Courriels grivois ou suggestifs
La Commission canadienne des droits de la personne interdit tout comportement physique ou verbal indésirable qui choque ou humilie. Cela comprend le harcèlement sexuel au travail, et «les remarques ou blagues inopportunes, notamment sur le sexe, une menace ou de l’intimidation et tout contact physique inutile pouvant mener à une agression.» Cela s’applique également à l’écrit. Un courriel stipulant que «untel semble en manque» paraît anodin, mais est totalement inacceptable dans le contexte professionnel. Elaine Howell, directrice des RH chez PlusHR, conseille de confronter l’auteur du courriel avant de porter plainte pour désamorcer tout malentendu potentiel.
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Invitations récurrentes
L’invitation répétée pour une sortie ou pour des échanges sexuels, surtout lorsqu’elle a déjà été clairement refusée, est un signe incontestable de harcèlement sexuel au travail. Malgré tout, jusqu’à 94% des employés vivant une telle situation n’auraient pas déposé de plainte officielle, selon un rapport de 2016 de la commission américaine sur l’égalité des chances en matière d’emploi (Equal Employment Opportunity Commission EEOC). «Certains craignent d’être perçus, notamment par l’administration, comme des contestataires pour un acte qui pourrait n’être qu’une plaisanterie inconséquente», explique Kerry McGowan, PDG de The HR Specialists Consultancy.
Questions sur la vie privée
Des questions d’ordre privé angoissantes posées par un ou une collègue pourraient s’inscrire comme du harcèlement sexuel. «Le seul fait de demander ”comment s’est passé ton week-end” peut devenir licencieux s’il s’accompagne de postures et de gestes suggestifs ou embarrassants», explique Ellen Bravo, co-auteure d’un livre sur le harcèlement sexuel au travail, The 9-to-5 Guide to Combating Sexual Harassment. Vous n’êtes jamais tenu de répondre à des questions déplacées sur votre vie privée ou celle de vos collègues, quel que soit le niveau hiérarchique de celui ou celle qui pose la question. Faites part de tout incident de ce genre aux autorités compétentes.
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Affichage de documents offensants ou suggestifs
Le harcèlement sexuel au travail ne fait souvent pas qu’une seule victime, selon les experts. Un poste de travail qui affiche des éléments grivois peut causer un embarras général. «Ce qui paraît futile ou même distrayant pour les uns peut être tout à fait choquant pour les autres», souligne Elaine Howell. N’hésitez jamais à signaler tout élément décoratif scabreux chez vos collègues. On ne devrait jamais mettre votre réputation et votre emploi en jeu pour avoir exprimé vos inquiétudes, si minimes soient-elles. De plus, «des mécanismes de protection contre les représailles sont en place», précise Sheerine Alemzadeh, co-fondatrice de Healing to Action, un organisme sur la violence fondée sur le genre au travail.
Commentaires impudiques sur un employé
Malgré leur apparence éventuellement plus modérée, certains comportements se qualifient malgré tout comme du harcèlement, selon les directives officielles. Des remarques du type: «Eh, je n’ai d’yeux que pour ta robe!» en font partie, selon Ellen Bravo. «Il s’agit d’attitudes qui choquent, mais dont la forme et le but seraient moins explicites». Ce peut être le cas d’un compliment répété ou d’une critique sur l’apparence ou la tenue vestimentaire d’un collègue. Bien que des représailles à une plainte de harcèlement soient illégales, plus de 70% des employées américaines qui ont déposé un tel grief en auraient été victimes, souligne Sheerine Alemzadeh.
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Contact physique inapproprié
Tout contact entre deux collègues – accolade, frottement d’épaules ou rapprochement quelconque – devrait toujours être consensuel. Un contact qui dépasse les limites de la relation professionnelle devrait être immédiatement rapporté aux ressources humaines. Mais tout d’abord, «il vaut toujours mieux connaître les règlements de la compagnie dans divers domaines avant d’y faire appel», précise Ellen Bravo. Elle suggère de prendre connaissance de ces politiques d’entreprise, ainsi que des moyens pour faire valoir vos préoccupations dès l’embauche. En leur absence, tâchez d’en suggérer l’implantation à tout administrateur réceptif.
Propositions ou menaces en échange de faveurs sexuelles
Solliciter des faveurs sexuelles contre une promotion ou une hausse salariale constitue une des formes les plus excessives de harcèlement sexuel au travail. Dans ce cas, «le harcèlement s’inscrit dans la modification des conditions de travail de la personne lésée en lien avec son sexe», selon Sheerine Alemzadeh. Face à un tel comportement, Elaine Howell suggère d’en faire immédiatement part au département des ressources humaines. La compagnie pourra dès lors mener une enquête et sévir face à tout comportement jugé inapproprié.
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Descriptions explicites d’émissions télé ou de films
Si les plaisanteries au bureau sombrent dans le mauvais goût, éloignez-vous! Le fait de revenir constamment sur des émissions télé ou des films érotiques, ou de faire des commentaires à caractère licencieux embarrassants s’inscrit comme du harcèlement sexuel en vertu de la loi fédérale. Avant de porter plainte, Kerry McGowan conseille de prendre en note toutes les dates et heures dans lesquelles les incidents auraient eu lieu pour crédibiliser votre démarche. «Les preuves vont donner beaucoup plus de poids à votre dossier», précise-t-elle.
Insultes portant sur le genre
Les blagues sexistes comme: «Elle ne comprend rien, car c’est une femme» pourraient passer si elles n’étaient pas constamment répétées. «Un seul commentaire ou un incident isolé peut quand même avoir de lourdes conséquences sur l’intégrité, la confiance et la dignité d’un employé dans son milieu de travail», prévient Sheerine Alemzadeh. De plus, certaines formes extrêmes de harcèlement sexuel au travail (ex. voies de fait) font souvent suite à une série d’incidents d’apparence moins violents», ajoute-t-elle.
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Flirter par texto ou courriel
Ajouter un émoticône est une chose, mais draguer par texto est totalement inacceptable. Quelle est la ligne rouge du harcèlement sexuel à ne pas traverser? Selon Ellen Bravo, «elle se définit tout d’abord par son caractère récurrent ou même sa modélisation, et encore plus si l’acte a provoqué des plaintes ou toute fin de non-recevoir.» Cela inclut l’envoi de cadeaux ou autres attentions non désirées. Employez ces messages et objets comme preuves de votre plainte.
Coincer un employé dans un bureau
Méfiez-vous des collègues qui créent des occasions d’être seuls avec vous, cela pourrait annoncer une tentative de harcèlement. Selon les experts, une telle attitude pourrait dégénérer au travail en des formes plus sévères de harcèlement, comme se faire coincer dans un bureau ou être suivi et épié. Si l’attitude d’un collègue vous semble intimidante, prenez immédiatement les dispositions offertes dans de tels cas. «Les vrais prédateurs sont plutôt rares, mais une attitude déviante risque toujours de dégénérer si personne ne réagit», souligne Ellen Bravo.
Sujets scabreux récurrents
Un collègue qui ne parle que de sexe, de pornographie ou d’autres sujets inappropriés au travail devrait être immédiatement signalé. Malheureusement, selon un rapport de 2016 – réalisé par Trades Union Congress – seulement 6% des gens qui ont déposé une plainte dans un tel cas ont obtenu des résultats satisfaisants.
En cas de doute, Ellen Bravo vous conseille de faire équipe avec vos collègues qui ont vécu la même expérience. Un groupe qui dénonce le comportement d’un harceleur potentiel sera nettement plus crédible auprès de l’employeur.
Regards embarrassants
Ressentir un regard qui vous déshabille peut transformer votre lieu de travail en véritable cauchemar. Le cas est malheureusement assez fréquent. Le EEOC a reçu 28 000 plaintes de harcèlement au travail en 2015, dont 45% étaient d’ordre sexuel. De plus, selon l’Institute For Women’s Plicy Research, des études ont démontré que les entreprises qui ne prennent pas au sérieux le harcèlement sexuel au travail subissent des cas de démotivation professionnelle. «Il ne suffit pas d’avoir des règles et des consignes, souligne Elaine Howell. Encore faut-il que l’entreprise les applique!»