Le saut à la corde est un excellent exercice si on est prudent.
Le saut à la corde a été adopté par beaucoup d’adultes depuis le début des confinements. Exercice qu’on peut faire chez soi, il renforce tout le corps, car il fait travailler de concert les jambes, les bras et les abdominaux. Il accroît la vigueur cardiovasculaire, ce qui protège le cœur, améliore la coordination et l’équilibre, donc contribue à éviter les chutes, et densifie les os, conjurant ainsi l’ostéoporose. Attention pourtant au choc de l’atterrissage sur les jambes. Si vous vous y mettez, allongez graduellement la durée des séances et portez des chaussures de sport bien coussinées pour éviter de vous blesser.

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Prévenir le diabète: oui aux fruits, non aux jus.
Une étude australienne établit que le risque de devenir diabétique s’est révélé inférieur de 36% chez les sujets qui mangeaient deux fruits par jour plutôt qu’une demi-portion, mais les jus de fruits n’ont pas eu le même effet, peut-être parce qu’ils contiennent plus de sucre et moins de fibres.

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Tiohtiá:ke: le livre de Michel Jean à lire absolument!

De quoi ça parle

Tiohtiá:ke signifie Montréal en langue mohawk. C’est là, dans la métropole, qu’arrive Élie Mestenapeo. Il est Innu, il a 28 ans, il vient de passer 10 ans en prison. Natif de Nutashkuan, la réserve voisine de Natashquan, il est sans repère aucun devant les gratte-ciels, les sons, les odeurs de la ville. Et le monde, tout ce monde… Élie est démuni. Élie est, aussi, craintif. Car un monstre dort en lui. Tapi. Indomptable.

Mais le jeune homme est un survivant. Il va trouver une famille. Il y a Jimmy, le Nakota qui tient la popote roulante. Il y a Mary et Tracy, les jumelles inuites. Il y a Caya, le Mohawk ainsi surnommé car ses mots sont ceux des chansons de Vilain Pingouin. Il y a Geronimo, le Cri. Il y a aussi l’alcool. Les mains tendues pour la quête. Il y a le square Cabot. Il y a les refuges. Il y a l’alcool. Les mains tendues pour la quête. Et la violence. Et la fraternité. Enfin, il y a Lisbeth. Si c’était elle, la lumière au bout du tunnel?

Pourquoi vous aimerez ça

Un écrivain qui creuse son sillon, utilise un terreau venu de ses tripes, restant lui-même, mais sans se répéter, bâtissant une œuvre cohérente tout en réussissant à surprendre. On aime? On aime beaucoup. Et c’est ce que fait Michel Jean dans ce nouveau roman où, tout en explorant cette réalité autochtone avec laquelle il s’est taillé une place de choix dans le cœur d’un lectorat qui lui est maintenant acquis, il change l’éclairage et le point de vue. Il a pris le risque de quitter les territoires ancestraux explorés dans Kukum et Atuk, de mettre de côté l’aspect plus traditionnel de cette culture qui est la sienne, pour toucher à la question délicate qu’est l’itinérance autochtone en milieu urbain.

Il le fait en posant un regard très lucide sur cette réalité, ici dépeinte à la fois avec l’objectivité du journaliste et l’humanité du romancier. L’équilibre est bellement atteint. Avec, en prime pour le lecteur familier avec l’œuvre littéraire de l’auteur, l’apparition de personnages déjà connus. Jimmy le Nakota. Audrey Duval, l’avocate opiniâtre. Jean-Nicholas Legendre, journaliste d’enquête dans lequel on peut voir l’alter ego de Michel Jean. Les retrouver est un bonheur.

Qui l’a écrit

Michel Jean a d’abord été connu comme chef d’antenne et reporter. Et puis, l’écrivain s’est révélé, utilisant son art pour ouvrir aux lecteurs une fenêtre sur son héritage culturel. Michel Jean est Innu. Le passé et le présent autochtones, où la fiction côtoie l’Histoire, battaient déjà fort dans Kukum (Prix France-Québec), Atuk, Le vent en parle encore, etc.

Extrait

Pour Élie Mestenapeo, qui n’a jamais vu une grande ville, Montréal semble à la fois effrayante et décevante. (…)

Les cimes des immeubles de béton qui l’encerclent se perdent dans la nuit. Cette ville insaisissable se montre aussi froide que terrifiante. Et puis, il y a ce bruit, omniprésent (…). Le claquement des chaussures sur le béton, le bruissement des conversations portées par le vent, les éclats de rire qui se mêlent aux grondements des camions dans la côte de la rue Berri, le ronronnement des autos qui attendent aux feux de circulation, tout cela forme un chant syncopé. C’est le cœur de la ville qui bat.

Élie s’assoit sur un banc. La foule anonyme s’étiole au fil des heures. Il remarque un homme couché dans un coin du parc. Il s’installe comme lui sur l’herbe. Dormir dehors, il sait comment. Quand il ferme les yeux, les images des rues sablonneuses et des petites maisons rectangulaires de Nutashkuan balayées par le vent frais du golfe calment son esprit affolé: l’odeur de sel mêlée à celle du varech, le bruit gai des enfants qui jouent, celui des chiens qui courent, le tintement des bouteilles de bière partagées sur la plage, au bout de la rue. (p. 21)

Venez nous parler

Rendez-vous sur notre groupe Facebook, Le club du livre Sélection, pour discuter de Tiohtiá:ke. Ne trouvez-vous pas que, par sa fiction ancrée dans la réalité autochtone d’hier et d’aujourd’hui, Michel Jean fait œuvre (très) utile?

Tiohtiá:ke de Michel Jean, 24,95$, LIBRE EXPRESSION

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Risque de glaucome: attention à la caféine.
Le glaucome est l’une des principales causes de malvoyance. S’il y a des cas dans votre famille, une étude publiée dans Ophtalmology vous conseille de modérer votre consommation de caféine. Les sujets dont le risque héréditaire de glaucome était élevé s’exposaient davantage à en souffrir s’ils buvaient plus de trois tasses de café par jour (ou une quantité équivalente d’une autre boisson caféinée comme le thé ou les boissons énergisantes) que s’ils n’en buvaient pas du tout. Explication possible: la pression oculaire des grands consommateurs de caféine était plus élevée, ce qui peut induire le glaucome en abîmant les nerfs optiques.

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L’utilité des animaux de soutien affectif.
D’après une recherche, les chiens et les chats peuvent grandement alléger la dépression, l’anxiété et l’isolement des personnes souffrant d’une maladie mentale grave. Même s’ils n’ont pas reçu d’entraînement spécial, ces animaux possèdent une valeur thérapeutique certaine pour les sujets en proie à des troubles psychologiques. Lors d’une expérience menée en Ohio, des patients ont adopté un chien ou un chat dans un refuge. Douze mois plus tard, ils allaient mieux en moyenne. Si la loi le permet, vous pourriez faire homologuer votre animal de compagnie comme animal de soutien affectif, auquel cas il jouirait de certains privilèges comme l’accès aux cabines des avions et aux appartements où les animaux sont normalement interdits.

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Nous avons rencontré Sonia Benezra, proche aidante et proche aimante.
Sonia Benezra est une figure aimée et connue des Québécois. Son sourire avenant précède son tempérament jovial et accessible. Nous connaissons moins la Sonia Benezra proche aidante – ou proche aimante comme elle aime le dire. Sélection.ca l’a rencontrée.

On ne devient pas proche aidant du jour au lendemain: c’est une adaptation de part et d’autre. À mesure que la personne aidée perd en autonomie, les tâches du proche aidant prennent de l’envergure. La mère de Sonia était autrefois autonome, mais aujourd’hui elle a besoin de son aide au quotidien. «C’est pour ça que nos vies ont été bouleversées: avant elle cuisinait et vaquait à ses occupations. On allait la voir, bien sûr, on mangeait avec elle ou on l’aidait avec ses courses, mais elle était complètement autonome dans son appartement. Et depuis qu’elle ne marche plus – elle est en fauteuil roulant – sa vie a complètement changé et par le fait même nos vies aussi.

Proche aidante, mais pas seule

Diabétique, la mère de Sonia nécessite des soins quotidiens. Avec sa sœur Esther, Sonia partage le temps de présence au quotidien, avec une aide-externe durant la semaine. Tous les jours, à partir de 17h jusqu’au lendemain, Sonia ou sa sœur s’occupent de leur mère.

On ne parle pas beaucoup des proches aidants et leur travail passe souvent – et malheureusement – inaperçu. Quand on a un bébé, on prend un congé de maternité. Quand on est malade, on prend un congé de maladie. Mais prendre une journée de congé pour accompagner sa mère à l’hôpital pour un examen de routine? C’est parfois plus difficile à justifier. C’est un travail qui demande beaucoup et qui n’a pas de mode d’emploi, car les proches aidants peuvent faire face à des problématiques dont ils n’ont jamais entendu parler et pour lesquelles il faudra trouver des solutions. «Au bout d’un certain moment, on se sent un peu perdu. Par exemple, à chaque fois que j’emmène ma mère chez le médecin, j’ai l’impression moi aussi que je suis allée voir le médecin.»

Des nouvelles technologies qui aident les patients et les proches aidants.

Profiter des nouvelles technologies

Diabétique, la mère de Sonia doit recevoir une injection d’insuline trois fois par jour. C’est beaucoup. «Autrefois il fallait la piquer plusieurs fois par jour pour connaître son taux de glucose et c’était assez préoccupant. Mais on a découvert un outil vraiment extraordinaire: le système de Freestyle Libre 2. Ce système nous permet de connaître son taux de glucose instantanément, à n’importe quel moment de la journée, grâce à un petit capteur situé en dessous de son bras. Sincèrement, ça a complètement changé notre vie.»

«La beauté de ce système c’est qu’il y a des alarmes pour nous tenir informés sur son taux de glucose: si c’est trop bas ou si c’est trop élevé. C’est un peu comme avoir une infirmière ou un médecin toujours présent à la maison. Ça soulage et ça nous aide énormément. Le fait de pouvoir partager les données entre nous et avec les médecins nous a tous permis finalement de travailler l’esprit tranquille, d’avoir une vie professionnelle plus équilibrée.»

Pour Sonia dont le travail exige souvent des déplacements et des rencontres, le fait de ne plus avoir à s’inquiéter à tout moment lui a apporté une grande quiétude. Elle peut être sur un plateau de tournage ou en rencontre avec des gens, s’il y a une urgence, elle sait que ses sœurs vont recevoir l’information sur le taux de glucose de sa mère en même temps qu’elle, via le téléphone intelligent. Et s’il y a une urgence et qu’elle ne peut pas se rendre auprès de sa mère, elle sait que l’une de ses sœurs pourra.

«La technologie a été très importante durant la pandémie: comme on ne pouvait pas emmener notre mère dans les hôpitaux ou chez le médecin, on a pu faire des consultations par visioconférence. Il fallait trouver de nouvelles façons de fonctionner et on a à trouver certaines solutions.»

En parler pour se sentir moins seule…

D’emblée, Sonia nous avoue que la meilleure chose à faire pour se sentir moins seule, c’est d’en parler. «Il y a cinq ans, je n’en parlais pas autant. J’avais peur que ça affecte le regard des autres sur moi. Et qu’ils se demandent si j’allais pouvoir travailler et être disponible puisque je devais m’occuper de ma mère. C’est important d’être honnête et de dire la vérité, de ne pas faire semblant que tout va bien, tout le temps, parce que ce n’est pas vrai.»

Il ne faut pas avoir peur de le dire: être proche aidant, c’est difficile. Les parents accompagnent leurs enfants vers l’autonomie. Les proches aidants, eux, accompagnent leurs parents vers la fin, et c’est ça qui est difficile. «Plus on en parle, plus on se rend compte qu’on n’est pas les seuls et qu’il y a beaucoup de gens qui sont proches aidants. C’est pour tous ces gens que j’ai envie aujourd’hui de partager mon histoire.»

En parler c’est une chose, mais il y faut aussi prendre soin de soi, ne pas s’oublier. «Depuis quelques mois, j’ai commencé à faire du cardio, six fois par semaine. Je le fais juste pour moi, pour ma santé mentale et ça fait énormément de bien. Une fois le cardio terminé, j’ai vraiment le sentiment que ça va mieux et que tout est possible. Ça aide beaucoup.»

Sonia est la petite dernière d’une famille de quatre filles où chacune a une tâche différente, mais essentielle auprès de leur mère. «Mes sœurs Myriam et Kelly vont préparer des plats pour les repas, les emmener chaque semaine, et ma sœur Esther et moi on s’occupe du quotidien: donner les médicaments, le bain ou les repas.

Sonia Benezra est la proche aidante de sa mère.

Passer du bon temps

Faire des activités ensemble permet de donner un sens à ces rencontres quotidiennes. «Par exemple, ma mère et moi sommes toutes les deux passionnées de vieux films. Environ trois fois par semaine, on écoute des films en noir et blanc. Comme sa vision n’est pas très bonne, je dois lui décrire ce qui se passe à l’écran. C’est un moment de tendresse incroyable. Je joue aussi aux cartes avec elle et on écoute des chansons qui parlent des belles choses de la vie – Charles Aznavour, Édith Piaf, Joe Dassin, Marvin Guay ou Lionel Ritchi…

En discutant avec Sonia, on comprend qu’elle ne manque pas d’admiration pour cette femme qui a toujours voulu le meilleur pour ses enfants. Toute sa vie a été tournée vers les autres et maintenant, pour la première fois, elle laisse les autres s’occuper d’elle. «Il aura fallu attendre qu’elle soit en fauteuil roulant pour ça. Alors j’en profite pour lui faire les ongles – et pas des petites couleurs fades, on met du bleu royal, du rouge feu … on s’amuse vraiment! Je coupe aussi ses cheveux: je ne suis pas coiffeuse, mais j’avoue que je suis rendue pas mal bonne (rire)!»

Mère et fille parlent beaucoup et quand elles ne parlent pas, elles sont juste ensemble. «Quand je rentre le soir elle me regarde comme si le soleil venait d’entrer dans la pièce: alors, comment ne pas sentir un amour profond devant ce regard qui t’attend.»

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Quel est le lien entre la polyarthrite rhumatoïde et la migraine?
Deux grandes études coréennes ont conclu que le fait de souffrir de l’une de ces deux affections augmente le risque de souffrir de l’autre. Ces deux maladies peuvent être traitées par des médicaments. Si vous souffrez de l’une d’elles et commencez à remarquer des signes de l’autre, n’hésitez pas à vous faire examiner.

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C'est confirmé: le stress donne des cheveux blancs!
Ce n’est pas un canular: le stress peut donner des cheveux blancs. Et l’apaiser peut, à son tour, leur rendre parfois leur couleur originelle, au moins temporairement. En analysant des images détaillées de mèches fournies par 14 sujets, un groupe international de chercheurs a pu observer de subtiles variations de couleur avec le temps. En plus de donner quelques cheveux, les volontaires devaient tenir un journal de leurs épisodes de stress de sorte que les chercheurs ont pu prouver que les segments plus gris des mèches correspondaient à des périodes de stress. Ils ont eu la surprise de constater que certains cheveux reprenaient leur couleur originelle quand le stress diminuait – lors de vacances reposantes, par exemple. Aucun miracle, cependant: l’âge joue un rôle majeur dans le grisonnement capillaire. Au mitan de la vie, quand il s’amorce, le stress peut l’accélérer, mais les chercheurs ne pensent pas que même aigu il affecte les cheveux à 20 ans ni qu’une vie moins stressante change quoi que ce soit à la chevelure depuis longtemps grise d’une personne âgée.

Qu’il soit clair que les cheveux qui grisonnent ne sont pas une maladie mais, comme un stress trop fort peut perturber le sommeil et faire le lit de bien des problèmes de santé, ils pourraient justifier que vous vous posiez la question: le stress que je vis est-il excessif?

Une rencontre fortuite avec une chanteuse, dans une salle d’attente, a sorti mon père du brouillard de l’Alzheimer.
Il y a quelques années, dans la salle d’attente d’une clinique à Waterloo, en Ontario, une femme âgée s’est assise au bord de sa chaise et a commencé à chanter «My Heart Will Go On» de Céline Dion. Hormis un léger mouvement du torse pour marquer le rythme de la chanson-thème de Titanic, la chanteuse est restée immobile, les bras élégamment croisés sur sa poitrine. Sans grand effort, elle a fait exploser les douces notes aiguës de sa voix dans toute la clinique.

Je me suis amusée à observer la réaction des gens. Ils étaient nombreux à se trémousser sur leur chaise, d’autres restaient de marbre, mais essentiellement, ils regardaient ailleurs en faisant comme s’il ne se passait rien. Circulez, il n’y a rien à voir. C’est souvent comme ça.

J’étais avec mon père qui avait rendez-vous pour une prise de sang quand cette femme est arrivée. Elle s’est assise devant lui. De petite taille, elle a dû se mettre tout au bord de la chaise pour que ses pieds touchent le sol, une posture donnant l’impression qu’elle voulait engager la conversation avec lui. De fait, elle lui a souri et il lui a rendu son sourire.

Je m’inquiétais de la réaction de mon père devant ce qui s’apparentait à un empiètement sur son espace vital. À 77 ans, il vivait avec la maladie d’Alzheimer depuis un moment.

Devenu adulte dans les années 1960, il n’en restait pas moins un pur produit des années 1950. Ce militaire fervent catholique, brillant et introverti avait carburé à la culpabilité, aux obligations et à l’humilité.

Quand il avait encore la santé, il tolérait docilement les excentricités des autres, avec toutefois une réserve de reproches silencieux. L’intimité et l’espace vital, c’était son truc, et trop attirer l’attention s’apparentait à de mauvaises manières. L’Alzheimer ayant tendance à mettre la patience à rude épreuve et à fissurer la retenue, mon père avait souffert de quelques rencontres éprouvantes par le passé. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que cette petite femme musicienne jouait avec le feu.

Elle a commencé à chanter tout doucement, une sorte de fredonnement ténu. J’ai jeté un coup d’œil inquiet à mon père. Son sourire avait disparu et il la dévisageait. Elle soutenait son regard. Je n’ai pas immédiatement su traduire l’expression de mon paternel, mais cela ressemblait à de la confusion, un état que je lui connaissais parfois. Je ne savais pas s’il voyait la chanteuse ou si son esprit vagabondait ailleurs, loin de la réalité, pas vraiment conscient de sa présence. Peut-être se demandait-il s’il s’agissait d’une de ses connaissances.

Mon père n’a jamais prisé les con­versations de salon. Mal à l’aise, il préférait déléguer la tâche à ma mère qui s’en acquittait avec son enthousiasme proverbial pendant que lui restait en retrait, silencieux et soulagé, mais présent quand même. Si nous avions été plus avisées, nous aurions sans doute perçu son déclin. Nous aurions constaté que les rares fois où il participait à une conversation, il comptait plus souvent sur ma mère pour terminer ses phrases ou répondre aux questions qui lui étaient adressées. Sans hésiter, elle comblait le silence quand il cherchait ses mots, et cela détournait notre attention.

Aussi, il nous a fallu du temps pour comprendre qu’il faisait moins d’efforts pour acquiescer poliment en silence ou sourire au moment opportun. Il devenait plus grincheux avec l’âge, voulions-nous croire. Assurez-vous de reconnaître les premiers signes de démence qu’il faut prendre au sérieux.

C’est précisément ce qui se passait dans la salle d’attente: ni sourire ni hochement de tête courtois. Seulement ce regard fixe qui ne décourageait en rien la chanteuse minuscule dont la voix prenait lentement de la puissance. Elle a entonné le refrain à pleins poumons: «Near, far, wherever you are…» Les yeux fermés, le haut du corps bercé par le rythme, la diva était plongée dans une transe méditative.
Mon père semblait abasourdi.

J’ai essayé de ne pas rire. Non que je n’aie pas apprécié la femme. Je l’aimais bien, j’avais plutôt envie d’être son amie. L’idée que ce père si tendu, si prude puisse se faire donner la sérénade par une minuscule Céline Dion dans une clinique bondée était trop charmante. Cela dit, à l’affût du moindre signe d’éclat, je l’observais avec prudence en évaluant la meilleure façon d’intervenir, le cas échéant.

Au lieu de cela, son visage s’est radouci et la tension s’est relâchée sur son front. Il ne semblait soudain plus du tout confus.

La maladie d’Alzheimer est une voleuse, dit-on, elle vous enlève un être cher lentement, un peu plus tous les jours. C’est une vérité déchirante. La perte est douloureuse et implacable. Mais j’ai vécu des choses avec mon père qui m’ont permis de découvrir un côté de sa personnalité dont j’ignorais absolument l’existence. Je me souviendrai toujours de ce moment paisible où il a soutenu mon regard en racontant quelques souvenirs de son enfance ou quand il m’a régalée d’une aventure de l’époque où il faisait partie de l’armée de l’air, comme s’il savait qu’il lui restait peu de temps pour me faire découvrir l’essence de son être. D’une manière sereine et inattendue, c’est ce qui s’est produit ce jour-là à la clinique. L’Alzheimer semblait à l’occasion entamer la véritable personnalité de mon père, et tout en détestant l’idée qu’il devait se battre contre cette calamité, j’aimais l’homme adorable qu’elle me permettait de rencontrer.

À la fin de la chanson, quand le silence a de nouveau envahi la salle d’attente, la femme a ouvert les yeux. Mon père ne l’avait jamais lâchée du regard.

«C’était magnifique», a-t-il dit.
En souriant, elle lui a répondu: «Merci.»

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©2019, Deborah Stock. Tiré de «The Odd Encounter that Pulled Dad Out of his Alzheimer’s Fog», The Globe and Mail (22 octobre 2019), theglobeandmail.com

Le miel: un côté doux de l'évolution humaine.
Quand au printemps les fleurs s’épanouissent, l’abeille qui file dans votre jardin n’a pas envie de piquer; c’est moi qu’elle cherche, le miel.
L’abeille mellifère vit environ six semaines. Elle parcourt jusqu’à cinq kilomètres par jour à la recherche de fleurs, qu’elle butine en y plongeant sa longue langue telle une paille qui lui permet d’aspirer les gouttelettes de nectar sucré et liquide. Elle en emplit son jabot, sorte de poche qui se compare à un estomac, avant de regagner sa demeure. Au cours du trajet, cet organe chargé d’enzymes transforme le nectar en glucose et en fructose. Ainsi s’amorce le miracle de la nature auquel je dois l’existence.

De retour à la ruche, l’abeille régurgite son butin dans la bouche d’une receveuse qui le transfère à son tour à une autre abeille et ainsi de suite pendant 20 minutes jusqu’à ce que la mixture soit déposée dans une alvéole. Afin d’assurer des conditions de chaleur et d’aération idéales pour réduire la part d’eau du nectar, des dizaines de milliers d’abeilles bourdonnent et battent des ailes dans la ruche. Quelques levers de soleil plus tard, je ne contiens plus que 18% d’eau et les abeilles m’enferment dans une cellule de cire dorée.

L’abeille butine 4000 fleurs au cours de sa vie. Cette récolte ne produit pourtant qu’un demi-millilitre de ce que je suis. La ruche mobilise toutes ses forces pour fabriquer de quoi nourrir ses habitants.

Selon les scientifiques, les ruches sauvages riches de miel auraient fourni les calories nécessaires au développement du cerveau des premiers humains, notamment Homo erectus. J’aurais donc été un ingrédient clé de l’évolution de l’homme.

D’autres édulcorants de consommation courante – extraits de la sève, du nectar d’agave ou du jus de canne à sucre – sont bouillis pour produire un sirop ou du sucre cristallisé, une technique mise au point bien plus tard.

Avec le temps, vous avez domestiqué les abeilles pour ma production. Des apiculteurs aident les fermes industrielles dont les monocultures ne peuvent se passer des abeilles qui, transportées dans leurs ruches, viennent polliniser les champs. Les ouvrières remplissent les tours de rayons empilés sur les ruches. L’apiculteur récolte ensuite le miel pour votre consommation, tout en laissant aux abeilles ce dont elles ont besoin pour se nourrir. Avoir des ruches d’abeilles chez soi: un passe-temps qui a du piquant!

Je suis un trésor indestructible. Des échantillons de 3000 ans découverts dans les pyramides d’Égypte sont aussi comestibles que le jour où ils ont été ensevelis dans la tombe. Parce que je contiens peu d’eau, que mon pH est élevé et que le peroxyde d’hydrogène est naturellement présent dans ma composition, je suis un puissant antimicrobien et suis donc inaltérable. Pour la même raison, je constitue un excellent baume pour les plaies chroniques; je jugule l’infection tout en maintenant l’humidité dont la peau a besoin pour cicatriser.

Ma survie n’est pas assurée cependant. Partout dans le monde, les colonies d’abeilles déclinent. Sont en cause croissance de l’agriculture industrielle, usage de pesticides, étalement urbain et bouleversements climatiques qui réduisent le nombre de fleurs. Si les abeilles continuent à mourir, amandes, pommes et pêches (et les cultures comptant sur leur pollinisation) se feront plus rares et plus coûteuses. Et moi aussi. On ne s’étonnera pas de me trouver frelaté, ou mélangé à des sirops de sucre ou de maïs de mauvaise qualité pour gonfler la quantité.

En 2010, aux États-Unis, les autorités ont mis au jour la plus importante fraude alimentaire que le pays ait connue : 80 millions de dollars de miel chinois contaminé. Il est toujours préférable d’acheter un miel de son pays et de pri­vilégier les apiculteurs locaux.

Aussi, j’aimerais que vous laissiez pousser quelques plantes ou fleurs sauvages dans votre jardin et que vous limitiez la tonte et les pesticides. Mon avenir et celui des abeilles en dépendent.

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