Depuis la fermeture des écoles en mars 2020, la pandémie de Covid-19 nous a fait vivre une nouvelle réalité. Pour les adolescents, les routines quotidiennes ont été transformées avec la fermeture des écoles, et ces derniers ont dû faire face à des changements importants dans leur façon d’apprendre.
La recherche a montré qu’au moins trois aspects de la vie des adolescents sont importants pour leur développement, notamment pour leur identité:
se sentir soutenus par leurs parents, se sentir compétents et être capables d’adopter une attitude réflexive face à l’avenir. Ces aspects sont développés par des relations positives, sécurisantes et stables à l’école et à la maison, qui en retour sont des atouts pour la résilience.
Nous sommes trois chercheuses membres du Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire, dont le siège social est à l’Université Laval, qui ont mené une enquête auprès d’adolescents québécois. L’étude a examiné la perception qu’ont les adolescents de leurs adaptations, de leur changement de routines, de leur état d’esprit et de leurs relations avec leurs amis, leurs enseignants et leur famille.
Tristesse et ennui
Les élèves ont eu accès au questionnaire entre les mois de novembre 2020 et mars 2021. Ils ont été invités à prendre en compte leurs expériences qui remontaient à mars 2020.
Au Québec, au cours de la période étudiée, les écoles secondaires sont restées ouvertes, mais les élèves ont été placés dans des «classes bulles» afin qu’ils ne se mêlent qu’avec les camarades de leur propre classe. Les élèves de 4e et 5e secondaire, voire 3e) allaient physiquement à l’école un jour sur deux, sauf lorsqu’une éclosion de Covid-19 les renvoyait à la maison pendant 14 jours pour recevoir de l’enseignement en ligne. Le lieu physique d’apprentissage fluctuait donc d’une façon imprévisible pour eux.
Les résultats de l’étude mettent en évidence les tensions vécues par 1 057 adolescents fréquentant 37 écoles au Québec.
Lorsqu’on leur a demandé comment ils se sentaient en général pendant la pandémie, 59% des adolescents ont répondu qu’ils étaient tristes, et 82% qu’ils s’ennuyaient. Près de 57% ont déclaré que leurs résultats scolaires étaient moins bons et 24% ont dit ne pas comprendre la matière enseignée. Cinquante-deux pour cent allaient physiquement à l’école tous les jours, et 34 % n’y allaient que quelques jours par semaine.
Si l’on examine les éléments qui semblent affecter négativement leur volonté de faire de leur mieux à l’école, 42% d’entre eux l’attribuent aux changements dans leurs routines et 55% s’ennuient de l’école. Soixante-cinq pour cent ont déclaré qu’ils manquaient de motivation pour réaliser leurs travaux scolaires.
Trente-six pour cent ont déclaré ne pas avoir accès à un espace calme pour étudier à la maison ou pour suivre leurs cours en ligne. Dix-neuf pour cent n’avaient pas accès à un ordinateur de façon régulière. Quant aux habitudes de sommeil, 42% des adolescents interrogés dormaient moins de huit heures par nuit.
Parmi ceux qui jouaient à des jeux vidéo plus de quatre heures par jour, 52% dormaient moins de huit heures, comparativement à 36% qui jouaient moins de trois heures par jour.
Plus nombreux en emploi
Un tiers des élèves avaient un emploi rémunéré au moment où ils ont rempli le questionnaire. Selon l’[ Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS)] cela représente une augmentation par rapport à la dernière enquête réalisée 2016-17. À ce moment-là, 22% des adolescents du secondaire (généralement âgés de 12 à 18 ans) avaient un emploi rémunéré auprès d’un employeur.
Parmi les adolescents qui avaient un emploi rémunéré de plus de 16 heures par semaine, 64% dormaient moins de huit heures par nuit. Trente-huit pour cent des élèves qui n’avaient pas un emploi rémunéré dormaient moins de huit heures par nuit.
Dans les semaines qui ont suivi le confinement en mars 2020, il y a eu de la confusion lorsque le ministre de l’Éducation du Québec a comparé l’école à la maison à des «vacances» pour eux avant de préciser que l’année scolaire n’était pas terminée. Bien que nous ne sachions pas dans quelle mesure l’emploi rémunéré des adolescents a pu changer entre 2017 et la période précédant immédiatement la pandémie, il est possible de croire qu’un bon nombre d’adolescents aient décidé de se trouver un travail rémunéré pendant le confinement.
Lorsqu’on leur a demandé s’ils étaient heureux de retrouver leurs amis à l’école en septembre 2020, 86% des élèves ont répondu positivement.
Défis liés à la perte de repères
La baisse de motivation et la perte de repères à l’école et avec les amis peuvent affecter la capacité des adolescents à s’engager pleinement dans l’apprentissage et avoir un impact sur leur bien-être. Nos données illustrent qu’il est important de mieux soutenir les adolescents qui font face à de nouveaux défis.
Nous pensons qu’il est important pour les éducateurs et les familles de faire preuve de plus de flexibilité.
Alors que plusieurs parents sont préoccupés par l’augmentation du temps passé en ligne, l’utilisation des médias sociaux peut être bénéfique si elle favorise les liens positifs avec leurs amis et d’autres membres de leur communauté.
Les adolescents ont déclaré que leurs parents ne comprenaient pas toujours l’utilisation de la technologie et les exigences de l’école en matière d’apprentissage à distance.
Les écoles devraient penser à fournir une assistance technique aux parents, et pas seulement aux enseignants et aux élèves. Les parents ne sont pas tous égaux lorsqu’il s’agit d’utiliser les technologies. Aussi, plusieurs familles provenant de milieux ruraux ou de milieux défavorisés n’ont pas un accès équivalent aux outils technologiques ou à l’internet.
Une telle situation creuse le fossé numérique et les possibilités d’apprentissage pour certains adolescents. Nos résultats suggèrent que l’accès de certains élèves aux technologies lorsqu’ils étaient confinés chez eux a pu accroître leurs difficultés d’apprentissage pendant Covid-19.
Soutenir les élèves
Les fermetures d’écoles peuvent avoir exacerbé les inégalités existantes quant à l’écart de réussite chez les jeunes de 15 ans partout au Canada et les inégalités scolaires en enseignement et leurs conséquences à long terme.
Les recherches menées par «Pathways to Education», une organisation caritative dont l’objectif est de briser le cycle de la pauvreté par l’éducation, montrent que de [nombreux élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés auront du mal à rattraper leur retard scolaire]. Il y a davantage de risque d’abandon.
Ainsi, il est clair que le système scolaire et les décideurs du Québec doivent envisager des mesures de soutien centrées sur les élèves qui peuvent être confrontés aux risques d’abandon scolaire. Nous espérons également que les résultats de cette recherche aideront les adolescents à mieux communiquer avec leur famille, leurs enseignants et leurs amis si jamais ils ont à faire face à une autre situation de crise qui les déstabilise.
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Sylvie Barma, Professeure titulaire, Département des études sur l’enseignement et l’apprentissage, Université Laval; Nathalie Ste-Marie, Assistante de recherche, Le Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire et Le Centre de recherche sur l’adaptation des jeunes et des familles à risque, Université Laval et Rollande Deslandes, Professeure Émérite et Associée, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Nous avons tous une tendance naturelle à nous comparer aux autres que ce soit en ligne, hors ligne, intentionnellement ou non. La comparaison permet de nous évaluer quant à nos accomplissements, nos habiletés, notre personnalité et nos émotions, et cela affecte ensuite notre perception de nous-mêmes.
Mais dans quelle mesure la comparaison a-t-elle un impact sur notre bien-être? Tout dépend du degré de comparaison.
Se comparer à des individus en plus mauvaise posture que nous à travers les réseaux sociaux nous aiderait à nous sentir mieux. Se comparer à des individus qui s’en sortent mieux que nous nous donnerait au contraire un sentiment d’infériorité ou d’inaptitude. Le réseau social choisi a aussi une incidence sur notre moral. Tout comme les situations de crise comme celle de la pandémie de Covid-19.
Étudiante au doctorat en psychologie, je m’intéresse, dans le cadre de ma thèse, aux Incels, ces hommes qui perçoivent le rejet des femmes comme la cause de leur célibat involontaire. Je crois que la comparaison sociale — qui joue un rôle tout autant chez ces groupes marginaux que dans la population — affecte le bien-être général à l’ère des réseaux sociaux.
Un niveau optimal de comparaison
Le niveau de comparaison sociale jouerait sur le degré de motivation des individus. Selon une étude de l’Université de la Ruhr à Bochum, en Allemagne, il y aurait un niveau optimal dans la différence qu’on perçoit entre soi et l’autre qui maximiserait les effets de la comparaison sociale.
Plus précisément, si on se perçoit comme largement supérieur à l’autre, on ne sera pas motivé à s’améliorer, car on est déjà dans une bonne position. Et si on se perçoit comme très inférieur, on ne sera pas non plus motivé à s’améliorer puisque le but nous semble trop difficile à atteindre.
Autrement dit, constatent les chercheurs, au-delà ou en dessous du niveau optimal de différence perçu entre soi et l’autre, on ne fait plus d’efforts. En se percevant comme inférieur, l’individu ressentira des émotions négatives, de la culpabilité, et moins de fierté et d’estime de soi.
Des comparaisons irréalistes sur les réseaux sociaux
La comparaison sociale a donc des conséquences autant sur nos comportements que sur notre bien-être psychologique. Par contre, se comparer aux autres lors d’un souper au restaurant n’a pas forcément le même effet que se comparer aux autres sur Facebook. Il est plus facile de s’inventer une existence excitante ou d’enjoliver certains aspects des choses sur un réseau social que dans la vraie vie.
Dans cette optique, l’avènement des réseaux sociaux permettant la diffusion de contenu où on apparaît toujours sous notre meilleur jour a amené plusieurs chercheurs à considérer la possibilité que cela amplifie les comparaisons irréalistes.
Des recherches montrent que plus les gens passent du temps sur Facebook et Instagram et plus ils se comparent socialement. Cette comparaison sociale est liée, entre autres, à une plus faible estime de soi et à davantage d’anxiété sociale. Une étude menée à l’Université nationale de Singapour explique ces résultats entre autres, par le fait que les personnes présentent généralement de l’information positive sur eux-mêmes et peuvent améliorer leur apparence avec des filtres, créant l’impression qu’il y a une grande différence entre soi et les autres.
De leur côté, des chercheurs travaillant chez Facebook ont observé que plus les personnes voyaient du contenu dans lequel les gens partageaient des aspects positifs de leur vie sur le réseau, et plus ils avaient tendance à se comparer.
Une comparaison sociale moins négative à l’ère de la Covid-19
Toutefois, l’effet de cette comparaison dans un contexte particulièrement stressant comme celui de la pandémie Covid-19 pourrait-il être différent ?
Une étude de l’Université Kore d’Enna, en Italie,a montré qu’avant le confinement, une importante comparaison sociale en ligne était associée à une plus grande détresse, à la solitude et à une vie moins satisfaisante, mais ce n’était plus le cas pendant le confinement.
Ceci s’expliquerait, entre autres, par le fait qu’en se comparant aux autres pendant le confinement, les gens ont eu l’impression de partager la même période difficile, réduisant l’impact négatif des comparaisons sociales. Se comparer aux autres en ligne peut donc être une ressource positive pour améliorer ses relations et partager ses sentiments de peur et d’incertitude dans des moments difficiles.
Un effet différent selon le réseau social
Il y a des distinctions à faire selon le réseau social utilisé. Des chercheurs de l’Université de Lorraine, en France, considèrent qu’il ne faut pas mettre toutes les applications de réseau social dans le même panier.
Par exemple, utiliser Facebook et Instagram serait associé à un plus faible bien-être, tandis que Twitter, à davantage d’émotions positives et de satisfaction de vie. Une explication possible : Facebook et Instagram sont connus pour être un lieu de présentation positive de soi, contrairement à Twitter où il est plus approprié de partager ses réelles opinions et émotions.
Ainsi, tenter d’obtenir un soutien social sur les réseaux sociaux pendant la pandémie de Covid-19 peut réactiver des émotions négatives au lieu de les libérer, selon le réseau social utilisé.
Plus d’avantages malgré tout
Il existe diverses motivations à se comparer socialement et les réseaux sociaux nous y exposent davantage, qu’on le veuille ou non. Selon le type de contenu qui est partagé, qu’il soit positif ou négatif, on a tendance à s’y référer pour s’évaluer. Partager du contenu qui nous met en valeur et recevoir les éloges des autres est agréable, mais il faut considérer l’effet de ces publications sur les autres.
Mais globalement, je crois que partager ses difficultés en mots, en images ou en vidéos peut avoir malgré tout des effets positifs et apporter des bienfaits sur le plan psychologique.
Sabrina Laplante, Candidate au doctorat en psychologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
D’où vient le lait de poule?
En termes simples, il s’agit d’une boisson sucrée et délicieusement crémeuse, composée d’œufs, de crème et d’épices.
Son histoire et son nom sont amusants. «Nog (en anglais on dit Egg Nog) est un mot désignant une sorte de bière jadis brassée en Angleterre – où la boisson est née», explique Jessica Strand, auteure de Very Merry Cocktails. «Cette boisson s’est répandue à travers les colonies et fait maintenant partie des traditions des fêtes aux États-Unis et au Canada.»
Le lait de poule est généralement servi froid, mais vous pouvez choisir de le réchauffer, surtout si vous revenez d’une activité au grand froid (faire des bonhommes de neige ou du patin sur glace). Vous pouvez l’agrémenter de brandy, de rhum ou de l’alcool de votre choix, mais il est également délicieux simplement relevé de vanille ou de cannelle.
Qu’est-ce qu’il y a dans le lait de poule?
Cette boisson est traditionnellement préparée avec des œufs, bien sûr, ainsi qu’avec du lait entier, de la crème fraîche épaisse et du sucre. On y ajoute souvent du brandy ou du rhum, ainsi que des épices comme de la muscade et de la cannelle.
Selon madame Strand, l’utilisation de vrais œufs – plutôt que d’un mélange de lait déjà préparé – fait toute la différence en termes de goût et de texture. Elle utilise une douzaine d’œufs pour préparer suffisamment de lait de poule pour 24 personnes!
Quel est le goût du lait de poule?
Le lait de poule est ce qui se rapproche le plus d’une crème anglaise fondue. Il est fait de lait entier ET de crème épaisse! Il est sucré, crémeux et très riche – un verre de petit format (un verre à punch par exemple) est généralement suffisant comme portion.
Les épices, comme la cannelle et la noix de muscade, rehaussent les saveurs de la boisson, tout comme l’alcool, si vous en ajoutez.
Le lait de poule est une saveur si traditionnelle de Noël qu’il est également utilisé pour préparer des recettes des fêtes comme les biscuits avec du lait de poule ou les étoiles de lait de poule au caramel au beurre.
Comment faire du lait de poule?
Vous pouvez acheter du lait de poule déjà préparé, vendu en épicerie durant le temps des fêtes. Mais il n’est pas difficile de faire le vôtre. La plupart des recettes nécessitent une grande quantité d’œufs, de la crème à 35%, du lait entier, du sucre, de la vanille et des épices sont des ingrédients de base. On vous recommande notre recette de lait de poule maison.
Pour rehausser la saveur de votre lait de poule, vous pouvez ajouter des zestes d’orange ou de citron sur le dessus en guise de garniture ou couvrir la boisson de crème chantilly et d’une pincée de cacao.
Pourquoi le lait de poule est-il une boisson de Noël?
Grâce aux saveurs de cannelle, de noix de muscade et de vanille – qui incarnent la saison hivernale – il semblerait que le goût spécifique du lait de poule suggère des souvenirs de Noël…
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Notre recette de lait de poule végétalien est parfaite pour tous ceux qui ont des allergies alimentaires ou des restrictions diététiques. Servez-vous-en un grand verre et installez-vous devant l’un de ces films de Noël sur Netflix. Et profitez-en bien!
La recette traditionnelle du lait de poule est composée d’œufs, de lait, de crème, de sucre et d’épices. La nôtre utilise des noix de cajou crues trempées et du lait de coco en conserve, ce qui donne une boisson riche et décadente. Il suffit de mettre le tout dans le robot culinaire et de mixer jusqu’à l’obtention d’un liquide parfaitement lisse.
Conseils rapides pour faire du lait de poule végétalien maison
- Faire tremper les noix de cajou dans l’eau pendant la nuit pour les ramollir. Cette étape est cruciale et ne doit pas être sautée!
- Pour obtenir une consistance encore plus crémeuse, mettez le lait de coco en conserve au réfrigérateur pendant la nuit. D’autres laits végétaux peuvent être utilisés, mais le résultat ne sera pas aussi onctueux.
- Le sirop d’érable est un excellent substitut végétalien au sucre.
Comment faire du lait de poule végétalien
Ingrédients
- ½ tasse de noix de cajou, crues
- 1 boîte de 15 onces de lait de coco
- ¼ de tasse d’eau
- 2 c. à table de sirop d’érable, plus ou moins selon les goûts
- 1 c. à thé d’extrait de vanille
- ½ c. à thé de cannelle moulue
- ¼ de c. à thé de noix de muscade moulue
- ¼ de c. à thé de clous de girofle moulus
Préparation
Étape 1: Faire tremper les noix de cajou
Déposer les noix de cajou crues dans un bol et les couvrir d’eau froide. Couvrir et laisser reposer toute la nuit. Pour un lait de poule végétalien plus crémeux, il est conseillé de placer également la boîte de lait de coco au réfrigérateur pour la nuit.
Étape 2 : Mélanger les ingrédients
Au moment de préparer le lait de poule végétalien: égoutter les noix de cajou et les transférer dans un mélangeur à haute vitesse. Ajouter les autres ingrédients au robot et mixer jusqu’à ce que le mélange soit complètement lisse.
Étape 3: Servir immédiatement ou réfrigérer pour plus tard
Garnir d’un bâton de cannelle et de muscade moulue et servir immédiatement, ou laisser refroidir au réfrigérateur. Se conserve jusqu’à 5 jours au réfrigérateur. Remuer avant de servir.
Qu’en est-il du lait de poule végétalien acheté en magasin?
Si vous n’avez pas envie de préparer une version maison de cette boisson festive, vous pouvez désormais trouver du lait de poule végétalien à l’épicerie.
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Depuis sa parution en 1943, le succès du Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry, ne se dément pas: ouvrage français le plus vendu dans le monde, ce conte est aussi le livre le plus traduit (300 langues) après la Bible et le Coran. Or, plusieurs ignorent que le charmant héros blondinet posséderait des origines… québécoises. De passage à Québec en 1942, celui qui était déjà un célèbre écrivain (Vol de nuit, Terre des hommes, etc.) et un fier aviateur a rendu visite à la famille de Thomas De Koninck, alors âgé de 8 ans, et qui posait, déjà!, beaucoup de questions. La légende veut que Saint-Exupéry ait songé à Thomas au moment d’esquisser le portrait de son mythique personnage en quête de sens.
Quatre-vingts ans plus tard, l’anecdote fait encore sourire ce professeur de philosophie de l’Université Laval maintenant à la retraite, et elle n’a pas échappé à l’auteure et conférencière Christine Michaud. Ensemble, ils ont construit un livre à deux voix, Le Petit Prince est toujours vivant: faites de votre vie un émerveillement quotidien (Édito, 2020), habile mélange de psychologie et de philosophie pour bâtir une existence riche, et inspirante.
Auriez-vous eu le même rapport avec l’œuvre de Saint-Exupéry, et surtout son Petit Prince, si vous n’aviez pas connu l’écrivain lorsque vous étiez enfant?
Je crois que j’aurais tout autant aimé Le Petit Prince parce que c’est un conte philosophique qui rejoint ma sensibilité. Et j’ai de Saint-Exupéry un souvenir très chaleureux. Il est venu nous visiter en mai 1942 et son avion a disparu le 31 juillet 1944. Ça nous a tous fait beaucoup de peine. Car il nous impressionnait: un aviateur représentait quelque chose de très nouveau à l’époque. À nos yeux, il était un héros.
Et ce qui vous touche encore aujourd’hui, c’est sa pensée humaniste?
Ce qui était très fort chez lui, et qui demeure plus actuel que jamais, c’est l’importance de la fraternité. Dans Lettre à un otage, alors en reportage pendant la guerre civile en Espagne, il raconte avoir été fait prisonnier par des miliciens anarchistes. Un de ses geôliers lui a tendu une cigarette en esquissant un vague sourire. Pour Saint-Exupéry, cela a révélé une dimension profonde de notre être: par-delà les langages, les castes et les partis, par-delà toutes les différences, on retrouve une solidarité humaine fondamentale.
La présente pandémie a souvent mis à mal cette solidarité. Pourrait-on qualifier votre livre Le Petit Prince est toujours vivant de guide au lendemain de ce tragique événement planétaire?
On pourrait dire ça, mais malheureusement, nous ne sommes pas encore tout à fait dans l’après! On ne pouvait prévoir l’arrivée du coronavirus au moment de l’écriture, mais le livre me semble encore plus pertinent. Il est en somme un appel à vivre poétiquement, et non pas de façon purement utilitaire. Par exemple, les êtres faibles, les invalides et les malades de toutes sortes ont eux aussi le droit de vivre, même si la société juge qu’ils ne sont pas utiles: ils sont les témoins de notre propre faiblesse, un rappel de notre propre fragilité.
Ils devraient aussi nous inciter à apprécier ce que nous avons déjà, à être heureux. Pourquoi avons-nous tant de mal à y parvenir?
Comme l’explique le sociologue Edgar Morin, nous sommes drogués par l’immédiat. Dans nos sociétés, avant la pandémie, et même encore aujourd’hui, nous sommes emportés dans la spirale de la consommation, dont celle des écrans. À cause de cela, nous vivons moins, et par procuration. Une phrase du poète Paul Chamberland me revient souvent en mémoire: «Des milliers d’écrans disent le refus de Dieu.» La vision d’un bonheur purement hédoniste, avec ses plaisirs comme l’argent et le pouvoir, ne rend pas heureux du tout. De ce point de vue, la pandémie, à condition d’être bien vécue, pourrait être salutaire, nous obligeant à aller à l’essentiel. Car le véritable bonheur, c’est d’être éveillé à la beauté du monde, à la question du sens; on pourrait même dire qu’il s’agit d’une définition de la philosophie.
Et quelle est sa pertinence dans le monde aujourd’hui?
Tout le monde, dans tous les domaines, doit prendre des décisions, et c’est là que la philosophie peut nous éclairer, donner une vision d’ensemble. Lorsque nous sommes enfermés dans notre spécialisation, nous ne sommes pas du tout préparés pour les grandes questions, dont celles d’ordre éthique. Regardez l’écologie: le mouvement a pris un grand essor, il y a une prise de conscience des dangers de la destruction de la nature alors que la Terre se venge, avec toutes ces catastrophes actuelles qui dépassent tout ce que l’on a connu. Beaucoup de gens prennent conscience que nous allons tous mourir. Remettre le fait de la mort assez crûment sous les yeux peut provoquer un éveil.
Dans votre livre, vous posez toutes sortes de questions, dont celle-ci: «Que laisserez-vous après votre passage sur Terre?» Et si on vous la posait?
Idéalement, j’espère avoir contribué à… poser beaucoup de questions! Et en avoir semé autant dans l’esprit des jeunes. Au fond, c’est ça la vie: vivre pleinement, s’interroger, s’émerveiller devant les splendeurs du cosmos, celles du mystère. C’est d’ailleurs le point de départ de toutes les sciences: s’émerveiller, puis chercher à comprendre. Deux de mes fils sont neuroscientifiques – ils ont mal tourné! – (rires), et me disent à quel point on découvre des choses fabuleuses du côté du cerveau, mais que ce n’est jamais terminé.
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Après 25 ans de mariage, voici comment se manifeste généralement chez nous un problème domestique. J’arrive dans la cuisine afin de préparer le dîner et tombe sur la canne de mon mari appuyée contre les tiroirs où se trouvent mes casseroles (il a des problèmes de genou). Je la mets contre le cadre de la porte. Le lendemain, elle bloque encore les tiroirs. À nouveau, je la déplace. Idem le jour suivant, et le jeu peut durer des semaines sans qu’aucun de nous ne le fasse noter à l’autre. Nous sommes simplement engagés dans une épreuve de force silencieuse au sujet de la place des objets.
Récemment, évoquant justement cet épisode, je lui ai fait remarquer le niveau risible qu’avait atteint notre vie sentimentale. Ce à quoi il a répondu n’avoir même pas remarqué que je déplaçais sa canne. «Tu fais ça tous les jours depuis deux mois?» Puis, il a ajouté, sur la défensive: «De ton côté, tu laisses toujours une cuiller dans la conserve de nourriture du chien.»
«Ce n’est pas vrai. Pas tous les jours.
— Si, si. Chaque fois que tu nourris le chien, tu la remets dans la conserve plutôt que dans le lave-vaisselle.
— Ah, tu sais que je le fais tous les jours, mais tu ne vois même pas que je déplace ta canne?»
Puis, nous avons tous deux éclaté de rire, parce que si, un quart de siècle plus tard, nos crises ont cette allure, elles ressemblent à une victoire – ainsi qu’à une longue et lente abdication.
Lors de la célébration des noces d’or de mes parents, mon père a déclaré que «la joie d’un jour du mariage est que deux personnes ne font plus qu’une. Et elles vont passer les 50 années suivantes à lutter pour savoir laquelle.»
Dans notre cas, cela a été longtemps vrai. Je voulais qu’Ambrose me ressemble davantage, qu’il soit plus passionné et expressif, qu’il fasse également preuve d’une plus grande assurance. Mais il était timide et réservé, un musicien préférant ses instruments, ses animaux et ses enfants aux sorties. Je pensais pouvoir le changer. Ça me rendait folle qu’il se défile en douce lors de sa propre fête d’anniversaire. Ou qu’il fasse tapisserie les soirées de contacts. Une fois, j’ai reçu par messager une luxueuse invitation «pour deux» à une réception de Noël chez une personnalité de marque. Enthousiaste, et tout en agitant le carton, j’en ai fait part à Ambrose, qui m’a simplement répondu qu’il n’avait aucune intention de m’y accompagner – ajoutant, songeur, qu’il «préférait encore être pris dans un piège à ours».
Au fond, mon mari est de la même étoffe que Ferdinand, le taureau espagnol des émissions pour enfants, qui se détourne de l’arène pour sentir paisiblement les fleurs sous les arbres. Pourtant, je n’ai jamais voulu croire qu’il était vraiment ainsi. Je persistais à secouer la muleta sous ses yeux.
Si je lui demandais: «À quoi penses-tu?» Il répondait: «À rien.» Incrédule, j’ajoutais: «Vraiment? Rien du tout?»
Mais c’est impossible, me disais-je. Il était assurément aussi habité et sensible que moi. Donc, il devait couver des secrets. Toutes sortes d’histoires défilaient alors dans mon esprit. Il m’a fallu des années pour comprendre qu’il ne me cachait rien, qu’il n’entretenait pas de pensées intimes, qu’il n’avait pas de maîtresse. Il pensait réellement et simplement à des choses comme: «Je me demande si on trouve encore ces cacahuètes au parfum d’aneth que j’aimais quand j’étais petit. Je devrais interroger Google.»
Puis j’ai cherché à pénétrer son esprit en l’interrogeant sur ses rêves, mais il n’en avait jamais souvenir. Sauf une fois. Il est descendu, souriant, et m’a lancé: «J’ai rêvé que je faisais une sieste.»
C’est alors que j’ai compris qu’il était bel et bien comme le taureau Ferdinand et j’ai cessé d’essayer d’en faire mon double. J’ai aussi commencé à voir les qualités de ses propres traits. Certains sont évidents: Ambrose est drôle, gentil, c’est un merveilleux soutien et un excellent père.
Nous pouvons parler des heures sans nous ennuyer. Il n’est pas contrarié que j’écrive sur lui dans les magazines.
Ne pas se rendre compte que je me bats avec lui sur l’endroit où appuyer sa canne a aussi de bons côtés. Je lui suis reconnaissante de ne pas remarquer certaines choses. Quand les enfants étaient jeunes, par exemple, et qu’il ne me restait plus une once d’énergie pour chercher de la nouvelle lingerie pour la Saint-Valentin, je pouvais parader vêtue d’un énorme pantalon et d’un triste soutien-gorge beige avec son petit nœud effiloché, et il n’en faisait aucun cas. Il est vrai qu’il ne voit rien sans ses lunettes – ce qui dans ce cas est un autre avantage. Il me plaît de penser aussi qu’il ne relève pas que je pioche dans la réserve de pépites de chocolat pour la pâtisserie ni que je parle seule en jardinant. Il y a du bon dans un partenaire qui vous laisse un aussi grand espace de jeu.
Il y en a aussi dans le fait d’abdiquer certaines de nos attentes du mariage. Notre anniversaire et la Saint-Valentin ont souvent été très tendus au cours des 20 ans que j’ai essayé de convertir Ambrose. Il y a eu des larmes, des moments de rage et des envies de l’assommer. Maintenant que je me suis assouplie, notre relation a pris une tournure plus douce. Je ne sais pas comment la nommer, mais elle est faite d’affection, de complicité, de souvenirs communs et d’enfants qui ont grandi. À la Saint-Valentin, je me passe désormais volontiers d’une lingerie mal ajustée et me contente de sentir les roses qu’il ne manque jamais de m’offrir.
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Halifax, 1er janvier 1924. Yousuf Karsh descend seul la passerelle du SS Canada. À 16 ans à peine, le jeune Arménien a dû fuir son pays et les persécutions turques, laissant derrière lui sa famille. Son oncle, Georges Nakash, est là qui l’attend pour le conduire à Sherbrooke, où il exerce le métier de photographe. Dans le train qui les ramène au Québec, le jeune Yousuf Karsh découvre les paysages de neige pour la première fois de sa vie, et qui sait si cette féerie en noir et blanc ne va pas le marquer à jamais, lui qui va devenir un des plus grands photographes du XXe siècle.
À Sherbrooke, Georges l’initie à son métier de photographe, et le talent de son neveu s’affirme bien vite. En 1928, le jeune Arménien part à Boston étudier avec John Garo, un portraitiste de renom. C’est là que, plongé dans le foisonnement de la scène artistique et politique bostonienne, et sous la férule du maître, Yousuf Karsh va façonner son approche si particulière, tant sur le plan technique que psychologique. «Il y a un bref moment où tout ce qui habite l’âme, l’esprit, la pensée d’un homme se reflète dans ses yeux, ses mains, sa posture, se plaisait-il à dire. C’est le moment à capter.»
N’eût été sa grande modestie, il aurait pu ajouter qu’il faut aussi un talent fou et une capacité unique à entrer en communion avec l’autre. « Les sujets de Yousuf se sentaient liés à lui, raconte Jerry Fielder, le directeur de la Estate of Yousuf Karsh, qui a eu le bonheur de travailler avec lui. Ils percevaient rapidement son authenticité et son talent. Leur manière d’y répondre, si intime, s’exprime dans les portraits de cette exposition révélatrice.»
Fidèle à cette approche, il va réaliser le portrait qui va propulser sa carrière. Nous sommes en 1941, à Ottawa, où Yousuf Karsh s’est établi à son retour de Boston. La guerre fait rage en Europe et le portraitiste de 33 ans à peine s’apprête à photographier un Winston Churchill… d’humeur massacrante. Et qui refuse bien sûr de lâcher son légendaire cigare lorsque Yousuf Karsh l’y invite. Laissons ce dernier nous décrire la scène :
«Je suis retourné à mon appareil photo, j’ai vérifié que tout était en place. Puis, sans préméditation aucune, mais avec infiniment de respect, je me suis approché de nouveau et j’ai retiré le cigare de sa bouche. Le temps que je refranchisse les quatre pieds qui me séparaient de mon appareil photo, il avait pris un air si belliqueux, j’ai cru qu’il allait me massacrer. Mais l’instant d’après, il s’est fendu d’un large sourire et a ajouté: “Vous pouvez en prendre une autre.” Cette fois, il s’est redressé et a pris un air très bienveillant, très doux. Et j’ai capté la deuxième photographie. Il a marché vers moi, m’a tendu la main et a dit : “Vous êtes même capable de faire prendre la pose à un fauve.”»
La suite appartient à l’histoire.
Quelques citation de Yousuf Karsh:
«Gratien Gélinas incarnait pour moi le clown rieur, celui qui masque son angoisse secrète derrière un sourire maquillé. Il est, sans aucun doute, le plus drôle des comédiens qui aient monté sur scène, au Québec, et on pourrait aller jusqu’à le comparer à Charlie Chaplin.»
«Quand j’ai photographié Glenn Gould à sa maison de Toronto, en 1957, il a joué du piano du début à la fin. La musique, Bach et Alban Berg, était tellement envoûtante que j’en ai oublié l’obturateur et l’éclairage.»
«Quand j’ai photographié le premier ministre Pierre Elliott Trudeau, peu après son entrée en fonction en 1968, les électeurs avaient déjà vu en lui une figure imposante et charismatique – mais polémique, pas encore.»
«En rencontrant [Ernest Hemingway], je m’attendais à me retrouver face à l’amalgame de ses héros. Au contraire, en 1957 […], j’ai découvert un homme particulièrement doux, le plus timide qu’il m’ait été donné de photographier.»
*L’univers de Yousuf Karsh: l’essence du sujet sera au Musée des Beaux-Arts de Montréal jusqu’au 30 janvier 2022.
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