Tout sur la bière
En matière de bière, vous avez l’embarras du choix.
Chaque année, à la mi-septembre, le maire de Munich ouvre le premier fût de l’Oktoberfest dans la plus ancienne tente du festival, la Schottenhamel-Festhalle. Entouré d’une foule en liesse et d’une fanfare, il clame «c’est ouvert», O’zapft is!, en dialecte bavarois. Commence alors la fête annuelle de la bière.
Rien d’étonnant à ce qu’elle attire des foules immenses : après l’eau et le thé, la bière est la boisson la plus consommée dans le monde. Des archéologues ont même avancé que c’était la bière et non le pain qui avait mis en branle l’agriculture, base de notre civilisation.
Issu de la fermentation du malt d’orge sous l’action de levures et aromatisé au houblon, fleur conique d’une vivace grimpante, ce précieux liquide a beaucoup changé depuis son apparition en Mésopotamie, il y a quelque 12 000 ans. La bière était alors épaisse, grumeleuse et parfumée au sirop de datte plutôt qu’au houblon.
Aujourd’hui, il existe plus de 100 genres de bières allant de la pale lager aux sombres stouts et porters en passant par les bières hybrides ou de spécialité, sans compter les infusions uniques des brasseries expérimentales comme le stout laiteux et fortement alcoolisé infusé aux céréales Count Chokula de la Black Bottle Brewery du Colorado, ni les variantes internationales comme les lagers de riz Snow (la plus vendue en Chine), Asahi au Japon et Beerlao, la préférée des Laotiens.
Mais rassurez-vous, il suffit de savoir qu’il y a deux grands types de bière: la lager et l’ale. Les lagers produites industriellement comme les Budweiser, Corona et Michelob Ultra tiennent 87% du marché américain. Certaines lagers canadiennes sont célèbres, notamment la Molson Canadian et la Labatt Bleue, et les marques européennes Heineken et Carlsberg ont conquis le monde. Elles font toutes appel à un procédé de fermentation plus long, à température plus basse, qui leur donne un goût frais et léger. Les ales comme l’India Pale Ale (IPA) houblonnée et la célèbre Guinness irlandaise doivent fermenter moins longtemps, mais à plus haute température pour dégager leurs parfums aromatiques ou fruités.
Préparer sa propre bière
Cette étourdissante variété n’empêche pas les passionnés de brasser leur propre nectar. D’après l’association américaine des brasseurs amateurs, il y a plus de 1,1 million d’adeptes de la zymologie – étude et pratique des techniques de fermentation – aux États-Unis. Les ventes du matériel requis ont monté en flèche pendant la pandémie, mais la pratique existait bien avant sa légalisation aux États-Unis en 1978 (par le président Jimmy Carter qui, ironie du sort, détestait tellement l’alcool qu’il l’a banni sous toutes ses formes à la Maison-Blanche pendant son mandat). Aujourd’hui, brasser une bière chez soi pour sa propre consommation est légal dans beaucoup de pays dont le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie, Singapour, l’Irlande et la Hongrie.
Quant à la bière dite sans alcool parce qu’elle en contient au plus 0,5%, sa part du marché mondial est encore faible, mais elle a de plus en plus d’amateurs à mesure qu’on prend conscience des effets nocifs de l’alcool sur la santé. Plus tôt cette année, le Canada a ramené à deux verres par semaine sa recommandation officielle sur la consommation à faible risque, qui était de 10 verres par semaine pour les femmes et de 15 pour les hommes.
Ceux qui veulent réduire leur consommation d’alcool peuvent choisir les versions sans alcool de Budweiser, Heineken, Corona ou Coors. Vous voulez une bière moins banale? Certains brasseurs font seulement de la bière sans alcool. L’Athletic Brewery du Connecticut, par exemple, brasse une IPA hypocalorique et désalcoolisée.
Les amateurs qui fréquenteront les festivals de bière ce mois-ci y trouveront une variété infiniment plus grande que les participants à la première Oktoberfest qui s’étaient massés le long des rues de Munich pour célébrer le mariage du prince héritier Louis de Bavière en octobre 1810. Depuis, le festival a été avancé au mois de septembre (afin de jouir de plus longues journées), mais l’intérêt mondial suscité par la bière qui y coule à flots prouve que certaines choses ne changent pas. Prost!
Des clubs de brasseurs amateurs ont surgi un peu partout au Canada, de Labrador City à Victoria en passant par Montréal, Kitchener et Regina. La Journée canadienne du brassage amateur, lancée par l’Association canadienne des brasseurs amateurs en 2019, se célèbre au début de juin.
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