Ce que je mange a-t-il un effet sur les changements climatiques?
Oui! Le système alimentaire mondial compte pour près du quart des gaz à effet de serre produits chaque année par les humains. Sont en cause, notamment, la culture et la récolte des végétaux, les animaux et produits animaux que l’on consomme – bœuf, poulet, poisson, lait, lentilles, chou frisé, maïs et bien d’autres – ainsi que la transformation, le conditionnement et l’expédition de ces aliments vers les marchés mondiaux.
Voici ce que vous devez savoir pour lutter contre les changements climatiques.
La nourriture contribue-t-elle au réchauffement?
Quatre causes principales sont incriminées: la déforestation, qui laisse place aux exploitations agricoles et au bétail, s’accompagne d’une grande quantité de carbone libérée dans l’atmosphère; le bétail, qui émet du méthane, un autre puissant gaz à effet de serre; le fumier d’animaux et les rizières sont également deux sources significatives de méthane; enfin, les combustibles fossiles pour l’agriculture, la fabrication de fertilisants et l’expédition de produits dans le monde génèrent à leur tour des émissions des mêmes types de gaz.
La viande et les produits laitiers, surtout de vache, ont un impact énorme, le bétail comptant tous les ans pour 14,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cela correspond en gros à celles combinées des voitures, des camions, des avions et des navires.
Une vaste étude publiée en 2018 dans la revue Science a calculé l’émission moyenne par sortes d’aliments. Le bœuf et l’agneau arrivent au premier rang pour l’empreinte carbone par gramme de protéine, alors que les produits d’origine végétale comme les haricots, les légumes secs, les céréales et le soja ont le plus petit impact. Le porc, le poulet, les œufs et les mollusques, notamment les palourdes, les huîtres et les pétoncles, se situent à peu près au milieu du tableau. Bien sûr, ce ne sont que des moyennes. Un fromage peut avoir une plus grosse empreinte carbone qu’une côtelette d’agneau. Certains spécialistes affirment que ces chiffres sous-estiment les effets néfastes de la déforestation associée à l’agriculture et à l’élevage.
En parlant de chiffres, voici 14 statistiques sur les changements climatiques que vous devriez connaître.
Quels aliments choisir pour réduire mon empreinte carbone?
Consommer moins de viande rouge et de produits laitiers aurait un impact réel pour la plupart des habitants de pays riches. En devenant végétariens, ceux dont le régime alimentaire est composé d’une part importante de viande réduiraient d’au moins un tiers l’empreinte carbone associée à leur alimentation. C’est la conclusion de nombreuses études pour lesquelles l’impact serait encore plus significatif si ces mêmes personnes renonçaient aux produits laitiers.
La nourriture ne forme souvent qu’une fraction de notre empreinte carbone. La voiture, les éventuels déplacements en avion et la consommation d’énergie à la maison comptent aussi, mais modifier notre alimentation reste un moyen rapide de réduire notre empreinte.
Passez par ces 6 étapes pour réduire votre empreinte carbone.
Une seule personne peut-elle vraiment faire la différence?
À l’échelle planétaire, l’influence d’un seul individu sur les changements climatiques est certes minime. D’ailleurs, les répercussions de l’alimentation sur le réchauffement sont nettement inférieures à celles qui résultent de la combustion d’énergie fossile pour l’électricité, le transport et l’industrie.
Cela dit, si beaucoup de consommateurs modifiaient leur régime alimentaire, cela pèserait dans la balance. La population mondiale continue à croître. Agriculteurs et éleveurs n’auront d’autre choix que de réduire leurs émissions et de produire plus sur de plus petites surfaces pour limiter la déforestation. Les spécialistes sont d’avis que même une réduction modeste de la consommation de viande par les plus carnivores aurait un effet significatif en libérant des terres pour nourrir les autres.
Pourquoi la viande pèse-t-elle autant sur le climat?
Il est plus efficace de cultiver des aliments pour la consommation humaine directe que pour nourrir des animaux qui seront ensuite transformés en nourriture pour l’homme. Une étude menée en 2017 par l’ONU conclut qu’il faut en moyenne environ trois kilos de céréales pour produire un kilo de viande.
Si l’empreinte carbone du bœuf et de l’agneau est si lourde, c’est parce que leur estomac contient des bactéries qui facilitent la digestion de l’herbe et d’autres aliments. Ces bactéries produisent du méthane libéré par les rots et les flatulences.
Vous serez surpris de voir comment les changements climatiques affectent votre santé.
Qu’en est-il du poulet?
Nombre d’études ont démontré que la volaille avait un impact climatique inférieur à celui du bétail. Aujourd’hui, l’élevage du poulet optimise le rapport entre l’alimentation de la bête et son rendement en chair. Le poulet n’est pas pour autant parfait. L’industrialisation de l’élevage contribue à la pollution des cours d’eau et soulève d’importantes questions sur le bien-être des animaux. Mais, en général, le poulet produit beaucoup moins d’émissions que le bœuf et un peu moins que le porc.
Faut-il complètement cesser de manger de la viande?
Pas nécessairement. De nombreux spécialistes défendent une alimentation durable qui n’exclut pas les animaux. Après tout, les vaches et autres animaux d’élevage peuvent être mis au pâturage sur les terres qui ne conviendraient de toute façon pas à la culture, et se nourrir de résidus qui seraient autrement gaspillés. Le fumier produit servirait ensuite d’engrais. L’élevage procure un moyen de subsistance à près de 1,3milliard d’individus sur la planète. Dans de nombreux pays, la viande, les œufs et le lait sont une source d’alimentation vitale en l’absence de solutions de rechange.
Des millions de gens mangent beaucoup plus de viande que ne l’exige un régime équilibré, selon un rapport paru récemment dans la revue scientifique médicale britannique The Lancet.
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Et la «fausse viande»?
De nouveaux substituts à base de plantes et composés de légumes et de protéines de synthèse tentent de reproduire le goût et la texture de la viande. Rien ne prouve que ces produits soient meilleurs, mais leur empreinte carbone est plus modeste. Un hamburger à base de protéines végétales pèse 10 fois moins sur le climat qu’un hamburger au bœuf haché.
Viande et respect du climat, est-ce possible?
Oui. Les progrès en matière de reproduction animale, de soins vétérinaires, de qualité du fourrage et de systèmes de pâturage contribuent à réduire l’empreinte carbone des exploitations d’élevage.
Les États-Unis, par exemple, produisent aujourd’hui plus de bœuf qu’en 1975, malgré la diminution du cheptel d’environ un tiers.
Néanmoins, on peut faire mieux. Des scientifiques étudient la possibilité de réduire les émissions de méthane des vaches en introduisant des algues et d’autres additifs à leur régime alimentaire. Ces efforts sont essentiels pour assurer la viabilité de la production de viande.
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Quels produits de la mer consommer?
Les poissons sauvages génèrent une empreinte relativement réduite, la source principale des émissions provenant du carburant brûlé par les chalutiers. De nombreux poissons sauvages prisés des consommateurs – anchois, sardine, hareng, colin, cabillaud, aiglefin – affichent, en moyenne, une empreinte carbone inférieure à celle du poulet ou du porc. Les mollusques sont aussi une excellente solution de rechange. La crevette sauvage et le homard ont, eux, un impact plus important que le poulet et le porc, la pêche nécessitant plus de carburant.
La prudence reste de mise avec les produits de la mer. La plupart des zones de pêche ont atteint un seuil critique en termes de durabilité. Il n’y a pas beaucoup de place dans le monde pour que chacun augmente sa consommation de poissons sauvages.
Le poisson d’élevage constitue-t-il une solution à long terme?
La pisciculture pourrait être une option respectueuse du climat, notamment avec les mollusques, mais ce n’est malheureusement pas encore le cas.
En Norvège, où les réglementations environnementales sont strictes, la pisciculture a un impact relativement réduit sur le climat. À l’inverse, en Asie du Sud-Est, des producteurs détruisent la mangrove pour y installer des élevages de crevettes qui augmentent considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Certaines piscicultures en Chine produisent d’énormes quantités de méthane. Des efforts prometteurs ont été engagés, mais il reste beaucoup à faire dans de nombreuses régions du monde.
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Quel est l’impact du lait et du fromage?
Plusieurs études ont démontré que l’empreinte environnementale du lait était moindre que celle du poulet, des œufs ou du porc, à poids égal. Quant au yogourt, au fromage blanc et au fromage frais, leur empreinte se compare à celle du lait.
Les fromages à pâte pressée comme le gruyère ou le comté ont une empreinte supérieure à celle du poulet ou du porc, car il faut en moyenne 10 litres de lait pour produire un kilo de fromage. Si vous choisissez de devenir végétarien en remplaçant par exemple le poulet par du fromage, sachez que votre empreinte carbone ne diminuera peut-être pas autant que vous ne l’escomptiez.
Certains laits sont-ils meilleurs que d’autres?
Les fermes laitières biologiques ne sont soumises à aucune exigence en matière de réduction de leur empreinte carbone par rapport aux fermes traditionnelles. Les études divergent sur la différence dans la quantité de gaz à effet de serre émis par litre de lait entre fermes biologiques et traditionnelles. Elles varient certainement considérablement d’une exploitation à l’autre.
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Quel est le meilleur produit non laitier?
Les laits d’amande, d’avoine et de soja ont une empreinte carbone inférieure à celle du lait de vache. Ces produits ne sont pourtant pas sans défaut. Faire pousser des amandiers nécessite beaucoup d’eau. Et pour que le lait de soja ait un effet relativement modeste, la plante doit être le produit d’une culture durable.
Il faut donc devenir végétalien?
Si cela vous tente, sachez que le régime végétalien (qui exclut les produits d’origine animale) est celui qui présente l’empreinte carbone la plus réduite.
Faites attention à ces aliments que vous croyez végétaliens, mais qui ne le sont pas!
Je n’aime pas la nourriture végétalienne. Que manger?
Si vous aimez les pâtes sauce tomate, le houmous et les tartines à l’avocat, sachez que cela fait partie de la cuisine végétalienne. On croit à tort que le régime végétalien inclut forcément un substitut à la viande comme le tofu. Mais il faut savoir que les haricots, les céréales et les fruits à coque contiennent beaucoup de protéines. Par ailleurs, la glace, le beurre et le bœuf haché se déclinent en versions végétales dont le goût ne cesse de s’affiner.
Quelles solutions de rechange au régime végétalien strict?
Pourquoi ne pas tenter le végétarisme? Viande, volaille et poisson sont interdits, mais les produits laitiers et les œufs font partie du menu. Les règles sont simples, les producteurs alimentaires et les restaurants s’y sont adaptés. L’ajout de fruits de mer à un régime végétarien est un bon moyen d’intégrer des protéines au repas.
Ou ne gardez qu’un repas de viande rouge par semaine et privilégiez le poulet, le porc, le poisson ou les protéines végétales pour les autres.
Voici comment votre corps va réagir si vous choisissez un régime végétalien.
Les produits bio sont-ils vraiment supérieurs?
Les produits bio sont cultivés sans engrais ni pesticides, mais ce n’est pas nécessairement meilleur pour le climat. Une exploitation en bio a souvent besoin d’une plus grande superficie qu’une ferme ordinaire. L’impact climatique des fermes biologiques varie considérablement d’une région à l’autre.
Faut-il acheter local et en saison?
Ce qui se trouve dans votre assiette compte plus que l’origine du produit, puisque le transport ne représente que 6% de l’empreinte carbone totale des aliments. Il faut cependant tenir compte de certains éléments. Le choix de produits saisonniers, qu’ils proviennent d’un marché ou d’une grande surface, reste toujours le meilleur.
Les choses se compliquent hors saison. Certains fruits et légumes périssables expédiés par avion ont une empreinte carbone particulièrement lourde – les asperges ou les mûres, par exemple. Par contre les pommes, les oranges et les bananes sont souvent transportées par bateau, ce qui consomme moins de carburant. Les légumes des climats froids comme les carottes, les pommes de terre et les courges sont entreposés après la récolte en automne et durent tout l’hiver.
Dans certains cas, les aliments provenant d’ailleurs peuvent présenter un avantage. L’hiver, il est parfois préférable d’acheter une tomate expédiée de l’étranger par camion que celle qui pousse dans la région dans une serre chauffée énergivore.
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Adapté d’un article paru dans le New York Times, Version condensée par Reader’s Digest. © 2019, New York Times co.