1. Le facteur génétique est bien réel
Quand des chercheurs l’ont découvert chez une souris potelée, ils l’ont simplement appelé le gène du «gros lard». Des années plus tard, quand d’autres ont fouillé le génome humain à la recherche de marqueurs augmentant la vulnérabilité au diabète de type 2, ce gène s’est également manifesté. Il se trouve que les personnes qui en possèdent deux copies courent 40% plus de risque de souffrir du diabète et 60% plus de risque d’être obèses que celles qui ne l’ont pas. Ceux qui n’en possèdent qu’une copie sont aussi plus gros.
Les chercheurs pensent qu’il existe, en fait, de nombreux gènes du gras. «Il y en aurait une centaine», explique Claude Bouchard, directeur général du Pennington Biomedical Research Center du Louisiana Sate University System. «Chacun contribue au gain d’un ou deux kilos par-ci par-là. Cela finit par faire une différence quand on évalue le nombre de kilos en plus qu’il faut perdre.»
On pense que 16% de la population présenterait deux copies du gène du «gros lard», et la moitié, une copie. À ce jour, les chercheurs pensent que les autres gènes qui favoriseraient l’obésité exercent un effet nettement moindre que lui. Mais, selon Claude Bouchard «une prédisposition génétique ne signifie pas qu’on deviendra nécessairement obèse». L’exercice régulier peut amoindrir le risque.
2. Certains ont plus de cellules adipeuses que d’autres
La différence peut être énorme, certains en possédant deux fois plus que d’autres, selon Kirsty Spalding, chercheure au Karolinska Institute de Stockholm. Même si vous perdez (ou prenez) quelques kilos, le nombre de vos cellules adipeuses restera le même; elles conservent jalousement la graisse qui s’y est accumulée et en réclament toujours plus. (Sans compter que celles des personnes en surpoids ou obèses en retiennent plus.)
Les nouvelles cellules adipeuses se forment durant l’enfance, processus qui semble s’interrompre à l’adolescence. Ceux qui sont prédisposés à en élaborer de grandes quantités le font probablement dès l’âge de deux ans. Le rythme de leur formation peut également être plus rapide, même quand l’enfant diminue son apport calorique.
Des gens ont écrit à Kirsty Spalding pour lui dire combien les résultats de ses travaux les déprimaient. Mais elle souligne avec insistance que le tableau n’est pas si sombre. Ainsi, précise-t-elle, il vaut mieux avoir plus de cellules adipeuses que d’en avoir moins et qu’elles soient hypertrophiées et surchargées. (Selon les résultats de nouvelles études, les sujets aux cellules surchargées sont plus vulnérables à l’obésité et aux troubles de santé qui y sont associés.) Par conséquent, s’il est impossible de diminuer son nombre de cellules adipeuses, certaines mesures peuvent permettre d’en préserver la petite taille. (Voir point suivant.)
(Photo: © Comstock/Thinkstock)
3. On peut altérer son métabolisme
Une autre équipe scandinave a voulu savoir ce qui se passe au niveau cellulaire quand on prend du poids. La chercheure Kirsi Pietiläinen, professeur adjoint au centre hospitalier de l’université d’Helsinki, a observé un groupe de jumeaux dont l’un était gros et l’autre mince. Les cellules adipeuses des plus gros connaissaient des changements métaboliques qui limitaient leur capacité à perdre du poids. Elle pense, avec ses collègues, qu’un gain d’aussi peu que 5 kg pourrait entraîner un ralentissement du métabolisme. Un cercle vicieux s’installe alors: plus on prend du poids, plus il est difficile d’en perdre.
«Plus j’en apprend sur la question, plus je suis convaincue que l’activité physique constitue la solution», confie cette femme qui, enfant, faisait de l’embonpoint et, aujourd’hui, maintient un poids santé grâce à la course.
4. Le stress fait grossir
Les situations stressantes (finances, travail, etc.,) déclenchent des fringales d’aliments riches en glucides, qui, de leur côté, calment les hormones du stress. (Quand, lors d’une étude, des chercheurs ont retiré les aliments glucidiques à des souris, leur taux d’hormones du stress s’est élevé brusquement.
Les hormones du stress favorisent également le stockage de la graisse. Chez nos ancêtres préhistoriques, le stress était provoqué par une sécheresse ou l’approche des tigres; il importait donc qu’ils puissent rapidement se constituer des réserves en vue de fournir l’énergie supplémentaire requise pour faire face à la famine ou à l’attaque des bêtes sauvages. Aujourd’hui, nous réagissons au stress de manière passive, d’où le gain de poids, particulièrement au niveau de l’abdomen.
Pour retrouver un poids normal, en plus de vous entraîner, il importe donc d’apprendre à gérer votre stress, que ce soit en suivant un cours de yoga ou en passant de bons moments avec les membres de votre famille.
5. Votre poids dépend aussi des habitudes de votre mère durant sa grossesse
S’il est vrai que la femme qui fume durant sa grossesse accroît le risque que le poids de son bébé soit insuffisant à la naissance et que celle qui boit peut causer des lésions à son cerveau, une mauvaise alimentation entraîne aussi des conséquences. On dispose de plus en plus de preuves scientifiques voulant que la consommation d’aliments sucrés et gras durant la grossesse exerce un effet nocif sur la santé du fœtus. Les résultats d’une étude menée à Pennington sur des rongeurs indiquent que, chez les femelles en surpoids, les taux de glucose et d’acides gras libres dans le milieu utérin sont plus élevés que chez celles dont le poids est normal. Ces molécules déclenchent la libération de protéines qui peuvent perturber les mécanismes de régulation de l’appétit et du métabolisme dans le cerveau en développement.
Ce qui est vrai pour les souris l’est aussi souvent pour les humains. Des médecins du Downstate Medical Centre de l’université d’état de New York ont comparé des enfants nés avant que leur mère n’ait subi une chirurgie bariatrique avec leurs frères et sœurs nés après. Tel que prévu, les femmes pesaient moins après avoir subi l’intervention et leurs bébés couraient deux fois moins de chance que les autres d’être obèses. Comme les frères et sœurs partagent un profil génétique très semblable, les chercheurs ont attribué la différence de poids aux changements intervenus dans le milieu utérin. Par conséquent, les futures mamans auraient tout intérêt à bien manger durant la grossesse afin de donner une meilleure chance à leur enfant.
6. Dormir plus pour perdre du poids
Quand les patients rencontrent le docteur Louis Aronne, ex-président de la société de l’obésité et auteur du livre à paraître The Skinny, il y a de fortes chances que ce dernier veuille évaluer, en plus de leur alimentation, leur sommeil. S’ils passent moins de huit heures par nuit au lit, il pourrait leur prescrire de dormir plus, plutôt que le dernier régime à la mode ou un médicament. «Ils acquièrent ainsi un plus grand sentiment de plénitude et perdent spontanément du poids».
Des chercheurs de l’université de Chicago ont rapporté que la privation de sommeil perturbait l’équilibre hormonal, déclenchant une baisse du taux de leptine (qui favorise le sentiment de satiété) et une hausse du taux de ghréline (qui déclenche la faim). En conséquence, on pense qu’on a faim alors que ce n’est pas le cas, si bien qu’on mange. De fait, le sommeil pourrait être le traitement contre l’obésité le plus simple et le moins cher qui soit.
7. Le poids de votre conjoint compte aussi
Quand le conjoint de Jodi Dixon, un homme de 1,90 mètre et de 164 kg, a perdu 57 kg, cette dernière éprouvait des sentiments mitigés. Cette femme âgée de 43 ans et mère de deux enfants avait toujours été celle des deux qui surveillait son poids et faisait de l’exercice; c’était elle qui essayait de convaincre son mari d’être plus actif. Mais les choses ont changé après qu’il ait perdu du poids.
«Attirés par son charisme, confie-t-elle, les hommes et les femmes s’assemblaient autour de lui. J’en étais jalouse.»Pour se réconforter, elle s’est mise à manger plus et a pris 9 kg avant de réagir. Elle a commencé à faire du vélo avec lui et a entrepris de suivre un régime. Elle a réussi à perdre 14 kg et compte en perdre encore.
Elle attribue son gain et sa perte de poids à sa jalousie. Toutefois, les résultats d’études indiquent que l’un et l’autre sont en quelque sorte contagieux. Ceux d’une étude publiée dans le New England Journal of Medicine indiquent que si un conjoint est obèse, l’autre court 37% plus de risque de l’être aussi. Les chercheurs en ont conclu que l’obésité semblait se propager par le biais des réseaux sociaux.
Comme dans le cas de Jodi Dixon, la perte de poids semble communicative, du moins au sein de la famille: quand elle a entrepris son programme d’amaigrissement, sa fille aînée, qui était aussi en surpoids, a adopté ses bonnes habitudes alimentaires et a perdu 18 kg.
8. L’obésité peut être causée par un virus
Les adénovirus causent de nombreuses affections, des troubles des voies respiratoires supérieures aux problèmes gastro-intestinaux. Le lien avec la prise de poids a été découvert quand des chercheurs de l’université du Wisconsin ont injecté des virus à des poulets et ont observé que certains les faisaient grossir.
Réputées pour leur capacité à se métamorphoser, les cellules souches se transforment également en cellules adipeuses quand elles sont infectées par un virus. «Le virus semble accroître le nombre de cellules adipeuses de même que leur teneur en graisse», explique Nikhil Dhurandhar, professeur adjoint en matière d’infections et d’obésité à Pennington.
Des études menées sur les humains, y compris sur des jumeaux, indiquent que les obèses sont effectivement susceptibles d’abriter des anticorps d’un virus particulier, l’adénovirus 36.
Si l’on peut aujourd’hui se faire vacciner contre la grippe, pourrons-nous un jour le faire contre l’obésité ? Cela peut paraître tiré par les cheveux, mais «on disait la même chose du cancer du col de l’utérus», rappelle Nikhil Dhurandhar.
9. Les biscuits peuvent créer une dépendance
Bien que les aliments ne créent pas une dépendance semblable à celle de la cocaïne ou de l’alcool, des chercheurs ont découvert au cours des dernières années des similitudes troublantes. Quand on a donné à des sujets du Monell Chemical Senses Center de Philadelphie les noms d’aliments qu’ils aimaient, les parties du cerveau qui ont réagi sont les mêmes que celles qui sont activées chez les toxicomanes. Selon des chercheurs du Brookhaven National Laboratory d’Upton (New York), cela pourrait avoir quelque chose à voir avec la dopamine, hormone associée à la motivation et au plaisir. Si les obèses ont moins de récepteurs de dopamine, ils pourraient avoir besoin de manger plus pour tirer de leurs aliments une sensation de plaisir.
10. Les infections de l’oreille peuvent affecter le sens du goût
Durant des années, l’équipe œuvrant au laboratoire du goût Linda Bartoshuk de l’université de la Floride s’est demandée pourquoi les gens dont le sens du goût est quelque peu émoussé semblaient plus sujets à l’embonpoint que les autres. Le chercheur Derek Snyder avait son idée sur la question: était-ce possible qu’une infection de l’oreille, qui peut avoir pour effet de causer des lésions au nerf du goût traversant l’oreille moyenne constitue le chaînon manquant? Après avoir classifié 6584 questionnaires, son équipe a découvert que les sujets de plus de 35 ans qui avaient souffert de plusieurs infections présentaient presque deux fois plus de risque d’être obèses que les autres.
En fouillant la question, les chercheurs ont pu dégager une explication à ce phénomène. Les patients qui étaient sujets aux infections de l’oreille aimaient particulièrement les sucreries et les aliments gras, peut-être du fait que les lésions du nerf contribuaient à élever leur seuil de sensibilité au sucre et au gras. À la longue, même une légère élévation de l’apport calorique en aliments douteux a des répercussions sur le poids.
Durant l’enfance, les infections de l’oreille sont tout aussi difficiles à éviter que les rhumes qu’elles accompagnent souvent, mais il semblerait qu’en limitant l’exposition des enfants à la fumée secondaire, on en diminuerait l’incidence. En outre, si vous êtes un adulte en surpoids qui a souffert de ce genre d’infection dans l’enfance, vous auriez peut-être intérêt à porter attention à la saveur et à la consistance de vos aliments. Il pourrait suffire de remplacer quelques aliments par des plus sains, par exemple une friandise par un fruit, le beurre par l’huile d’olive, pour mener à l’adoption d’une meilleure alimentation et à la perte de poids.
11. Les antioxydants combattent aussi l’accumulation de graisse
On accuse aujourd’hui les radicaux libres non seulement de contribuer à vieillir l’apparence mais aussi au gain de poids. Zane Andrews, neuro-endocrinologue à l’université Monash de l’Australie, estime que ces molécules oxydantes endommagent les cellules dont le rôle consiste à transmettre le signal de satiété. Les radicaux libres se forment quand nous mangeons (ce que même ceux qui suivent un régime draconien doivent faire pour survivre) mais abondent tout particulièrement quand on se gave de friandises en barre, de croustilles et d’autres glucides. À la longue, les cellules qui transmettent le sentiment de satiété s’usent et jouent moins bien leur rôle; en conséquence, l’appétit augmente et l’abdomen prend du volume. Le meilleur moyen de défense consiste à éviter la malbouffe et à consommer quantité de fruits et légumes colorés et riches en antioxydants.
12. Suivez un régime, quel qu’il soit
Alors que les livres qui prônent tel ou tel régime ne cessent de se réinventer afin d’accroître le volume des ventes et d’attirer un plus grand nombre d’«adeptes», un phénomène curieux fait son apparition: les régimes Ornish, Atkins et une foule d’autres sont de plus en plus similaires. Les gourous de l’approche à faible teneur en gras affirment désormais que les corps gras sont acceptables tandis que ceux qui prônent une alimentation pauvre en glucides laissent entendre que les grains entiers sont bons. De fait, les promoteurs de tous ces régimes reconnaissent que l’alimentation saine repose sur quatre règles fondamentales:
Consommez vos glucides sous la forme de grains entiers et de fibres;
Éviter les gras trans et saturés;
Consommez des protéines maigres;
Consommez des fruits et légumes en quantité.
Ainsi, les promoteurs du régime South Beach à faible teneur en glucides reconnaissent aujourd’hui les vertus du régime méditerranéen, lequel comprend beaucoup de fruits et de légumes riches en glucides. Le dernier livre sur la méthode Atkins met aussi l’accent sur les «bons glucides». Weight Watchers, qui a toujours tablé sur le système par points, offre désormais une variante sans points qui se fonde sur le choix d’aliments sains. De son côté, Jenny Craig fait la promotion de la méthode Volumetrics, qui repose sur un volume d’aliments élevé mais un faible apport calorique. De plus, tous rejettent les glucides transformés et sucrés, qui ont pour effet de faire grimper le taux d’insuline et peuvent entraîner l’accumulation de graisse, voire le diabète.
Dean Ornish, médecin et gourou du régime à faible teneur en gras, annonce que «c’est désormais la fin de la guerre des régimes». Dans The Spectrum, son plus récent ouvrage, il propose même des recettes avec variantes plus ou moins grasses, par exemple un chili végétarien simple (faible teneur), avec olives (teneur plus élevée) ou servi avec saucisse de poitrine de dinde (teneur encore plus élevée).
La clé, bien sûr, réside dans la modération plutôt que dans la privation: il s’agit d’opter pour une alimentation qui soit viable à long terme. Pour certains, un des éléments importants d’une alimentation plutôt axée sur les végétaux, c’est que c’est meilleur pour l’environnement.
13. On peut être gros et en forme
Les résultats d’un nombre croissant d’études indiquent que la santé n’est pas forcément tributaire du poids. Ainsi, lors d’une étude publiée dans Archives of Internal Medicine, des chercheurs ont observé 5440 Américains adultes et ont découvert que 51% de ceux qui étaient en surpoids et près de 32% des obèses présentaient une pression artérielle et des taux normaux de cholestérol, glucose sanguin et autres indicateurs de bonne santé.
Défiant davantage encore la sagesse populaire, l’article rapportait que 23,5% des adultes minces présentaient un métabolisme anormal, ce qui les rendait plus vulnérables à la cardiopathie que les sujets plus gros.
Le dernier rapport du Department of Health and Human Services des États-Unis corrobore ce que les médecins conseillent depuis longtemps : pour être en santé, il faut faire environ 30 minutes d’exercice physique d’intensité modérée à raison de cinq jours par semaine. Et rien n’oblige à le faire d’un seul coup : trois périodes de dix minutes de marche sont tout aussi efficaces. Autrement dit, si vous empruntez les escaliers plutôt que de prendre l’ascenseur, descendez du train ou de l’autobus un arrêt avant votre destination et stationnez votre voiture à quelques pâtés de l’épicerie, vous aurez probablement atteints vos objectifs de la journée.
Àgé de 69 ans, Steven Blair, ce chercheur qui se décrit lui-même comme un homme petit, gros et chauve, présente une pression artérielle et des taux de cholestérol normaux, et possède un cœur robuste. Qui plus est, selon sa plus récente étude publiée dans la revue Obesity, il pourrait même présenter plus de signes vitaux positifs. Les hommes qui sont en forme (laquelle est déterminée par leur performance sur le tapis roulant) courent moins de risque de mourir du cancer que ceux qui ne le sont pas, indépendamment de leur indice de poids corporel, de leur tour de taille ou de leur pourcentage de graisse corporelle.
Cette nouvelle est réconfortante, confie-t-il: «Nous ne disposons pas d’outils efficaces qui permettraient de changer le poids des gens, mais nous savons que nous pouvons les aider à être en meilleure forme.»