Quel contenant à lait est le meilleur (ou le pire) pour l’environnement?
Cruches de plastique, boîtes de carton ou sacs de plastique… L’empreinte environnementale des contenants de lait varie considérablement.
Si vous êtes un Canadien qui fait une consommation de lait moyenne, vous en buvez probablement plus de 60 litres par an. Cela représente environ deux milliards de contenants chaque année.
L’emballage de tout ce lait dépend de l’endroit où vous vivez, et de nouvelles recherches montrent qu’un type de contenant est meilleur que les autres pour l’environnement.
Il existe un éventail particulièrement vaste de contenants pour le lait. Au Canada, les plus courants sont les cruches rigides en polyéthylène haute densité, les boîtes en carton plastifié et les sacs de lait. Les bouteilles en verre réutilisables sont rares, et c’est tant mieux, car elles présentent un potentiel de réchauffement planétaire plus élevé que les autres contenants de boissons.
Mes collègues et moi, tous des chimistes et des physiciens spécialisés en recherche sur les matériaux et le stockage de l’énergie, avons étudié des enjeux de consommation liés à la durabilité. Nous avons récemment évalué l’impact environnemental des cruches de plastique, des cartons et des sacs de lait à Toronto et à Halifax, et nous avons constaté que les sacs étaient l’option la plus écologique.
Selon un rapport de 2010 de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la plupart des contenants de lait vendus en Amérique du Nord sont des cruches de plastique (68%), suivis des boîtes (24%) et des sacs (7%). À l’inverse, les sacs dominent dans les pays d’Afrique méditerranéenne (72%) et l’ancienne Union soviétique (54%).
L’entreprise chimique américaine DuPont a commercialisé les sacs à lait en plastique polyéthylène au Canada en 1967. Cette innovation a pris son essor dans les années 1970, lorsque le Canada s’est converti au système métrique, car le volume pouvait y être modifié plus facilement que pour les cartons et les cruches.
L’impact du contenant
Notre étude consistait en une analyse du cycle de vie d’une grande variété de contenants de lait — les types et les tailles qu’on trouve généralement à Toronto et à Halifax. Nous avons évalué les intrants énergétiques, les émissions de gaz à effet de serre et l’eau utilisée pour les produire, les transporter et s’en débarrasser.
Nous avons constaté que la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre les plus importantes provenaient de la production du papier et des polymères plastiques, bien plus que du transport et du traitement ou de l’élimination des matériaux. Les polymères se retrouvent dans les cruches de lait, les bouchons à vis, ce qui plastifie le carton, les sacs de lait et leurs attaches, et le papier fait partie du carton.
Dans les deux villes, les sacs nécessitent moins d’énergie et d’eau par litre de lait et produisent moins de gaz à effet de serre que les cruches ou les boîtes. Cela est dû principalement au fait que les sacs ne pèsent que 20 à 30% du poids des cruches ou des cartons pour un volume égal.
Les différences sont importantes. Pour la même quantité de lait, si on les compare aux cruches ou aux cartons, les sacs ne consomment qu’environ 20 à 30% de l’énergie, n’utilisent qu’environ 2% (par rapport aux cartons) et 40% (par rapport aux cruches) de la quantité d’eau et ne produisent que de 20 à 40% des gaz à effet de serre engendrés par les autres contenants.
Même lorsque les sacs sont enfouis ou incinérés et que les cruches ou les cartons sont entièrement recyclés, l’impact environnemental des sacs demeure plus faible.
Exclusions et comparaisons
Nous avons omis plusieurs petits éléments dans le cadre de notre étude, notamment les matériaux et les processus associés à l’étiquetage, comme les encres et l’impression. Nous avons également exclu les cruches dans lesquelles on place le sac de lait pour pouvoir l’utiliser. Une autre étude a montré que leur impact était faible et, d’après mon expérience, elles peuvent durer plusieurs années. Une question importante que nous avons ignorée, c’est l’incidence des différents contenants sur l’océan et la vie marine.
Les résultats de notre recherche ont été validés par une comparaison avec des études antérieures menées au Royaume-Uni et dans plusieurs autres pays. Nos calculs de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre étaient compatibles avec les leurs.
On utilise beaucoup d’eau pour la production, le traitement et le transport des contenants, mais une quantité considérable d’eau est récupérée par le recyclage. La consommation nette d’eau est la petite différence entre ces grands nombres et n’est donc pas très précise. Cependant, nous avons constaté que les cartons utilisent un volume d’eau très important : près de 20 litres d’eau sont nécessaires pour produire le carton pour chaque litre de lait.
Notre comparaison avec d’autres pays nous a permis d’observer que l’énergie consommée par les sacs de lait au Royaume-Uni était presque quatre fois supérieure à notre résultat. C’est parce que les sacs utilisés au Royaume-Uni viennent du Canada. Cela nous incite à souligner l’importance de l’emplacement des consommateurs dans une évaluation du cycle de vie. Cependant, nos chiffres étaient essentiellement les mêmes pour Toronto et Halifax, ce qui indique que l’impact plus faible pour les sacs à lait s’applique à n’importe quel endroit dans les régions du sud du Canada.
Autrement dit, le sac à lait aurait le moins d’impact sur les consommateurs canadiens parmi tous les contenants si tout le monde pouvait en acheter. Pour l’instant, on n’en trouve pas dans l’ouest du pays. L’utilisation de sacs dans l’Ouest canadien pourrait permettre d’économiser jusqu’à 5 000 tonnes de plastique par an.
Du lait gaspillé?
Ces nouvelles informations inciteront-elles les gens à se tourner vers le lait en sac? Au Canada, celui-ci se vend uniquement en quantités de quatre litres, ce qui peut être trop pour certains et risque d’occasionner du gaspillage, annulant ainsi tout avantage environnemental.
Des sacs de lait individuels d’un litre sont désormais vendus en Allemagne. Bien qu’ils soient plus lourds que les nôtres, ils demeurent préférables aux cruches ou aux boîtes.
L’impact environnemental du gaspillage du lait est encore plus important que celui de son emballage. Aux États-Unis, le lait représente environ 13% des pertes alimentaires, et le gaspillage de lait par les consommateurs produit environ dix millions de tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone par an.
Le Canada a pour objectif d’interdire le plastique à usage unique d’ici 2030, mais on ne sait pas si les sacs de lait seront inclus dans les produits bannis. Notre analyse suggère que le plastique reste la meilleure option pour avoir du lait avec peu de déchets.
Si un ménage canadien moyen passait des cruches ou des cartons aux sacs, l’économie d’énergie hebdomadaire équivaudrait à une brassée de linge dans une sécheuse. Pour ceux qui se soucient de l’environnement, c’est un début.
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Mary Anne White, Professeure émérite, Département de chimie, Dalhousie University
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.