Plus de 500 millions d’individus dans le monde sont chroniquement déprimés ou anxieux, et la pandémie de COVID-19 a exacerbé leur état. Bonne nouvelle: deux études récentes concluent que toute forme d’exercice physique – marcher, courir, faire du vélo ou de la musculation, par exemple – peut soulager leurs symptômes, même chroniques.
Lors d’un essai clinique effectué à l’université de Göteborg, en Suède, la plupart des patients souffrant d’anxiété qui prenaient part à un programme d’exercice aérobique et de musculation de 12 semaines ont fait de grands progrès – et plus l’effort était vigoureux, plus les symptômes d’anxiété ont diminué. Ainsi, les participants qui faisaient une heure d’exercice trois fois par semaine à 75% de leur rythme cardiaque maximal étaient plus détendus que ceux qui montaient à 60% du maximum.
Pour combattre la dépression, on devrait passer moins de temps assis, conclut pour sa part un article de la revue Frontiers in Psychiatry. Selon ses auteurs, les sujets cloués devant un écran au début de la pandémie étaient plus déprimés que ceux qui se levaient et qui changeaient régulièrement de position.
L’exercice contribue en effet à atténuer les symptômes en stimulant la sécrétion de substances euphorisantes appelées endorphines, en favorisant le développement des connexions entre les neurones cérébraux dans les régions régulant l’humeur et en chassant les idées noires qui nourrissent la dépression et l’anxiété.
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Quand la science plaide pour des régimes plus écologiques, elle suggère souvent de manger moins de viande et de produits laitiers, car leur production augmente les émissions de gaz à effet de serre et la déforestation. Mais nombreux sont ceux qui pensent qu’une alimentation de ce genre est plus coûteuse, peut-être parce qu’ils l’associent aux prix élevés du bio. En réalité, les aliments bons pour notre santé et celle de la planète sont moins chers. C’est ce qui ressort d’une étude de l’université d’Oxford sur les habitudes alimentaires dans 150 pays. Ses auteurs ont constaté que les régimes végétaliens et végétariens étaient les plus économiques; certains réduisent du tiers le coût de l’épicerie. Quand on y inclut une petite quantité de viande et de produits laitiers, la baisse demeure de 14%.
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En raison de son effet anticoagulant sur le sang, l’aspirine est employée pour prévenir crises cardiaques et AVC; environ 30 millions d’Américains sans antécédents de cardiopathie en prennent à cette fin à l’heure actuelle.
Or, un groupe de travail américain qui réunit des spécialistes de la prévention des maladies les exhorte à la prudence. En raison de la hausse significative du risque de saignement gastrique, intestinal et cérébral, les dangers de la prise quotidienne d’une aspirine seraient plus grands que ses avantages chez les adultes en bonne santé qui n’ont jamais fait de crise cardiaque.
L’aspirine conserve toutefois un rôle important dans la prévention d’un second AVC ou d’une autre crise cardiaque.
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Nombreux sont ceux qui ont grandi dans une maison astiquée aux produits chimiques et aux nettoyants corrosifs, utilisés par nos parents pour que tout soit d’une propreté éclatante. Cependant – et ce n’est plus un secret! – certains composants comme le formaldéhyde, la soude caustique et le triclosan sont non seulement dangereux pour la santé, mais ont un impact négatif sur l’environnement. La bonne nouvelle, c’est qu’on trouve de plus en plus de produits naturels et écologiques. Encore mieux: ils sont réellement efficaces!
La première chose à faire lorsque vient le temps de se procurer un produit d’entretien est de bien lire l’étiquette (comme nous le faisons avec les étiquettes nutritionnelles). Si vous pouvez reconnaître et prononcer sans difficulté le plus grand nombre des ingrédients, c’est que le produit est généralement plus sain. Sans être un gage infaillible de qualité, une liste courte peut indiquer que le produit est naturel… Prêt à changer votre panoplie de produits nettoyants pour une version écologique? Nous avons déniché pour vous une liste de bons produits.
Les meilleurs produits d’entretien écologiques pour la salle de bains
Les indispensables: Nettoyant pour cuvette et nettoyant tout usage
Nos choix: le nettoyant pour salle de bain Brain Wash au parfum de brise d’océan est efficace sur toutes les surfaces non poreuses, telles que la céramique, la porcelaine, la pierre et le marbre. Le produit est vendu en une simple capsule nettoyante, que l’on dissout dans l’eau et qui permet de réutiliser les bouteilles tout en réduisant sa consommation de plastique.
Le dégraissant Duo d’antant de Briochin, à l’agréable parfum de framboise nettoie d’un jet les comptoirs, les armoires, fait briller le chrome et déloge le tartre. On l’utilise tel quel sur le lavabo, dans la baignoire et sur les autres surfaces. Disponible au marché Adonis.
Les meilleurs produits d’entretien écologiques pour le salon
Les indispensables: nettoyants pour planchers, fenêtres et miroirs
Nos choix: pour des planchers propres (en particulier ceux sur lesquels il y a beaucoup de passage comme ceux du salon), nous avons choisi le Nettoyant sols et planchers de bois d’ATTITUDE: il protège vos planchers, y compris ceux en bois franc, tout en assurant leur propreté. Pour les fenêtres et les miroirs, nous recommandons la recharge nettoyant à vitres de Brain Wash, qui élimine la graisse, les traces et les empreintes tant sur le verre, les miroirs ou toutes surfaces dures. De la même manière que le produit Brain Wash présenté plus haut, le produit consiste en une capsule nettoyante permettant de réutiliser sa bouteille avec vaporisateur.
Les produits d’entretien écologiques les plus efficaces pour la cuisine
Les indispensables: savon à vaisselle et détergents en poudre, nettoyants pour comptoirs
Nos choix: nos préférés pour la vaisselle sont le savon à vaisselle de Uncented Company. Disponible en contenant de 1 litre, il peut aussi être commandé en recharge de 4 ou de 10 litres. C’est un liquide à vaisselle sans fragrance, sans colorant, ni phosphate qui élimine la graisse tout en restant doux pour les mains.
Également, la barre nettoyante NOWA qui se dissout dans la bouteille d’eau pour un mode de vie minimaliste. Offerts en versions tout usage ou dégraissant, ces concentrés (qui ressemblent à des barres KitKat) sont vendus en paquet de deux. Entièrement fait de produits naturels et écoresponsables, ce produit nettoyant est tellement design que l’on a envie de l’exposer sur les tablettes, plutôt que de le cacher sous le lavabo avec les autres produits ménagers.
Pour ramasser les dégâts et nettoyer les comptoirs, nous suggérons un rouleau de papier essuie-tout de KLIIN, à la fois réutilisable et absorbant, lavable à la machine, doux, super absorbant et compostable… quoi demander de mieux?
Également, le duo d’antan vinaigre acide citrique de Jacques Briochin, un dégraissant au parfum de framboise, qui nettoie et purifie les comptoirs, les armoires, fait briller le chrome et déloge le tartre. Un seul jet suffit pour créer une mousse efficace. Disponible au marché Adonis.
Produits de nettoyages écologiques efficaces pour la lessive
Les indispensables: savon à lessive et pastilles pour la lessive, détachant
Nos choix: le détergent à lessive biodégradable en feuilles de KLIIN – une entreprise qui vise à minimiser les déchets – consiste en une feuille biodégradable, emballée dans une boîte compacte écoresponsable. Sans parabènes, phosphate, colorant et javellisant, elle convient à tous les types de machines à laver.
À ne pas oublier: les pastilles biodégradables de Uncented Company, dans un sachet hydrosoluble fait d’alcool polyvinylique biodégradable et les balles de séchage, pour réduire le froissement et assouplir naturellement.
Bon ménage!
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La plupart des entraîneurs s’entendent pour dire que le 5 km est une bonne manière de commencer à courir. D’ailleurs, beaucoup de 5 km son organisés au Canada, que ce soit pour soutenir une cause, participer à une course près de chez soi ou parce qu’on s’est laissé gagné par la fièvre marathonienne. Nous avons a demandé aux meilleurs marathoniens, médecins du sport et entraîneurs en course à pied ce qu’il fallait faire pour être prêt à courir son premier 5 km tout en restant motivé afin d’atteindre la ligne d’arrivée en huit semaines ou moins. Si vous êtes en bonne condition physique, vous pouvez même regrouper quelques étapes et être prêt pour votre premier 5 km en cinq semaines à peine.
Ce qu’il faut savoir
Au début, faites preuve de patience et gardez à l’esprit qu’il faut du temps pour s’adapter à un nouveau programme de mise en forme, rappelle Cheryl Malton, entraîneure de course pour le Coin des Coureurs de Pickering en Ontario. «Il faut savoir aussi que la demande physique est élevée et que tout le monde n’est pas nécessairement faits pour la course. Fixez-vous des objectifs raisonnables et suivez fidèlement votre programme pendant deux ou trois semaines afin de déterminer si cette activité vous convient.»
Si vous êtes du genre à avoir besoin des autres pour entretenir votre motivation, trouvez-vous un(e) ami(e) ou joignez-vous à un groupe qui court chaque jour à la même heure, et prenez un engagement envers vous-même. «Annoncez à tout le monde que vous courez, puis inscrivez-vous comme participant à une course qui aura lieu dans votre région. Dites aux membres de votre famille et à vos amis que vous avez pris cet engagement et que vous sollicitez leur soutien», conseille Cari Meredith-McMurray, entraîneure en course à pied de Oakville en Ontario. Des cours sont offerts à peu de frais à travers le pays; ils s’étendent habituellement sur une période de huit à dix semaines. Informez-vous auprès du personnel d’une boutique de sport de votre région.
Enfin, assurez-vous d’avoir la tenue appropriée: chaussures, vêtements adaptés aux conditions climatiques et soutien-gorge de sport pour les femmes sont essentiels. Pour savoir quel type de chaussures convient à votre pied, consultez le personnel qualifié d’une boutique de course. «En matière de course, l’élément le plus important, c’est la chaussure», rappelle le docteur Chris Woollam, médecin du sport chez Athlete’s Care et directeur médical pour les marathons de Toronto et de Mississauga. «Un expert évaluera votre démarche, déterminant si vous êtes en pronation ou en supination, si votre voûte plantaire est élevée ou basse et si, le cas échéant, cela constitue un problème, puis il vous conseillera sur le type de chaussures que vous devez porter.»
Bien entendu, avant de vous lancer dans un programme de conditionnement physique, consultez votre médecin afin de déterminer si la course constitue un risque pour votre santé. Si jamais vous en avez marre de la course à pied, sachez que ces exercices sont très efficaces pour éliminer les calories.
Vous voilà fin prêt, d’accord, mais ensuite?
Le plan du 5 km
Vous devriez courir au moins trois fois par semaine, mais quatre c’est encore mieux. Chacune de vos séances devrait durer de 30 à 40 minutes, et conjuguer marche et course. Autant que possible, sur une semaine, n’augmentez pas de plus de 10% la distance que vous parcourez. «Ainsi, vous risquez moins de vous blesser», explique Cheryl Malton. Si vous courez en groupe, vous ferez probablement trois séances avec les autres et une séance en solo.
Première semaine
Objectif: 90 secondes de marche, 60 secondes de jogging ou de course, par intervalles, puis récupération. L’interval-training (ou entraînement fractionné) consiste à alterner des périodes d’exercice de haute intensité et des périodes d’exercices de faible intensité. C’est une excellente manière de s’entraîner. Pratiquez les intervalles pendant 30 minutes.
Déterminez vos buts. On se met à la course pour diverses raisons: perdre du poids, mener une vie plus saine, contribuer à une levée de fonds pour financer la recherche sur une maladie qui a emporté un proche, etc. Déterminez le vôtre, notez-le sur un bout de papier que vous apposerez sur le frigo.
On vous dévoile la vérité sur le métabolisme pour brûler des calories.
Deuxième semaine
Objectif: porter la durée de la course à deux minutes, ramener celle de la marche à une minute. «Le but ici est d’augmenter le cardio puis de récupérer durant la minute de marche», explique Cari Meredith-McMurray.
Pour vous motiver: «Dites-vous que vous servez d’exemple à ceux qui vous entourent. Cela pourrait encourager quelqu’un d’autre à apporter des changements à son mode de vie, que vous en soyez conscient ou pas. De plus, cela vous gardera motivé», souligne Cheryl Malton.
Troisième semaine
Objectif: trois minutes de course, une minute de marche, pour une durée totale de 30 à 33 minutes. Pour accroître le degré de difficulté, accélérez le pas durant un des intervalles de course.
Risque potentiel: déshydratation. L’organisme américain USA Track & Field recommande de ne boire que lorsque le signal de la soif se déclenche plutôt que préventivement. Prenez en moyenne 500 ml par heure avant de vous mettre en route puis hydratez-vous au besoin durant la course.
Quatrième semaine
Objectif: quatre minutes de course, une minute de marche, pour une durée totale de 30 à 40 minutes. Pour accroître le degré de difficulté, choisissez un parcours comprenant des côtes. «Tous les coureurs devraient inclure l’entraînement en côte dans leur programme, afin d’accroître leur vigueur et leur endurance tout en accumulant les kilomètres», de dire Cheryl Malton. Ce type d’entraînement consiste à gravir et descendre des côtes dont la pente n’excède pas les 10 pour cent, en accentuant l’effort à la montée et le diminuant à la descente.
La vitesse ne compte pas. Les entraîneurs ne cessent de le répéter: ne vous concentrez pas sur la vitesse mais sur la ligne d’arrivée. «Gardez à l’esprit que, peu importe que votre temps soit meilleur ou moins bon que celui des autres, ce sera votre meilleure performance à vous», commente Cari Meredith-McMurray.
Cinquième semaine
Objectif: cinq minutes de course, une minute de marche. Pour accroître le degré de difficulté, choisissez un jour où il vente et courez contre le vent. Voici comment rendre votre marche plus saine.
Technique de visualisation: selon Cari Meredith-McMurray l’interval-training de cinq minutes est l’un des plus exigeants pour les débutants en course à pied. Son conseil: pour distraire votre esprit de l’effort, comptez, par exemple, tous les objets jaunes que vous voyez au cours de ces cinq minutes.
Sixième semaine
Objectif: sept minutes de course (si possible), une minute de marche. Pour accroître le degré de difficulté, vous pouvez essayer de courir en portant des poids légers dans les mains.
Risque potentiel: blessures. Toute la gamme des blessures y passe, du genou du coureur à l’aponévrosite plantaire, blessure résultant d’un étirement du ligament de la voûte plantaire. En cas de blessure, les experts recommandent de déterminer d’abord si elle est sérieuse ou s’il s’agit simplement d’une courbature ou d’une douleur musculaire résultant de votre entraînement, auquel cas le repos ou l’application de glace en viendra à bout. En cas de doute, consultez votre médecin.
Septième semaine
Objectif:: neuf minutes de course, une minute de marche. À cette étape, vous courrez 27 minutes au total. Vous aurez presque atteint votre but!
Point de côté: cette crampe musculaire du diaphragme est fréquente chez les débutants ou chez ceux qui ont pris un gros repas avant de courir. Selon le docteur Woollam, il n’y a pas de véritable traitement: «arrêtez, respirez profondément et reprenez votre course», conseille-t-il, Autant que possible, évitez de manger durant l’heure précédant la séance.
Huitième semaine
Objectif: c’est la semaine du 5 km. Essayez de courir dix minutes et de marcher une minute. Le jour du 5 km, vous devrez peut-être faire une partie du parcours en marchant; rien ne l’interdit. «Bien que j’aie l’habitude des marathons, confie Meredith-McMurray, j’en fais toujours une partie en marchant.»
Pour vous motiver: «Je dis toujours à mes étudiants que le t-shirt et la médaille qu’on reçoit le jour de la course sont les plus grands motivateurs, explique Merton. Et la fierté d’avoir réussi son premier 5 km.»
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Là où leurs droits fondamentaux sont garantis, les citoyens s’épanouissent. Et, selon une méta-analyse de l’université britannique de Cambridge qui a passé en revue 146 articles et autres sources, leur cerveau semble en meilleure santé. Plusieurs de ces textes établissent que les personnes qui se sentent capables de choisir et d’agir librement présentent plus de matière grise dans diverses zones du cerveau. La matière grise est importante car elle traite l’information et joue un rôle clé dans l’apprentissage et la mémorisation.
Conclusion: défendre les droits de tous, près de chez soi ou ailleurs dans le monde, peut avoir d’immenses répercussions.
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Ma nourrice s’est occupée de moi jusqu’à mes 15 ans. Elle vivait avec nous dans notre appartement de Hong Kong. Mes parents, tous deux fonctionnaires, travaillaient de longues heures, et il fallait bien changer mes couches, aller me chercher à l’école, me préparer du poisson à la chinoise.
Zenaida Bantugon était Philippine. Ma famille l’a toujours appelée tante Zeny. Elle avait le même âge et la même taille que ma mère (1,5m), mais sa peau était plus hâlée. Elle avait un grain de beauté sur la lèvre inférieure.
Outre ses vacances annuelles de trois semaines, elle ne prenait congé que le dimanche. Elle se maquillait alors, se parfumait et allait à l’église avec ses amies, d’autres nourrices philippines.
Malgré le temps qu’elle passait avec moi, tante Zeny ne faisait pas vraiment partie de la famille. Elle était rarement dans la même pièce que mes parents et préférait rester dans sa chambre alors que nous nous prélassions dans le salon. Elle ne prenait pas non plus les repas avec nous, mais mangeait dans la cuisine, à une petite table appuyée contre la machine à laver. J’ai le souvenir de m’être demandé pourquoi elle mangeait seule quand je la surprenais là.
Elle m’adressait alors un sourire maternel et me faisait signe de retourner avec les autres. «Ce sont eux tes parents», semblait-elle vouloir me dire.
Je savais vaguement qu’elle avait quatre enfants, mais je n’ai jamais cherché à en apprendre davantage.
Malgré tout, elle était pour moi comme une seconde maman. Parfois, quand elle reprenait tante Zeny pour ne pas avoir fait correctement certaines tâches, ma mère se demandait pourquoi je prenais toujours sa défense.
Les heures précédant le retour à la maison de mes parents, tante Zeny installait la planche à découper sur la table et m’écoutait me plaindre de mes camarades de classe, de mes amis et de mes devoirs. Tout en parant le choy sum et le gai lan (des légumes qu’elle savait que j’aimais), elle me prodiguait des conseils sous forme de citations bibliques et de paraboles chrétiennes. Entre-temps, une fois par semaine, ses enfants devaient s’agglutiner autour du téléphone, se querellant pour entendre la voix de leur mère en sachant que la carte téléphonique internationale pouvait expirer à tout moment et mettre fin à l’appel.
Les rares fois que j’ai vu ses gestes d’amour pour ces enfants lointains étaient lors de nos sorties mensuelles à la Western Union – je me souviens que je me plaignais de l’attente alors que tante Zeny faisait la file, chéquier en main – ou lorsqu’elle fermait une boîte remplie de savonnettes, d’en-cas et d’autres articles à leur intention. J’avais certes une vague idée de quoi il en retournait, mais il m’a fallu des années pour comprendre à quel point ces moments étaient significatifs pour elle.
Même après avoir quitté Hong Kong en 2015 pour poursuivre mes études aux États-Unis puis à l’université au Canada, j’ai toujours pensé à tante Zeny.
D’ailleurs elle m’envoyait toujours des vœux d’anniversaire sur Facebook, s’informait de mes parents et m’inondait d’images agrémentées de citations bibliques.
J’étais persuadé que, de retour chez elle, tante Zeny allait nous ranger loin dans sa mémoire pour enfin pouvoir s’occuper de ses propres enfants. Ce n’a pas été le cas. J’ai donc été bien surpris lorsque, en décembre 2019, à 22 ans, j’ai trouvé dans sa maison aux Philippines un grand nombre de reliques de mon enfance, notamment un Mufasa en mousse à la tête presque détachée et un père Noël aimanté taché qu’on gardait sur la porte de notre réfrigérateur.
Lors de cette visite, j’ai rencontré certains de ses enfants, maintenant adultes. Comme je me sentais un peu coupable de les avoir privés de leur mère toutes ces années, je m’attendais à être reçu avec froideur. Mais non! Ils m’ont au contraire gâté et, comme le veut le langage philippin de l’affection, servi de copieuses portions aux repas tout en s’assurant que je reprenais des nouilles frites.
En janvier 2020, j’ai rendu visite à la fille de tante Zeny, qui vivait avec son mari et leurs deux garçons en Alberta. Alors que j’étais enfant et qu’elle avait la vingtaine, elle a passé quelques années à Hong Kong avec ma famille pour aider sa mère. Je voulais maintenant mieux la connaître. Je n’ai jamais vraiment saisi la nature du rapport qu’elle et ses frères et sœurs entretenaient avec leur mère après une si longue séparation, et je ne pense pas non plus pouvoir comprendre véritablement ce qu’ils ont eu à vivre sans leur mère à leurs côtés.
«Qu’est-ce que tu savais alors de moi? lui ai-je demandé.
— Qu’elle s’occupait de toi jour et nuit», a-t-elle répondu. J’ai souri maladroitement sans trop savoir quoi dire.
Pendant que nous discutions, ses deux garçons s’amusaient à courir autour de nous. Elle les a rappelés à l’ordre et ils se sont docilement assis sur le canapé. Son attitude traduisait à la fois la rigueur et un lien profond avec ses enfants. D’autres moments similaires se sont produits pendant mon séjour, et je voyais bien qu’elle était déterminée à passer tout son temps avec eux. J’étais soulagé de savoir qu’elle n’avait pas à s’absenter longtemps pour offrir une vie décente à ses enfants, ce que pourtant beaucoup de Philippins doivent faire.
Cela m’a aussi rappelé à quel point tante Zeny distribuait son amour avec générosité.
Mes parents envoient à l’occasion un peu d’argent à tante Zeny. Pendant des années, j’ai cru que c’était simplement une façon de la remercier pour toutes ces heures consacrées à la cuisine et au ménage. Je commence aujourd’hui à comprendre pourquoi mes parents ont toujours eu beaucoup de gratitude pour la part qu’elle a eue dans mon développement émotionnel et moral. La leçon la plus précieuse qu’elle m’a transmise par son exemple même consiste en effet à reconnaître que les grandes choses s’accomplissent à travers de petits actes.
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De quoi ça parle
En 1972, dans une région rurale du nord de l’Ontario, Clara, sept ans, est dévastée par la fugue de sa sœur aînée Rose. La disparition de Rose suscite un climat d’hypervigilance et de méfiance dans le village de Solace, et Clara passe des heures à guetter le retour de sa sœur à la fenêtre. Or, un trentenaire inconnu arrive dans la maison de sa voisine, Mme Orchard – on apprend qu’il a passé une partie de son enfance avec les Orchard, et que la vieille dame lui a légué sa demeure. Pendant des semaines, les chemins de cet homme, Liam Kane, et de Clara s’entrecroisent; tous les deux souffrent de l’absence d’une personne qu’ils ne connaissaient pas vraiment. Peu à peu, la lumière se fait sur la disparition de Rose et les dernières volontés de Mme Orchard. Clara se voit forcée de grandir très vite, tandis que Liam est confronté à des secrets d’enfance qu’il avait depuis longtemps oubliés.
Pourquoi vous aimerez ça
Les révélations inattendues, grandes et petites, abondent dans ce récit de passage à l’âge adulte sur fond de mystère. Elles émergent au fil des souvenirs de Liam et du monologue que Mme Orchard adresse à son mari décédé – incluant un chagrin si profond qu’il pousse un personnage à commettre l’impensable.
Au centre de tout cela se trouve Clara: une petite fille à la fois méfiante, affectueuse et impulsive, déterminée à déchiffrer les problèmes de la vie adulte. Elle s’inscrit dans une lignée de jeunes héroïnes courageuses… on pense à la protagoniste du classique Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee. Sa relation avec le chat de Mme Orchard est particulièrement touchante… attendez-vous à verser quelques larmes !
Qui l’a écrit
Dès son premier roman, Le choix des Morrison (2003), qui suivait les tribulations de quatre enfants après le décès accidentel de leurs parents, la prose de Mary Lawson a fait parler d’elle.
Le suspense y est parfaitement dosé; les personnages sont à la fois vulnérables et endurcis par la rudesse du nord de l’Ontario, où l’autrice a puisé l’inspiration de ses quatre romans. Paru presque huit ans après le précédent, Des âmes consolées est un cadeau offert aux admirateurs impatients.
Extrait
Les cartons étaient au nombre de quatre. Quatre gros cartons. Il devait y avoir beaucoup d’affaires dedans parce qu’ils étaient lourds, cela se voyait à la manière dont l’homme marchait avec le dos voûté, les genoux pliés. Ce premier soir, il les porta dans le salon de Mme Orchard, la voisine de Clara, et les laissa par terre. Cela voulait dire qu’ils ne contenaient pas des choses très utiles, des choses dont il avait besoin tout de suite, comme un pyjama, sinon il les aurait déballés.
La position des cartons au centre de la pièce rendait Clara nerveuse. Chaque fois que l’homme passait à cet endroit, il était obligé de les contourner. Les ranger contre un mur lui aurait évité d’avoir à faire ça, et le salon aurait eu l’air plus ordonné. (…)
Il avait débarqué dans une grosse voiture bleue juste quand la nuit commençait à tomber. Cela faisait exactement douze jours que Rose s’était enfuie. Douze jours, soit une semaine et cinq jours. Postée comme d’habitude derrière la fenêtre du salon, Clara essayait de ne pas écouter sa mère, qui discutait au téléphone avec le sergent Barnes. (…)
— Seize ans! Rose a seize ans, au cas où vous l’auriez oublié. C’est une enfant! (p. 9-10)
Des âmes consolées, de Mary Lawson (traduit par Valérie Bourgeois), 32,95$, Belfond
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