dame dans un restaurant romantique très réputé. Elle vous demande si vous connaissez bien cet endroit. En fait, vous l’avez fréquenté à quelques reprises avec votre ex. Comment réagissez-vous?
a) «Oui, et chaque fois, ce fut une réussite.»
b) «Oui, je suis venu ici deux ou trois fois avec mon ex-conjointe, mais je n’ai pas envie de parler d’elle.»
c) «Non, je ne suis jamais venu ici. Mais je me suis dit que l’endroit était sympathique.»
d) «Oui, avec mon ex.» Puis vous décrivez les repas mémorables que vous avez pris dans ce restaurant.
Quoi qu’il advienne, évitez d’évoquer votre ex! Que ce soit en bien ou en mal, l’ancienne flamme est un sujet à proscrire. «On est là pour apprendre à connaître la personne qui est en face de nous, rappelle Danièle Parent. On ne parle pas de son ex.»
Et refuser d’avouer que l’on connaît ledit restaurant nous renvoie à la règle d’or du scénario 3: ne pas mentir. «J’aurais peur que ça se sache si je mens, résume Yvon L’Archevêque, 62 ans. Mais il ne faut pas trop en dire non plus.» Sage conseil d’un homme marié depuis 1966. Heureusement, 81 pour 100 des hommes s’en sortent avec l’option a, une réponse honnête qui ne donne pas trop d’information, comme l’espèrent 71 pour 100 des femmes.
Scénario No 7
Après avoir pris place à la table et commandé le repas, la conversation languit. Que faites-vous?
a) Vous commentez la qualité de la musique d’ambiance, puis vous demandez à votre compagne: «Quel genre de musique aimez-vous?
b) Vous plaisantez à propos des silences gênants et de la manière de s’y prendre pour ranimer la conversation.
c) Vous ne tentez pas de briser le silence, car vous vous sentez bien.
d) Vous décrivez à votre compagne une de vos conférences très applaudies ou une de vos réussites professionnelles.
Tous les experts s’entendent pour dire qu’il est bon de respecter le silence. Pourtant, ni les hommes ni les femmes ne préconisent cette option, préférant: a) commenter la musique d’ambiance (37 pour 100), ou b) faire une blague sur les silences inconfortables (37 pour 100).
«C’est pour ça qu’ils ont besoin de cours! commente Marie-France Archibald. Un silence ne veut pas nécessairement dire que le rendez-vous se déroule mal.»
Reste qu’un blanc dans la conversation, ça demeure l’angoisse principale des gars, admet Marc Boilard, qui donne ce truc aux messieurs allergiques au silence: «Agissez comme un animateur de talk-show: posez des questions. Les filles adorent ça, et ça vous évitera d’avoir à trouver des sujets intéressants.»
Scénario No 8
Après avoir passé une charmante soirée avec votre invitée, vous la raccompagnez jusqu’à sa porte. Que se passe-t-il?
a) Vous lui dites que vous avez passé une excellente soirée et que vous aimeriez la revoir, puis vous lui dites au revoir et vous vous éclipsez.
b) Vous lui dites que la soirée était parfaite et que vous ne voulez pas qu’elle se termine sur un simple au revoir. Puis vous la laissez décider d’aller plus loin si elle le désire.
c) Vous l’embrassez et lui souhaitez une bonne nuit.
d) Vous lui suggérez de vous inviter à prendre un verre chez elle.
«Y a-t-il vraiment des gens qui proposent encore de monter prendre un verre? s’étonne Rafaële Germain. Si cela m’arrivait, je m’enfuirais à toutes jambes. C’est vraiment trop cliché!»
En fait, il ne faut pas se leurrer: personne n’invite réellement sa conquête à prendre un verre sans intention cachée. «Ça veut carrément dire: «Veux-tu coucher avec moi», résume la romancière. C’est d’ailleurs une option peu populaire, qui recueille seulement 4 pour 100 des votes.
Le baiser, par contre, a la cote dans la belle province, puisque 17 pour 100 des Québécois l’envisagent – contre 7 pour 100 ailleurs au Canada. «On a la bise facile, au Québec, rappelle Danièle Parent. S’il y a attirance physique, on peut embrasser l’autre, mais c’est tout. Pas d’invitation à prendre un verre!»
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