Conditions de retraite
Beaucoup de gens ne savent pas que les fonds de pension doivent être partagés, remarque M. Clark, qui a souvent travaillé l’aspect financier des divorcés au cours de ses 35 ans de carrière à Toronto. « Les pensions de retraite sont des biens vraiment très compliqués », précise Sharon Numerow, analyste financière spécialisée dans les divorces (CDFA) et médiatrice chez Alberta Divorce Finances, à Calgary. « Les régimes de retraite à prestations définies doivent être évalués indépendamment par un actuaire, et les règles qui régissent les modalités de paiement au conjoint varient d’une province à l’autre », explique-t-elle. Il est important de consulter un avocat pour comprendre les questions juridiques, puis de parler à un planificateur financier qui pourra aider à mieux saisir les implications à court, moyen et long terme.
Seul à la maison
L’autre élément essentiel, selon Debbie Hartzman, CDFA et auteur de Divorce Isn’t Easy, But It Can Be Fair (« Le divorce n’est pas facile, mais il peut être équitable »), est de considérer s’il est réaliste que l’un des conjoints reste au domicile familial. Deux questions importantes doivent être posées : une seule personne peut-elle vraiment se permettre de le garder ? Et en quoi cela affectera son avenir financier ?
Sandra Baron, une mère de deux enfants d’Ottawa, est parvenue à rester dans la maison matrimoniale après sa séparation. Elle et son conjoint avaient toujours vécu selon leurs moyens, et n’avaient d’autre dette qu’un prêt immobilier, dont le capital était bien inférieur à ce qu’ils pouvaient se permettre. Mais la particularité la plus intéressante de la situation de ce couple est qu’il a épargné – sur une période de cinq ans – en prévision de sa séparation. Il est certain que la voie empruntée par Sandra Baron et son ex-mari n’est pas la plus fréquente. L’inverse est bien plus courant, affirme Sharon Numerow. « Il arrive souvent que l’un des conjoints en sache très peu sur les finances de la famille, et qu’il ignore le montant de leurs dettes. »
Alerte rouge
Lorsque Anna Masters, de Taber, en Alberta, s’est séparée de son mari, elle a trouvé un nouvel emploi dans une banque et a déposé une demande de carte de crédit dans ce même établissement. Lorsque le rapport Equifax est revenu, le collègue chargé des vérifications a convoqué Mme Masters dans son bureau. « Vous avez des retards de paiement sur toutes vos factures et vos cartes de crédit. La plupart sont en recouvrement. » L’ex-mari d’Anna Masters avait un portable et une marge de crédit dont elle n’avait pas connaissance, et qui la désignaient comme cosignataire (elle affirme qu’il a imité sa signature dans le formulaire de candidature). « J’ai mis trois ans, mais j’ai remboursé ma part, et, dans un sens, je suis contente d’avoir traversé cette épreuve. C’est moi qui maîtrise mon budget, maintenant », raconte Mme Masters. Elle a vraiment l’impression d’avoir agi intelligemment, à l’époque précédant sa séparation, en commençant à mettre de côté l’argent sur lequel elle pourrait compter en cas d’urgence. Cet argent – 3 500 dollars qu’elle gardait au fond d’une chaussette cachée dans l’armoire à linge – a servi à couvrir ses dépenses pendant la petite période de chômage qu’elle a traversée après avoir déménagé dans une nouvelle ville, à la suite de sa séparation.
Pour mieux ouvrir les yeux
Il n’est pas surprenant que les couples aient des difficultés à résoudre des problèmes comme le partage des biens ou les dettes. Mais le chemin du divorce est pavé d’autres possibles bévues financières. L’une d’elles consiste à vouloir trouver un accord trop rapidement, assure Jim Doyle, un CDFA du Groupe Investors, à Vancouver. « Les émotions déterminent souvent les choix, plutôt que de laisser parler les chiffres. »
Un autre danger serait d’échanger des biens contre du temps avec les enfants. « Grossière erreur, ne faites jamais cela », recommande Sharon Numerow. Rappelez-vous que les pensions alimentaires pour le conjoint ou pour les enfants et le partage des biens sont, en grande partie, deux problèmes complètement indépendants. Nos trois experts s’accordent sur un point : les deux conjoints devraient toujours être au courant de la situation financière de la famille. « J’ai rencontré un grand nombre d’époux qui ne participaient pas aux finances, et qui en avaient honte », témoigne Sharon Numerow. « Je leur dis « ne vous flagellez pas pour ça. Il est maintenant temps de commencer à apprendre. » Toutefois, si les deux conjoints étaient responsables des finances de la famille, le divorce en serait grandement facilité. »