Plus lourde de 16 kilos pour encore deux semaines, je me prépare au rôle le plus exigeant de mon existence: la maternité. J’ai hâte et j’ai un peu peur. Moi qui ai pondu ou revu tant d’articles sur la gestion des finances, je me demande pour la première fois de ma vie si des parents peuvent vraiment mettre un enfant sur la voie de la fortune.
Selon Carolyn O’Connor, oui. Cette mère seule qui vit en bordure de St. Catharines, en Ontario, affirme que la clé du succès de son fils, c’est la liberté qu’il a eue très jeune de se tromp
Très vite, raconte-t-elle, «j’ai compris que Christopher devait se débrouiller tout seul». La méthode est sans doute bonne puisqu’à 15 ans il avait sa propre entreprise en ligne. Deux ans plus tard, il devenait le plus jeune Canadien accrédité par l’Institut des fonds d’investissement du Canada. Un fonds commun de placements lui a offert un poste à temps plein qu’il a refusé pour étudier à l’université Brock.
Voici ce que suggèrent quelques experts pour préparer l’entrée de vos enfants dans le monde des grands en leur inculquant le sens des responsabilités financières.
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1. Distribuez l’argent de poche à bon escient
Lewis Mandell, professeur à l’université d’État de New York à Buffalo et spécialiste de l’éducation financière, estime qu’une allocation automatique peut rendre l’enfant complaisant, mais bien des parents refusent d’attacher un prix aux corvées domestiques de peur que les enfants ne veuillent être payés même pour les tâches qui leur reviennent normalement.
Neale Godfrey, ex-banquier et auteur de Money Doesn’t Grow on Trees, propose de faire une distinction entre les «devoirs civiques» (faire son lit, ranger ses jouets), qui inculquent le sens des responsabilités familiales, et les «corvées payées» (mettre la table, épousseter, passer l’aspirateur). «Punaisez une feuille sur un mur et notez-y toutes celles qu’ils font», dit Godfrey. À la fin de la semaine, donnez à chacun son dû.
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2.Montrez-leur à tenir un budget
À mesure qu’un enfant grandit, augmentez non seulement le montant de son argent de poche, mais aussi l’intervalle entre les versements: une fois par semaine à l’âge de cinq ans, toutes les deux semaines à dix ans, une fois par mois au secondaire. Pour qu’ils apprennent bien la leçon, refusez de les dépanner quand ils sont à court.
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3. Posez les questions qui dérangent sur leurs projets d’études
La réussite passe par l’université, pas vrai? Pas si vite. «Nous oublions que les études sont un investissement», note Laurence Kotlikoff, professeur d’économie à l’université de Boston.
Un médecin généraliste gagne à peine plus qu’un plombier sur l’ensemble de sa vie professionnelle. «Oui, il est mieux payé, mais il étudie plus longtemps, donc commence à travailler plus tard et s’endette beaucoup plus», explique Kotlikoff.
Pour aider vos ados à décider s’il vaut la peine d’emprunter pour poursuivre leurs études, parlez-leur de la rentabilité des différents diplômes. Kotlikoff a calculé que le salaire de départ moyen des diplômés en génie pétrolier, en pharmacie, en mathématiques et en informatique est de 98000$ par an aux États-Unis. Ceux qui ont étudié en théologie, en puériculture et en psychologie gagnent pour la plupart moins de 38000$.
Le but n’est pas de détourner l’enfant de sa vocation, mais de lui inculquer des attentes réalistes.
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4. Encouragez l’esprit d’entreprise
Si vous êtes propriétaire d’une entreprise, ne vous interdisez surtout pas d’engager vos enfants. Ils acquerront des compétences concrètes, et vous abaisserez le fardeau fiscal familial. Ils peuvent en effet gagner environ 10000$ par an sans payer d’impôt, et en partageant le revenu de l’entreprise avec des membres de votre famille, vous réduirez ce que vous-même devez. Si vous n’avez pas d’entreprise, encouragez-les à faire un peu d’argent en gardant des enfants ou en tondant les pelouses, par exemple.
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5. Ne donnez pas, prêtez
Dans The Millionaire Next Door, un livre sur ce qui caractérise les familles riches, Thomas Stanley et William Danko notent que les adultes sous-performants ont souvent eu des parents qui leur donnaient régulièrement de l’argent pour payer leurs caprices et même leurs grosses dépenses.
Beaucoup de parents ont du mal à admettre que c’est une mauvaise idée. Quand les emplois sont rares, comment refuser d’aider un jeune à payer une voiture, des études, une maison? Aidez-le, mais ne donnez pas d’argent, répond Karin Mizgala, patron de Money Coaches Canada, un réseau de planificateurs financiers indépendants. Si les enfants ont le sentiment que la «banque parentale» les dépannera toujours, ils finiront par y voir un droit et une garantie.
Mieux vaut limiter votre aide. Par exemple, payez les droits de scolarité d’un baccalauréat, mais laissez le coût de la maîtrise et les frais d’un éventuel déménagement à la charge de l’étudiant.
Il ne s’agit pas de priver vos enfants du soutien dont ils ont besoin, mais de leur faire assumer les conséquences de leurs choix. Au fond, tous les parents souhaitent élever des enfants responsables et autonomes. Qu’ils deviennent ensuite millionnaires, ce ne sera qu’une plume de plus à leur chapeau.
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