La mode éphémère est néfaste pour notre santé.

Faut-il s’inquiéter des substances chimiques dans nos vêtements?

Oui! L’an dernier, j’ai travaillé avec Marketplace de la CBC afin de tester la présence de toxines dans une collection de vêtements bon marché (ce qu’on appelle la «mode éphémère», ou fast-fashion en anglais), incluant entre autres des maillots de bain, des sacs et des habits pour enfants. Je savais déjà que les vêtements d’aujourd’hui comprenaient davantage de produits chimiques synthétiques qu’auparavant, mais les résultats étaient inquiétants: un morceau sur quatre en présentait un niveau élevé.

Qu’est-ce qui explique la présence de telles substances dans nos vêtements?

Après la Seconde Guerre mondiale, on a massivement adopté le «lavez et portez». Or, ce sont des produits chimiques qui rendent les vêtements résistants aux plis et aux taches. De nos jours, plusieurs teintures sont fabriquées à partir de substances potentiellement dangereuses parce que c’est moins cher. Alors qu’autrefois il était commun d’avoir une tenue pour les occasions spéciales et une autre pour le travail, le désir de renouveler sa garde-robe est désormais insatiable. Une compagnie comme Zara produit 10 000 nouveaux morceaux par année… mais certains détaillants en ligne en produisent maintenant 6000 par jour.

Quels sont les risques pour la santé?

Plusieurs articles testés contenaient des substances per- et polyfluoroalkyliques (PFAS), surnommées «polluants éternels» parce qu’elles ne se dégradent pas et demeurent dans notre système. On ne devient pas malade après avoir porté un vêtement, mais l’exposition à long terme peut avoir des effets nocifs, par exemple le diabète de type 1, l’affaiblissement de la fonction immunitaire, une hausse de l’obésité et le cancer. Nous avons également trouvé des phtalates, qui interfèrent avec les hormones et avec le système reproducteur masculin, et du plomb, très nocif pour les enfants et les fœtus. Nous avons notamment testé un imperméable qui contenait plus de 20 fois la quantité de plomb permise dans un produit pour enfants par la loi canadienne.

Comment les compagnies peuvent-elles vendre des objets qui excèdent les limites permises?

Il est simplement impossible de tester tous les vêtements, surtout avec l’essor des détaillants en ligne qui livrent directement à votre porte des effets fabriqués dans une usine à l’autre bout du monde.

Ces substances peuvent-elles être éliminées par un lavage à la machine?

Certaines peuvent l’être, bien qu’elles ne soient pas conçues pour partir ainsi. Cependant, quand on met ces tissus dans la laveuse, des fibres sont relâchées et finissent dans l’eau que nous buvons. Ainsi, même si vous évitiez d’acheter des vêtements contaminés, vous seriez quand même exposé.

Est-ce un problème spécifique à la mode éphémère?

Celle-ci est responsable de la quantité massive de produits chimiques, mais on ne sait pas vraiment si le problème se limite aux collections bon marché. Il est possible que les textiles dits «faits de fibres biologiques ou naturelles» soient moins susceptibles de contenir des substances chimiques, mais il est arrivé que ces allégations se révèlent fausses. Le problème est que l’industrie du textile est peu réglementée et n’est pas contrainte d’étiqueter ses produits, contrairement aux industries pharmaceutiques et cosmétiques.

Que faire alors?

Vous pouvez rechercher les compagnies qui agissent – par exemple, les chaussures Keen ne contiennent plus de PFAS et Patagonia s’engage à faire de même. L’Union européenne a récemment annoncé un plan pour tenir les entreprises de mode éphémère responsables des toxines dans leurs vêtements – un exemple à suivre pour le Canada. En attendant, les consommateurs peuvent contribuer au changement en n’achetant pas de produits de mode éphémère.

Miriam Diamond dirige un laboratoire à l’Université de Toronto.

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Marie Claude Barrette

Jeune, elle s’imaginait missionnaire en Afrique, sans enfant, sans attache amoureuse et sans domicile fixe.

Aujourd’hui, Marie-Claude Barrette est mère de trois enfants, partage toujours sa vie avec Mario Dumont et, tout comme son conjoint, demeure bien enracinée dans le paysage télévisuel. Or, cette ancienne militante politique ayant longtemps œuvré en coulisses s’est tout à coup retrouvée en pleine lumière, celle du petit écran, alors que rien ne la destinait à une carrière d’animatrice.

Après 12 ans de présence à l’émission Deux filles le matin au réseau TVA, et maintenant seule en piste avec Marie-Claude, celle qui fut longtemps «l’épouse de Mario Dumont» porte fièrement son prénom ainsi que de nombreuses initiatives, qu’il s’agisse de séries documentaires (Virages, Projet Innocence Québec) ou d’expériences multiplateformes d’initiation à la musique (Bébé symphonique). À l’image d’une de ses idoles, Janette Bertrand, Marie-Claude Barrette prête l’oreille aux difficultés des Québécois et n’hésite pas à partager les siennes, comme dans ce récit bouleversant, La couveuse (Libre Expression, 2014), sur deux grossesses douloureuses, dont l’une à l’issue tragique.

Malgré les revers, rien ne semble altérer son dynamisme et sa curiosité, consciente du caractère à la fois éphémère et impitoyable du milieu de la télévision, déterminée à se réinventer sans cesse dans un univers en constante transformation. Au milieu de tout cela, Marie-Claude Barrette demeure fidèle à ses convictions, et constante dans son désir de mettre le courage des autres en valeur.

Une journaliste de La Presse a bien résumé les 20 premières années de votre vie: 14 écoles au primaire, 4 écoles au secondaire, 2 cégeps et 1 université! Tout cela parce que votre père était un soudeur qui ne craignait pas les hauteurs, travaillant un peu partout au Québec, et même aux États-Unis. Jusqu’à quel point cette vie vous a-t-elle influencée?

Elle m’a non seulement influencée, mais aussi les gens autour de moi! Disons que ça m’en prend beaucoup pour me déstabiliser et me dépayser. Certaines personnes vont vite sentir que la vague les submerge, alors que j’ai tendance à courir devant elle! Aurai-je un jour une existence tranquille? Je fais tout pour ne pas en avoir une! C’est très à la mode de dire que l’on vit le moment présent, mais j’ai toujours été ainsi, me répétant souvent la maxime bouddhiste: «Ne cherche pas le bonheur, il est là où tu es.» En résumé, je me pose beaucoup de questions sur l’humanité, mais très peu sur ce qui va se passer dans cinq minutes.

Tout de même, enfant, passer d’une école à l’autre, et parfois plusieurs dans une même année, ça peut laisser des traces, non?

Je me souviens très bien de mon passage à Saint-Félicien. J’ai tout de suite aimé l’enseignante et je m’étais fait de bonnes amies. Pour la première fois de ma vie, je faisais partie d’un groupe. À quelques jours de mon neuvième anniversaire, mes parents m’ont annoncé que nous déménagerions le 25 janvier, le lendemain de mon anniversaire. J’ai tellement pleuré. En plus, l’enseignante et les élèves avaient préparé une fête surprise pour souligner mon départ; il y a eu une tempête, pas d’école, et donc pas de fête. Le lundi suivant, j’étais dans une autre école… Après cet épisode, j’ai dû me protéger davantage. Je ne voulais pas revivre cette grosse blessure, ce qui ne m’a pas empêchée de nouer de nouvelles amitiés. Mais quand je m’en allais, je mettais fin à ces relations.

Vous avez vécu quelque temps à New York lorsque votre père travaillait à la construction des derniers étages des tours du World Trade Center, inauguré le 4 avril 1973. Même si vous étiez très jeune, conservez-vous quelques souvenirs de votre quotidien aux États-Unis?

Quelques-uns, dont celui de notre maison à Staten Island, en bas d’une côte. Mes amis étaient tous anglophones, dont plusieurs Afro-Américains: c’était la première fois de ma vie que je voyais des personnes noires! Je me souviens aussi que la réglementation sur les hélicoptères avait été modifiée parce que les appareils passaient plus bas que la structure d’acier des tours, et donc près des travailleurs. Dans notre famille, on a fait beaucoup de blagues à notre père, parce qu’il disait toujours: «Mes tours!»

Le 11 septembre 2001 fut sûrement un moment douloureux pour lui et votre famille?

Terrible. Je téléphonais sans cesse à mon père, pratiquement sans voix et sans mots; c’est un grand cardiaque et je craignais qu’il fasse une crise ce jour-là. Il n’arrêtait pas de répéter que les tours n’étaient pas faites pour la chaleur, mais pour le mouvement en cas de tremblement de terre. Il avait peur qu’elles s’effondrent, mais n’avait jamais pensé que ça serait aussi rapide. Il répétait souvent: «Les gens sont méchants.» Le deuil de mon père a duré des semaines, car il éprouvait une grande fierté de les avoir construites. Il était présent lors de l’inauguration. Ça demeure un de ses plus grands souvenirs, un moment marquant; les deux tours ont toujours fait partie de notre famille.

En 2003, Marie-Claude Barrette n’est encore connue que comme «l’épouse» de Mario Dumont, alors chef de l’Action démocratique du Québec.
En 2003, Marie-Claude Barrette n’est encore connue que comme « l’épouse » de Mario Dumont, alors chef de l’Action démocratique du Québec.
Avec votre conjoint Mario Dumont, vous avez trois enfants, mais vous ne cachez pas la présence d’un quatrième, Noël, né le 24 décembre 1998, souffrant de trisomie… et qui n’aura vécu que 8 minutes. Parler du deuil périnatal, est-ce une façon pour vous de l’exorciser?

J’accompagne des femmes en deuil périnatal de même que des femmes alitées et hospitalisées; ça continue de faire partie de ma vie. C’est un deuil extrêmement difficile à faire parce que personne n’a connu l’enfant décédé, ce qui provoque beaucoup de maladresses. J’ai porté Noël pendant 29 semaines, je l’ai senti bouger, mais avant l’accouchement, j’éprouvais beaucoup d’incertitudes, sachant qu’il n’allait pas vivre… et que s’il mourait dans mon ventre, je pouvais mourir aussi. Mario continuait de travailler, et il se faisait dire des choses comme «Ça ne doit pas être facile pour ta femme» au lieu de le soutenir. C’est sûr que la société en parle de plus en plus, mais ça suscite toujours un malaise, parce que personne ne sait qui tu évoques, tu ne peux pas relater des souvenirs communs.

Les maladresses étaient-elles nombreuses à votre égard?

Je me suis déjà fait dire: «Tu feras un autre bébé.» Qu’est-ce qu’on répond à ça? Tu ne veux pas envoyer promener la personne, mais tu ne veux pas non plus poursuivre la conversation. J’ai arrêté d’en parler. Il faut être capable de reprendre son souffle parce que ça fera toujours partie de notre histoire personnelle. C’est ce que j’essaie d’expliquer à celles et ceux avec qui j’aborde le deuil périnatal. Ce n’est pas parce que tu n’en parles pas chaque jour, que tu n’as pas de photos, que ça ne fait pas partie de toi. Mario et moi, nous n’avons pas voulu de photos. J’ai déjà rencontré une femme qui en avait au moins cinq de son bébé mort sur les murs de sa maison. Mon premier conseil fut de lui suggérer de les enlever, et elle m’a répondu: «C’est comme le nier!» Non, ce n’est pas le nier, mais il faut d’abord être capable de survivre à ce deuil.

Vous avez réussi à surmonter le vôtre au point de redevenir très vite enceinte, cette fois de votre fils Charles, une grossesse qui vous a clouée au lit pendant 133 jours avec la crainte perpétuelle de le perdre, une épreuve que vous racontez avec franchise et sensibilité dans La couveuse. Pas mal pour une femme qui, plus jeune, disait ne pas vouloir d’enfants!

Ça fait partie de mon tempérament: je n’anticipe pas beaucoup les choses. Après Noël et Charles – le premier est mort en décembre 1998 et le second est né le 14 décembre 1999 – quand je suis tombée enceinte de Juliette quelques années plus tard, j’étais très contente. Je savais aussi que c’était l’amniocentèse [test diagnostique fait en prélevant du liquide amniotique avec une aiguille dans l’abdomen] qui avait provoqué la suite des événements, alors il n’était pas question d’en faire une pendant la grossesse de Juliette. Pour moi, l’arrivée de ce nouvel enfant ne faisait aucun doute, même si autour de moi les gens me disaient: «Ben voyons, tu as déjà une fille et un garçon!» Je me souviens d’ailleurs qu’au moment où j’ai pris mon premier enfant dans mes bras, Angela, j’ai su que j’allais en avoir d’autres.

Non seulement votre vie de jeune mère fut tumultueuse, mais vous l’avez en partie vécue pendant que votre conjoint, Mario Dumont, était politicien, chef de parti, et un temps chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale. Vous vous décriviez d’ailleurs comme « tellement différents, mais si complémentaires». Après tout ce que vous avez vécu ensemble, est-ce toujours le cas?

Toujours! Autant je fus nomade, autant il était sédentaire, ayant grandi sur une ferme laitière où il ne prenait qu’une demi-journée de vacances par année avec ses parents. Nous sommes encore très différents. Je demeure une femme indépendante, autonome, et honnêtement, je pourrais très bien vivre seule, mais j’ai fait le choix de partager ma vie. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir besoin de mon espace dans la maison – ce que je n’ai pas eu pendant mon enfance – ou de partir trois jours au chalet si j’en ai envie. Mario n’est pas quelqu’un qui aime être seul, et je ne sais pas s’il aurait pu vivre comme je l’ai fait à Cacouna avec trois jeunes enfants alors que lui était à Québec. Par contre, je sais très bien que je n’aurais jamais pu être chef de parti avec toutes les pressions et les responsabilités qui viennent avec cette fonction. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous sommes complémentaires: je suis très émotive, et lui très rationnel.

Ce qui ne vous a pas empêchée d’être une militante politique, d’abord au Parti libéral du Québec, ensuite à l’Action démocratique du Québec, ayant ainsi été femme de chef de parti, où certains vous décrivaient comme «une épouse effacée».

À l’époque, je me tenais au courant, mais jamais à l’avant-plan. J’étais impliquée en politique bien avant de connaître Mario, mais être la conjointe d’un chef de parti impose une certaine réserve pour ne pas nuire aux candidats, aux porte-parole, aux élus. Ce rôle peut être ingrat, surtout quand on aime la politique.

Mario Théberge, conjoint de Michel Louvain, se livre pour la première fois sur le plateau de Marie-Claude.
Mario Théberge, conjoint de Michel Louvain, se livre pour la première fois sur le plateau de Marie-Claude.
En plus d’avoir une émission qui porte votre prénom, sur le plan médiatique, vous menez votre carrière en parallèle de celle de votre conjoint, lui aussi très présent à la télévision, et au même réseau que vous.

Je veux garder cet espace pour moi. Ça m’a pris des années à y parvenir, et de toute façon, ça devient anecdotique de tout faire à deux. Si je me plante, je me plante seule, et je l’assume! D’autant plus que la télévision, c’est quelque chose qui s’est présenté à moi, car je ne souhaitais pas faire ce métier. Toutes ces rencontres, toutes ces entrevues, c’est un privilège, et mon but, ce n’est pas de passer à la télévision, mais de donner un sens à ce que j’y fais. Ce qui me préoccupe, je suis convaincue que ça préoccupe aussi beaucoup de gens. J’ai fait du porte-à-porte partout au Québec pendant mes années en politique, et c’est une occasion unique de voir comment les gens vivent, sans jugement. C’est d’ailleurs une de mes forces, celle d’avoir rencontré autant de personnes issues de tous les milieux.

Le fait d’avoir débuté aussi tard dans le métier d’animatrice de télévision vous donne-t-il l’impression d’avoir peu de temps pour accomplir tout ce que vous rêvez de faire?

Le public a un grand mot à dire dans ce métier. Le jour où ça ne fonctionnera plus, je ferai autre chose, mais tout ce que je ferai, ça sera avec conviction. Tranquillement, je me dirige vers la coproduction d’autres projets, ajoutant ainsi de nouvelles cordes à mon arc. On m’offre plusieurs choses intéressantes, mais je dois faire des choix, car mon enthousiasme me nuit. Il faut que je prenne du recul et déterminer ce qui me tient vraiment à cœur. Je n’ai pas le goût de me dire qu’à l’approche de la soixantaine, il faut ralentir, qu’il y a une ligne d’arrêt. Tant que j’aurai la santé et l’enthousiasme, je vais continuer.

Festival Martinique Gourmande

Des menus aux saveurs antillaises dans plusieurs restaurants québécois

Depuis 2008, Martinique Gourmande se démarque en tant qu’événement culinaire haut en couleur… et en saveurs. Quelle merveilleuse occasion de prolonger l’été dans votre assiette… et dans votre cœur!

C’est sous le thème «De l’assiette au voyage» que se tiendront les festivités de cette année. De nombreux établissements de Montréal, de Québec et des régions avoisinantes proposeront un menu ou un cocktail aux saveurs de la Martinique — dont le fameux ti-punch!

Pour l’occasion, cinq chefs invités de la Martinique seront à l’honneur pour emplir vos papilles de soleil. Les 6 et 7 septembre, des dîners et des soupers à quatre mains sont organisés à Montréal dans différents établissements.

Ainsi, Nathanaël Ducteil — qui était présent pour le 10e anniversaire du festival — et Rudy Réclair seront derrière les fourneaux le mardi 6 septembre. Dès le lendemain, ce sera au tour de Prisca Morjon, Pascal Sigere et Yadji Zami à ravir les papilles.

Langoustes Grillées Gastronomie Martiniquaise

Découvrir la «martiniqualité», alias l’art de vivre

Retrouvez, de midi à 21h, tout le charme et l’esprit festif des Antilles au Marché Créole de Martinique Gourmande, au Pavillon du Grand Quai du Port de Montréal, les 3 et 4 septembre.

Durant les deux journées du Marché Créole, les cinq chefs prépareront des plats typiquement martiniquais afin de charmer votre palais avec des recettes et des épices authentiques — comme le colombo, le cari local des Antillais.

Bénédicte di Geronimo, présidente du Comité Martiniquais du Tourisme, précise qu’«il y aura lieu de découvrir à la fois la gastronomie, mais également un certain nombre d’éléments pour parler de la joie de vivre, la joie de recevoir et celle de partager [des Martiniquais]».

Voilà l’occasion de déguster de délicieux plats dans une ambiance agréable, entre les ateliers de compositions florales, les ateliers culinaires pour jeunes enfants et les cours de zouk. En plus, l’entrée au marché créole est gratuite!

Il sera également possible d’assister aux tournois de dominos dès 15h, les samedi et dimanche. «On joue souvent aux dominos en famille, entre amis; c’est un moment de convivialité qui accompagne souvent les réunions et les rassemblements festifs. C’est une occasion de partager aussi la simplicité notre façon de vivre, la singularité de notre accueil et notre “martiniqualité”», souligne Bénédicte di Geronimo.

Chose certaine, si 45% des visiteurs de la Martinique n’en sont déjà plus à leur premier voyage sur l’île, le Marché Créole qui se tiendra au Grand Quai du Port de Montréal les 3 et 4 septembre saura probablement vous convaincre de visiter, à votre tour, cette île française au cœur de l’archipel des Petites Antilles.

Une culture et une gastronomie d’une richesse exceptionnelle

Une quinzaine d’exposants seront présents au Marché Créole pour faire découvrir, non seulement de nombreux produits martiniquais, mais aussi pour parler des attraits de la Martinique. Parce qu’elle n’est pas qu’une destination soleil où se prélasser dans son hamac et où se faire dorer la couenne sur le bord de la mer.

«C’est aussi une destination où découvrir une richesse naturelle patrimoniale historique très riche où chaque période de l’année possède sa singularité», précise celle qui est à la barre du Comité Martiniquais du Tourisme. «Toute l’année la Martinique offre un agenda d’événement auquel il est bon de participer. Les Fêtes de Noël et nos chants traditionnels; notre façon de vivre Noël en Martinique est très chaleureuse et très familiale. Le carnaval est aussi un moment de spontanéité, de joie et ouvert à l’ensemble de nos visiteurs. Il suffit de se laisser aller par la musique et les danses de rues. À Pâques, notre gastronomie est mise de l’avant – avec le fameux matoutou, une recette à base de crabe, spécifique à la Martinique.  Et enfin, la compétition annuelle de yoles, ces embarcations traditionnelles, est un incontournable». Pour ceux qui ont le pied marin, il est même possible de louer un catamaran et d’observer l’aspect très sportif de cette discipline de plus près.

Carnaval de la Martinique

S’envoler vers la Martinique

Doublement reconnue à l’UNESCO pour ses yoles et sa biosphère exceptionnelle, la Martinique suscite les passions du fait de sa beauté naturelle, la diversité de ses paysages, son histoire, sa population chaleureuse et sa riche gastronomie. La montagne Pelée, un volcan gris actif situé dans le nord, est d’ailleurs en lice d’une troisième reconnaissance de l’UNESCO.

«Évidemment, la Martinique a de magnifiques plages de sable blanc au sud et de sable noir au nord, mais elle a également une biodiversité marine et terrestre, ainsi qu’une richesse accessible aux amoureux de la nature». Sentiers de marche et plongée sous-marine sont qu’un exemple des activités qui les attendent. La Martinique révèle donc ses charmes tant aux plus aventuriers qu’aux passionnés d’activités culturelles.

À ce propos, Martinique Gourmande offre une chance exceptionnelle aux festivaliers de découvrir cette destination paradisiaque. Les visiteurs courent la chance de gagner un séjour tout-inclus pour deux à Fort-de-France, en collaboration avec Air Canada et le Club Med Les Boucaniers. Pour participer, il suffit de s’inscrire en ligne jusqu’au 22 septembre 2022 sur le site de Martinique Gourmande.

Anse D Arlet Martinique Plage Eaux

Un Parmentier Martiniquais pour les banques alimentaires

«En plus d’être culinaire, l’événement se veut également solidaire», précise Mme di Geronimo. Pour une troisième année, les Cuisines Solidaires de la Tablée des Chefs s’engagent à livrer plusieurs centaines de portions de parmentier martiniquais — à base de poisson et de patates douces — dans les banques alimentaires du Québec. C’est le chef Jérémie Jean Baptiste, conseiller culinaire, qui a travaillé à la création de la recette.

«Je pense que nous avons en commun, entre la Martinique et le Canada, quelque chose de l’ordre des valeurs, de la solidarité, du sens de l’accueil et de l’ouverture d’esprit. Nous aimerions ainsi transmettre toutes les valeurs du partage d’une cuisine chaleureuse et familiale, parfois un peu technique, afin de renforcer notre lien d’amitié Martinique-Québec», termine Mme di Geronimo.

Pour la programmation complète du festival, visitez le site internet de l’événement.

Un cadre photo avec les familles Hynes et Davery
De gauche à droite: Rita et Ches Hynes; Mildred et Donald Avery.

Rita Hynes a hissé son corps de femme enceinte au sommet des marches de bois de l’hôpital. C’était la nuit du 7 décembre 1962, et son ventre arrondi se serrait à chaque contraction. Une fois à l’intérieur, elle a senti les pics de douleur s’intensifier – supportables au début, puis fulgurants à mesure que la nuit avançait. Juste après minuit, les cris de son nouveau-né ont retenti pour la première fois. Un garçon! Elle l’a appelé Clarence Peter Hynes. Il a été déposé dans la pouponnière de l’hôpital et niché dans un berceau pendant que Rita somnolait dans le pavillon des femmes.

Clarence, que tout le monde surnomme Clar, a grandi dans un village de pêcheurs, St. Bernard’s, perché à l’extrémité de la baie Fortune, dans la province insulaire nord-atlantique de Terre-Neuve, au Canada. Son père, Ches, était pêcheur, et Clar fut le premier d’une longue lignée de nourrissons à entrer dans la maison des Hynes. Clar dormait au sommet d’un lit superposé dans une chambre qu’il partageait avec ses frères. Ils avaient la peau plus pâle que lui – Clar avait le teint mat et une épaisse crinière de cheveux noirs. En grandissant, le jeune homme s’est transformé en bourreau des cœurs local, avec son visage ciselé et sa silhouette fine et musclée. Quand il conduisait sa Chevrolet Camaro bleu marine dans le village, les adolescentes de St. Bernard’s se pâmaient.

À 24 ans, Clar a rencontré une femme du nom de Cheryl, dans un bar de motel de Marystown, plus au sud de la péninsule en forme de botte qui l’a vu grandir. Elle était la plus belle femme des lieux et il en a été aussitôt épris. Alors que tous deux discutaient autour de bières et de verres de rhum-7Up, Cheryl l’a trouvé attentionné et gentil. Ils ont dansé et bavardé toute la nuit. Elle ne voulait pas que la soirée se termine. Ils se sont mariés deux ans plus tard dans l’église anglicane au clocher blanc de Marystown.

Quelques années plus tard, à 50 ans, on a diagnostiqué à Rita un cancer ovarien au stade terminal. Clar a pris soin d’elle comme une mère de son bébé. Il l’a tenue dans ses bras et l’a bercée dans son pavillon d’enfance sur la colline, s’assurant toujours qu’elle puisse voir les vagues par une fenêtre donnant sur l’océan. Rita séjournait également avec Clar et Cheryl dans leur maison de la capitale provinciale, St. John’s, durant ses futiles traitements contre la maladie. Clar nourrissait sa mère à la cuillère, de bols de poisson et de pommes de terre. Il a passé chaque journée avec elle jusqu’à la fin, pour qu’elle ne soit jamais seule. Cinq ans plus tard, un cancer du poumon emportait également son père.

Clar et Cheryl ont élevé trois enfants. En 2014, Clar est devenu contremaître dans le secteur de la soudure chez Bull Arm, où les employés construisaient une plateforme pétrolière qui serait ensuite tractée en mer. Ce mois de décembre, 52 ans après le jour de sa naissance, Clar a entendu une femme dans le couloir juste devant son bureau chantonner à un collègue: «C’est l’anniversaire de Craig!». Elle s’appelait Tracey Avery, et elle était femme de ménage à Bull Arm. Elle parlait de son mari, qui travaillait également sur les lieux. Comme c’est amusant, a songé Clar. «C’est également mon anniversaire», est-il intervenu en riant.

«Ah, bon!, a répondu Tracey. Quel âge avez-vous?» Lorsqu’il lui a donné son âge, les mots de Tracey se sont bousculés hors de sa bouche: «Où êtes-vous né?»

— À l’hôpital rural de Come By Chance.»

Tracey est demeurée immobile pendant une seconde, bouche bée. Puis elle est partie en courant, abandonnant son chariot et sa serpillère derrière elle.

Clarence Peter Hynes

Différent depuis toujours

Le surgissement de cette vérité longtemps enterrée n’était peut-être qu’un coup du hasard, une de ces choses étranges qui se produisent parfois. Ou peut-être que c’était un événement inévitable, né de la nature même de ces lieux. Terre-Neuve possède un littoral accidenté, émaillé de centaines de communautés nichées dans ses reliefs et ses anses, chacune son propre fief isolé et fortifié de falaises ondoyantes. Les familles étendues sont vastes et étroitement liées. Pendant longtemps, c’était une nécessité. Dans un lieu aussi austère, il s’agissait d’une question de survie. Aujourd’hui, sur le «Rocher», comme est affectueusement surnommée l’île de Terre-Neuve, votre baie et votre lignée définissent toujours votre identité.

Se rendre d’un lieu à un autre le long des 9650km de côte montagneuse de Terre-Neuve a toujours représenté un défi. Au début du XXe siècle, les habitants d’un bon nombre des près de 1300 villages côtiers de l’île n’avaient toujours qu’un accès limité aux soins de santé. Les hôpitaux ruraux – de petites cliniques équipées de lits et d’infirmières logées sur place – étaient bâtis dans des lieux stratégiques pour servir des dizaines de villages en même temps.

Les premiers hôpitaux ruraux ont ouvert en 1936, dont celui de Come By Chance, qui desservait plus de 50 villages côtiers. Les femmes enceintes y entraient en une procession ininterrompue, venues par des routes de terre ou par bateau, de caps en îlots. En 1958, les familles de Terre-Neuve étaient, en moyenne, les plus grandes du Canada – chaque foyer comptait sept, huit, voire dix enfants.

De nombreuses femmes retournaient dans les hôpitaux ruraux presque chaque année pour y donner naissance. Parmi elles se trouvait Mildred Avery, venue d’un hameau protestant du nom de Hillview, dans la baie de Trinity. À l’âge de 29 ans, elle avait déjà cinq enfants, tous des garçons, qui emplissaient la maison construite par son mari Donald. Le 7 décembre 1962, Mildred s’est présentée à Come By Chance pour donner naissance à son sixième enfant. Tôt le lendemain matin, le bébé est né. C’était un autre garçon, pesant à peine moins de trois kilos. Mildred l’a nommé Craig Harvey Avery, et il a été placé dans la pouponnière à côté des autres nouveau-nés au visage fripé, dont Clar, qui avait poussé son premier cri tout juste sept heures plus tôt.

Mildred a ramené Craig chez elle à Hillview pour l’ajouter à sa couvée. Dès le début, Craig était différent des autres. Personne dans la famille Avery ne parvenait à déterminer à qui il ressemblait. En grandissant, c’est devenu un farceur bien bâti aux yeux bleus, rien à voir avec ses frères calmes aux cheveux bruns. Le visage de Craig était constellé de taches de rousseur; son père, Donald, arborait de hautes pommettes sculptées. Donald travaillait tantôt comme bûcheron, tantôt comme charpentier, pêcheur ou maçon, Craig souvent à ses côtés.

Le jeune homme a quitté l’école à 15 ans pour rejoindre son frère Wayne en Ontario dans une usine de porcelaine, où il fabriquait des éviers et des toilettes. Il était plutôt turbulent, provoquant des bagarres et courant après toutes les jolies filles. Lorsqu’il est revenu vivre à Hillview, Craig a trouvé des petits boulots: tailler des broussailles et participer à la construction d’une extension des quais. Il faisait un peu de tout, à l’image de son père, et prenait soin des membres de sa famille lorsqu’ils avaient besoin d’aide pour empiler leurs réserves de bois ou déneiger.

Craig a épousé sa première femme, originaire de la crique voisine. Plusieurs années, trois enfants et un divorce plus tard, il a rencontré sa partenaire de vie, la sœur d’un des hommes avec qui il jouait au softball. Tracey était intrépide, avec beaucoup de repartie. Ils ont fini par trouver tous deux du travail à Bull Arm – qui employait également Clar Hynes. C’est Tracey qui a remarqué en premier cet homme aux traits si semblables à ceux de sa belle-famille. Clar possédait les yeux bruns de Mildred Avery et son nez affirmé, et on aurait pu croire qu’il était le jumeau de l’un des frères de Craig, Clifford.

Mais Tracey n’avait plus repensé à cette ressemblance troublante jusqu’à ce mois de décembre, lorsqu’elle a découvert que son mari possédait non seulement la même date de naissance que Clar, mais qu’il avait aussi vu le jour dans le même hôpital.

Ce soir-là, Tracey et Craig sont restés assis dans leur grand lit, à parler et à boire du thé noir jusqu’à ce que le soleil se lève au-dessus des falaises. C’était un immense bond mental que de reconnaître une série de coïncidences pour finir par se demander s’il avait été échangé à la naissance, mais au fond de lui Craig savait – il savait, tout simplement.

Tous les éléments s’étaient soudain alignés, un morceau de son existence qui avait toujours semblé étrangement mal placé. Les questions tourbillonnaient dans son esprit: Comment cela a-t-il pu se produire? À quoi aurait dû ressembler ma vie et quelle serait-elle aujourd’hui? Où serais-je maintenant?

Une maison dans le village de Come By Chance, Terre-Neuve.
Le village de Come By Chance, Terre-Neuve.

En quête de réponses

Peu après, les Avery ont décidé qu’il leur fallait une photo de Clar à montrer aux frères et sœur de Craig. Au bout de quelques jours, Tracey a saisi sa chance. Ils se trouvaient dans la cantine de Bull Arm, à leur table habituelle, lorsqu’ils ont aperçu Clar. Tracey a levé son téléphone pour prendre subrepticement un cliché de l’homme, de profil. Au cours des jours suivants, Craig a envoyé la photo à ses frères et à sa sœur. Tous ont secoué la tête avec incrédulité. Le frère aîné de Craig, Clifford, celui qui ressemblait presque trait pour trait à Clar, a proposé de passer un test ADN pour vérifier si Craig et lui étaient bien du même sang.

Lorsque Tracey et Craig ont approché Clar pour lui faire part de leurs soupçons, celui-ci a trouvé toute cette histoire ridicule. Certes, il avait brièvement songé: «Ouais, Craig ressemble vraiment beaucoup à mon frère.» Et il se souvenait également d’étranges rencontres au cours des ans. Par exemple, la fois dans un magasin de jouets où il avait entendu une femme appeler: «Cliff ! Cliff!» Après plusieurs exclamations, auxquelles il n’avait pas répondu, la femme s’était approchée de lui. «Ah», avait-elle dit, surprise, lorsqu’il avait affirmé s’appeler Clarence Hynes. «Je pensais que vous étiez Cliff Avery de Hillview.»

Malgré cela, lorsque les Avery lui ont exposé leur théorie, Clar a rejeté l’idée de ne pas être la personne qu’il avait toujours cru être. Chacun de nous a quelqu’un à qui il ressemble.

Craig a reçu le courriel contenant les résultats de la comparaison de son ADN avec celui de Clifford à la fin de l’automne 2015. Il était trop nerveux pour cliquer sur le message, c’est donc Tracey qui l’a fait pour lui. Non seulement Clifford et lui n’avaient pas le même père, mais ils n’étaient pas même de lointains parents. La première personne que Craig a appelée était Clar. Mais ce dernier, tout en éprouvant une vague de tristesse, n’était toujours pas convaincu d’être concerné par cette nouvelle.

Cet hiver-là, Clifford a commencé à appeler Clar. Il voulait le rencontrer, mais celui-ci avait toujours une excuse. Puis, un jour de printemps, Clifford s’est suicidé au terme d’une dépression silencieuse de plusieurs années suivant la mort de son jeune fils. Au travail, Craig lui a tendu le faire-part de décès et Clar l’a poliment accepté, mais il n’a pas pu se résoudre à le lire, et il n’a pas non plus assisté aux funérailles. Cela n’a rien à voir avec moi, ne cessait-il de se répéter.

Mais la vérité s’est lentement insinuée dans son esprit. Pour la première fois de sa vie, il ne voulait plus se rendre au travail. La neige s’entassait dans son allée. Il se sentait comme un oiseau pris dans une tempête. Clar passait du lit au fauteuil, du fauteuil au lit, s’arrêtant parfois pour sangloter au comptoir de la cuisine.

Craignant que son mari n’attente à sa propre vie, tous les soirs après le dîner, Cheryl cachait les clés de la voiture dans une boîte de plastique noir rangée tout en haut du placard de la chambre, où elle dissimulait également tous les médicaments de la maison. Certaines nuits, quand Clar ne parvenait pas à dormir, il se rendait à pied jusqu’à la maison de son frère cadet Chesley, où il parlait et pleurait, la tête entre les mains, jusqu’à l’aurore.

Chesley n’avait jamais vu Clar, de 17 ans son aîné, dans un tel état de vulnérabilité. En tant que premier né de la fratrie, Clar avait toujours été une figure paternelle, surtout après la mort de leur père. Le voir ainsi ébranlait profondément Chesley.

Il a fallu plus d’un an à Clar pour ressortir la tête de l’eau. Sa femme et ses sœurs ont fini par le convaincre de voir un médecin, qui lui a diagnostiqué une dépression clinique. Une fois le bon traitement obtenu, il est lentement redevenu lui-même. Il a alors décidé qu’il était temps. Il savait que la famille Avery souffrait de maladies mentales, que Clifford en avait été atteint. Pour sa propre santé et celle de ses enfants, Clar devait en avoir le cœur net: était-il un Hynes ou un Avery?

Lorsque les résultats des tests de Clar sont arrivés par courriel, à l’hiver 2019, il a appelé Craig. Il avait étalé ses résultats sur le comptoir de la cuisine, à côté de ceux de Clifford, que Craig lui avait donnés. «Tout correspond», a annoncé Clar. Clifford et lui étaient frères.

Le silence s’est installé des deux côtés de la ligne téléphonique. Finalement, Craig a pris la parole: «Nous savons maintenant que tout cela est réel.»

La question suivante a dès lors accablé les deux hommes et leur famille: Que s’était-il passé?

Gregory Avery

Une erreur fondamentale

En menant l’enquête, les Avery et les Hynes ont retrouvé la piste d’une infirmière au surnom étrange. Christina Anne Callanan est née dans la ville irlandaise de Galway en 1924. Elle a fait des études d’infirmière et, à l’âge de 19 ans, a déménagé au Canada pour trouver du travail. Dans la trentaine, elle s’est installée à Come By Chance, une ville disposant d’une route principale, d’un bureau de poste et d’un magasin général.

Christina était vive et compétente, la première à sortir de ses appartements au premier étage de l’hôpital chaque matin. Elle a gravi les échelons jusqu’au poste d’infirmière en chef, qui, en plus des accouchements et de l’assistance en salle d’opération, impliquait la gestion du bureau, la distribution des prescriptions et la supervision du personnel.

Certains collègues la décrivaient comme une grande sœur. Mais d’autres voyaient en elle un sergent de l’armée qui met tout le monde sur les nerfs. Dans son dos, ses subalternes l’appelaient Le Tigre, pour son tempérament fougueux et dominateur. Elle était connue pour humilier les jeunes infirmières et leurs aides-soignantes. «Où est ta coiffe?», rugissait-elle à l’adresse d’une jeune femme qui l’avait oubliée ce jour-là.

La pouponnière était souvent bondée. Lorsque tous les berceaux étaient occupés, les bébés étaient déposés dans des caisses de lait rouge et blanc. Les aides-soignantes, qui avaient parfois tout juste 16 ans et aucune formation médicale, étaient surmenées et n’avaient que très peu de temps libre, sinon aucun. C’était souvent elles qui s’occupaient des bébés la nuit, pendant que les mères dormaient dans la maternité. Elles réchauffaient les biberons de lait, prenaient les nourrissons en pleurs dans leurs bras pour les consoler et changeaient les couches souillées.

Les berceaux et caisses de lait étaient censées être étiquetés. Les aides-soignantes et le personnel étaient avertis: assurez-vous que le nom sur l’étiquette corresponde au nom du bracelet du bébé, et vérifiez que ces deux noms correspondent également au nom du bracelet de la mère. Mais parfois, les bracelets glissaient après que l’enflure des membres du bébé – courante après la naissance – s’était résorbée. Si une infirmière ou une aide-soignante était pressée par l’urgence, un bébé pouvait facilement être placé dans le mauvais berceau ou la mauvaise caisse.

De l’avis général, Christina Callanan était très rigoureuse, mais les choses ont changé par la suite. Au cours d’une naissance particulièrement difficile, une aide-soignante l’a gênée dans son travail. Elle tentait d’attacher le bon bracelet d’identité au poignet du bébé. Selon le protocole, les bracelets du bébé et de la mère devaient être attachés immédiatement après la naissance, dans la salle d’accouchement. Mais Christina s’en est irritée et a renvoyé l’aide-soignante hors de la pièce. «Allez faire cela dehors, a-t-elle déclaré. Vous n’avez pas besoin de le faire ici.»

Depuis ce jour, le protocole s’est relâché. Les bracelets d’identité pouvaient être attachés à la mère et au bébé après leur séparation, une fois que le bébé se trouvait dans la pouponnière avec les autres nouveau-nés. Christina était en service en décembre 1962, lorsque Craig et Clar sont nés. Elle était présente à l’accouchement des deux bébés, et c’est son nom, signé de deux C serrés et enjolivés, qui figure en haut des dossiers médicaux des deux naissances.

Les conséquences

Ensemble, Clar, Craig et leur famille ont décidé de poursuivre le gouvernement de Terre-Neuve pour la négligence de l’hôpital et les dommages irréparables ainsi causés. Les familles ont découvert que quelques mois à peine avant la naissance des deux hommes, une autre famille avait reçu le mauvais bébé – mais elle avait heureusement remarqué l’erreur. Si des mesures avaient été prises à ce moment-là, soutiennent les deux familles, peut-être que Craig et Clar auraient rejoint le bon foyer. Elles pensent que le ministère de la Santé aurait dû intervenir, enquêter sur les erreurs commises et les plaintes déposées contre l’infirmière Callanan, et imposer une politique plus stricte de gestion des naissances.

En attendant que la justice suive son cours, les deux familles assimilent lentement ce qui s’est passé. À l’été 2019, Craig s’est rendu pour la première fois à St. Bernard’s, où Clar avait grandi puis s’était occupé de Rita quand elle était mourante. À son arrivée, il est resté dehors pendant une heure et demie avant de trouver le courage d’entrer dans le pavillon. Au comptoir de la cuisine, il a brisé des pinces de homard avec Clar, conscient que tout cela – la vue, les gens, les murs – aurait dû être son foyer.

Pendant ce temps, les frères et sœur Hynes contemplaient le large sourire moustachu de leur nouveau frère, sa façon de tenir sa fourchette comme leur père le faisait, sa démarche similaire, le dos légèrement courbé dans un mouvement de balancier.

Craig et Clar sont désormais comme des frères, mais leur lien est entièrement différent. Ils passent du temps ensemble, ainsi qu’avec leurs divers frères et sœurs, lors d’excursions en motoneige ponctuées de boil-ups — un après-midi de thé, chili, pain grillé et hot-dogs rôtis sur un feu crépitant. Le week-end, ils séjournent dans le chalet de vacances de Craig, ou garent leurs camping-cars à St. Bernard’s.

Ils puisent du réconfort dans les tics et manies de membres bien-aimés de la famille qu’ils reconnaissent en l’un et en l’autre. Craig rappelle à Clar son père – la façon dont il tapote son bras de deux doigts de la main opposée, la façon dont il s’assoit lorsqu’il mange, courbé avec les genoux écartés. Pour Craig, plonger dans les yeux de Clar est comme plonger dans ceux de son frère Clifford ou de sa mère.

Les deux hommes tentent de ne pas trop se complaire dans les «et si» et «si seulement». Depuis quelque temps, la vie est dure. L’industrie des énergies fossiles de Terre-Neuve s’est effondrée, et Craig a perdu son emploi. Les choses ont empiré avec les confinements causés par la pandémie, et Craig a du mal à occuper ses journées pour éviter à son esprit de s’évader. Autrefois plus décontracté, il est désormais plus prompt à s’enflammer. «Comment peut-on rattraper toutes ces années?, s’interroge-t-il. Tout ce qu’on a manqué ? On ne le retrouvera jamais.»

Pour sa part, Clar se tient ostensiblement occupé. Quand il n’est pas au travail, il construit un nouveau garage et bâtit un chalet à St. Bernard’s. Ces tâches l’aident à contenir ses émotions, en particulier les regrets au sujet de la famille qu’il n’a jamais rencontrée.

Tous les parents – Rita et Ches, Mildred et Donald – sont maintenant décédés, une triste réalité qui signifie toutefois que les deux familles n’ont pas à assumer une couche supplémentaire de bouleversements émotionnels.

En 2020, pour la première fois, Clar a regardé une vidéo de sa mère biologique. C’était une séquence de Mildred en train de danser avec Craig dans la maison de retraite, exécutant des pas côte à côte. Alors que Clar découvrait ses courtes boucles grises, ses yeux semblables à de brillants galets de rivière, le long nez qui était également le sien, il a secoué la tête, émerveillé. C’était la femme dans le corps de laquelle il avait grandi, qui avait souffert pour lui donner la vie, qui l’avait certainement aimé au premier regard. Il ne pourrait jamais être plus proche d’elle qu’en cet instant.

Rien ne pourra effacer ou excuser la terrible erreur commise à Come By Chance, mais avant que quiconque ne parle de mauvaises familles, il y avait des foyers aimants. Désormais existe encore autre chose: une unité improbable de Hynes et Avery, soudés par la plus cruelle des vérités, mais également par la compassion et la dévotion.

Tiré de « The Lives of Others », par Lindsay Jones, The Atavist (mars 2021) © The Atavist, Atavist.com

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Voici des astuces pour comment déboucher le drain du lavabo

Un lavabo — ou l’évier de la cuisine — est utilisé tous les jours, que ce soit pour se laver les mains ou certains ingrédients avant de préparer une recette. Quand l’eau commence à s’évacuer de plus en plus lentement, c’est déjà un signe que le drain est bouché. Ça peut arriver à tout le monde; voilà pourquoi c’est une bonne idée de savoir comment déboucher le drain du lavabo.

D’abord, vous devez savoir ce qui bloque le drain de votre appareil sanitaire. Un lavabo est complètement différent de l’évier, notamment quand il est muni d’un broyeur à déchets. Actionner le broyeur est donc une première étape pour vérifier si le drain est bel et bien bloqué, selon Alicia Sokolowski, experte en nettoyage et présidente d’AspenClean. Si c’est le cas, nettoyez le broyeur avant tout. Après, il suffit de dégager ce qui bloque le drain.

Si votre évier sent mauvais, c’est peut-être à cause du broyeur: il est peut-être temps d’essayer ce truc pour éliminer l’odeur désagréable du broyeur.

Comment Deboucher Le Drain Du Lavabo Infographie

Méthode 1: L’eau bouillante

Voici une des étapes pour déboucher le lavabo: l'eau bouillante.

Le processus pour débloquer un drain commence par la connaissance des méthodes pour déboucher le lavabo. En fait, ça dépend surtout du type de tuyaux de votre appareil sanitaire. Si vous avez des tuyaux en métal dont le drain est bloqué par des cheveux, du savon, de la graisse ou tout autre résidu semblable, vous n’avez qu’à utiliser de l’eau bouillante. C’est la première étape, qui est aussi la plus simple. Cela dit, elle n’est pas compatible avec tous les types de lavabos. Selon Mme Sokolowski, cette méthode ne fonctionnera pas avec des tuyaux en poly (ou PVC), par exemple. Voici comment faire:

  1. Faire bouillir deux litres d’eau.
  2. Verser dans l’ouverture du drain.
  3. Actionner le robinet pour voir s’il y a une amélioration.
  4. Répéter, si nécessaire.

Si le problème persiste, il est temps d’essayer une autre méthode.

Méthode 2: Bicarbonate de soude et vinaigre

Le bicarbonate de soude et le vinaigre est une autre solution pour déboucher le lavabo

Cette méthode est pratique si votre lavabo est constitué de tuyaux en poly. Mme Sokolowski suggère d’essayer cette technique assez simple, qui requiert du bicarbonate de soude et du vinaigre. Voici comment ça fonctionne:

  1. Verser environ une tasse de bicarbonate de soude dans le drain.
  2. Ajouter ensuite une tasse de vinaigre.
  3. Couvrir le drain avec un bouchon d’évier.
  4. Laisser le mélange agir pendant 15 minutes.
  5. Enlever le bouchon et faire couler de l’eau chaude dans le drain.
  6. Si vous remarquez une amélioration, répéter le processus jusqu’à ce que le drain du lavabo soit débouché.

Ce mélange maison n’est pas seulement utile pour l’évier ou le lavabo. Découvrez ces 5 nettoyants miracles à base de bicarbonate de soude et de vinaigre.

Méthode 3: Ventouse

Comment déboucher le lavabo: avec une ventouse.

Vous avez peut-être l’habitude d’utiliser cet objet pour déboucher une toilette, mais vous pouvez aussi l’utiliser pour le lavabo. Voici les étapes à suivre:

  1. Remplir le lavabo à moitié de sa capacité avec de l’eau chaude.
  2. Placer la ventouse sur le drain et pomper de haut en bas plusieurs fois.
  3. Enlever la ventouse et observer si l’eau s’est écoulée.
  4. Répéter jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’eau.

Si vous possédez deux éviers dans la cuisine, vous devrez couvrir un des drains pendant que vous vous occupez de l’autre. Si l’eau dans le lavabo ou dans l’évier s’écoule facilement, la méthode aura fonctionné.

Méthode 4: Tarière de vidange serpent

Comment déboucher le drain du lavabo: avec une tarière de vidange serpent

Si aucune des étapes précédentes ne fonctionne, vous pouvez essayer de déboucher le drain avec une tarière de vidange serpent. Selon Mme Sokolowski, cet outil est bien pratique; surtout puisqu’il peut effectuer la tâche sur des cas plus complexes. Voici les étapes à suivre:

  1. Ouvrir le drain en enlevant le bouchon d’évier.
  2. Mettre la tarière à serpent au fond du drain.
  3. Une fois que la tige atteint un obstacle, actionner la poignée pour déloger les débris. Il faut toutefois faire attention de ne pas pousser trop fort, afin que le bouchon ne descende pas plus loin dans le tuyau.
  4. Tirer la tige (et le résidu bloquant le lavabo) vers l’extérieur du drain.
  5. Répéter jusqu’à ce que le bouchon ne soit plus là. Faire couler de l’eau chaude pour vérifier si le drain fonctionne de nouveau.

Méthode 5: Enlever le siphon

Comment déboucher le drain du lavabo: vous pouvez enlever le siphon.

Si vous avez tout essayé et que le drain de votre lavabo reste bloqué, il est temps de tester vos compétences manuelles. En dessous du lavabo, un tuyau — qu’on appelle le siphon — est installé. Il est possible de l’enlever pour déboucher le drain. Voici comment faire:

  1. Pour éviter de créer un désordre, placer du papier journal et un seau en dessous du siphon.
  2. Dévisser les joints de glissement.
  3. Prendre le siphon et nettoyer toute la saleté qui s’est accumulée à l’intérieur.
  4. Rassembler le siphon.

Apprenez-en plus avec notre guide pour bien nettoyer la salle de bain, du plafond au plancher.

Comment empêcher le drain du lavabo de s’obstruer

Il est autant important de savoir comment déboucher un lavabo que de savoir comment l’empêcher de s’obstruer. Voici les conseils de Mme Sokolowski pour le prévenir:

  • Utiliser des tamis sur tous les drains.
  • Nettoyer les bouchons d’évier régulièrement.
  • Ne pas verser de graisse dans le lavabo.
  • Si le lavabo est constitué de tuyaux en métal, verser un litre d’eau chaude dans le drain une fois par semaine, pour garder la canalisation propre.

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Couverture du livre Que notre joie demeure

De quoi ça parle

Elle s’appelle Céline Wachowski. Elle aura bientôt 70 ans. Partie de rien, elle est devenue l’une des architectes les plus réputées de la planète. «Une des femmes les plus influentes du monde», dit-on d’elle. Partout. Sauf chez elle. Le Québec la boude. La province n’a jamais retenu ses services. D’où «l’archaïque mépris» qu’elle éprouve à son égard. Mais les choses pourraient changer. Cette femme dont les réalisations prestigieuses ne se comptent plus planche sur le siège social montréalais de la multinationale américaine Webuy.

Ce n’est pas le projet dont rêvait Céline («Elle avait voulu donner à la ville sa Place des Arts, sa Grande Bibliothèque, son pont Champlain…») mais c’est ce qui se présentait et, avant sa retraite, elle se fait un point d’honneur d’apposer (enfin!) sa signature sur Montréal. Un sentiment de victoire. Au début. Mais le mécontentement qui vient de l’extérieur enfle tranquillement et s’infiltre sournoisement au sein du cercle rapproché de l’architecte. Laquelle, bien assise sur ses réalisations, confiante en son immense talent, sûre de ses droits, sera ébranlée jusque dans ses fondations.

Pourquoi vous aimerez ça

D’abord, il y a l’écriture éblouissante de Kevin Lambert. Les phrases de l’écrivain ont beau courir sur plusieurs pages et ses paragraphes être sans fin, le texte est limpide, il coule sous les yeux, imposant un rythme enivrant qu’il est difficile d’interrompre. La description d’un immeuble peut s’étirer sur des pages et des pages… et on en redemanderait tant ce qu’on « voit » est spectaculaire.Mais toute cette beauté n’est pourtant ni gratuite ni mièvre. Kevin Lambert tranche, mord, percute avec les mots. Sa façon de nous entraîner dans une direction claire et nette puis, de lentement déplacer le point de vue et d’opter pour l’autre bout de la lorgnette est remarquable de maîtrise. Oui, Que notre joie demeure nous fait entrer chez les «riches et célèbres». Mais si le romancier a planté son récit à Montréal au lieu de son Saguenay-Lac-Saint-Jean natal, s’il s’installe ici dans la haute plutôt que dans les milieux prolétaires, la rage qui pulsait dans Tu aimeras ce que tu as tué et la folie furieuse qui secouait Querelle de Roberval sont toujours là. Son ironie, son humour et son audace aussi.

Qui l’a écrit

À tout juste 30 ans, Kevin Lambert est déjà un incontournable de notre littérature. Lancé en 2017, son premier roman, Ce qu’il reste de moi, lui a valu d’être finaliste au Prix Médicis. Son deuxième, Querelle de Roberval, a entre autres été finaliste au Prix littéraire des collégiens, au Prix des libraires et au Prix littéraire du Monde. Un parcours exceptionnel.

Extrait

…cette guerre secrète que Céline mène a des origines profondes, elle commence par une agression du Québec envers elle, le Québec qui l’a si longtemps ignorée, elle travaille à son premier projet d’envergure après plus de quarante ans de métier et les consultations publiques, sans surprise, sont houleuses. Évidemment, le Québec ne pouvait pas l’accueillir sans partir une autre de ses minables controverses, après qu’elle a mené avec succès dans le monde des centaines de grands projets, sans compter les chantiers résidentiels, l’aménagement de locaux de travail et de commerces, la restauration de bâtiments historiques, les parcs et le plan d’urbanisme à Chicago, Los Angeles, Lyon et Berlin, les gratte-ciel à San Francisco, New York, Paris, Tokyo, Sydney, conceptualisés puis menés à bien par son équipe (…) mais la minable province dans laquelle elle est née, peuplée d’illettrés qui ont voté « Non » deux fois à des référendums sur leur souveraineté, n’a pas jugé son travail assez convaincant, assez conforme aux normes et aux attentes des banquiers et des médecins qui nous servent ici de leaders, les idées de Céline sont trop originales, trop « artistiques » lui avait-on dit un jour… (p. 60-61)

Que notre joie demeure, de Kevin Lambert, éditions Héliotrope

Rendez-vous sur notre groupe Facebook, Le club du livre Sélection, pour discuter du roman avec les membres de notre club de lecture.

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Illustration Face A Face Mademoiselle C
Il existe à Toronto une petite maison de brique brune, presque dissimulée par des conifères, que je visite de temps en temps. Ce n’est pas la maison qui est spéciale à mes yeux, mais la personne qui l’habite. Je frappe à la porte et une voix mélodieuse m’invite à entrer.
«C’est moi, Mademoiselle C», dis-je en ôtant mon manteau d’hiver.
«Mets tes bottes sous le radiateur, mon chou», répond-elle en apparaissant lentement dans le corridor, aidée de son déambulateur.

Nous nous serrons fort dans nos bras. Je m’avance dans le salon et j’aperçois des piles de livres sur le sol ainsi que des photos de sa famille et de ses amis. Je tourne la tête et souris à Winston, le chien marionnette bien-aimé qui trônait autrefois sur le piano de la classe de Mademoiselle C. Appuyé sur le manteau de cheminée, il arbore désormais quelques trous dans les bras. Mademoiselle C s’assoit dans son fauteuil, et je m’installe près d’elle en songeant à la chance que j’ai de connaître une femme aussi remarquable.

Je l’ai adorée dès l’instant où elle est devenue mon enseignante de maternelle, il y a presque 45 ans de cela. Sa classe semblait magique, truffée de centres d’activités qui éveillaient joie, curiosité et créativité. Elle disposait d’un piano et d’un ukulélé, posé sous le chevalet, toujours prêts à s’animer pour d’avides enfants de quatre ans. Près de la fenêtre se trouvait un coin lecture, et à côté s’étalait le coin déguisement. Plus loin, près des casiers, il y avait deux longues tables garnies de peintures aux couleurs vives, de pinceaux et de feuilles blanches.

Mes camarades de classe et moi-même savions que notre enseignante se souciait profondément de nous. Pour moi, c’est là le gage d’une extraordinaire éducatrice – une éducatrice qui inculque à ses élèves tout à la fois l’amour d’apprendre et l’envie d’aller à l’école. Elle créait un refuge où nous pouvions être ce que nous voulions: peintre, ouvrier de la construction, danseur, écrivain.

Un matin de printemps, Mademoiselle C a apporté en classe des œufs presque prêts à éclore. Nous leur avons donné des noms et nous en sommes occupés pendant quelques semaines. Après leur éclosion, nous nous sommes transformés en scientifiques attentifs, documentant minutieusement le développement des poussins. Les laisser ensuite partir a été difficile, mais Mademoiselle C nous a appris qu’il s’agissait du cours naturel de la vie. Nous lui faisions confiance, et nous nous en sommes remis.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai voulu devenir enseignante. En grandissant, je me surprenais à retourner régulièrement rendre visite à la classe de Mademoiselle C. Du secondaire à l’université, il m’arrivait de me rendre dans sa classe après l’école. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme et que je suis devenue enseignante à Toronto, en 1998, j’avais hâte de l’inviter dans ma propre classe. Un jour, alors qu’elle était récemment retraitée, elle est arrivée avec Winston dans son sac et son ukulélé calé sous le bras. Tandis qu’elle s’assoyait dans le fauteuil à bascule, j’ai vu la joie sur le visage de mes élèves qui reprenaient les chansons que j’entonnais avec elle, enfant. Après quoi, Winston enfilé sur sa main, elle les a captivés avec aisance de ses adorables excen­tricités – il se grattait par exem­ple l’oreille jusqu’à la frénésie. En tant que nouvelle enseignante, je m’émerveillais de son contact intuitif avec les enfants. C’est un don rare.

«Qui l’aurait cru!»

Pendant des années, Mademoiselle C est venue dans ma classe, en bénévole. Au cours d’une visite, elle nous a aidés, mes élèves et moi, à planter des pommes de terre dans le potager de notre école. Une autre fois, elle nous a accompagnés lors d’un lâcher de papillons que nous avions élevés. Elle aidait régulièrement mes élèves à lire et à écrire leurs histoires. Je me sentais chanceuse d’apprendre le métier d’enseignante auprès d’elle. J’attendais avec impatience nos conversations en tant que collègues et amies.

Nous partagions également nos hauts et nos bas. Elle était présente à ma remise de diplôme d’études supérieures. Elle m’a conseillée lorsque mon père a été placé en maison de retraite. Elle m’a laissée pleurer sur son épaule lorsqu’on a diagnostiqué un cancer à ma mère. Et à mon tour, j’ai été là pour elle quand son mari est mort et quand sa sœur a déménagé à l’autre bout du pays. Je l’ai encouragée à partir en voyage à Cuba avec sa chorale et lui ai même prêté ma valise. Elle me demandait des nouvelles de ma famille et de mes amis, et je lui en demandais des siens.

Je suis encore là pour elle aujourd’hui, alors qu’elle commence à ralentir. Sa mobilité est limitée, et il sera bientôt temps pour elle de vendre sa maison. Je remonte des cartons de son sous-sol et les place à ses pieds. Puis je m’assois par terre et les ouvre pour elle. Nous passons en revue chaque dessin offert par un élève, chaque mot de remerciements écrit par un parent et bon nombre de ses aides-enseignants. Je reconnais certains noms. Je possède désormais son manuel d’instructions sur le soin des poussins. Le soleil de feutrine autrefois accroché au-dessus de la porte de sa classe se trouve maintenant au-dessus de la mienne.

Un jour, je trouve une pile de feuilles quadrillées ornées des lettres de l’alphabet. Chaque page est décorée d’images et de noms d’élèves commençant par cette lettre. Je pousse une exclamation de surprise en découvrant mon propre nom écrit au marqueur vert. Soudain, mon esprit se retrouve dans la classe 3. Mademoiselle C est assise sur une chaise à côté d’un chevalet, mes camarades de classe et moi assis sur le tapis à ses pieds. Nous apprenions les lettres et leurs sons ainsi qu’à compter. Nous chantions des chansons et écoutions des histoires.

Aujourd’hui, Mademoiselle C est installée dans son fauteuil, et je me retrouve de nouveau assise au sol à ses pieds. Nous parlons durant des heures autour d’un thé. Je l’écoute avec attention car je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre d’elle. Ces jours-ci, les leçons portent sur l’amour et les relations, sur le fait de vieillir et de prendre le temps pour ce qui est important dans la vie. Nous parlons aussi du système d’éducation, d’autrefois et de maintenant, et des défis qui émergent en classe. Je suis stupéfaite de voir comme les choses ont à la fois tant et si peu changé. Mademoiselle C vise toujours juste: elle est capable d’expliquer les raisons cachées derrière le comportement d’un enfant, et elle sait apporter son éclairage sur des problèmes qui me préoccupaient depuis des semaines.

Aucune de nous deux ne s’attendait à cette amitié. «Qui l’aurait cru!» s’étonne-t-elle souvent en souriant.
«Je sais, réponds-je. J’ai tellement de chance.
— Moi aussi», réplique-t-elle.

En vérité, nous sommes toutes les deux chanceuses.
Avant mon départ ce jour-là, elle me tend un sac de ce qu’elle appelle de «chouettes déchets», plein de pots de yogourt vides qu’elle met de côté pour moi. Des trésors à nos yeux d’enseignantes de primaire pour les ateliers d’arts plastiques. Je les accepte de bon cœur et la prends dans mes bras pour lui dire au revoir. Je reviendrai bientôt. Une fois au volant, je jette un œil dans le rétroviseur et l’aperçois regarder ma voiture s’éloigner.

Les éducateurs savent qu’enseigner n’est pas un métier qui commence à 8h30 et finit à 15h30. Les professeurs chanceux ont l’occasion de voir ce que leurs élèves sont devenus. Les professeurs d’exception ne quittent jamais le cœur de leurs élèves.

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La naturopathie, ou les avantages de prendre soin de soi naturellement

Médecine naturelle, la naturopathie s’intéresse à la personne dans sa globalité et se veut à la fois préventive et éducative. Fondée sur différentes techniques, de la phytothérapie, à la massothérapie, en passant par la nutrition et l’hygiène de vie (diététique, cures saisonnières, jeûnes, exercices, etc.), et rassemblant diverses écoles, la naturopathie propose une démarche active au sein de laquelle le sujet est considéré comme l’acteur de sa santé.

En quoi consiste la naturopathie plus exactement?

La naturopathie repose sur la capacité d’autoguérison de la personne, à condition que sa force vitale soit suffisante. Elle propose donc de traiter l’individu dans sa globalité et vise à dynamiser son système immunitaire à l’aide de différentes techniques comme l’homéopathie, la phytothérapie, le jeûne, l’hydrothérapie, le rééquilibrage alimentaire, le drainage, la relaxation, etc., et de remèdes naturels d’origine animale, végétale et/ou minérale.

En naturopathie, l’organe malade est une victime. Il faut donc s’attaquer à la cause du problème et pas seulement aux symptômes.

Selon les naturopathes, les maladies les plus courantes trouvent leur origine dans :

  • La libération dans l’organisme de toxines par la plupart des médicaments;
  • Une alimentation trop sucrée, grasse ou riche en gluten;
  • Une consommation insuffisante de vitamines et minéraux;
  • Une candidose endémique (colonisation chronique de l’intestin par des Candida résultant à la prise d’antibiothérapies et/ou à la consommation régulière de produits laitiers);
  • De mauvais alignements vertébraux;
  • Une accumulation de déchets dans l’intestin;
  • Un déséquilibre de l’énergie vitale.

Ce que soigne la naturothérapie

Dans son principe même, la naturopathie cherche à réorganiser l’hygiène de vie afin de favoriser l’autoguérison. Si vous êtes sujet aux allergies, aux infections chroniques ou dégénératives, comme l’arthrose, l’emphysème ou les ulcères, la naturopathie peut vous aider à renforcer votre organisme pour éviter, réduire ou espacer ce genre de crises.

Vous pouvez aussi y avoir recours après une grippe ou une gastro-entérite. Si vous êtes en surcharge pondérale, elle peut s’avérer bénéfique, de même que si vous êtes grandement angoissé ou fatigué.

Vous avez souvent mal à la tête? Voici les meilleurs conseils des naturopathes pour soulager naturellement les maux de tête.

La naturopathie se définit selon sept principes

  • Ne pas nuire;
  • Guérir grâce à la nature;
  • Identifier et traiter la cause;
  • Traiter la personne dans sa globalité;
  • Éduquer tout en soignant le patient;
  • Privilégier la prévention;
  • Améliorer la santé et le bien-être.

 La naturopathie chez soi

Il est très facile de respecter quelques règles de base pour avoir une bonne hygiène de vie.

  • Pour se régénérer, l’organisme a besoin de se reposer. Peu importe la quantité de sommeil, certaines personnes sont en forme en ne dormant que six heures par nuit. En revanche, apprenez à écouter votre corps et à vous coucher dès les premiers signes de fatigue. Préférablement, votre chambre doit être fraîche (pas plus de 19 °C).
  • Consommer jusqu’à dix portions de fruits et de légumes chaque jour. Pour vous aider, optez pour des soupes de légumes ou encore des desserts à base de fruits. Évitez les plats préparés trop salés et contenant trop d’additifs alimentaires.
  • Les facteurs de stress ne manquent pas. Pensez à respirer profondément plusieurs fois dans la journée.
  • Si votre emploi du temps vous le permet, marchez quotidiennement, ou pratiquez une à deux séances de yoga par semaine.

Contre-indication et mises en garde

Sauf rares exceptions, les naturopathes ne sont pas des médecins. Les techniques proposées ne sont pas adaptées à tout le monde. Il faut rester prudent et, surtout, ne pas abandonner son traitement médicinal, en particulier en cas de maladies graves.

Attention, la naturopathie ne doit pas se substituer à la médecine traditionnelle. En l’absence de résultats, il est indispensable de consulter un médecin allopathe.

Sinon, les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes ne doivent pas pratiquer le jeûne. D’ailleurs, connaissez-vous la différence entre le jeûne intermittent et le jeûne alterné?

Comment trouver un naturopathe

Dans les provinces canadiennes où la naturopathie est reconnue, les praticiens reçoivent une formation universitaire de quatre ans à temps plein, soit au moins 4000 heures, menant au titre de docteur en naturopathie.

Là où il n’existe pas de réglementation encadrant l’exercice de la naturopathie, comme c’est le cas au Québec, diverses écoles et organisations proposent des cours. Certaines offrent une formation très minimale, tandis que d’autres, dont le programme d’études s’apparente à celui d’établissements reconnus, peuvent former d’excellents conseillers en santé. Assurez-vous simplement de lire nos conseils et recommandations avant de consulter un naturopathe.

Comment se déroule une consultation de naturopathie?

Diagnostic :

La première consultation est assez longue puisqu’elle dure en moyenne entre une heure et une heure trente; les suivantes sont moins longues, de trente à quarante minutes.

Le praticien commence par vous questionner sur vos antécédents familiaux et médicaux, vos habitudes alimentaires, votre hygiène de vie (il vous demande si vous fumez, si vous pratiquez un sport…).

Il établit un diagnostic déterminant votre vitalité, vos surcharges, vos carences, vos forces et vos faiblesses, la façon selon laquelle circulent vos liquides organiques, vos blocages (surcharge, barrage toxique, cicatriciel, «mécanique», etc.). Pour cela, il utilise diverses techniques :

  • L’iridologie;
  • L’analyse des cheveux pour repérer les carences en vitamines et en minéraux, ou la présence de toxines;
  • L’électrodiagnostic pour détecter la présence de parasites et d’autres problèmes en mesurant simplement la résistance électrique de la peau;
  • L’examen du pouls et de la langue (l’aspect des dépôts fournit des renseignements sur la nature et le siège de l’affection);
  • La morphopsychologie ou la réflexologie.

Traitement :

Il est toujours personnalisé et associe différentes pratiques comme:

  • Le jeûne pour détoxiquer;
  • Un régime alimentaire personnalisé, assorti de règles d’hygiène de vie;
  • L’hydrothérapie (enveloppements locaux ou généraux avec des linges humides) et la balnéothérapie;
  • L’irrigation du côlon (lavements);
  • Des remèdes à base de plantes, d’huiles essentielles, d’élixirs floraux, de tissus animaux, de minéraux, d’oligoéléments ou de suppléments alimentaires.

Le praticien peut également vous proposer d’autres traitements issus des médecines naturelles ou des thérapies alternatives (s’il ne les pratique pas lui-même, il vous adressera à un thérapeute spécialisé) :

  • Acupuncture, auriculothérapie, auriculomédecine;
  • Homéopathie;
  • Chiropratique, ostéopathie;
  • Magnétisme, aimants;
  • Massages (shiatsu, réflexothérapie);
  • Sophrologie, hypnose éricksonienne, relaxation, yoga…

Vous désirez essayer les miraculeux bienfaits anti-âges et à multiples facettes du yoga, mais ne savez pas par où commencer? Consultez notre guide pour savoir comment trouver le type de yoga qui vous convient.

Cure naturopathique

Elle peut être organisée autour de trois phases, chacune d’elle étant espacée de trois semaines à un mois.

  1. Phase de dépistage où la naturopathie peut associer au bilan du patient, une stimulation de la force vitale, préalable indispensable à toute autoguérison, grâce à un régime alimentaire individualisé;
  2. Phase de drainage général ou spécifique des tissus, sous forme de massages adaptés: la naturopathie sera associée à des conseils alimentaires personnalisés pour détoxiquer l’organisme;
  3. Phase de revitalisation-stabilisation avec la prise de suppléments (vitamines, minéraux, oligoéléments) ainsi que le suivi de programmes d’alimentation et d’hygiène de vie personnalisés.

Ce qu’en dit la science

On ne dispose pas d’études documentées sur la naturopathie. En revanche, de nombreuses études ont montré l’intérêt des traitements à base de plantes, qu’il s’agisse de phytothérapie ou d’aromathérapie et plusieurs ont confirmé le rôle de l’alimentation dans la prévention des pathologies lourdes et la prise en charge thérapeutique des pathologies chroniques.

La naturopathie devrait être vue comme une pratique complémentaire à la médecine conventionnelle (aussi parfois appelée allopathie par les tenants des médecines non conventionnelles).

Un peu d’histoire

Si le principe remonte à Hippocrate, ce sont Vincent Priessnitz (1799-1851) puis, à la fin du XIXe siècle, le père Sébastien Kneipp (1821-1897), un moine bavarois, qui ont jeté les bases de cette médecine naturelle: ils croyaient aux vertus curatives de l’eau et ont mis au point les premières techniques d’hydrothérapie. C’est toutefois Benedict Lust (1870- 1945) – un Américain qui avait été soigné par Kneipp avant de devenir son disciple – qui a élaboré la naturopathie. En France, le biologiste Pierre Valentin Marchesseau (1911-1994) reprit et synthétisa les travaux de ses prédécesseurs, et créa le concept de naturopathie originelle (ou orthodoxe).

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L'anxiété sociale se déclenche en marchant dans la rue

Il y a huit ans, victime de pensées obsédantes, d’apathie et d’insomnies, Sue Thomas a compris qu’elle ne s’en sortirait pas sans aide. À 66 ans, elle était fonctionnaire au NHS, le service de la santé publique britannique, dans le sud de l’Angleterre. Pour remédier à ce qu’elle prenait pour une dépression, elle a fait appel à différentes techniques, comme les thérapies comportementales et cognitives (TCC). C’est ainsi qu’on lui a diagnostiqué un «trouble anxieux».

En mettant un nom sur le tourbillon d’émotions qui l’assaillaient, elle s’est rendu compte qu’elle tentait l’impossible pour dissimuler ses symptômes, surtout au travail. «Hantée par la peur de ne pas être à la hauteur, je m’arrangeais pour faire bonne figure, explique-t-elle. Pour ça, oui, je mériterais un prix.»

Son expérience et ses compétences n’empêchaient pas Sue de douter de la qualité de son travail. Le soir, son esprit s’emballait, elle ne pouvait se reposer; le jour, des pensées négatives la hantaient, accompagnées de nombreux symptômes comme les nausées et les acouphènes. «Je découvrais la nature très physique de l’anxiété», ­reconnaît-elle. Ce sont souvent ces manifestations corporelles des émotions qui convainquent les patients qu’ils ont besoin d’aide.

Sue est l’une des quelque 300 millions de personnes dans le monde victime de troubles anxieux. ­L’anxiété touche chacun de nous à des degrés variables. Elle est le plus souvent intermittente et surgit après un événement stressant ou traumatique. Elle peut aussi survenir dans des situations quotidiennes et sans risque. Cette forme d’anxiété est pathologique.

L’anxiété chronique mine l’organisme

L’anxiété fait partie de notre système de réaction au stress. Il s’agit d’une réponse émotionnelle à une menace anticipée; autrement dit, nous craignons qu’il nous arrive quelque chose. Parfois des éléments tangibles nous le font croire, parfois il n’y en a pas.

«Lorsqu’une crise se manifeste, elle s’accompagne souvent de nombreux signes physiques», note le Dr Olivier Dubois, psychiatre, directeur du centre thermal et des cliniques de Saujon, et de l’École thermale du stress. Le système nerveux sympathique, responsable des fonctions involontaires comme la respiration et les battements de cœur, se met en état d’alerte maximale. Les glandes surrénales libèrent de l’adrénaline et du cortisol, deux hormones qui activent la réponse au stress. Le rythme cardiaque augmente, la tension artérielle s’élève, les pupilles se dilatent, le souffle est plus court et la peau, moite.

En parallèle, le cortisol met en sommeil les fonctions que le cerveau ne juge pas essentielles à la survie. Il module les réponses du système immunitaire et inhibe les mécanismes physiologiques de la digestion, de la reproduction et de la croissance afin de conserver toute son énergie pour faire face au risque. Tout cela était utile à nos ancêtres qui devaient échapper aux prédateurs, mais beaucoup moins quand votre angoisse est due à la crainte d’être contaminé par le client qui tousse derrière vous au supermarché.

«Dans ces crises, l’anticipation ­du risque joue un rôle majeur», ajoute le Dr Dubois. Une situation vous paraîtra menaçante – même si elle ne l’est pas – et vous déploierez des trésors d’imagination pour y échapper. Vous serez obsédé par des stratégies d’évitement ou par des plans de fuite. Vous serez indécis par crainte de prendre la mauvaise décision. Ou au contraire agité, remonté, incapable de vous détendre.

Normalement ces symptômes s’apaisent dès que la situation qui vous met en émoi s’éloigne. Ainsi, si l’idée de prendre l’avion vous rend nerveux, ce sentiment se dissipe ­aussitôt que les roues se posent sur la piste. L’anxiété peut néanmoins devenir chronique et se transformer en trouble anxieux généralisé (TAG), trouble panique, trouble obsessionnel compulsif (TOC), syndrome de stress post-traumatique, ou phobie.

La différence entre l’anxiété circonstancielle déclenchée par un facteur de stress transitoire et l’anxiété relevant du trouble anxieux n’est pas toujours évidente. Il est normal de se sentir anxieux, mais quand l’anxiété envahit au quotidien et vous empêche de profiter de la vie, il est important de demander de l’aide.

Si, par exemple, vous avez tellement peur de l’avion que vous ne partez plus en vacances, il est temps de consulter. Il en va de même si vous constatez que l’anxiété dure au-delà de la résolution du problème et qu’elle semble même augmenter d’une fois à l’autre.

Traiter l’anxiété quand elle persiste

Il existe des traitements efficaces de l’anxiété, qu’ils soient médicamenteux ou psychothérapiques. «Plutôt que de se soigner, de nom­breux patients vont tenter soit de dominer leur anxiété, soit de la fuir, indique le Dr Dubois. Mais, en essayant de neutraliser l’anxiété, vous risquez plutôt de lui faire toute la place dans vos pensées ; et en la fuyant, vous ne réglez rien.»
Voici quelques conseils pour réduire les effets négatifs de l’anxiété:

L’accepter

Admettre que l’anxiété fait partie de la vie de chacun permet de l’accueillir avec une certaine bienveillance, voire avec humour. C’est la pierre angulaire de la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT). Cette forme de TCC repose sur deux concepts clefs: «accepter» ce qu’on ne peut pas contrôler et s’«engager» dans une action qui enrichit notre vie. Les praticiens encouragent ainsi les patients à entreprendre un dialogue avec leurs pensées anxieuses, à se pencher sur leurs causes et à ne pas perdre de vue leurs objectifs de vie et leurs valeurs personnelles. Le patient prisonnier de ses angoisses apprend peu à peu à redevenir maître de son existence et de ses actions.

Se montrer curieux

Parallèlement à l’acceptation, il est bon de prendre pleine conscience de son anxiété, surtout si les idées envahissantes empêchent de penser rationnellement.

Un moyen efficace consiste à porter son attention sur les sensations corporelles, les pensées et les émotions consécutives à notre anxiété. Observer et nommer les sensations physiques (je rougis, j’ai la respiration courte, mon cœur bat plus vite) est alors déjà une première étape dans l’affranchissement des réactions anxieuses.

Il existe de nombreuses applications numériques pour s’entraîner à la pleine conscience, elles aident à mieux vivre les manifestations de l’anxiété. Pratiquez-la quotidiennement et ainsi vous serez mieux préparé à affronter les crises.

C’est en étant plus consciente des effets de l’anxiété dans sa vie que Sue Thomas a pu reconnaître le mouvement envahissant des inquiétudes et des pensées obsédantes. Quand cela se produit, plutôt que d’être pétrifiée par le stress ou de surcharger son esprit de pensées au point de ne plus pouvoir se concentrer, elle prend du recul et se recentre sur le moment présent.

Adapter son mode de vie

La fatigue et l’augmentation du stress nous rendent plus vulnérables à l’anxiété. Un régime équilibré, un sommeil réparateur et, par-dessus tout, la pratique sportive aident à y faire face. Une étude a montré qu’un entraînement régulier et vigoureux réduisait de 25% le risque de trouble anxieux au cours des cinq années suivantes. «La marche nordique est une technique efficace pour redonner du dynamisme, ajoute le Dr Dubois. Elle stimule la fabrication d’endorphines par le cerveau et contribue à un sentiment de bien-être.»

Privilégier un entourage bienveillant

«L’affection protège des effets du stress», écrit le Dr Philippe Rodet, médecin urgentiste français et auteur de nombreux ouvrages sur la bienveillance. L’explication est simple: il existe une relation inverse entre le taux d’ocytocine dans le sang (hormone du bonheur) et le cortisol (hormone du stress). «Une étude menée en Suisse par l’équipe du professeur Beate Ditzen, de l’université de Zurich, conclut que plus le taux d’ocytocine est élevé, plus celui de cortisol est bas», dit le médecin. L’équipe suisse a également montré que chez les sujets qui reçoivent beaucoup d’affection, le taux de cortisol diminue.

Tenter une cure thermale

Plusieurs centres thermaux ont mis au point des cures pour les patients souffrant d’un trouble anxieux généralisé (TAG). Ces cures reposent à la fois sur la présence de certains oligo-­éléments comme le magnésium ou le lithium dans l’eau thermale, mais aussi et surtout sur la prise en charge et l’accompagnement pendant la cure (sport, alimentation, repos, ateliers…). «La cure en elle-même est bénéfique pour le sommeil, explique le Dr Dubois. Cela aide à rompre le cercle ­vicieux insomnie-fatigue-anxiété ».

Les curistes apprennent également de nombreuses techniques pour se réapproprier leur corps et leurs sensations (relaxation, méditation). « Pendant trois semaines, le patient va lâcher prise, souligne le psychiatre. Son processus d’auto-alimentation du stress chronique se bloque suffisamment longtemps pour que les crises ne redémarrent pas quand il rentre chez lui.»

Sue Thomas prend un traitement pharmacologique pour mieux maîtriser son anxiété et ses douleurs chroniques. En plus de pratiquer la pleine conscience et la méditation, elle suit des cours de peinture et de dessin.

Elle administre par ailleurs une plateforme où les membres partagent leurs expériences et se soutiennent en période de stress. Cet esprit de solidarité couplé aux techniques d’ACT mentionnées plus haut ont contribué à sa guérison. «L’anxiété a cessé de prendre le dessus, se félicite-t-elle. Il m’arrive encore d’en éprouver, mais ça va, ça fait partie de moi.»

Pillule Medicament Flacon

La médication peut aider

En raison de la stigmatisation des psychotropes, beaucoup écartent l’idée de prendre un médicament contre l’anxiété. Ceux qui en souffrent craignent parfois l’accoutumance ou d’être jugés faibles ou handicapés. En réalité, les traitements pharmacologiques des troubles de l’anxiété proposés aujourd’hui sont plus sûrs et ont moins d’effets ­secondaires qu’il y a 30ans.

L’attitude face à la maladie mentale a également évolué. Une étude publiée en 2013 dans The British Journal of Psychiatry a révélé que près de 80% des adultes jugeaient la maladie mentale comme un problème de santé comme les autres, et 85% considéraient important de lutter contre sa stigmatisation.

Si vous envisagez la médication, votre médecin pourra vous prescrire celle qui est le mieux adaptée à votre situation.

Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont de bons médicaments pour démarrer un traitement contre de nombreuses formes d’anxiété. La sérotonine est un neurotrans­metteur qui intervient dans le sentiment de bien-être et de bonheur, en plus d’agir sur la pensée, la mémoire, le sommeil, la digestion et la circulation. Les ISRS élèvent le niveau de sérotonine dans le cerveau et, en plus d’être sûrs, leur usage à long terme n’entraîne pas de dépendance.

À plus court terme, on envisagera les benzodiazépines comme le Xanax, qui potentialisent l’effet du GABA, un neurotransmetteur inhibiteur, autrement dit qui freine la transmission des signaux nerveux. Les benzodiazépines agissent rapidement et ne restent pas longtemps dans l’organisme. Ils peuvent cependant créer une dépendance et sont considérés comme dangereux dans un usage continu.

Pour Gin Lalli, psychothérapeute à Édimbourg, en Écosse, les médicaments associés à une thérapie sont une bonne approche de soins, surtout chez les personnes qui souffrent d’une forme d’anxiété plus grave. «Pour entreprendre une thérapie, il faut une bonne santé cognitive et la médication aide à ­l’entretenir, explique-­t-elle. Elle soulage des symptômes et accroît la concentration. Les deux fonctionnent très bien ensemble.»

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Comment le tourisme spatial va changer le monde

Qu’est-ce que le tourisme spatial?

«Lorsque l’aviation a commencé [au milieu des années 1900], elle était réservée aux gouvernements et à ceux qui pouvaient se le permettre», explique Jane Poynter, fondatrice de la compagnie de tourisme spatial Space Perspective. «Les gens ne pouvaient pas s’imaginer à l’époque la myriade de vols disponibles aujourd’hui qui ont un impact positif notable sur la vie de milliards d’individus.» La même chose peut être imaginé pour l’avenir du tourisme spatial, estime Jane Poynter.

Un voyage spatial est un voyage aérien au-delà de 80 à 95 kilomètres au-dessus du niveau de la mer. Alors que de nombreuses organisations internationales considèrent la ligne Kármán – à 95 kilomètres de haut – comme le bord de l’atmosphère terrestre, l’administration fédérale américaine de l’aviation (FAA) et la NASA définissent tout ce qui se trouve au-dessus de 80 kilomètres comme étant «l’espace extra-atmosphérique».

Types de vols

Les compagnies de tourisme spatial offrent deux types de vols différents.

Le voyage spatial orbital durant lequel le vaisseau spatial se déplace autour de la planète à une vitesse suffisante pour éviter de retomber sur Terre (comme le fait la Station spatiale internationale par exemple).

Le voyage spatial suborbital emmène les gens dans l’espace puis revient sur Terre à une vitesse bien inférieure que celle du voyage orbital. La plupart des entreprises de tourisme spatial pour particuliers proposent des vols spatiaux suborbitaux.

Pourquoi les gens veulent-ils aller dans l’espace?

«Voir la fine ligne bleue emblématique de l’atmosphère et la noirceur de l’espace est quelque chose qui affecte profondément les astronautes», note Jane Poynter. «Cette expérience est la raison pour laquelle la plupart des gens veulent voyager dans l’espace.»

«De nombreux astronautes décrivent cette expérience comme transformationnel et disent s’impliquer davantage dans les causes sociales et environnementales à leur retour», poursuit-elle. «Imaginez si des milliers de personnes vivaient cette expérience. Peut-être que cela aura un effet d’entraînement sur toute la société.»

Lisez le récit de Chris Hadfield, l’homme qui nous regardait du ciel.

Avantages et inconvénients du tourisme spatial

Les avis sur le tourisme spatial sont variés pour de multiples raisons. Si certains croient en la recherche spatiale, d’autre déplorent la pollution engendrée par ce type de voyage.

Avantages

Création d’emploi. Le tourisme spatial commercial a le potentiel de stimuler l’économie en créant des emplois et en encourageant les investissements.

Possibilité de changer ses perspectives. «Chez Space Perspective, nous voulons permettre à plus d’individus de contempler l’inconnu et de regarder la Terre afin d’acquérir une nouvelle perspective sur notre planète», ajoute Jane Poynter.

Avancées de la recherche. Passer plus de temps dans l’espace pourrait aider à résoudre certains des mystères les plus déroutants de l’univers. À ce propos, jetez un œil à la réponse de l’astronaute et écrivain Chris Hadfield quand nous lui avons demandé quand pourrons-nous vivre sur la Lune.

Inconvénients

C’est cher. Le prix élevé est l’un des principaux inconvénients du tourisme spatial. À des centaines de milliers de dollars par billet, seuls les voyageurs les plus riches peuvent s’offrir une place sur un futur vol spatial.

C’est mauvais pour l’environnement. Les scientifiques craignent également que le tourisme spatial endommage la planète et contribue aux changements climatiques. Une étude révèle que le carbone libéré par 1000 vols suborbitaux privés par année augmenterait la température au-dessus des pôles de 1 degré Celsius et réduirait les niveaux de glace de mer polaire de 5% chaque année.

Ce à quoi Jane Poynter répond que tous les voyages spatiaux ne sont pas nocifs pour l’environnement. «Le vaisseau spatial «Neptune» de Space Perspective est le seul vaisseau spatial à zéro émission et neutre en carbone. N’oublions pas que Space Perspective est une entreprise neutre en carbone.»

Voyez d’ailleurs les cartographies produites par la NASA qui illustrent la diminution de la pollution atmosphérique pendant la pandémie.

Comment le tourisme spatial va changer le monde: Les Russes

Entreprises de tourisme spatial

Le vaisseau spatial russe «Soyouz» transporte des particuliers vers la Station spatiale internationale depuis 2001, pour la modique somme de 90 millions de dollars US par siège. Désormais, grâce aux entreprises américaines émergentes en tourisme spatial, il sera bientôt davantage possible de rejoindre le club exclusif des voyageurs de l’espace.

SpaceX, fondée par Elon Musk, a transporté deux astronautes de la NASA vers la Station spatiale internationale en 2020. Il s’agissait de la première mission avec équipage à être lancée aux États-Unis en près de 10 ans. SpaceX affrète actuellement des vols orbitaux privés dans son vaisseau spatial «Dragon» (pour des dizaines de millions de dollars par siège).

Blue Origin, fondée par Jeff Bezos, est la seule entreprise de tourisme spatial opérant des vols commerciaux suborbitaux. Si Blue Origin a facturé 28 millions de dollars pour un billet sur son premier vol (en compagnie de Jeff Bezos), les prix actuels de ses billets ne sont pas encore annoncés.

Virgin Galactic est une société aérospatiale lancée en 2004 par l’entrepreneur britannique Richard Branson. La firme propose de fournir des vols suborbitaux à partir de 450000$ US à des fins touristiques et de recherches.

Une option moins dispendieuse existe toujours. Certaines compagnies proposent des tours en ballons à pression nulle qui emmèneront les touristes à une altitude allant jusqu’à 32 kilomètres, ce qui est suffisamment élevé pour voir la courbure de la Terre.

Une place à bord du ballon de Space Perspective, Spaceship Neptune, coûtent 125 000$ US, tandis que World View facture 50 000$ US par siège. Cependant, si les deux compagnies ont des vols dont le lancement est prévu en 2024, aucune n’a encore été approuvée par la FAA. Ces voyages, d’une durée de six à huit heures, devraient comprendre des services de restauration, des cocktails et un salon élégant où écouter de la musique.

D’autres entreprises comme Zero G recréent la sensation d’apesanteur sur des vols Boeing 727 spécialement modifiés. Ces expériences sont également moins dispendieuses (environ 8 200$ US) et moins polluantes, mais vous pourrez tout de même faire l’expérience de ces choses tout à fait ordinaires que les astronautes ne peuvent pas faire dans l’espace.

Comment se préparer à un vol spatial?

Le tourisme spatial ne s’improvise pas. Bien entendu, les programmes d’entrainement pour les particuliers sont moins rigoureux que ceux auxquels sont confrontés les vrais astronautes. Pour se préparer aux voyages de trois heures de Virgin Galactic, par exemple, les touristes devront suivre un programme de formation de plusieurs jours au cours duquel ils essaieront diverses combinaisons spatiales et auront des réunions d’informations par les pilotes.

Les voyages en ballons à pression nulle, pour leur part, nécessitent une simple réunion préparatoire de sécurité. Dans tous les cas, découvrez ces faits intéressants sur la lune, que vous ne connaissez peut-être pas encore.

Comment le tourisme spatial va changer le monde: le système solaire

L’avenir du tourisme spatial

En ce qui concerne l’avenir du tourisme spatial, sky is the limit. «Nous sommes à l’avènement du tourisme spatial», rappelle Jane Poynter. «Nous ne pouvons tout simplement pas imaginer ce qu’il sera dans une centaine d’année. Nous irons de plus en plus loin dans notre système solaire», s’impressionne-t-elle.

De nombreuses entreprises en sont déjà à la prochaine étape: des plans de construction pour des propriétés et des logements pour touristes de l’espace. Bien que nous n’en sommes pas encore là, cette idée amène une question sérieuse: comment avoir des relations sexuelles dans l’espace?

Les programmes de tourisme spatial peuvent néanmoins encourager l’innovation et l’exploration de notre système solaire. Emmener davantage de personnes dans l’espace offre l’occasion d’inventer de nouvelles technologies spatiales, de mener des recherches révolutionnaires et d’établir de nouvelles frontières. Et ce n’est que le début – en fait, les scientifiques ont déjà fait ces découvertes spatiales étonnantes au cours de la dernière décennie.

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Sources:
• Jane Poynter, fondatrice et co-PDG de Space Perspective
Atmospheric Science: “Potential climate impact of black carbon emitted by rockets”