Trace MacKay est une «pro» de la procrastination. Préadolescente, s’étant inscrite à une joute oratoire, elle avait commencé à rédiger son discours… la veille. À la faculté de médecine vétérinaire, elle potassait la nuit avant ses examens. Aujourd’hui âgée de 48 ans, l’Ontarienne, qui travaille comme vétérinaire et comme experte-conseil, remet toujours à plus tard autant sa déclaration de revenus que ses projets professionnels.
«Je ferais n’importe quoi pour ne pas m’y mettre: faire des sudokus sur mon téléphone, engager la conversation avec quelqu’un, avoue-t-elle. Surtout depuis que je travaille de la maison: je vais démarrer une brassée, sortir au jardin pour arroser ou désherber, lire trop longuement le journal le matin… Tout pour retarder le moment de me mettre au travail.»
Trace MacKay a pris des moyens pour vaincre la procrastination, mais comme elle ne lui a jamais attiré d’ennuis graves, elle confie n’avoir jamais été forcée de la combattre vraiment et continue à remettre au lendemain.
Même si vous ne faites pas partie des champions de la procrastination, il vous est sûrement arrivé de repousser à plus tard une corvée pour vous livrer à une activité plus agréable. Dans sa forme la plus inoffensive, la procrastination nous amène à moins soigner notre jardin que nous le voudrions ou à retarder des vacances bien nécessaires. Dans ses formes plus nocives, elle nous empêche d’avoir des conversations importantes avec nos proches ou nous fait négliger des problèmes de santé. Et elle peut affecter notre confiance en soi, notre santé, notre joie de vivre.
Par bonheur, il existe des trucs simples pour dompter la bête et mener enfin la vie dont nous rêvons.
Connaître sa vraie nature
On pense souvent que la procrastination est un problème de gestion du temps. Et donc, on suppose qu’on pourrait la vaincre en dressant plus de listes ou en téléchargeant une application de gestion du temps. Or, cela fonctionne rarement parce que la procrastination relève plutôt de la régulation émotionnelle: nous remettons à plus tard parce que nous sommes programmés pour préférer le plaisir immédiat à la satisfaction ultérieure.
«La procrastination est aussi ancienne que la condition humaine, affirme Tim Pychyl, chef du groupe de recherche sur la procrastination à l’Université Carleton. L’envie d’être heureux maintenant est un besoin fondamental de l’être humain.» Hélas! reporter des tâches nécessaires engendre souvent de la culpabilité et de la honte. Plus nous remettons à demain, plus le cercle vicieux se renforce et plus nous nous sentons malheureux.
Tim Pychyl propose trois trucs pour maîtriser la tendance à procrastiner. Premièrement, distinguer la procrastination d’un report motivé. La procrastination est souvent irrationnelle (remettre à plus tard sa déclaration de revenus, sachant que le stress ne fera qu’augmenter), tandis que reporter peut s’avérer rationnel (terminer un devoir la veille de l’échéance si l’on travaille mieux sous pression). Deuxièmement, prendre conscience qu’en procrastinant, on se dessert. Et troisièmement, apprendre à se pardonner quand on rate son coup.
Déterminer la première étape
La prochaine fois que vous aurez envie de remettre une tâche à plus tard, poursuit Tim Pychyl, posez-vous cette question: «Que ferais-je en premier si je m’y attaquais dès maintenant?» Vous êtes chargé d’un projet important au bureau, mais ne savez pas par où commencer? Prenez rendez-vous avec votre patron pour clarifier ses attentes. Vous êtes enfin décidé à réaliser des travaux de rénovation chez vous? Faites une liste de tout ce dont vous aurez besoin. Établir des premiers pas réalistes déplacera votre attention de l’incertitude vers une action peu stressante et facile à réaliser, tout en vous donnant du pouvoir sur la situation. «Notre recherche et l’expérience démontrent très clairement qu’une fois lancés, nous sommes en général capables de continuer, ajoute Tim Pychyl. L’essentiel, c’est de faire le premier pas.»
Le Dr Piers Steel enseigne la dynamique organisationnelle et la gestion des ressources humaines à l’université de Calgary. Il a commencé à étudier la procrastination parce qu’il en souffre lui-même. «Ce ne sont pas des leçons difficiles à retenir, reconnaît-il, mais nous n’avons jamais reçu copie du mode d’emploi de notre cerveau.» Il suggère qu’il peut aussi être utile d’inscrire chaque action dans un cadre temporel: que pouvez-vous faire durant une dizaine de minutes ou avant le repas?
Par exemple, si vous voulez ranger votre sous-sol mais que l’idée vous donne envie de claquer la porte et de fuir à toutes jambes, essayez de diviser la pièce en sections que vous pouvez nettoyer en 30 minutes. Donnez-vous l’objectif d’en faire une par jour et attaquez la première sur-le-champ.
Miser sur ses heures productives
Multipliez vos chances de réussite en vous servant de repères, en prenant des résolutions et en exploitant vos heures productives.
Les repères et résolutions sont censés vous faciliter le plus possible l’exécution d’une tâche ou l’atteinte d’un objectif. Vous avez du mal à vous entraîner le matin? Sortez votre tenue de sport la veille au soir et placez vos chaussures devant la porte.
Pour profiter de vos heures productives, planifiez les tâches qui vous rebutent aux moments de la journée pendant lesquels vous êtes le plus efficace et motivé. Vous voulez vous entraîner pour une course de 10 kilomètres? Choisissez la période durant laquelle vous avez le plus d’énergie. Vous devez préparer un plan d’épargne pour votre famille?
Demandez-vous quand votre partenaire et vous avez l’esprit assez libre pour entamer cette conversation potentiellement stressante.
C’est ce qui a fonctionné pour Trace MacKay, dont la productivité est à son plus haut juste avant le repas de midi. En revanche, elle a appris à ne pas miser sur l’après-midi.
«C’est juste bon pour la sieste, dit-elle en riant. Je me dirais: j’ai tellement de choses à faire que je devrais d’abord dormir un peu.»
Tim Pychyl fait valoir que vaincre la procrastination ne procure pas seulement plus de satisfaction immédiate, mais aussi le sentiment d’être maître de sa propre vie. «Le temps est une ressource non renouvelable, souligne-t-il. Nous ne savons pas de combien de temps nous disposons. Nous devons cesser de tourner autour du pot et nous mettre à l’ouvrage.»
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J’ai survécu à une coulée de boue
Sheri Niemegeers, 47 ans, gestionnaire de placement
En 2018, j’avais décidé de rendre visite à des amis à Nelson, en Colombie-Britannique, pour le long week-end de la fête de la Reine, avec mon compagnon Gabe Rosescu, que je fréquentais depuis six mois. Il était aussi aventureux que moi et j’étais impatiente d’explorer la région avec lui. Nous sommes partis de Weyburn, en Saskatchewan, dans sa petite voiture.
C’était le 17 mai, un jeudi, et nous roulions tranquillement sur la route Crowsnest bordée de pentes abruptes. Vers 17h30, à environ 18 kilomètres à l’ouest de Creston, en Colombie-Britannique, j’ai envoyé un texto à ma famille tout en profitant du paysage. Nous ignorions que la région avait été touchée récemment par des inondations. Soudain, en levant le nez de mon téléphone, j’ai vu surgir une vague de boue et un arbre gigantesque qui fonçaient sur nous. Gabe a voulu freiner, mais il était trop tard.
Nous nous sommes regardés, puis avons en même temps lancé un naïf «Ah, mince alors!» La coulée de boue a envoyé valser la voiture 300 mètres en contrebas. Elle a atterri sur le côté, au milieu d’un bosquet.
Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés inconscients, mais les gémissements de Gabe m’ont réveillée. Il était affalé sur le volant et il y avait du sang partout. Par la fenêtre du passager, je voyais la pente raide. Le moindre geste éveillait une douleur insoutenable dans ma poitrine. J’avais une fracture du sternum et ma cheville droite était brisée, quasi retournée. Gabe, lui, s’était fracturé les os du visage. Son crâne avait été écrasé par endroits et il avait du mal à voir. Mais le corps est une machine extraordinaire et nous avons réussi à nous extraire de l’épave.
Je n’avais qu’une idée en tête: survivre. Si bien que je n’ai pas noté l’état de la voiture ni le lieu où nous étions. Impossible de téléphoner, il n’y avait pas de réseau dans la montagne. Il ne restait qu’à crier à l’aide. Mais j’avais du mal à respirer en raison de la douleur à la poitrine. Gabe a hurlé de toutes ses forces.
Quelle surprise quand, après quelques minutes, on nous a répondu. Quatre personnes nous avaient repérés et avançaient en pataugeant dans la boue qui leur montait à la taille pour nous prêter main-forte. Je ne pouvais pas marcher et les hommes m’ont portée tour à tour sur la paroi rocheuse tout en aidant Gabe dans sa remontée vers la route. Il était en état de choc et perdait régulièrement conscience; j’ai bien cru qu’il ne s’en sortirait pas. Quand les secours sont enfin arrivés, ils nous ont laissés nous embrasser, chacun sur son brancard, avant de nous envoyer dans deux ambulances. Je jurais beaucoup quand nous sommes repartis – je pensais ne jamais revoir mon petit ami.
Nous avons été conduits à l’hôpital le plus proche, à Trail, en Colombie-Britannique, puis Gabe a été héliporté en traumatologie à l’hôpital de Kelowna. Pendant tout le trajet, l’équipe médicale s’est efforcée de le garder éveillé. Je suis restée à l’hôpital une dizaine de jours, mais Gabe n’a obtenu son congé qu’après six semaines. Le chirurgien a dû rafistoler l’artère principale de mon pied, et pour Gabe, il a fallu rabattre le cuir chevelu en trois parties pour recoller les morceaux. Malgré l’opération, je boiterais toute ma vie; Gabe a perdu la vue de l’œil gauche.
Avant l’accident, nous étions insouciants. Aujourd’hui, nous sommes plus positifs. Notre regard a changé. Malgré les blessures, nous menons une existence plutôt agréable et sommes reconnaissants d’être en vie. L’expérience nous a soudés. Nous continuons à faire des escapades en voiture. Un an plus tard, nous avons repris la route Crowsnest et fait un bras d’honneur à la coulée de boue.
Propos recueillis par Emily Landau
J’ai survécu à une chute en montagne
Gurbaz Singh, 18 ans, étudiant
J’ai escaladé ma première montagne à 13 ans – un sommet pas trop difficile de 1200 mètres, près du lieu où je vis à Surrey, en Colombie-Britannique. Aller à la conquête de ce qui est plus grand que soi me rendait heureux. J’ai rapidement grimpé une centaine de sommets. Mes parents étaient enchantés que j’aie un loisir.
J’allais souvent faire de l’escalade avec mon amie Mel Olsen, rencontrée dans un groupe Facebook. Il y a trois ans, le 30 décembre, nous avons gagné le mont Hood, dans l’Oregon, un stratovolcan de 3400 mètres.
Il est plus prudent de commencer à grimper la nuit, quand le soleil ne risque pas de faire fondre la couverture de neige. Nous avons entamé l’ascension vers 3 h en suivant les sentiers bordant les pistes de ski. Il faisait -10 °C et nous portions plusieurs couches de vêtements que nous pourrions aisément retirer plus tard pour ne pas avoir trop chaud. Nous avons croisé deux alpinistes et poursuivi l’ascension avec eux. Il nous a fallu environ cinq heures pour atteindre le plateau de Devil’s Kitchen, à quelque 3000 mètres, juste avant la dernière poussée vers le sommet. Le vent devenait violent – j’avais une sensation de brûlure sur ma peau exposée. Les autres ont préféré faire demi-tour, mais nous avons continué. Avec les piolets, les crampons et les casques, nous étions bien équipés.
Vers 9h, nous avons atteint une marche de glace d’environ un mètre, avec une inclinaison de 75°. J’ai proposé de passer devant Mel. Pour sentir la glace, il suffit de planter le piolet et les crampons; mon sentiment était bon. Pourtant, il s’est produit un craquement soudain et un bloc s’est détaché sous mon pied.
J’ai basculé vers l’arrière et j’ai commencé à glisser. Mel a crié mon nom en me voyant rebondir sur la paroi rocheuse. J’ai pensé: Ça y est, je suis fichu. Mais l’instinct de survie a repris le dessus et j’ai écarté les jambes et les bras pour éviter de culbuter dans la descente. Après quelques secondes, j’ai atterri sur une pente au-dessus du plateau de Devil’s Kitchen. J’avais plongé d’environ 200 mètres. Mes vêtements étaient en lambeaux, mon casque était cassé et j’avais le visage lacéré de coupures et d’égratignures.
En touchant le sol, j’étais sous le coup de l’adrénaline. J’ai fait un rapide inventaire de mes blessures, d’abord la tête, le cou et les bras. Plus bas, mon fémur gauche souffrait d’une fracture en spirale et je sentais l’os couper la peau et le muscle. Ma jambe gauche était insensible, mais je pouvais bouger les orteils – je n’étais donc pas paralysé. Mel se frayait un chemin pour me rejoindre et j’ai appelé à l’aide. Plusieurs alpinistes ont accouru. Certains étaient formés en technique médicale d’urgence. Ils ont installé une attelle sur ma jambe et appelé l’unité de secours en montagne de Portland. Les secouristes ont mis deux heures à arriver. Mel était à mes côtés et je faisais des efforts pour ne pas hurler de douleur.
Me descendre de la montagne relevait du défi. Il a fallu envoyer une luge dans une télécabine de la station de ski, puis la traîner à pied jusqu’à l’endroit, plus haut, où je me trouvais allongé depuis quatre heures. On m’a attaché sur la luge et c’est comme ça qu’ils m’ont ramené en bas.
Une ambulance attendait au pied du mont Hood et j’ai immédiatement été conduit à l’hôpital où on m’a gardé quatre jours. Les médecins pensaient qu’il faudrait une année avant que je puisse affronter de nouveau la montagne, mais six mois plus tard, j’étais déjà sur les sentiers. En mai 2020, j’ai escaladé le mont Crickmer dans la vallée du Fraser, un tracé d’une vingtaine de kilomètres avec une élévation en pente douce. J’étais heureux d’être de nouveau au sommet. J’en ai gravi 60 depuis l’accident. Pas question de laisser une chute – même terrifiante – m’empêcher de faire ce que j’aime le plus au monde.
Propos recueillis par Emily Landau
J’ai survécu aux sables mouvants
Ryan Osmun, 34 ans, photographe
Le Subway est un sentier du parc national de Zion, en Utah, aux États-Unis. Il doit son nom à son spectaculaire canyon en forme de tunnel. En 2019, le jour de la Saint-Valentin, Ryan Osmun et sa petite amie Jessika McNeill, tous deux de Mesa, en Arizona, étaient seuls sur le sentier. Le service des parcs nationaux prévient toujours les randonneurs: c’est un parcours «très éprouvant» qui exige de savoir «s’orienter, franchir des ruisseaux et escalader des masses rocheuses». Il n’est nulle part question de sables mouvants.
À 8h, le soleil était au rendez-vous quand nous avons commencé. À mi-chemin du parcours de 16 kilomètres, après que nous avons escaladé de grands rochers et traversé des ruisseaux à gué, il s’est mis à neiger doucement. Assez vite, nous sommes entrés dans le Subway avec ses parois rouille tout en rondeurs. Plus loin, une petite mare coupait le tracé en deux. Elle ne semblait pas profonde et nous avons décidé de la traverser, Jessika en tête.
À environ 1,5m du bord, son pied s’est enfoncé dans le sol sablonneux. Puis elle est tombée et j’ai vu ses deux jambes disparaître lentement dans le sable. Je me suis élancé pour la saisir par les épaules et la dégager de cette gadoue. Elle a gagné péniblement le bord. Sauf que, cette fois, c’est moi qui étais pris. Le sable retenait ma cuisse droite et mon mollet gauche. J’ai réussi à libérer ma jambe gauche, mais impossible de remuer la droite. Jessika m’a tendu un long morceau de bois ramassé plus tôt sur le sentier. Je l’ai enfoncé parallèlement à ma jambe pour essayer de la dégager. Rien à faire.Jessika a commencé à creuser; le sable et la boue revenaient plus vite qu’elle ne les sortait. Je lui ai dit d’arrêter; elle se fatiguait pour rien. Je n’allais pas pouvoir me tirer de ces sables mouvants.
Il n’y avait évidemment pas de réseau pour les téléphones. Il fallait revenir au départ du sentier, ce qui représentait cinq heures de marche difficile. Jessika n’avait pas d’autre choix que d’y retourner pour chercher de l’aide. Elle avait peur – elle n’avait jamais fait de randonnée sans moi et craignait de prendre seule ce sentier éprouvant –, mais il n’y avait pas d’autre solution.
Trente minutes après son départ, il s’est mis à neiger abondamment. J’ai fermé et remonté mon manteau pour me protéger la tête. J’ai dormi un peu. Je ne sais pas combien de temps, mais je me suis réveillé allongé sur le dos. J’ai planté le bout de bois dans le sol sec pour me redresser. J’étais épuisé. Si je m’affaissais de nouveau, je ne m’en sortirais pas. Jessika était partie depuis cinq heures et il commençait à faire nuit.
Quelques heures plus tard, j’ai vu une lumière à travers mon blouson. J’espérais un hélicoptère, mais c’était le reflet de la lune sur une paroi du canyon. J’étais trempé et désespéré. Je cherchais un moyen d’accélérer ma mort. Mais je ne voulais pas me noyer. C’était la pire façon de mourir.
Une heure plus tard, une autre lumière a capté mon attention. Une torche électrique! J’ai crié à l’aide. Un homme a répondu avant d’accourir dans ma direction. Il s’appelait Tim. Jessika avait fini par rejoindre les secouristes. Il était venu en éclaireur, le reste de l’équipe serait là dans une heure.
Trois autres secouristes sont arrivés et ont installé un système de poulie pour me sortir de là. Deux hommes me soutenaient, chacun à une épaule, pendant que Tim enroulait une sangle autour de ma rotule. Le quatrième était chargé de la poulie. À chaque tour, j’avais l’impression qu’on m’arrachait la jambe. Tim a creusé dans le sable, m’a saisi la cheville et a tiré. C’était effroyablement douloureux, mais je sentais la jambe bouger. «Continuez!» ai-je hurlé.
Trois autres tours et le membre a fini par se libérer. Les secouristes ont dû me porter sur le côté car j’étais incapable de marcher. Je ne sentais plus du tout ma jambe.
En raison de la noirceur et de la neige, l’intervention en hélicoptère était impossible. On m’a glissé dans un sac de couchage après m’avoir administré un antidouleur et nous avons bivouaqué pour la nuit. Je me suis réveillé le lendemain à 6 h, le sac de couchage couvert de neige, qui tombait toujours. Elle a cessé vers midi. On a alors appelé l’hélicoptère.
Ma jambe enflée avait la taille de ma cuisse, mais à l’hôpital de St. George, les radios n’ont révélé aucune fracture. J’ai été prisonnier 12 heures des sables mouvants. J’ai cru que ma dernière heure était venue, mais je suis vivant.
Tiré de Outsideonline.com ©Jason Daley. Tiré de Outside (6 mars, 2020), outsideonline.com
J’ai survécu après avoir été avalée par une baleine
Julie McSorley, 56 ans, kinésithérapeute
Mon mari Tyrone et moi vivons à San Luis Obispo, en Californie, à environ six kilomètres de la plage. Lors de leur migration annuelle, les baleines à bosse viennent parfois se reposer quelques jours dans la baie. En novembre 2020, comme elles étaient dans les parages, nous avons décidé d’aller les observer. Installés dans notre kayak double, nous avons longé la jetée où nous avons pu admirer quantité de phoques, de dauphins et une vingtaine de baleines se nourrissant de petits poissons argentés. C’était extraordinaire.
Nous les avons vues sortir de l’eau et souffler par leur évent, gracieuses et majestueuses. Les baleines, énormes, mesuraient environ 15 mètres, et quand elles tournaient leurs nageoires latérales, on avait l’impression qu’elles nous saluaient. C’était très mignon.
Mon amie Liz Cottriel était en visite chez nous. Je l’avais rencontrée 28 ans plus tôt quand mon père l’avait engagée à l’accueil dans son cabinet dentaire. Après avoir vu les baleines avec Tyrone, j’ai proposé à Liz d’y retourner avec elle. J’avais envie de lui faire partager cette expérience merveilleuse.
«Il n’en est pas question!» Liz avait peur des baleines et des requins, et craignait de chavirer en kayak. J’ai tâché de la convaincre; notre embarcation était très stable et nous pourrions toujours faire demi-tour. Elle a fini par accepter ma proposition.
Nous étions sur l’eau vers 8h30 le lendemain matin; une quinzaine de kayakistes et d’amateurs de planche à pagaie circulaient déjà dans la baie. Il faisait 18 °C, plutôt chaud pour novembre, et nous étions en tee-shirts et leggings. La première demi-heure, pas l’ombre d’une baleine, puis j’en ai repéré deux paires de l’autre côté de la jetée, qui nageaient dans notre direction. Nous étions émerveillées: c’est une émotion unique que de se trouver si près d’une créature de cette taille.
Quand le cétacé replonge après être sorti de l’eau, il subsiste à la surface ce qui s’apparente à une nappe de mazout. J’ai pensé qu’en nous approchant de cet endroit, nous serions à l’abri puisqu’une baleine venait de s’en éloigner. Nous en avons suivi quelques-unes à distance – c’est du moins ce que je croyais. J’ai appris plus tard qu’il était recommandé de rester à 90 mètres, soit la longueur d’un terrain de football. Nous étions à environ 18 mètres. Soudain, nous nous sommes retrouvées au milieu d’une masse dense de poissons qui sautaient hors de l’eau dans notre kayak. On aurait dit que du verre craquelait autour de nous. J’ai alors compris que nous étions trop près. J’étais terrifiée.
Le kayak a été soulevé hors de l’eau – à deux mètres avons-nous su plus tard – avant de retomber dans l’océan. J’ai eu peur que la baleine nous entraîne par le fond, Dieu sait à quelle profondeur. Je ne me rendais pas compte que Liz et moi étions en fait dans la gueule de la baleine. Sauf pour le bras droit et la pagaie, elle m’avait engloutie. De son côté, Liz avait la mâchoire de la baleine devant les yeux, un énorme mur blanc. Elle était sûre de mourir, a-t-elle reconnu plus tard. «J’avais peur d’être aspirée par le vide, alors je me répétais sans arrêt: Il faut que je remonte. Il faut que je me batte. Il faut que je respire.»
Les baleines ont une gueule énorme et un tout petit œsophage. Ce qu’elles n’arrivent pas à avaler, elles le recrachent. Nous avions nos gilets de sauvetage et, très vite, nous sommes sorties de l’eau comme des bouchons, à un mètre de distance. L’épreuve avait duré à peine 10 secondes, mais ça a semblé une éternité.
Il y avait des gens à proximité et on avait filmé la scène. Trois ou quatre personnes se sont approchées, notamment un pompier à la retraite qui nous a demandé si ça allait et si nous avions tous nos membres. «Vous étiez dans la gueule de la baleine! a-t-il annoncé. Nous pensions que vous étiez mortes.» Quelques jours plus tard, j’ai étudié les images vidéo et mesuré toute notre chance. Nous aurions pu être blessées, voire mourir. Depuis ce jour, je n’ai jamais autant apprécié la vie.
Je ne m’approcherai plus d’aussi près d’une baleine. Il faut respecter leur espace vital. Je suis consciente aujourd’hui de la puissance de la nature et de l’océan. Je serais morte si ça avait été mon heure. Par chance, ce n’était pas le cas. Ce fameux après-midi, quand nous avons regagné la rive, Liz a retiré son tee-shirt pour le faire sécher et cinq ou six petits poissons en sont tombés.
Propos recueillis par Emily Landau
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Dans le film Terminator, un robot venu du futur prend le contrôle de l’humanité. Y a-t-il des raisons de craindre un pareil scénario?
C’est de la fiction pure. D’abord, on est loin de construire des machines aussi intelligentes. Ensuite, l’intelligence artificielle (IA) demeure programmée par des personnes humaines. Le danger vient plutôt des personnes qui pourraient programmer de tels robots pour leur profit…
Pourtant, vous avez signé en 2015 en compagnie de sommités comme Stephen Hawking une déclaration disant que l’IA pouvait amener une «troisième révolution de la guerre après la poudre à canon et l’arme nucléaire»?
Oui, il y a un danger à ce que l’IA tombe dans les mains d’esprits malveillants capables de faire beaucoup de mal. Déjà, appliquée à l’industrie militaire, elle peut orienter des drones excessivement efficaces pour éliminer des ennemis, voire des populations bien identifiées, grâce à la reconnaissance faciale, par exemple. On appelle ça des robots tueurs, et l’ONU en a rapporté officiellement un premier cas en 2021. Les effets de ces armes peuvent être catastrophiques.
Comment les empêcher?
En se mobilisant et en faisant pression sur les représentants politiques. C’était le but de notre lettre collective signée peu avant la réunion de Buenos Aires, en Argentine. Nous avons cru qu’il fallait alerter l’opinion publique pour faire bouger les choses. Je crois que nous devons insister pour que les organismes internationaux adoptent des traités interdisant l’usage militaire de l’IA.
Y a-t-il eu des retombées?
Pas encore, mais il ne faut pas se décourager. Les décisions, à l’ONU, se prennent par consensus et ça prend du temps. L’adoption de traités sur les mines antipersonnel a pris des années. Les cyniques diront que ça ne fera pas le poids devant l’industrie militaire et la volonté des grandes puissances, mais je ne suis pas de cet avis. Il vaut mieux avoir des traités imparfaits que pas de traités du tout. C’est comme les vaccins, en quelque sorte. On sait qu’ils ne sont pas efficaces à 100% pour se débarrasser d’un virus, mais ils demeurent le meilleur moyen de se protéger!
Qu’est-ce que l’intelligence artificielle peut faire de bien pour l’avenir de l’humanité?
En ce moment, je travaille sur l’utilisation de l’IA pour la découverte de nouveaux médicaments. L’IA peut aussi nous aider à combattre ce qui est actuellement la plus grande menace pour l’espèce humaine: les changements climatiques. On fait par exemple de la recherche sur de nouveaux matériaux pour la capture de carbone ou pour faire des batteries.
J’ai un étudiant qui a lancé une compagnie qui utilise l’IA pour démocratiser l’éducation grâce à des tuteurs intelligents, car tout le monde n’a pas accès à un enseignant. Mais comme je le disais, il faut des balises pour éviter que ces mêmes algorithmes soient utilisés de manière néfaste. Et des incitatifs pour s’assurer que les compagnies vont développer l’IA d’une manière qui soit favorable à la société, que ce soit dans le domaine de la santé, de l’éducation ou de l’environnement.
Yoshua Bengio est l’un des architectes de la Déclaration de Montréal pour le développement responsable de l’IA.
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Le diabète est une maladie qui se développe lorsque le corps ne parvient pas à produire suffisamment d’insuline ou à l’utiliser adéquatement. Cette hormone sécrétée par le pancréas est responsable de la régulation du glucose (sucre) dans le sang1. Chez les gens atteints de diabète de type 2, la santé des reins est primordiale. En effet, le diabète est la première cause de maladies rénales au Canada, et jusqu’à une personne diabétique sur deux rencontrera des signes de dommages aux reins au cours de sa vie2.
L’hypertension artérielle et le diabète sont d’importants facteurs de stress pour le corps, et peuvent également entraîner des dommages rénaux3.
Lorsqu’ils sont atteints, les reins ne parviennent pas à filtrer le sang adéquatement et laissent passer des protéines dans l’urine2. À mesure que la maladie rénale progresse, les déchets organiques s’accumulent dans le sang puisque le corps n’est pas en mesure de s’en débarrasser2.
Une maladie des reins non traitée peut mener à l’insuffisance rénale, qui nécessitera une dialyse, voire une greffe du rein2. Or, les reins ne sont pas le seul organe touché par le diabète : cette maladie peut également avoir des effets indésirables sur le cœur5. En effet, les diabétiques sont plus susceptibles de développer des maladies cardiaques5 et de présenter des facteurs de risque associés à une incidence accrue d’infarctus du myocarde ou d’accidents vasculaires cérébraux, notamment une hypertension artérielle ou un taux de cholestérol élevé4.
Prenez soin de vos reins
Si vous vivez avec le diabète de type 2, protégez votre fonction rénale sans tarder en posant les bons gestes pour prévenir les problèmes secondaires communs – et potentiellement graves – associés à l’insuffisance rénale diabétique.
Puisque les maladies rénales sont souvent dépistées à un stade avancé, plus vite vous agissez, meilleur sera votre pronostic5. Si vous faites partie des plus de 3,5 millions de Canadiens qui vivent avec le diabète5, comprendre l’impact de cette maladie sur vos reins et votre cœur pourrait vous prémunir contre de fâcheuses surprises6.
Certains tests permettent de dépister les maladies rénales plus tôt2,5. Ainsi, l’organisme Diabetes Canada recommande aux diabétiques de procéder au dépistage annuel des signes précoces de maladies rénales chroniques, réalisé par une simple analyse de sang et d’urine7,8.
En maintenant votre tension artérielle et votre taux de glycémie à leur niveau cible, vous éviterez les complications liées au diabète telles que les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et les lésions oculaires, nerveuses et rénales9,10.
Votre médecin pourra vous proposer d’autres stratégies efficaces pour protéger votre santé rénale et cardiaque dans le cadre de votre plan de gestion du diabète. Voici quelques questions à lui poser lors de votre prochain rendez-vous :
- Ma fonction rénale a-t-elle été évaluée récemment? Le cas échéant, quels étaient mes résultats?
- À quelle fréquence ma fonction rénale devrait-elle être évaluée?
- Quelles valeurs de tests rénaux sont-elles acceptables pour moi?
- Suis-je à risque de développer une insuffisance rénale?
- Certaines modifications à mon alimentation ou à mon mode de vie seraient-elles bénéfiques pour ma santé rénale?
- Des changements à ma médication pourraient-ils contribuer à ma santé rénale?
- Que puis-je faire d’autre pour soutenir ma santé rénale?
Apprenez-en plus sur la protection de la santé rénale chez les diabétiques de type 2 et son incidence sur la santé cardiaque au mesreinscomptent.ca.