Le millepertuis, un remède naturel contre la dépression
La petite fleur jaune discrète du millepertuis a des propriétés reconnues pour stimuler l’humeur et combattre la dépression.
Vous hésitez à avoir recours aux antidépresseurs ? Le millepertuis pourrait bien être le remède naturel qui vous aidera à combattre la dépression et vous permettra peut-être de retrouver une sensation de bien-être.
Le millepertuis est une plante médicinale utilisée couramment pour traiter les dépressions légères ou moyennes. Il est le plus souvent consommé sous forme de teinture mère ou en capsule. On peut aussi le prendre en tisane.
L’action du millepertuis
Les petites fleurs jaune soleil du millepertuis (Hypericum perforatum) libèrent, quand on les trempe dans l’alcool, un extrait de teinte bourgogne, riche en hypéricine.
Le millepertuis contient au moins sept substances, dont l’hypéricine, qui contrent les effets de la dépression. L’une d’elles, l’hyperforine, semble agir comme les médicaments inhibiteurs de la réabsorption sélective de la sérotonine tel le Prozac, en freinant la réabsorption par les cellules cérébrales de substances chimiques qui contribuent à la bonne humeur: sérotonine, dopamine, norépinephrine et acide gamma-aminobutyrique.
Plus l’activité de ces neurotransmetteurs se prolonge, mieux vous vous sentez.
Le millepertuis est-il vraiment efficace?
Le millepertuis n’est pas une cure miracle pour les humeurs dépressives qui affligent 121 millions de personnes dans le monde, mais il peut toutefois aider. Des scientifiques ont constaté que le millepertuis et les antidépresseurs conventionnels étaient d’efficacité comparable. De plus, dans une analyse de 29 études portant sur 5 489 personnes, des chercheurs de l’Université technique de Munich (Allemagne) ont signalé que le quart des participants avait cessé le traitement en raison des effets secondaires de la plante, alors que pour les sujets qui avaient pris des euphorisants, c’est la moitié d’entre eux qui avaient abandonné le traitement en raison des effets secondaires de leur médicament.
Vous croyez être déprimée ? Essayez le millepertuis
Si vous souhaitez essayer le millepertuis pour combattre la dépression, choisissez une forme standardisée à 0,3% d’hypéricine ou à 2 à 4,5% d’hyperforine ; prenez-en 300mg, trois fois par jour.
Mais avant, demandez conseil à votre médecin. En effet, il se peut que vous ne puissiez prendre cette plante avec d’autres médicaments en raison d’interactions potentielles pouvant pafois être néfastes pour votre santé : antidépresseurs, pilules contraceptives, cyclosporine prescrite aux greffés, digoxine prescrite en cardiologie, indinavir, anticoagulants ainsi que divers médicaments utilisés dans le traitement du cancer, du VIH et de l’épilepsie. Si votre humeur ne s’améliore pas au bout de deux à quatre semaines, contactez votre médecin pour envisager d’autres formes de traitement.
L’avenir du millepertuis
Les chercheurs travaillent sur d’autres utilisations des composés du millepertuis. Dans des études in vitro, l’hypéricine et la pseudohypéricine se sont avérés efficaces contre plusieurs types de virus dont celui de la grippe A et de la maladie mains-pieds-bouche, une infection bénigne mais très contagieuse qui provoque des ampoules infectieuses.
Grandeur et décadence du millepertuis
Dans les années90, les effets stimulants du millepertuis ont fait de cette plante médicinale la super vedette de la lutte contre la dépression. Des émissions télévisées et des magazines l’ont qualifiée de «Prozac naturel» et «d’antidépresseur le plus utilisé dans l’histoire de l’humanité», même si traditionnellement on utilisait le millepertuis pour traiter les névralgies, les blessures, les brûlures et les piqûres d’insectes.
On ne s’étonnera pas qu’avec un tel battage médiatique, les ventes du millepertuis soient passées de 20 millions de dollars en 1995 à près de 315 millions de dollars en 1998, et ce, pour les seuls États-Unis. Parallèlement, en Allemagne, la plante était prescrite 20 fois plus souvent que les antidépresseurs conventionnels. Les réserves ont commencé à manquer quand le British Medical Journal est venu confirmer l’efficacité du millepertuis en se basant sur l’analyse de 23 études portant sur 1 757 personnes souffrant de dépression légère à modérée. On y comparait les effets du millepertuis aux antidépresseurs conventionnels et à un placebo, pour en conclure que la plante combattait aussi bien la dépression que les médicaments, et ceci en ayant moins de la moitié de leurs effets secondaires.
La popularité de la plante est tombée en 2002, quand une étude commanditée par les US National Institutes of Health a constaté l’«absence totale» de progrès chez des gens souffrant de dépression moyennement grave. D’autres études ont ensuite fait état d’interactions potentiellement dangereuses entre la plante et des médicaments: diminution de l’efficacité des pilules contraceptives ; diminution de l’efficacité de la chimiothérapie chez des patients traités pour le cancer ; augmentation du niveau de cholestérol chez des personnes qui prenaient certains types de statines (hypocholestérolémiants). Les ventes ont alors chuté à 100 millions de dollars en 2003 aux États-Unis. Mais les choses n’en sont pas restées là. On comprenait mieux les propriétés de cette plante-remède et les risques qu’elle pouvait comporter.
Le saviez-vous ?
– Le millepertuis était traditionnellement récolté le jour de la Saint-Jean, d’où son nom anglais de St. John Wort.
– 40% des adultes souffrant de dépression ont recours à des traitements alternatifs ; la plupart n’en parlent pas à leur médecin.
– Malgré ses propriétés médicinales, le millepertuis est considéré comme une mauvaise herbe dans une vingtaine de pays incluant l’Australie, la France, l’Italie, la Turquie, la Suède et les États-Unis. (Elle est originaire d’Europe, d’Asie de l’Ouest et d’Afrique du Nord.)
– Cette plante vivace et rustique prend la place de variétés indigènes. Elle peut également provoquer des brûlures par le soleil chez le bétail qui en consomme. Les graines collantes demeurent fertiles dans le sol pendant plusieurs années (jusqu’à 10 ans) et elles peuvent se propager en adhérant à la fourrure, aux plumes, aux vêtements, aux pneus et même à la machinerie. Cette plante prospère sous presque tous les climats et se répand sous terre grâce à ses rhizomes.
D’après l’ouvrage Les forces extraordinaires de la nature de Reader’s Digest