Qu’est-ce qu’une mauvaise herbe?
D’abord, le terme «mauvaises herbes» est le nom qu’on donnait aux plantes qui ne donnaient pas de parties comestibles; elles étaient mauvaises. On a ensuite, associé le terme aux végétaux qui germaient entre les rangs des cultures dans les champs: les plantes qui n’avaient pas été plantées intentionnellement.
Aujourd’hui, on associe pêle-mêle les orties, les pissenlits et toute autre herbe méconnue. Mais, il n’y a pas de mauvaises herbes: il n’y a que des plantes qui poussent au mauvais endroit.
Il n’existe donc pas de véritable liste de mauvaises herbes en terme biologique, car la définition des mauvaises herbes est purement subjective: certaines plantes utiles ou cultivées peuvent devenir des mauvaises herbes lorsque leur fonction d’utilité cesse pour l’être humain. Le philosophe américain Ralph Waldo Emerson disait «Qu’est-ce qu’une mauvaise herbe? Une plante dont on n’a pas encore découvert les vertus.»
«Comme les plantes dites invasives, cette expression manifeste notre dénaturalisation», constatait l’ethnobotaniste français François Couplan dans une entrevue accordée au quotidien Le Maine libre.
Les mauvaises herbes sont, après tout, d’excellentes façons de lutter contre les îlots de chaleur en ville!
La sécurité avant tout!
On ne peut pas s’improviser cueilleur du jour au lendemain et on ne peut encore moins cueillir n’importe quoi, n’importe où. Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de plantes toxiques au Québec – et aucune mortelle –, personne ne veut mettre sa santé à mal, ne serait-ce qu’en cueillant sur un terrain contaminé de pesticides chimiques.
Il faut aussi, bien entendu, écarter les plantes envahissantes comme la renouée du Japon ou l’herbe à poux, néfastes pour la santé.
Il est donc important de savoir identifier les plantes. Pour ce faire, des applications comme PlantNet et Picture This peuvent être utiles pour identifier les herbes inconnues, mais les résultats sont limités avec les jeunes pousses. Les groupes Facebook comme celui de La flore du Québec restent les meilleures ressources, selon Marie Beaupré, cofondatrice de l’entreprise montréalaise Les mauvaises herbes, une référence pour les cosmétiques et les produits ménagers faits maison. En connaissant le potentiel de croissance, de toxicité ou de comestibilité des plantes de votre cour arrière, il est plus facile de décider de les conserver ou non.
De toute manière, le nombre de mauvaises herbes comestibles au Québec ou avec des propriétés médicinales reste limité. Vous finirez certainement par toutes les connaître.
Marie Beaupré recommande d’identifier quelques plantes pour débuter afin de bien maîtriser l’art de les apprêter. Allez-y selon votre région, mais aussi selon vos besoins: chaque plante possède ses propriétés.
Le pissenlit, la plus connue des mauvaises herbes comestibles
Le pissenlit voit son image redorée avec le mouvement Défi pissenlits. Si les jeunes feuilles sont délicieuses dans les salades et les quiches, on peut aussi faire tomber les feuilles plus matures tout comme les épinards. Cuites à la vapeur, elles ne seront pas aussi amères.
(Essayez notre salade de pissenlits poire grenade avec pignons!)
Vous pouvez aussi faire bouillir ou rôtir les racines de pissenlit afin de les manger comme un légume racine. «Pour faire un substitut de café, il suffit de faire sécher et de faire rôtir les racines. Comme on le ferait avec de la racine de Chicorée», précise Marie Beaupré.
Les fleurs et les boutons floraux, doux et croquants, sont comestibles crus ou frits. Ils peuvent également être utilisés pour faire une cramaillotte, une alternative végane au miel.
«Sur des crêpes ou sur de la crème glacée, c’est vraiment délicieux», insiste la bachelière en biologie, qui suggère même sa recette personnelle.
Le pissenlit a de nombreux bienfaits santé surprenants. Il aide notamment à favoriser la digestion.
Plantain
Légume-feuille nutritif, le plantain est riche en calcium et en vitamines A, C et K.
Les petites feuilles très jeunes peuvent être apprêtées comme des épinards. Une fois dans la poêle, elles perdent leur texture fibreuse, ce qui devient super intéressant d’un point de vue culinaire. Il ne faut cependant pas prendre des feuilles trop grosses et coriaces.
Marie Beaupré donne même un petit truc de grand-mère: mâchouillez une feuille de plantain afin de faire une petite pâte que vous appliquez sur une piqûre de maringouin afin d’empêcher la démangeaison.
Trèfle (blanc ou rouge)
On peut manger la fleur de trèfle dans des desserts ou en faire du miel. «N’hésitez pas à saupoudrer vos pâtisseries de pétales de trèfle pour les décorer».
La feuille crue est bonne en salade. La feuille séchée, en tisane.
Le trèfle possède par ailleurs de belles propriétés médicinales. Son effet expectorant en fait un élément clef dans le traitement de problèmes respiratoires. «Des infusions de trèfles rouges peuvent être intéressantes quand on a un rhume ou un trouble respiratoire», précise Marie Beaupré.
Découvrez aussi les meilleures fleurs comestibles pour cuisiner et décorer vos assiettes.
Bardane
Prenez des gants pour la récolter parce qu’elle pique! Il faut récolter sa racine à l’automne ou à la fin de l’été afin de maximiser sa valeur nutritive. Le goût de la racine de la bardane se rapproche de celui du salsifis.
Elle peut se manger comme n’importe quel légume racine. «Comme les carottes ou les panais, la racine de bardane se coupe en rondelles et s’ajoute bien dans les soupes pour son côté croquant», suggère Marie Beaupré.
Certaines plantes sont très jolies, mais peuvent avoir des effets néfastes sur votre santé. Jetez un oeil à la liste des plantes envahissantes, irritantes ou toxiques à ne pas cultiver chez soi.
Ortie
La soupe à l’ortie est délicieuse et les jeunes feuilles constituent un excellent substitut aux épinards.
«Une fois les feuilles séchées, les petits poils urticants partiront, rassure Marie Beaupré. Je connais surtout l’ortie pour ses propriétés médicinales. Elle est riche en calcium, en fer et en vitamines. C’est une plante très nutritive, tant en infusion que lorsqu’elle est consommée. Je la prends personnellement en infusion.»
L’ortie est une plante très intéressante pour faire des rinçages de cheveux ce qui fait d’elle une plante utile tant au niveau comestible, cosmétique que médicinal.
L’ortie contient une substance qui agit comme un antihistaminique ce qui la classe parmi notre palmarès des remèdes naturels contre les allergies.
Chardon
Il ne faut pas confondre le chardon avec la bardane qui possède des fleurs similaires.
Les graines de chardons sont largement utilisées en pharmacologie puisqu’elles contiennent de la sylimarine – efficace contre les problèmes hépatiques, digestifs et vasculaires.
Les jeunes feuilles (qui n’ont pas encore de piquant) peuvent être mangées en salade. Les tiges pelées peuvent être apprêtées comme les asperges, alors que les racines seront bonnes confites ou en sauce.
Saviez-vous que les jardiniers amateurs utilisent 3 fois plus de pesticides que les agriculteurs? Découvrez comment faire ses pesticides maison non toxiques.
Chénopode blanc
Aussi appelé chou gras, le chénopode blanc est une espèce envahissante. Comestible et très nutritif, son goût rappelle celui de l’épinard. Il se prépare d’ailleurs de la même manière.
«Dans de la belle terre noire, le chénopode blanc sera heureux. Il se trouve donc plus facilement dans le jardin ou dans les champs de laitue.»
Oxalis (ou oxalide) corniculé
L’oxalis est souvent confondu avec le trèfle en raison de la forme de ses feuilles.
«L’acide oxalique qui se trouve dans la feuille est ce qui donne le goût suret, comme du citron. Pourquoi ne pas décorer des gâteaux ou des muffins au citron avec des feuilles; leur goût sera très complémentaire. Vous pouvez aussi en ajouter aux limonades!».
Les feuilles doivent être récoltées entre les mois de mars et de septembre. Entre temps, essayez nos meilleurs trucs maison et naturels pour éliminer les mauvaises herbes.
Amarante
Les jeunes feuilles se dégustent crues en salade et les feuilles plus matures peuvent être tombées dans la poêle comme des épinards. Cette verdure est idéale comme garniture à pizza ou ajoutée dans un potage.
Ce n’est d’ailleurs pas que les feuilles qui se mangent, les graines de l’amarante sont également comestibles.
Lierre terrestre
Le lierre terrestre, une super belle plante rampante avec de petites fleurs mauves, fait partie de la même famille que celle du basilic, de la mélisse, de la menthe et du thym.
Les feuilles sont comestibles en salade ou encore en condiment. Le lierre terrestre est aussi intéressant au niveau de ses propriétés thérapeutiques, notamment contre les affections pulmonaires.
Pour ce faire, il suffit de plonger 2 cuillères à thé de feuilles dans 1 tasse d’eau et de laisser le tout infuser 10 minutes.
On peut même utiliser les feuilles en cataplasme sur des abcès et des verrues. À l’époque c’est une plante qui était utilisée contre la tuberculose, note Marie Beaupré.
Pourpier du potager
Il suffit de la rincer, la hacher et la manger! Les feuilles et les tiges peuvent être utilisées dans les salades, les sautés, les soupes, les ragoûts et bien d’autres recettes.
Il faut toutefois impérativement la récolter avant les premières gelées.
Essayez notre recette de salade d’herbes sauvages aux graines de citrouille.
Stellaire
Marie Beaupré précise qu’il existe plusieurs sortes de Stellaire au Québec, mais que tout le genre est comestible, et ce, de la fleur aux feuilles, en passant par les tiges. Son goût de noisette est apprécié en salade.
Laiteron
Le laiteron est ni plus ni moins que «le pissenlit à très longue tige». Il est possible de récolter ses feuilles – qui ressemblent à de la laitue et restent au sol – entre les mois de mars et d’octobre pour les manger en salade, les poêler ou les ajouter à une soupe.
Certaines plantes ont des propriétés antimoustiques: voyez quelles plantes avoir dans son jardin.
Matricaire odorante
La matricaire odorante fait partie de la même famille que la camomille. Certaines personnes trouvent qu’elle goûte l’ananas.
Besoin de combattre l’herbe à poux, cette mauvaise herbe qui peut détruire n’importe quelles pelouses, même les mieux entretenues? Suivez ces conseils et apprenez comment se débarrasser de l’herbe à poux, étape par étape.
Tête de violon
Les têtes de violon poussent dans les plaines d’inondation, les milieux humides et les peuplements feuillus riches offrant un couvert forestier de 60% à 90%.
La fougère à l’autruche est cueillie partout au Québec en grande quantité pour ses qualités gustatives. On cueille les têtes de violon entre les mois de mai et de juin alors que celles-ci ont moins de 15 cm de hauteur. Une fois déroulées, les fougères ne sont plus comestibles.
Les têtes de violon, si elles ne sont pas cuites adéquatement, peuvent provoquer des malaises importants, puisqu’elles peuvent contenir une toxine. Il faut donc les faire bouillir ou cuire à la vapeur durant 10 à 12 minutes.
Les têtes de violon font partie des aliments qui pourraient vous tuer s’ils ne sont pas apprêtés de la bonne manière. Pas de panique! Ils seront délicieux cuits à point dans notre recette végétarienne de quinoa et riz brun avec duxelles de pleurotes!
Molène
La molène commune est originaire d’Eurasie et d’Afrique du Nord, mais, en raison de sa grande adaptation aux conditions variables, elle est maintenant présente presque partout dans le monde, du moins dans les régions tempérées.
La molène n’est ni vraiment comestible ni vraiment toxique, mais elle produit de nombreuses substances bénéfiques à l’être humain.
Dans certaines régions, l’huile de molène est utilisée pour traiter les verrues, les furoncles et les hémorroïdes, et dans d’autres, les cataplasmes de racine de molène en poudre traitent les éruptions cutanées, les plaies et les infections de la peau. L’huile essentielle de la fleur est utilisée contre les infections, les coliques, les otites, les engelures et l’eczéma.
On peut également en faire une boisson puisque les feuilles de la molène contiennent des saponines et du mucilage, un excellent expectorant.
Ou utilisez la tige séchée trempée dans de la cire comme torche ou ses fibres comme mèches de bougie. On peut aussi l’employer en teinturerie pour donner aux étoffes de jolis coloris jaunes ou verts. Et autrefois, on faisait sécher les feuilles pour servir de papier toilette ou d’isolant contre le froid…
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