Après un an de télétravail et de confinement, pour récupérer de l’espace – au sens propre comme au figuré – plusieurs personnes se sont lancées dans des projets de rénovation, ce qui peut être pénible pour la vie de couple. Alors que s’amorce la haute saison des rénovations, voici quelques règles de base pour renforcer les fondations de son couple avant de commencer.
L’augmentation de l’espace habitable, l’aménagement d’un bureau à domicile ou l’amélioration de la cuisine peuvent certes atténuer la pression que la pandémie a exercée dans les foyers et sur les familles. Or le processus de rénovation met aussi les relations à l’épreuve et peut ajouter un stress sur des conjoints qui ploient déjà sous le poids de l’année écoulée.
La croissance des travaux de rénovation est réelle. Les entrepreneurs en construction et les architectes affirment recevoir jusqu’à cinq fois plus d’appels par jour qu’avant la pandémie. Et selon une récente enquête d’Abacus Data, 44% des ménages canadiens ont effectué ou prévoient effectuer des rénovations cette année. La plupart disent qu’ils font ces travaux pour se sentir plus à l’aise dans leur maison.
Parallèlement, les téléphones sonnent également plus souvent dans les bureaux de consultation matrimoniale et de droit de la famille, car un nombre croissant de personnes cherchent de l’aide professionnelle pour préserver ou être accompagné dans une séparation.
«Les couples subissent toute une série de stress – garde d’enfants, gestion du ménage, défis personnels, problèmes dans la relation – et la tension est montée d’un cran pendant la pandémie», explique Matt Lundquist, thérapeute à New York. Il pense que si le stress de la pandémie n’est peut-être pas la cause des problèmes conjugaux, il révèle des fissures déjà présentes.
Avant de vous lancer dans des travaux de rénovation, assurez-vous de prendre ces choses en compte.
Le fossé se creuse
Les rénovations peuvent contribuer à creuser davantage un fossé déjà présent dans la relation, car les couples doivent faire face à des tensions financières, à des perturbations prolongées de leur quotidien et à des tonnes de petites décisions – partant du budget disponible pour l’aménagement du sous-sol jusqu’au choix des poignées pour les nouvelles armoires de cuisine.
Le processus peut amplifier les conflits inhérents à la prise de décision, les habitudes de communication malsaines et les tensions latentes dans les relations. On vous donne toutes les clés pour résoudre vos conflits relationnels.
Ces tensions sont visibles sur Reddit, où des utilisateurs désespérés cherchent des conseils pour résoudre les conflits liés à la rénovation avec leur partenaire.
On y retrouve des commentaires tels que «nous rénovons et nous nous disputons tellement que j’ai peur que notre relation ne s’en remette jamais» et «la rénovation prend beaucoup plus de temps que prévu, BF le prend personnellement lorsque j’essaie d’accélérer le processus. Nous sommes à un point de rupture».
Gloria Apostolu, architecte principale chez Post Architecture à Toronto, hésite un instant lorsqu’on lui demande comment les couples gèrent les exigences liées aux nombreuses décisions à prendre lors d’une rénovation. «Chaque client a son talon d’Achille», dit-elle. «Et ce n’est jamais là ou l’on s’y attend».
Différents points de rupture
Certains des clients d’Apostolu n’arrivent pas à s’entendre sur le carrelage. D’autres s’obstinent devant le prix d’une porte d’entrée ou sont dépassés par l’obligation de choisir un type de robinet pour la salle d’eau du rez-de-chaussée, et ce avant même que l’entrepreneur n’arrive pour démolir.
Prendre des décisions importantes en couple, explique de son côté Matt Lundquist, exige des compétences avancées, comme de savoir peser le pour et le contre, évaluer le niveau de risque acceptable et être capable de décider sous pression.
Il faut aussi ce qu’il appelle de la relationalité – écouter et être ouvert, attendre son tour, faire preuve d’empathie et s’efforcer de comprendre le point de vue de son partenaire, même si l’on n’en voit pas la logique ou si l’on n’est pas d’accord avec lui.
«Il est extrêmement difficile de ne pas réagir lorsque notre partenaire dit quelque chose avec laquelle nous ne sommes pas d’accord ou qui ne correspond pas à nos attentes », explique Matt Lundquist. Ce qui nourrit vraiment une relation, ajoute-t-il, c’est l’ouverture et l’empathie envers son partenaire. Il faut tenter de comprendre ce qui l’amène à penser ainsi et résister à la tentation de le faire taire ou de contre-argumenter avant d’avoir bien saisi son point de vue.
D’un autre côté, il rencontre souvent des partenaires qui, en essayant de maintenir la paix, ne sont pas assez fermes sur ce qu’ils veulent, ce qui peut aussi entraîner une insatisfaction et un ressentiment persistants.
La dernière chose dont un couple a besoin, plaisante Lundquist, c’est de se retrouver assis côte à côte chaque soir dans une nouvelle pièce aménagée et coûteuse, mais remplie de regrets et de ressentiment.
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L’honnêteté et pour une rénovation en douceur
Il est nécessaire de faire preuve d’ouverture pour que la rénovation se déroule sans heurts, selon Gloria Apostolou. Elle suggère de mettre en place dès le départ un mécanisme pour résoudre les inévitables conflits qui surviendront. Il peut prévoir pour les conjoints de se relayer ou de donner un droit de veto à la personne qui occupe le plus cette partie de la maison. Par exemple, la personne qui cuisine le plus a le dernier mot sur les détails de la cuisine. Si cela peut aider à éviter les conflits, voici 13 rénovations qu’un courtier immobilier ne ferait jamais!
Selon elle, le plus important est de tout concevoir, sur papier, avant de commencer. «Ne précipitez pas le processus de conception. Vous ne voulez pas prendre des décisions qui sont plus coûteuses qu’elles ne l’auraient été si elles avaient été planifiées.»
L’approche sans surprise d’Apostolu lui a valu des éloges (cinq étoiles) de la part de ses clients sur le site Web de décoration et d’amélioration de l’habitat Houzz.
L’un d’eux est celui de Stephanie Nickson, consultante en services financiers, et de son partenaire David Raniga, qui dirige maintenant son cabinet de massothérapie dans le sous-sol lumineux de leur maison récemment rénovée dans le quartier Wychwood de Toronto.
David Raniga dit que la partie la plus difficile du processus a été de vivre avec la difficulté de sa conjointe à prendre des décisions. Mais comme ils sont restés ouverts aux besoins de l’autre tout au long du processus et qu’ils s’en sont tenus à la vision et au budget établis au départ, ils disent être satisfaits du résultat.
Emily Waugh, Dalla Lana Fellow, University of Toronto
La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.