Vieillir fait peur. « Dans notre société qui prône la jeunesse, la vitalité et la productivité, on repousse la maladie et la mort, écartant du coup les planifications financières et personnelles », précise Patrick Durivage, travailleur social et coordonnateur en soins palliatifs communautaires aux aînés.
Bien que difficile à envisager, il est utile d’établir une procuration, d’actualiser son testament et de rédiger un plan détaillé de succession quand tout va bien, afin de garantir le respect de ses volontés quand on ne pourra plus s’en charger.
Que vous vouliez aborder le sujet pour la première fois avec un parent ou préciser vos souhaits à vos enfants adultes, voici quelques conseils pour faciliter cette conversation essentielle.
Avec un parent
1. Partez d’un exemple
Si vous connaissez ou avez entendu parler de quelqu’un récemment hospitalisé ou ayant vécu un événement traumatisant, pensez à ouvrir la discussion par son histoire. Ensuite, tentez d’imaginer la réaction de votre famille dans la même situation. « Le récit de vie d’une connaissance peut être une bonne occasion d’échanger sur les traitements voulus, les lieux de soin, mais surtout sur les valeurs », affirme Patrick Durivage, avant d’ajouter que « tous les enfants devraient être présents lors de cette discussion ».
2. Clarifiez vos intentions
Un parent pourrait penser que vous convoitez son héritage si vous lui demandez ce qu’il a prévu en cas de décès. Mettez plutôt l’accent sur ses volontés. Expliquez-lui que ses biens seront répartis selon ses désirs s’il se montre prévoyant. « Les enfants peuvent insister sur le fait qu’il est préférable de planifier pour faciliter ce moment difficile. Et d’ailleurs, comment bien prendre soin de l’autre si ses préférences et ses souhaits ne sont pas exprimés ? » ajoute M. Durivage, qui œuvre au CSSS Cavendish Centre affilié universitaire.
3. Soyez patient
Laissez du temps à vos parents et ne forcez pas une décision hâtive. Examinez l’idée au fil de vos échanges. Avant de mettre quoi que ce soit par écrit, faites-leur comprendre que la décision leur appartient.
4. Offrez votre aide
En général, c’est un avocat, un notaire ou un conseiller financier qui se charge des procurations, nouveaux testaments ou plans de succession. Annoncez à vos parents que vous êtes prêt à les accompagner dans cette procédure.
Avec un enfant
1. Introduisez progressivement l’idée
Évitez de prendre vos enfants au dépourvu : prévenez-les que vous aimeriez aborder le sujet à leur prochaine visite et insistez alors sur la nécessité d’éviter tout malentendu à l’avenir.
2. Informez-vous
Étudiez les lois de votre province. Songez à consulter un avocat (ou un notaire au Québec et en Colombie-Britannique) et votre gestionnaire financier pour obtenir des conseils avisés. Puis choisissez une personne de confiance dans votre famille comme liquidateur de la succession et donnez-lui procuration.
3. Faites le bon choix
Donner procuration à deux enfants réduit certes le risque d’abus financier en période de vulnérabilité, mais cela s’accompagne aussi du risque qu’un désaccord entre eux retarde la prise de décision. Quel que soit votre choix, parlez-en aux autres membres de votre famille pour éviter les surprises, et expliquez votre décision afin de ne pas les vexer.
4. Simplifiez le travail
« Pensez aux décisions qui pourraient devoir être prises pour vous, et notez vos volontés », conseille Krista James, directrice nationale du Centre canadien d’études sur le droit des aînés.