Les mythes autour de l’intoxication alimentaire
Les causes de l’intoxication d’origine alimentaire peuvent être difficiles à identifier mais voici comment en réduire les risques.
Le système d’approvisionnement alimentaire canadien est l’un des plus sécuritaires au monde. Pourtant, de nombreux cas de maladies d’origine alimentaire sont rapportés au pays chaque année. Départageons donc les véritables causes des intoxications alimentaires, des mythes qui l’entourent.
Comment s’en prémunir davantage? S’informer sur les risques de contaminations liées aux aliments constitue un excellent moyen d’éviter les infections. «L’attitude des gens envers les maladies d’origine alimentaire a un lien direct avec le niveau de connaissance qu’ils ont dans ce domaine», explique Rick Holley, professeur au Département des sciences alimentaires de l’Université du Manitoba.
Mythe: Votre intoxication alimentaire provient de votre dernier repas.
On l’a tous vécu: maux de ventre, nausée, vomissements, diarrhée, fièvre et frissons en pleine nuit. On met la faute sur le dernier repas consommé au resto la veille et on jure de ne plus jamais y remettre les pieds.
Les maladies d’origine alimentaire peuvent survenir quelques heures après un repas, mais dans la plupart des cas, elles se manifestent de deux à cinq jours plus tard. Dans certains cas, les symptômes apparaissent même des semaines, voire des mois plus tard! C’est pourquoi les causes de ce qui vous a rendus malades ne seront peut-être jamais trouvées. N’accusez donc pas trop vite d’insalubrité le restaurant où vous avez mangé hier soir…
Même les aliments préparés dans les meilleures conditions sanitaires peuvent vous rendre malade à cause d’une contamination survenue à l’étape de l’emballage, par exemple. Les machines qui broient la viande peuvent être à l’origine de la propagation d’agents pathogènes (bactéries). Il en va de même pour les conserveries, si elles négligent de suivre la procédure de nettoyage.
Mythe: Les produits d’origine animale sont souvent la cause d’intoxications alimentaires.
Les produits d’origine animale comme la viande transformée et les fromages non pasteurisés soulèvent des inquiétudes chez les consommateurs… Dans le cas de la volaille, elle contiendra toujours une quantité résiduelle (minimale) d’agents pathogènes, comme la salmonelle. Le poulet cru laissé à la température de la pièce trop longtemps favorise la multiplication de telles bactéries.
«Cependant, les fruits et légumes sont une source importante de contamination. Ces aliments représentent le quart des cas d’intoxications alimentaires, explique Rick Holley. Nos données montrent qu’il y a 20 ans, les intoxications alimentaires d’origine animale étaient beaucoup plus fréquentes que celles d’origine végétale. Or, aujourd’hui, les fruits et légumes représentent presque la moitié des cas d’intoxications alimentaires».
Un engrais traité sans précautions, des méthodes de travail dangereuses dans les fermes, des employés malades qui font la cueillette de légumes, les animaux sauvages, l’eau d’irrigation contaminée… Ces raisons peuvent tous être la cause de la contamination des légumes que vous consommez.
Mythe: Les aliments achetés au supermarché sont sains.
«Depuis les 25 dernières années, les importations d’aliments sont en hausse de 45% et environ 70% des aliments que nous mangeons proviennent de l’étranger. La plus grande partie de nos importations alimentaires proviennent des États-Unis. Nous en recevons aussi beaucoup des pays de l’Union européenne, du Mexique, du Brésil et de la Chine», souligne le professeur Holley.
Cela pose un risque accru pour les consommateurs puisque les produits importés sont susceptibles d’avoir été traités au moyen de pesticides et de produits chimiques bannis au Canada. Toutefois, si l‘Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) décèle la présence de substances bannies dans un produit, elle interdira son entrée dans le pays, précise Holley.
L’élevage de crevettes dans les pays en développement est très populaire, mais sa pratique n’est pas bien réglementée. De plus, la forte concentration des populations de crevettes augmente les risques de propagation d’agents pathogènes. «Nombre de pratiques associées à l’aquiculture dans les pays en développement sont considérées comme douteuses, indique Rick Holley. Les résidus de pesticides sont un sujet de préoccupation constante en Inde, second producteur mondial en aquiculture après la Chine».
Malheureusement, le public n’est pas forcément conscient de l’importance des questions liées aux risques de contaminations alimentaires jusqu’au jour où une catastrophe fait la une des nouvelles.
Cependant, les pays exportateurs ne sont pas responsables de toutes les maladies d’origine alimentaire. S’il est vrai que consommer des produits locaux peut réduire les risques au quotidien, «les mesures prises par le Canada pour assurer la sécurité alimentaire ne sont pas parfaites», rappelle Rick Holley.
Mythe: Cuisiner à la maison est le moyen le plus sûr d’éviter l’intoxication alimentaire.
Les hôpitaux et les restaurants figurent au premier rang des sources de contaminations alimentaires. «Par contre, les aliments préparés chez soi demeurent au second rang. Vous pouvez réduire de beaucoup les risques de contamination en gardant votre maison propre en tout temps», souligne l’expert.
Voici quelques conseils pratiques pour garder vos aliments sains:
- Éviter les contaminations croisées entre la viande crue et les légumes en vous servant d’ustensiles différents (et désinfectez toutes les surfaces de travail avant de les utiliser).
- Ne pas rincer la viande crue: les bactéries et virus risquent de se disperser dans la cuisine.
- Ne pas laisser la viande crue à la température de la pièce pour un long moment: les bactéries risquent de se multiplier en grand nombre.
- Utiliser un thermomètre à viande afin de vous assurer que la température de cuisson détruit les bactéries.
- Ne pas consommer d’aliments provenant de boîtes de conserve endommagées ou gonflées. Ils peuvent causer le botulisme.
- Bien entendu, se laver souvent les mains avec du savon et de l’eau tiède.
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