DEPUIS TOUJOURS, il y a des individus qui cherchent à subtiliser le bien d’autrui. Pourtant, Internet a complètement changé la nature de l’escroquerie. La sophistication des arnaques du 21e siècle laisserait sans voix les faussaires et les charlatans d’hier.
En 2014, les escrocs ont fait perdre plus de 70 millions de dollars aux Canadiens. (Ce chiffre ne tient compte que des cas signalés, qu’on estime parfois à moins de 5 % de l’ensemble.) Et c’est en ligne qu’on soutire de plus en plus cet argent. D’après la liste des fraudes les plus courantes établie par le Bureau d’éthique commerciale en 2015, 9 contrevenants sur les 10 plus importants seraient passés par le web. « Ces escroqueries ne coûtent rien et sont faciles à mettre sur pied en peu de temps », affirme Evan Kelly, représentant du Bureau.
Comme avec les faux tableaux et les poudres de perlimpinpin, l’escroquerie moderne est plus efficace quand elle semble officielle. Mais il est possible de percer à jour même les arnaques les plus habiles. « On a du pain sur la planche, admet M. Kelly. On ne doit pas tenir pour acquis qu’elles sont légales juste parce qu’elles sont attrayantes à l’écran. »
Demeurez méfiant
Les combines les plus efficaces reposent sur la crédibilité d’une marque ou d’une institution connue, comme les Pages jaunes ou la GRC. Au cours de 2015, les autorités ont reçu des plaintes relatives à « l’escroquerie de l’Agence du revenu du Canada»: au téléphone, une personne se faisant passer pour un de ses agents exigeait le paiement d’une « somme » assez salée. La proie qui refusait d’obéir était menacée d’arrestation, d’amendes, voire de prison.
Autre fraude courante, quelqu’un qui prétend être un employé de Microsoft prend soi-disant le contrôle à distance de l’ordinateur de sa victime infecté par un virus. Son malheureux propriétaire est alors contraint de donner des informations sur sa carte de crédit pour payer la réparation. Le faux employé en profite pour récupérer des données personnelles comme le numéro d’assurance sociale.
« Même si l’argent est perdu, rapporter sa mésaventure pourra aider ceux qui n’en sont qu’à l’étape initiale de l’arnaque. »
Les faux appels de ce genre se fondent sur de nombreux cas douteux : un parent perdu de vue depuis longtemps qui a besoin d’argent ; un prix qu’il faut payer pour pouvoir le réclamer. Dans d’autres cas, la victime se laisse piéger par mégarde : de nombreux sites web promettent des marques de luxe à des prix défiant toute concurrence. Deux semaines après son achat en ligne, le consommateur reçoit une contrefaçon plutôt que la veste qu’il croyait griffée – ou pis, ne reçoit rien du tout.
Ce qu’il faut surveiller
Plusieurs considèrent les personnes âgées – souvent seules, moins à l’aise avec les nouvelles technologies et aux prises avec le déclin de leurs activités mentales – comme des cibles faciles. En 2012, un rapport du Fraud Research Center de l’Université Stanford révèle que ce n’est pas toujours vrai. Mais les escrocs le croient. « Les fraudeurs pensent qu’elles peuvent être facilement embrouillées », explique Rebecca Judges, doctorante à l’Université de Toronto, ajoutant qu’ils leur parlent donc rapidement dans le but de les dérouter. Alors quand on tente de vous bousculer, soyez sur vos gardes.
Les escrocs exigeront souvent d’être payés par virement bancaire, confie Daniel Williams, spécialiste du Centre antifraude du Canada, quoique certains, note-t-il, demandent et acceptent d’autres formes de paiement. Les plates excuses évoquant des contraintes de temps ou toute autre circonstance inhabituelle doivent éveiller les soupçons.
Si vous avez le moindre doute, une recherche rapide sur Google vous aidera à clarifier la situation ; cherchez le numéro de téléphone de votre interlocuteur ou le nom de l’organisation à laquelle il prétend appartenir, en l’associant au mot « escroquerie ». Si les escrocs sévissent dans internet, vous pouvez à votre tour l’utiliser pour glaner de l’information sur d’innombrables ruses, affirme
M. Williams. « Cinq personnes ne peuvent pas être victimes d’une même escroquerie dans le monde sans qu’au moins deux la dénoncent sur un blogue. »
Que faire quand on a été piégé
« En général, une fois l’argent versé, vous avez peu de chances de le retrouver », admet Daniel Williams. Cela ne veut pas dire que les victimes sont impuissantes. Il recommande de déclarer le crime à la police – surtout si vous avez donné des informations personnelles, ce qui peut mener au vol d’identité – pour conserver une trace écrite. Il faut également prévenir les institutions concernées, banque, société de crédit ou service de virement bancaire. « Donnez-leur tous les détails, déclare-t-il. Même si l’argent est perdu, rapporter sa mésaventure pourra aider ceux qui n’en sont qu’à l’étape initiale de l’arnaque. »
Selon la même étude de l’Université Stanford sur l’escroquerie, les victimes évoquent différentes raisons pour ne pas la signaler : elles ont honte, ne savent pas vraiment à qui le dire, ou ne comprennent pas qu’elles ont été dupées. Et puis elles ne voient peut-être pas la nécessité d’informer les autorités comme le Centre antifraude du Canada, qui utilise ces plaintes pour cibler les opérations que cache une fraude. Sans cette information, « les suspects pourront continuer à agir en toute impunité, dit M. Williams. Si ce n’est pas signalé, ce n’est jamais arrivé. »
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