La pandémie à travers les yeux – et l’appareil-photo – des aînés.
Partout sur la planète, la Covid-19 a frappé de plein fouet les plus vulnérables et au premier plan, les personnes âgées.

Le Québec n’a pas fait exception. Nos aînés ont fait face à une double peine: celle d’être un groupe à haut risque de complications en cas de contraction de la Covid (au Québec, 97,4% des décès liés à la Covid-19 ont concerné les personnes de plus de 60 ans), en plus d’être une cohorte à risque d’isolement social.

À l’heure où le Québec complète sa distribution des secondes doses vaccinales, le pays retrouve un peu ses esprits et son souffle. C’est le moment de tirer les premières leçons de la gestion de cette pandémie. Comprendre comment les plus âgés d’entre nous ont survécu et se sont relevés de cette crise pourrait bien s’avérer payant face à d’autres confinements et d’éventuelles futures pandémies.

C’est là un des objectifs de la recherche «Confinés, ensemble!». Née au cœur de l’hiver 2020, cette recherche a été propulsée par notre volonté de comprendre comment les aînés vivaient cette crise au-delà des décès et des infections. Trois groupes étaient ciblés: les aînés vivant en résidence pour personnes âgées, ceux vivant seuls à domicile, ceux s’identifiant comme membre de la communauté LGBTQ.

Avec le soutien d’organismes communautaires et de campagnes de presse, nous avons recruté, de mai à septembre 2020, un total de 26 aînés âgés de 60 à 81 ans, issus de l’ensemble du territoire québécois. «Confinés, ensemble!» est une recherche-action qui s’appuie sur le photovoix, une méthode qui met la photographie au centre du processus de recherche ; les participants étaient invités à illustrer leur expérience de la pandémie avec des photos de leur quotidien, qu’ils ont ensuite partagées dans des groupes de discussion en ligne.

En tant que chercheurs en santé publique, nos intérêts portent sur les expériences vécues de santé, les populations vulnérables, le milieu urbain et les approches de recherche artistiques. «Confinés, ensemble!» est un projet au caractère inédit parce qu’il place la photographie au cœur de la recherche, couplée à des groupes de discussion, le tout entièrement en ligne.

D’ailleurs, ce n’est pas la seule chose qui s’est développée en ligne: la télémédecine fait de plus en plus d’adeptes.

Les aînés ont investi pendant la pandémie.
«Je me suis acheté une machine» (Chloé).

Investir le moment présent

Avec la pandémie, les nerfs ont été mis à rude épreuve. Face au stress mental élevé, les aînés ont dû trouver des stratégies permettant de prendre de la distance avec la pandémie. Être pleinement conscient et présent dans l’instant était une stratégie largement adoptée dans ce sens.

Si toute occupation était utile pour combler un temps qui s’était allongé, certaines activités telles que la marche, la photographie, la méditation ou encore la tenue d’un journal intime aidaient particulièrement «à se rapprocher de soi» et ainsi à se détacher de la crise. La marche en particulier avait ce pouvoir de calmer l’esprit grâce à la connexion avec la nature qu’elle favorise. Le jardinage, qui «ramène à l’essentiel», apportait lui aussi du réconfort.

Parce qu’elle a rendu les temps incertains, la pandémie a aussi rendu difficiles les projets d’avenir. Qu’à cela ne tienne, s’ils ne pouvaient se réjouir du futur, les participants avaient décidé de doublement profiter du présent. Chaque instant était apprécié, honoré et investi pour ce qu’il avait à offrir, la possibilité d’être encore là. C’est ainsi que Paula, Montréalaise, plutôt habituée à une vie bien remplie, se répétait: «Paula, profite de la vie, y’a pas de temps à perdre, no time to loose!»

Après la pandémie de COVID-19, vous aurez d’autres bonnes raisons de porter un masque facial!

Les aînés ont continué de «voyager» pendant la pandémie.
«Passe-temps inédit: l’exploration des ruelles» (Lou).

Continuer de voyager

Se voir imposer des règles a été particulièrement éprouvant pour beaucoup de participants, en particulier pour ceux soumis aux mesures additionnelles de leur résidence.

Afin de regagner de la liberté, reconquérir un territoire plus large que celui de son unique domicile était une stratégie que plusieurs participants avaient adoptée. Ainsi, certains enfourchaient volontiers leur bicyclette pour s’évader tandis que d’autres continuaient de planifier des randonnées, mais cette fois, dans leur propre quartier.

«Pour ne pas aussi me sentir emprisonné, ben je vais à vélo. Cette semaine je suis allé jusqu’à la cité du Havre » exprimait Jacques, pour sa part privé de son autre maison, le club de sport.

La pandémie a changé le quotidien de tout le monde y compris celui des aînés.
«L’importance du voyage intérieur avec nos amis les livres» (Marianne).

Plusieurs participants ont continué de voyager, de rencontrer, de vivre de nouvelles expériences… à travers des livres! Ces derniers étaient devenus de réelles échappatoires permettant de sortir de son petit environnement qui pouvait devenir étouffant.

«Veut, veut pas, quand t’acceptes d’embarquer dans un roman […] tu sors de toi. Tu sors de ton petit environnement qui des fois peut être très restreint et même très restrictif pour t’ouvrir à autre chose…», soulignait Marianne, pour qui la culture était aussi un lien social.

Cela ne fait aucun doute: la pandémie est dure pour la santé mentale.

La pandémie, par les nouvelles règles du jeu qu’elle a imposé aussi subitement, est sans précédent.
«Petits bonheurs» (Marcel).

Être indulgent envers soi-même

La pandémie, par les nouvelles règles du jeu qu’elle a imposé aussi subitement, est sans précédent. Face à cette tempête, les aînés ont rapporté que l’indulgence envers soi-même était primordiale.

Cette bienveillance passait par le plaisir que l’on pouvait s’offrir. Qu’il s’agissait de la préparation ou la dégustation d’un repas, d’une soirée passée à visionner des séries ou la compagnie d’un verre de vin, il était important de se gâter.

«La vie continue et se renouvelle. Il faut l’alimenter, surtout pour moi en favorisant la présence des fantaisies, les petits bonheurs qu’on croise, les petits bonheurs qu’on se donne…» faisait remarquer Bruno, un amoureux de la nature et de la photographie.

Pour les aînés pendant la pandémie, l’indulgence envers soi-même passait aussi par l’acceptation de soi, de sa vulnérabilité, de ses moments de fragilité.
«Conquérir la peur» (Louise).

Pour les aînés, l’indulgence envers soi-même passait aussi par l’acceptation de soi, de sa vulnérabilité, de ses moments de fragilité. S’accepter dans l’adversité, mais aussi se reconnaître des victoires, petites — nouvelles compétences informatiques, artistiques — ou grandes — s’adapter, transcender sa peur — c’était se reconnaître des forces et renforcer son estime de soi.

Ainsi, investir le moment présent, continuer à voyager et être indulgent avec soi-même sont quelques-uns des ingrédients des aînés pour reprendre un peu de contrôle sur la situation, mais aussi grandir avec elle. Car si nul ne peut encore prédire aujourd’hui si la pandémie sera un simple passage ou une réelle rupture entre un avant et un après, une chose est certaine, elle aura imposé à chacun de se réinventer pour s’adapter.

Toutes les photos du projet «Confinés, ensemble!» sont disponibles à l’adresse: https://confinesensemble.ca/La Conversation

Julie Karmann, Doctorante, Université de Montréal et Olivier Ferlatte, Maître assistant, Université de Montréal

La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.

Les bébés ne font pas leurs nuits au même âge…
L’arrivée d’un enfant signifie souvent pour ses parents une privation de sommeil durant les cinq premières années de sa vie. Entre le quart et le tiers des parents d’enfants âgés entre 0 à 5 ans rapportent en effet des problèmes de sommeil chez leurs petits. C’est l’un des motifs de consultation les plus fréquents en pédiatrie clinique.

Les parents sont de grands demandeurs d’information au sujet de la régulation du sommeil et de ses effets potentiels sur le développement de leur enfant. La pression sociale les incite à chercher des réponses au problème de «faire ses nuits», et ce, le plus rapidement possible, sinon gare à la dose de culpabilité parentale!

Mais que signifie un sommeil de qualité chez un bébé? Quelles sont les conditions gagnantes pour tirer profit au maximum des bienfaits du sommeil sur le développement? Quelles sont les conséquences du manque de sommeil?

La science du sommeil nous offre de bonnes pistes de réflexion et d’action malgré les débats en cours au sein de la communauté scientifique ainsi que chez les professionnels de la petite enfance. Par contre, il y a un écart important entre ce que la science connaît sur le développement de l’enfant et du sommeil et ce qui est véhiculé dans nos sociétés, ce qui n’est pas sans conséquence. Par exemple, le mythe de «faire ses nuits à un âge précis» crée des attentes irréalistes potentiellement dommageables sur le sentiment de compétence des parents.

Avec la Dre Catherine Lord, co-fondatrice et présidente d’Immerscience, nous avons créé un projet de communication sur le sommeil des 0-5 ans intitulé «Apprendre à dormir comme à marcher». Il vise à accompagner les parents pris dans un tourbillon d’informations entremêlé de conseils, de témoignages et de recommandations d’experts.

Vous serez surpris de voir tout ce qu’il est possible de faire avec des lingettes pour bébé!

Trois réalités sur le sommeil d'un bébé.

Trois réalités sur le sommeil

  1. Le sommeil est un pilier de la santé au même titre que l’alimentation saine et l’exercice physique.

Différentes sphères du développement de l’enfant sont liées au sommeil telles que le fait de bien réfléchir (santé cognitive), d’interagir avec les autres (habiletés sociales), de grandir (santé physique), de ressentir les émotions (santé mentale), et de guérir (santé immunitaire). Sommeil et santé opèrent en vase communiquant et l’inverse est aussi reconnu, c’est-à-dire être la santé favorise également une bonne qualité de sommeil.

  1. Le développement du sommeil est propre à chaque enfant au même titre que la marche.

Un fait bien démontré: nos besoins en sommeil ne sont pas tous les mêmes et ils varient selon l’âge. Il est évident qu’un bébé n’a pas les mêmes besoins en siestes et sommeil nocturne qu’un adulte.

Nous prenons de l’âge à la même vitesse, mais nous ne nous développons pas tous à la même cadence. À l’instar de la marche, le sommeil se développe à un rythme propre à chaque enfant. Cette période se nomme l’étape de maturation du sommeil. Ainsi, il existe une grande variabilité dans la qualité du sommeil jusqu’à l’âge de deux ans. À partir de deux cohortes longitudinales, deux constats émergent: le temps pour s’endormir diminue pendant les premiers six mois; le temps de sommeil pendant la nuit se consolide, c’est-à-dire qu’il y a de moins d’éveils nocturnes (signalés aux parents) au cours de la deuxième année de vie.

À l’âge de six mois, un enfant peut connaître des variabilités dans son sommeil. Et jusqu’à trois ans, le sommeil des enfants varient de l’un à l’autre. L’important n’est donc pas tant l’âge précis, mais là où l’enfant est rendu dans son évolution afin de mettre en place les conditions gagnantes dans son environnement afin d’influencer positivement le développement du sommeil.

  1. S’endormir seul devient possible grâce au soutien des parents, un pas à la fois.

Il existe une myriade de façons d’élever des enfants qui favorisent leur développement. Il en est de même pour l’acquisition de l’autonomie du sommeil, c’est-à-dire que l’enfant a la capacité de s’endormir et se rendormir seul en confiance.

Cette confiance peut s’acquérir de différentes manières tant que les règles de sécurité sont respectées. Avec des pleurs accompagnés ou sans pleurs; en cododo ou dans sa chambre, au sein ou au biberon, à l’eau ou au lait. On sait que le développement du sommeil est rythmé par la biologie, mais aussi par les facteurs d’influence présents dans notre environnement comme les pratiques parentales entourant le sommeil.

Deux grands experts de sommeil chez l’enfant, Avi Sadeh et Thomas Anders, ont proposé un modèle théorique du sommeil de l’enfant. Basée sur une approche bio-psycho-sociale, leur perspective inclut plusieurs facteurs, dont ceux associés à l’enfant (par exemple le tempérament), aux parents (par exemple, des problèmes de santé mentale), à la relation parent-enfant (par exemple des pratiques parentales entourant le sommeil. Tous ces facteurs influencent le sommeil de l’enfant.

Le sommeil est ainsi bien ancré dans un contexte social où les parents jouent un rôle crucial dans l’autonomie au sommeil. Une étude épidémiologique menée auprès de nourrissons nés prématurément et à terme a suggéré que l’immaturité du système nerveux serait un facteur moins important que les comportements parentaux dans le développement des problèmes de sommeil.

Des études ont montré que ces comportements, tels que la présence parentale pendant l’endormissement de l’enfant durant la période préscolaire, sont associés à davantage de problèmes de sommeil. Une revue de littérature sur la pédiatrie du sommeil mentionne que les interactions parent-enfant au moment du coucher pendant la période préscolaire pourraient prédire les problèmes de sommeil. Il est donc important de soutenir graduellement son enfant à s’endormir et se rendormir seul, et ce, lorsque le parent observe que son enfant est prêt à être guidé dans cet apprentissage.

Si vous êtes grands-parents, découvrez à quel point vous pouvez gâter vos petits-enfants.

Trois méthodes pour acquérir le sommeil du bébé.

Trois méthodes pour acquérir le sommeil

Une revue de littérature décrit les avantages ou les inconvénients des différentes méthodes d’intervention du sommeil; certaines sont rapportées comme mieux indiquées en fonction de l’âge de l’enfant, de son développement ou du contexte des difficultés de sommeil de l’enfant (conditions médicales ou psychosociales, etc.).

Voici une description et des exemples de méthodes d’intervention du sommeil selon les trois grandes catégories:

  1. Les méthodes d’intervention de sommeil de types comportementaux prônent la non-réponse à un éveil nocturne afin que l’enfant puisse apprendre à s’endormir par lui-même. Les techniques d’extinction standard, d’extinction avec présence parentale et d’extinction graduelle consistent à effectuer une routine avant le coucher avec l’enfant, puis, le coucher alors qu’il est encore éveillé. Le parent est invité à quitter l’endroit où dort l’enfant en vue qu’il trouve son sommeil par lui-même.
  2. Les méthodes d’intervention de sommeil de types cognitifs comportementaux modifient les attentes, les croyances et les perceptions des parents en matière du sommeil. Lorsque l’enfant est plus vieux, des composantes supplémentaires sont ajoutées, comme des techniques de relaxation, une modification des pensées liée à l’inquiétude et à l’anxiété, la formation à l’imagerie positive et autres.
  3. Les méthodes intégrant les notions d’attachement sont celles qui introduisent un objet dit «transitionnel» tel un doudou. Dans cette catégorie de méthodes d’intervention de sommeil, la clef réside dans le fait de cibler des «petits pas» ou des «petits objectifs» empreints de douceur et de bienveillance.

Pensez à lui enseigner plus tard ces bonnes manières qui ont tendance à être oubliées.

Pas de méthode magique… mais des conditions gagnantes

Il n’y a pas de méthode magique. Mais on peut développer des conditions gagnantes. Ainsi, les parents doivent faire des choix en fonction des besoins de leur enfant (qui varient dans le temps) et de leur contexte familial, en démontrant adaptation, mais aussi constance dans leur intervention individuelle. La cohérence et la complémentarité de rôle entre les parents sont aussi importantes pour que l’enfant puisse savoir sur quel pied danser.

Le message clef à retenir est d’avoir confiance en votre enfant et en vous-mêmes. Au même titre que la marche ou l’apprentissage à la propreté, s’endormir seul en confiance est un gain en autonomie. Aider son enfant dans cet apprentissage, c’est de l’aider à devenir «grand».

Avoir des attentes parentales réalistes entourant le sommeil est crucial. Il importe de garder en tête trois choses en tant que parent: que votre enfant dorme une quantité suffisante pour son développement; que le sommeil de votre enfant se développe à son rythme et puisse fluctuer au cours de son développement; et que le parent doive offrir des conditions favorables et sécuritaires pour soutenir son enfant à acquérir une autonomie de sommeil en vue de prévenir les problèmes de sommeil.La Conversation

Evelyne Touchette, Professeure adjointe, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.

Un goût de fumée: comment les feux de forêt altèrent les raisins et menacent l’industrie du vin.
La fumée des feux de forêt altère les raisins et donne au vin un goût de cendre.

Le feu peut ravager un vignoble et ses infrastructures, jusqu’au système d’irrigation. Mais même un brasier lointain peut altérer les raisins de cuve en leur donnant un goût de fumée et de cendres. Ce phénomène se produit quand les raisins sont exposés à la fumée de feux de forêt pendant leur maturation.

La Colombie-Britannique a déjà dépassé la moyenne décennale pour le nombre de feux de forêt et le total d’hectares brûlés. Plusieurs brasiers, près de la vallée viticole de l’Okanagan, se rapprochent des villes et des zones agricoles, ce qui représente une menace pour les producteurs de raisins et viticulteurs.

En tant que chimiste analyste, j’étudie la signature chimique des feux de forêt dans les raisins, et je cherche les moyens d’empêcher que la fumée n’affecte la production viticole

Menace cachée

Nous connaissons tous la senteur de fumée qui imprègne les vêtements ou les cheveux après un bon feu de camp, et l’arôme sans pareil de la viande ou du poisson fumé. La fumée n’altère pas les vins de la même manière.

Les raisins de cuve absorbent facilement les composés responsables du goût de fumée, mais les enzymes les transforment presque immédiatement en composés imperceptibles au goût ou à l’odorat. Ce sont les levures de fermentation qui régénèrent le goût de fumée.

Pour l’industrie vinicole britanno-colombienne, la fumée est une menace grave, car elle rend invendables les vins contaminés, à cause de leur odeur désagréable. Fait aggravant, cette senteur affreuse passe généralement inaperçue au moment de la récolte. Elle n’apparaît qu’après que les vignobles ont investi temps et argent pour récolter et fermenter des tonnes de raisins qui avaient l’air normales.

Des barils de chardonnay dans un vignoble de la vallée de la Willamette, à Turner, dans l’Oregon : le viticulteur californien a annulé le contrat pour cause des feux de forêt en 2019.
Des barils de chardonnay dans un vignoble de la vallée de la Willamette, à Turner, dans l’Oregon : le viticulteur californien a annulé le contrat pour cause de contamination par la fumée en 2019.

L’impact économique du phénomène est difficile à mesurer, mais il peut être grave. En Australie, l’industrie vinicole a perdu l’équivalent de 276 millions de dollars canadiens à cause des feux de brousse. Une journaliste présente lors des feux de forêt en Australie nous offre son témoignage. En Colombie-Britannique, certains vins altérés par la fumée pourraient être écoulés comme nouveauté, mais le gros, rendu imbuvable, devra être jeté.

La chimie de l’odeur de fumée

C’est une catégorie de composés, les phénols volatils, qui sont largement en cause dans le goût de fumée. Ils sont faciles à sentir parce qu’ils s’évaporent à basse température. L’odorat peut détecter les plus âcres à des concentrations de l’ordre de partie par milliard, soit l’équivalent d’une cuillère à thé dans une piscine olympique.

Lorsque les phénols volatils pénètrent les raisins en cours de maturation ou les feuilles, ils sont presque immédiatement détoxifiés par un processus appelé glycosylation, qui les lie chimiquement au glucose et à d’autres hydrates de carbone simple.

Des raisins couverts de cendres après des feux de forêt en Californie.
Des raisins couverts de cendres après des feux de forêt en Californie.

Ces nouveaux glycosides ne sont pas volatils et n’ont pas d’arôme. Selon certaines études, les bactéries de la bouche les métaboliseraient, produisant une perception d’odeur de fumée au fond de la gorge ou de la bouche qui va en s’intensifiant à chaque gorgée.

Mais le problème principal survient lorsque les levures de fermentation décomposent les glycosides phénoliques volatils dans les cuves. Elles régénèrent alors la mauvaise odeur dans des raisins d’apparence normale. Fait intéressant : l’exposition à la fumée ne conduit pas automatiquement à un vin vicié. Parfois, des quantités tolérables de phénols volatils sont lessivées lors du vieillissement en fûts de chêne. Grâce à des instruments ultrasensibles, mes collègues et moi avons pu élucider cette mystérieuse chimie du goût.

Détecter le phénomène avant la récolte

Depuis 2015, les étudiants de mon laboratoire au Campus Okanagan de l’Université de Colombie-Britannique, à Kelowna, sont à la pointe des recherches au Canada sur le goût de fumée.

Jusqu’à récemment, le gros de la recherche émanait de chercheurs australiens. Mais en raison des différences entre l’Australie et la Colombie-Britannique quant aux combustibles et aux conditions viticoles, nous avons estimé que la présence de phénols volatils spécifiques dans les vins de cuve pourrait présenter des marqueurs chimiques distincts pour chaque région.

Nous avons donc conçu une méthode pour simuler les effets d’un feu de forêt sur le vignoble en utilisant un combustible mêlant aiguilles de pin ponderosa, écorce et matière organique du sol.

Après les feux de forêt ont dévasté l’Australie, l’opossum pygmée fait renaître l’espoir. C’est l’une des bonnes nouvelles du monde à ne pas manquer!

Tente fumigène sur mesure servant à simuler les effets de la fumée des feux de forêt sur les raisins de cuve.
Tente fumigène sur mesure servant à simuler les effets de la fumée des feux de forêt sur les raisins de cuve.

Nous avons considéré qu’il serait possible de faire des prédictions plus rapides sur les concentrations de phénols volatils en faisant bouillir le jus du raisin dans de l’acide chlorhydrique et en imitant chimiquement les transformations induites par les levures pendant la vinification.

Nos recherches ont montré qu’il suffit de moins d’une heure pour que les phénols volatils qui ont pénétré le raisin soient transformés en formes non volatiles. Nous savons que ce sont les raisins eux-mêmes qui agissent puisque les phénols volatils ne sont détectables qu’après fermentation ou ébullition dans l’acide.

Fait intéressant, les glycosides ne sont pas la seule manière dont les phénols volatiles sont piégés dans le raisin. D’autres formes encore non identifiées sont présentes, mais les levures opèrent de la même manière pour libérer les phénols volatils malodorants.

Pour concevoir des méthodes pour éliminer les phénols volatils du jus de raisin ou du vin, nous devrons d’abord identifier tous les processus par lesquels les raisins les dissimulent.

Un peu de prévention

En parallèle de ces recherches, nous avons commencé à utiliser nos outils et nos méthodes pour protéger le vignoble.

Un examen préliminaire de trois substances autorisées pour la pulvérisation agricole suggérait que l’une d’elles, normalement utilisée sur les cerises, réduirait significativement les concentrations de phénols volatils dans les raisins exposés. Malheureusement, l’étude de suivi menée dans trois vignobles de l’Okanagan n’a pas permis de reproduire l’effet souhaité, et nos recherches se poursuivent.

Feux de forêt: ils expérimentent diverses substances de protection sur des raisins de table à l’extérieur de leur laboratoire.
Wesley Zandberg et James Favell, étudiant chercheur, expérimentent diverses substances de protection sur des raisins de table à l’extérieur de leur laboratoire.

Nous avons toutefois découvert que les raisins de table rouges, vendus à l’année dans les épiceries, transforment les phénols volatils de manière assez semblables aux raisins de cuve. Grâce à cette trouvaille, qui nous libère des contraintes saisonnières, nous pourrons expérimenter sur des dizaines de variables et de produits à l’année en laboratoire.

En attendant, les producteurs de raisin et de vin de l’Okanagan devront surveiller les phénols volatils et évaluer leurs récoltes avec soin, même quand les raisins ont l’air parfaits.La Conversation

Wesley Zandberg, Assistant Professor of Chemistry, University of British Columbia

La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.

Cette été, la pandémie n’aura pas eu raison sur les Grands Feux du Casino du Lac-Leamy!
Cette été, la pandémie n’aura pas eu raison sur les Grands Feux du Casino du Lac-Leamy, qui présentent du 7 au 21 août deux semaines d’activités: Légendes de feux et Superhéros, proposées en alternance par la firme Royal Pyrotechnie. L’événement affiche toutefois complet depuis plusieurs semaines. Les Grands Feux jouissent d’une excellente réputation au pays, mais aussi à l’international et fait partie du circuit international des feux d’artifice synchronisés à une trame sonore, avec un volet compétitif.

Des Superhéros étaient présents pour les Grands Feux du Casino.
Sélection.ca a assisté à la thématique des Superhéros: un pur plaisir de se retrouver, par un beau soir d’été, sur la terrasse du magnifique Musée canadien de l’histoire, situé sur la rive nord de la rivière des Outaouais. À la nuit tombée, le spectacle ne pouvait trouver meilleur panorama que les bâtiments situés sur l’autre rive – notamment le Parlement d’Ottawa – qui évoquent une part importante de l’histoire de la capitale nationale. Le spectacle commence sur une explosion de couleurs féériques, soutenues par une musique de circonstance et par des citations inoubliables de superhéros.

Les es Grands Feux du Casino du Lac-Leamy.
Sur le site de l’événement, on peut également profiter d’une nouvelle installation multimédia intitulée Îlot de chaleur. Un feu de joie composé d’ampoules qui prend vie et s’active sous l’effet de la chaleur humaine: en dansant ou en sautant autour de l’œuvre, les visiteurs attisent les braises, stimulant les flammes qui montent et virevoltent tout en lumière et en musique. Magique!

À l’aube de son 25e anniversaire – qui sera souligné en 2022, et on a déjà hâte! – la firme de divertissements Les Fondateurs, nouvellement responsable du déploiement de l’événement, souhaite amener les Grands Feux à un niveau international au fil des ans. En tant que médias invité, Sélection.ca a eu la chance de visiter le site et les installations des feux d’artifices du 14 août: une organisation impressionnante de logistique et d’ingéniosité, où tout est calculé non seulement pour un spectacle parfait, mais pour une sécurité absolue.

Le Pont Alexandra lors des Grands Feux du Casino.
Par mesure de sécurité, les bateaux doivent attendre jusqu’à la fin des feux pour passer sous le pont Alexandra et continuer leur chemin.

Bien qu’il affiche complet, nous levons notre chapeau à cet événement qui accueillera 20 000 personnes en tout pour la durée des Grands Feux, en respectant les consignes de sécurité sanitaire.

Toutefois, vous pouvez profiter d’une expérience virtuelle en visitant XFEU, une plateforme interactive créée par l’agence Cinco. L’expérience numérique permet de découvrir l’envers du décor de spectacles pyrothechniques. XFEU – une innovation que la pandémie à suscitée mais qui lui survivra – est accessible via le téléphone intelligent, la tablette et l’ordinateur. On y découvre une foule d’activités relatives à l’événement, tels la série web Les Artificiers ou des concours. C’est également à cette adresse qu’une boutique en ligne, de nouveaux jeux et de nouveaux contenus seront dévoilés pour le 25e anniversaire en 2022!

Pour profiter pleinement votre séjour, l’idéal est de rester quelques jours pour mieux découvrir les nombreuses activités de la région. Situé à quelques kilomètres du site des Grands feux, l’hôtel Hilton du Lac-Leamy est l’endroit tout indiqué pour un séjour tout confort et des services de qualité, que l’on soit de Montréal ou Vancouver (ou d’ailleurs…).

On surveille les dates pour l’édition spéciale du 25e anniversaire qui aura lieu en 2022!

Voici 5 bonnes raisons de porter un masque facial (autre que la COVID-19).

Voici pourquoi le masque facial est probablement là pour rester

Vous savez… ces masques que vous portez consciencieusement lorsque vous sortez de chez vous?

Eh bien, ils peuvent faire bien davantage que vous protéger contre la COVID-19.
Ils peuvent aussi constituer un bon moyen de défense contre les autres maladies respiratoires.

En fait, les masques faciaux (combinés avec la distanciation physique) font probablement partie de la raison pour laquelle la grippe saisonnière s’est faite si discrète cette année.

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont rapporté une diminution stupéfiante de 98% de l’activité grippale pour la saison.

Alors, contre quoi les masques peuvent-ils également nous protéger? Beaucoup de choses.

Comment les masques fonctionnent-ils?

Les masques faciaux vous protègent et protègent ceux qui vous entourent en servant de barrière entre vos gouttelettes de salive potentiellement infectées et leurs propres gouttelettes.

«C’est une action réciproque», explique la Dre LaTasha Perkins, une omnipraticienne à Washington.

En langage clair, un masque est littéralement une «barrière à morve», comme l’a récemment expliqué à un groupe d’enfants le Dr Dennis Cunningham, directeur médical du contrôle et de la prévention des infections au Henry Ford Health System.

Le niveau de protection dépend du type de gouttelettes transmises (petites ou grosses) ainsi que du tissu dans lequel le masque est fabriqué, mais les masques faciaux sont généralement efficaces.

Une étude publiée en 2020 dans Health Affairs, par exemple, a révélé une diminution de 2% des nouveaux cas de COVID-19 trois semaines après l’instauration du port du masque obligatoire dans différents États américains, empêchant probablement 200 000 personnes de tomber malades.

Les masques ne bloquent pas seulement les bactéries et les virus, mais ils agissent aussi comme barrière contre la pollution de l’air, les particules, le pollen et bien davantage.

Une chose est sûre, à cause de la COVID-19 nous ne tiendrons plus jamais ces choses pour acquises!

Voici les maladies respiratoires contre lesquelles les masques peuvent vous protéger en dehors du virus causant la COVID-19.

La grippe

L’influenza, ou grippe, mène 140 000 à 810 000 personnes à l’hôpital chaque année et en tue jusqu’à 61 000, selon les CDC.

Même avant la pandémie, une recherche publiée dans PLoS Pathogens a démontré que les masques limitaient la transmission en réduisant la propagation des plus grosses gouttelettes de l’influenza de 25% et les plus petites particules d’environ trois fois plus. Selon un rapport publié dans Emerging Infectious Diseases, le fait de porter le masque quand vous êtes chez vous avec quelqu’un ayant la grippe pourrait en réduire la transmission de 60 à 80%.

Dans cette étude, toutefois, moins de 50% des participants en bonne santé ont dit porter un masque la majeure partie du temps.

Dans l’hémisphère Nord, la saison de la grippe commence habituellement au début d’octobre et atteint des sommets entre décembre et février, parfois plus tard.

L’un de vos meilleurs moyens de défense contre l’influenza est de vous faire administrer le vaccin contre la grippe, suivi du lavage des mains et du port du masque.

Les simples rhumes

Le rhume banal peut sembler sans grande importance comparativement à la COVID-19, mais il a des conséquences. Les CDC estiment que les adultes ont en moyenne deux à trois rhumes par année, ce qui en fait la raison la plus courante de s’absenter du travail.

De nombreux cas de rhume sont causés par des coronavirus, lesquels sont – sans être aussi graves – similaires au SRAS-CoV-2, le coronavirus causant la COVID-19.

Ils se propagent de la même manière – par des gouttelettes de salive – et présentent des symptômes semblables: toux, maux de tête, douleurs, éternuements et nez qui coule. Par le passé, les experts recommandaient d’éternuer ou de tousser dans votre coude afin d’éviter de contaminer les autres. Les masques peuvent donner le même résultat.

«Ultimement, garder vos gouttelettes de salive et vos particules aériennes pour vous signifie que vous ne les transmettez pas aux autres, explique le Dr Perkins. Un masque va permettre d’éviter la projection des particules venant du nez ou de la gorge.»

Les allergies

Le pollen et les autres allergènes flottent dans l’air – parfois, semble-t-il, dans le seul but d’irriter nos voies nasales.

Et la saison des allergies printanières n’arrête pas même si la pandémie continue.

«Les masques contribuent à empêcher le pollen d’entrer dans votre nez et de causer des allergies saisonnières», déclare le Dr Perkins.

Gardez à l’esprit que l’efficacité d’un masque varie en fonction de l’importance de l’allergène en cause.

Et il y a un autre avantage à porter un masque, note-t-il.

Les réactions allergiques enflamment votre nez, ce qui vous rend plus sujet aux infections.

Les masques peuvent jouer ici un double rôle en vous protégeant à la fois des pathogènes et des allergies.

Certains médecins ont rapporté une diminution des problèmes d’allergies saisonnières chez leurs patients depuis l’arrivée de la COVID-19, mais une augmentation des allergies d’intérieur. (Plus probablement parce que les gens portent moins souvent le masque à la maison et passent plus de temps avec leurs animaux de compagnie.)

Dans le cadre d’une étude, le Dr Amiel Dror, du Galilee Medical Center en Israel, et ses collègues ont examiné 301 infirmières souffrant d’une rhinite allergique, aussi connue sous le nom de rhume des foins.

Selon le rapport de 2020 publié dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology: In Practice, les symptômes allergiques sont passés de 43 à 29% lorsque les infirmières portaient un masque chirurgical et jusqu’à 25% lorsqu’elles portaient un masque N95.

Il est important de connaître ces choses au sujet des allergies.

La pollution de l’air

Selon le type de pollution de l’air, les masques peuvent également être efficaces, explique William Bennett, professeur de médecine au Center for Environmental Medicine, Asthma, and Lung Biology à l’université de Caroline du Nord. «Même de petites concentrations de pollution atmosphérique due à des particules qui se développent à partir de produits de combustion ont démontré dans le cadre d’études épidémiologiques qu’elles pouvaient faire augmenter la morbidité et la mortalité», explique le Dr Bennett.

Les masques faciaux vous protégeront de la pollution provenant de la suie et des systèmes d’échappement diesel, mais pas des gaz.

Dans une étude de 2017 publiée dans BMJ Occupational and Environmental Medicine, des chercheurs ont examiné le niveau d’efficacité des masques faciaux pour protéger les habitants de Pékin, en Chine, de la pollution de l’air.

Ils ont découvert que certains masques aident à filtrer les particules de pollution de l’air. Comme toujours, cela dépend de la qualité du masque.

La fumée

Qu’elle vienne du bois, des cigarettes ou d’autre chose, la fumée représente un autre risque connu pour la santé.

Et les masques peuvent éliminer par filtrage certaines des particules fines, qui peuvent être toxiques. Le Dr Bennett déclare que les incendies de forêt sont du plus grand intérêt scientifique quant au port du masque en dehors de la COVID-19.

La raison en est que les incendies de forêt peuvent augmenter vos risques d’avoir des problèmes de santé.

Les maisons et autres structures qui sont la proie des flammes émettent une foule d’autres particules, probablement toxiques aussi.

Les masques ne vous protégeront cependant pas des gaz nocifs comme le monoxyde de carbone et le formaldéhyde.

Même si nous ne savons pas de quelle quantité de gaz et de particules la fumée est composée, ça ne fait pas de tort d’en éliminer les particules», explique le Dr Bennett.

Le bon masque facial porté de la bonne façon.

Le bon masque porté de la bonne façon

La qualité du masque que vous portez et la façon dont vous le portez déterminent votre protection contre les dangers respiratoires.

Couvrez toujours votre nez et votre bouche, conseille le Dr Perkins.

N’utilisez pas de masque avec une soupape d’expiration et assurez-vous qu’il est bien ajusté sur les côtés et en bas. Si un masque est muni d’une telle soupape, ça signifie que vous expirez de l’air non filtré et qu’il ne protégera pas les gens autour de vous.

Les masques chirurgicaux sont les plus efficaces, suivis de ceux en coton, explique le Dr Perkins. Porter deux masques augmenterait la protection, et une recherche récente publiée dans le JAMA Internal Medicine a suggéré que porter un masque médical sous un masque en tissu fournirait la meilleure filtration comparativement à d’autres combinaisons.

L’ajustement est même plus important que le type de tissu, ajoute le Dr Bennett.

Selon lui, porter un foulard ou un cache-cou par-dessus un masque chirurgical en doublerait l’efficacité parce que la pression exercée colle le masque sur votre visage. Les masques, évidemment, ne constituent qu’un aspect du tableau. La distanciation physique aide également à ralentir la propagation de la COVID-19 ainsi que d’autres infections et irritants.

Et n’oubliez pas de vous faire vacciner. Les vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna sont tous les deux efficaces à 95% pour stopper la COVID-19.

Devrais-je me faire vacciner si je suis enceinte ou si j’allaite?
Depuis le début de la pandémie, les communications de la Santé publique visaient à protéger les populations à haut risque, comme les personnes âgées. Or, les informations destinées aux femmes enceintes ou allaitantes sont demeurées incohérentes et peu accessibles.

Même si la plupart des femmes enceintes atteintes de la Covid présentent des symptômes bénins, la grossesse augmente néanmoins le risque d’hospitalisation, d’admission aux soins intensifs, d’accouchement trop précoce et d’hypertension sévère.

Actuellement, les provinces et territoires offrent tous les vaccins anti Covid-19 aux femmes enceintes admissibles. Cependant, le manque d’uniformité dans l’information entraîne une certaine confusion chez celles qui cherchent à prendre une décision éclairée.

Nos recherches sur la vaccination pendant la grossesse ont porté, notamment, sur les moyens d’améliorer la cohérence de l’information. Par exemple, les informations dispensées dans les notices de Santé Canada destinées aux femmes enceintes peuvent diverger des recommandations du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI).

Quelle est la probabilité de faire une réaction allergique au vaccin contre la COVID-19?

Exclues des essais

Les incohérences découlent du fait que les femmes enceintes et allaitantes avaient été exclues des premiers grands essais cliniques aléatoires. Pourtant, les experts en santé reproductive et en vaccination avaient déjà élaboré des directives pour les inclure dans le développement et le déploiement des vaccins de manière éthiquement acceptable. Ces directives, disponibles avant la pandémie, auraient dû orienter le développement des vaccins.

Les raisons d’exclure les femmes enceintes ou allaitantes sont complexes. Elles incluent la peur et des préoccupations juridiques quant au danger pour le fœtus ou le nourrisson. Dans le cas des vaccins anti-Covid, la «nécessité d’aller vite» transcendait tout. On est donc passé aux essais cliniques avant d’avoir rempli les conditions précliniques requises pour inclure des participantes enceintes. Ces conditions préalables comprennent des études sur animaux pour vérifier l’effet d’un vaccin sur le développement fœtal et l’appareil reproducteur.

Cette exclusion aux essais a créé des incohérences entre les recommandations internationales, les politiques nationales et celles des provinces (Alberta, Ontario et Québec) quant à l’admissibilité des femmes enceintes et leur priorisation.

Ne vous inquiétez pas si vous n’avez pas d’effets secondaires après le vaccin!

Des messages incohérents sur le vaccin contre la Covid-19 pour les femmes enceintes.

Des messages incohérents

Après avoir longtemps pêché par excès de prudence en invoquant le manque de données, le CCNI recommande la vaccination pour les femmes enceintes ou allaitantes depuis mai 2021. En revanche, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) et d’autres organes consultatifs spécialisés en santé maternelle ont recommandé d’offrir les vaccins aux femmes enceintes dès le départ.

À mesure que l’on disposait de plus d’informations sur l’innocuité des vaccins à la grossesse, les autorités ont mis à jour leurs directives, qui sont désormais alignées.

Actuellement, les Instituts nationaux de Santé américaine (NIH) et Pfizer/BioNTech conduisent des essais cliniques sur la vaccination pendant la grossesse. AstraZeneca et Johnson & Johnson ont mis les leurs sur pause en attendant les résultats d’une enquête sur les risques d’une forme rare de caillot sanguin. Quand les résultats des essais seront disponibles, dans plusieurs mois, la plupart des Canadiens auront tranché depuis longtemps.

Des données probantes de qualité auraient dû être recueillies pour éclairer les directives de la Santé publique sur la vaccination pendant la grossesse et l’allaitement, de même que les femmes concernées.

La décision a été difficile en particulier pour les travailleuses de la santé et d’autres secteurs essentiels, qui étaient enceintes ou allaitantes. Dans les premières semaines du lancement d’un vaccin, elles devaient mettre dans la balance les incertitudes quant à son innocuité et les dangers connus de la Covid. Le fait d’avoir été exclues des essais cliniques les obligeait à décider sur la base d’informations incomplètes.

Des informations de qualité désormais disponibles

Selon les données désormais disponibles, les vaccins antiCovid sont sûrs pour les femmes enceintes ou allaitantes et leurs nourrissons. Plus de 130 000 Américaines se sont inscrites sur un registre des grossesses à travers l’application V-safe (La plupart ont reçu les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna). Les premiers résultats basés sur ce registre n’indiquent aucun problème de sûreté.

Des études récentes suggèrent également qu’après la vaccination, les anticorps de la Covid peuvent traverser le placenta et passer dans le lait maternel, ce qui protégerait le nourrisson.

La SOGC, dans sa Foire aux questions sur les vaccins antiCovid, propose une déclaration détaillée sur la vaccination pendant la grossesse, et d’autres ressources.

À l’échelle des provinces et des villes, divers programmes de santé publique ou maternelle ont également élaboré des critères pour aider les femmes enceintes ou allaitantes à prendre une décision éclairée.

Quoi qu’il en soit, il est prouvé que sourire ou grimacer pendant un vaccin permet d’amoindrir la douleur de la piqûre.

Des informations de qualité désormais disponibles sur le vaccin contre la Covid-19 pour les femmes enceintes.

Suivi à long terme

Il est nécessaire d’assurer le suivi à long terme des personnes vaccinées en début de grossesse et de leurs nourrissons. La santé publique et les chercheurs au Canada continuent de les suivre. Les femmes enceintes et celles qui allaitent peuvent s’inscrire pour participer à ces programmes: Registre du vaccin Covid-19 pour les personnes enceintes ou qui allaitent et l’enquête du réseau national canadien de sécurité vaccinale (CANVAS).

Un accès plus rapide aux données vaccinales pendant la grossesse ou l’allaitement est nécessaire pour élaborer des directives de santé publique équitables. D’autant que les femmes concernées sont nombreuses parmi les travailleurs de première ligne particulièrement exposés à la Covid et à d’autres virus.

À travers le monde, les femmes représentent environ 70% des travailleurs de la santé et des services sociaux, et beaucoup sont en âge de procréer. Au Canada, les minorités visibles, les immigrants et les femmes sont surreprésentés parmi les aide-soignants, les préposés aux bénéficiaires et ceux qui dispensent d’autres services, lesquels peuvent profiter d’une priorité de vaccination selon le cas.

À l’heure des bilans sur la réponse pandémique, il importe d’examiner les conséquences d’avoir exclu les femmes enceintes et allaitantes des essais cliniques et de réfléchir à la façon de mieux faire la prochaine fois.

Terra Manca, Boursière postdoctorale, Centre canadien de vaccinologie (IWK Centre de santé); Département de pédiatrie, Dalhousie University et Karina A Top, Professeure agrégée, Département de pédiatrie, Dalhousie University

La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation.