La biodiversité est essentielle à notre survie. Elle nous nourrit, nous guérit, régule le climat et contribue à notre bien-être spirituel et psychique. Mais l’explosion de notre population, qui frôle les sept milliards d’âmes, prélève un lourd tribut sur les autres formes de vie: destruction d’habitats, pollution, prélèvement excessif et propagation d’espèces envahissantes ont entraîné une crise environnementale sans précédent.
Environ 17000 espèces sont menacées d’extinction à l’échelle mondiale; au Canada, 585 sont en péril ou ne se trouvent plus à l’état sauvage. «La liste des espèces en danger ne cesse d’augmenter, déplore Alan Dextrase, membre du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Et beaucoup d’autres espèces n’y figurent pas uniquement parce que leur situation n’a pas encore été évaluée.» Voici cinq cas exemplaires.
1. Le caribou de Peary
Effigie de notre pièce de 25 cents, le caribou est une silhouette familière. Le plus petit membre de cette famille a la taille d’un chien danois et vit dans les îles les plus nordiques de l’Arctique canadien. Depuis des millénaires, ce petit cervidé fait de la résistance dans l’un des milieux les plus hostiles de la planète, mais sa dernière heure pourrait bientôt sonner. En 60 ans, sa population a chuté de 72 pour 100 à cause du changement climatique.
2. Le pluvier siffleur
Moins de 1500 obstinés nichent encore au Canada. Ils y sont menacés d’extinction parce que, comme nous, ils raffolent des plages. Cet oiseau de rivage gros comme un moineau, au plumage couleur sable et au cri flûté, s’entête à pondre dans le sable labouré par les ramasseurs de coquillages, les chiens et les véhicules tout-terrain. Trop souvent dérangé, il a déserté bon nombre de ses lieux de nidification. Le bétonnage du front de mer achève de détruire son aire d’hivernage dans le sud des Etats-Unis. La population canadienne compte deux sous-espèces, l’une lacustre, dans les vastes plaines du Nord-Ouest et sur les rives des Grands Lacs, l’autre maritime, le long du littoral atlantique du Québec et des Maritimes. Petite lueur d’espoir: récemment, des pluviers ont réussi à élever une couvée, pour la première fois en 30 ans, sur les berges canadiennes du lac Ontario.
3. La grue blanche
Un corps haut sur pattes qui vous arrive à la poitrine, des ailes d’une envergure exceptionnelle, un plumage immaculé: la grue blanche est le plus bel oiseau du Canada, mais à peine 70 couples s’y reproduisent encore. Après avoir élevé leurs petits dans les marécages du parc national Wood Buffalo, à la frontière de l’Alberta et des Territoires du Nord-Ouest, elles affrontent de multiples périls pour gagner leur aire d’hivernage texane et remontent vers le nord au printemps. Minée par la chasse et la destruction de ses habitats, l’espèce a failli disparaître: durant les années 1940, elle ne comptait que 22 spécimens. Depuis la fin des années 1960, sa population augmente lentement grâce aux efforts intenses de conservation menés de concert au Canada et aux Etats-Unis. Sa survie à long terme reste incertaine, mais on peut espérer que l’appel claironnant de cet oiseau majestueux résonnera encore dans le ciel canadien.
4. La baleine franche
Ce cétacé de 15 mètres et 45 tonnes a été pendant 700 ans la proie préférée des baleiniers à cause de sa lenteur et de son abondance. Il est à présent le plus rare des grands mammifères marins, bien qu’il soit protégé depuis 1937. Des dizaines de milliers de baleines franches sillonnaient le nord-ouest de l’océan Atlantique; elles ne sont plus que 300 à passer l’hiver au large de la côte sud-est des Etats-Unis et l’été dans la baie de Fundy et le bassin Roseway, au large de la Nouvelle-Ecosse. En compagnie des mâles et des autres femelles, les mères s’y gavent de microscopiques crevettes et, comme tous les mammifères, allaitent leurs baleineaux. Les pires ennemis de la baleine franche sont les grands navires et les engins de pêche. La sensibilisation des pêcheurs ainsi que le récent détournement de voies maritimes qui traversaient des zones de haute fréquentation saisonnière lui épargneront peut-être l’extinction.
5. La marmotte de l’île de Vancouver
La mascotte des Jeux de 2010 est l’un des animaux les plus adorables qui soient. Cette cousine potelée de l’écureuil ressemble à un siffleux géant au pelage brun chocolat marbré de blanc sur le museau, le ventre et la tête. Terrée dans les prairies alpines de l’île de Vancouver, l’espèce n’a sans doute jamais été abondante, mais la coupe à blanc et la prédation des couguars et des loups ont failli l’achever au début des années 1980. Les efforts acharnés des environnementalistes – notamment le programme de réintroduction de marmottes élevées en captivité mené depuis 2003 – ont fait remonter sa population de moins de 30 à près de 240 au début 2009.