Le livre Perdre la tête de Heather O'Neil

Perdre la tête de Heather O’Neill

(30,95 $, ALTO)

De quoi ça parle: Le roman se déroule à Montréal, en 1873, dans de splendides demeures du Golden Mile où vit une bourgeoisie en plein essor. Il raconte l’amitié de deux adolescentes : Sadie Arnett, fille de politicien, psychopathe en devenir, copie en jupons du Marquis de Sade, et Marie Antoine, belle héritière, fille d’un négociant.

Sadie est tout à la fois attirée et révulsée par la beauté de Marie, Marie l’est de la même façon par la lubricité de Sadie. Prisonnières de leur monde, les deux jeunes filles adoptent des comportements de plus en plus choquants, lisant des poèmes érotiques, puis assassinant des chats, jusqu’à ce qu’un acte d’une violence atroce oblige leurs parents à les séparer. Le livre les réunit neuf ans plus tard ; entre-temps, Marie a transformé le négoce de son père en empire tandis que Sadie, fidèle à l’esprit qui animait le Divin Marquis, vit dans un bordel et écrit des romans pornographiques. L’un d’eux attire l’attention de Marie et ranime leur relation destructrice.

Pourquoi vous aimerez ça: Heather O’Neill prend un plaisir fou à brosser le portrait de ses joyeuses meurtrières, dépeignant leurs frasques avec autant de précision que leurs tenues guindées. Brillant et satirique, ce livre est au fond un fantastique roman noir sur l’intensité de l’amitié féminine, ses fluctuants rapports de force et son occasionnel mélange toxique de jalousie et d’intimité.

La complexité du récit vous forcera à lire jusque tard dans la nuit, car vous voudrez désespérément savoir jusqu’où la dépravation de Sadie et Marie les conduira. Vous voudrez aussi savoir pourquoi la tragique boulangère Mary Robespierre (oui, comme le Robespierre) éprouve une telle haine envers Marie Antoine et comment George, l’amant éconduit par Sadie, transforme sa vengeance en révolution des travailleurs contre l’élite indifférente de la ville.

Qui l’a écrit: Heather O’Neill fait partie des grandes chroniqueuses littéraires de Montréal. Son premier roman, La ballade de Baby, relate l’histoire déchirante du passage à l’âge adulte d’une ado précoce happée par le monde de la drogue et de la prostitution. Cet ouvrage a propulsé la romancière au firmament littéraire. Hôtel Lonely Hearts, Son avant-dernier roman, raconte une histoire d’amour entre deux enfants abandonnés, pensionnaires d’un orphelinat de Montréal pendant la Grande Dépression. L’un est un prodige du piano, l’autre un acteur charismatique ; tous deux se perdent dans le flamboyant monde interlope de Montréal. Dans chacun de ses romans, Heather O’Neill fait de cette ville un lieu à la fois magique et trouble, où l’amour idéal côtoie le courage indestructible.

EXTRAIT
Au cœur d’un labyrinthe de rosiers, dans le Mile doré, deux fillettes se tenaient dos à dos, le canon de leurs pistolets levé vers le menton. Elles se mirent à compter à voix haute ensemble en avançant chacune de quinze pas.

Marie Antoine et Sadie Arnett avaient fait connaissance dans le parc sur le mont Royal, derrière chez elles, à l’âge de douze ans. C’était en l’an 1873. […]

Une bonne observait la scène depuis une fenêtre à l’étage où elle boutonnait sa nuisette en sifflotant. De son poste en surplomb, elle pouvait voir l’intérieur du labyrinthe et la clairière en son centre. D’abord, elle n’en crut pas ses yeux.

L’espace d’un instant, l’adulte reste en suspens dans le royaume de l’incrédulité enfantine. Puis la bonne brisa l’enchantement. Elle descendit l’escalier quatre à quatre, en culotte et en nuisette. Ses cheveux roux flottaient derrière elle comme si elle portait une torche enflammée.

Elle traversa le labyrinthe en hurlant. Enfin, elle y fut. Debout entre les deux jeunes filles, elle ouvrit la bouche pour leur ordonner d’arrêter au moment précis où elles se retournaient pour faire feu. Les deux balles atteignirent la bonne, qui s’effondra, les paroles destinées à mettre en garde les fillettes contre leur bêtise envolées à jamais. (p. 9-10)

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Pierre Chastenay

Jeune, Pierre Chastenay rêvait de suivre les pas de l’astronaute américain Neil Armstrong sur la Lune alors qu’il admirait ses exploits devant le téléviseur familial «aux coins arrondis et qui ressemblait à un bocal de poissons»! Sa fascination pour les voyages spatiaux a peu à peu fait place à une véritable passion pour tous les univers situés bien au-delà de l’atmosphère terrestre.

Longtemps associé au Planétarium de Montréal, il a travaillé à la conception de sa nouvelle mouture sur le site du Parc olympique, vulgarisateur scientifique bien présent dans les médias, au journal Le Devoir et pendant plusieurs années sur les ondes de Télé-Québec (Téléscience, Le code Chastenay, Électrons libres), Pierre Chastenay demeure soucieux d’enrichir le savoir des Québécois. Car peu importe que nous soyons seuls ou pas dans la galaxie, notre présence sur Terre exige un certain nombre de connaissances fondamentales.

Aujourd’hui professeur de didactique des sciences à l’Université du Québec à Montréal, ce médiateur dans l’âme cherche et analyse, avec la même rigueur, les meilleures manières de faire comprendre aussi bien l’astronomie, la génétique, la paléontologie que la mécanique quantique. Lui qui a beaucoup travaillé auprès des jeunes pour allumer leur curiosité en souhaite autant pour les adultes… dont la flamme semble faiblir lorsqu’ils avan­cent en âge alors que la complexité de notre monde ne cesse de croître.

Les voyages dans l’espace, autrefois spectaculaires, sont-ils devenus… de simples spectacles?

C’est parfois une sorte de passe-temps pour ultra-riches. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les riches Anglais faisaient la tournée des grandes capitales européennes ; c’est d’ailleurs comme ça que le mot «tourisme» a été inventé, une chose réservée à l’élite, et qui plus tard est devenue accessible à la majorité des gens. Est-ce que nous sommes en train d’assister à la même chose avec Jeff Bezos et Elon Musk ? Si c’est seulement pour s’amuser, je trouve ça très regrettable.

Le développement de ce tourisme spatial, par exemple l’acteur William Shatner qui passe quelques minutes dans une fusée à 100 kilomètres d’altitude avant de redescendre sur Terre, ne pose-t-il pas des enjeux environnementaux?

Actuellement, le nombre de lancements n’est pas suffisant pour créer des problèmes, mais le jour où les fusées Blue Orign [société fondée par le milliardaire Jeff Bezos pour abaisser les coûts d’accès à l’espace] vont décoller plusieurs fois par jour à différents endroits sur la planète, on risque de rentrer dans un mur, celui de la pollution. Dans la haute atmosphère, l’accumulation de métaux lourds, de gaz, et la combustion des carburants des fusées vont augmenter l’effet de serre.

Que répondez-vous à ceux qui prétendent que l’exploration spatiale constitue un gaspillage, nous détournant des nombreux problèmes de la Terre?

On ne pourrait pas lutter contre les changements climatiques sans avoir dans l’espace une batterie d’instruments qui auscultent constamment notre planète. La hausse du niveau des océans et des températures est prise par des satellites depuis des décennies, nous permettant de voir les tendances, et c’est le minimum pour essayer de comprendre ce qui se passe et prévenir les catastrophes. Les télécommunications nous permettent d’être en contact direct avec le reste du monde; nous savons instantanément ce qui se passe en Ukraine, alors que pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale, nous étions dans le brouillard. En étudiant les planètes, nous ne savons pas quelles découvertes nous allons faire, et si elles pourraient nous aider à résoudre certains problèmes sur Terre, donc je ne suis pas prêt à dire que ce sont des dépenses inutiles. Par exemple, la grande motivation de l’exploration de Mars avec des robots, c’est de savoir s’il y a déjà eu de la vie sur cette planète, même brièvement, sous forme de bactéries, dans des nappes phréatiques par exemple. Nous sommes à un moment charnière de l’histoire de l’humanité, et comme disait l’écrivain Arthur C. Clarke : «Deux possibilités existent : soit nous sommes seuls dans l’univers, soit nous ne le sommes pas. Les deux hypothèses sont tout aussi effrayantes.» Cela nous donne une responsabilité énorme de survivre.

La pandémie a tout de même révélé de grandes lacunes sur le plan des connaissances scientifiques.

La science, c’est un processus qui met de l’avant des idées, les partage, les teste, et si ça fonctionne bien, il est possible d’aller plus loin. Mais à l’école par exemple, les sciences sont présentées comme un ensemble de connaissances immuables, une bible détenant la vérité, alors qu’il s’agit d’un processus plein de scories, d’impasses, de retours en arrière. Pendant la pandémie, on arrivait avec de nouvelles informations qui contredisaient celles de la veille, ce qui a choqué beaucoup de gens, alors que plusieurs voyaient sans doute pour la toute première fois de leur vie la science telle qu’elle se fait. Une seule donnée peut détruire complètement une théorie qui fonctionnait très bien jusque-là et nous forcer à la remplacer pour quelque chose de mieux.

Dans le monde actuel, n’avons-nous pas la responsabilité du savoir?

C’est important que les membres d’une société soient capables de se prononcer sur diverses questions. Par exemple, sommes-nous favorables à la manipulation génétique en clonant des animaux ou des êtres humains? À créer des organes pour remplacer ceux qui sont défaillants chez certains individus ? Dans un débat démocratique, nous avons besoin d’individus qui maîtrisent minimalement les données et les concepts de base, sinon on ouvre la porte à la démagogie et c’est celui qui va crier le plus fort qui va l’emporter. Ce n’est pas le genre de société dans laquelle je veux vivre.

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Marc Messier 2022

Vous ne le verrez jamais dans les pages de la presse à potins ni s’étaler dans les médias sociaux. Pourtant Marc Messier affiche une impressionnante feuille de route: Broue, Lance et compte, La petite vie, Les Boys, Grande Ourse… pour ne citer que quelques-uns de ses plus grands succès. Rencontre avec un comédien qui a marqué son milieu sans jamais succomber aux trompettes de la Renommée.

On vous a beaucoup vu sur les planches mais on ne sait pratiquement rien de vous…

Je suis assez pudique de ma vie privée. Il faut comprendre qu’ouvrir cette porte-là, c’est formidable quand ça va bien. Mais quand ça va mal, les gens sont encore sur les réseaux sociaux et ils veulent savoir pourquoi. Il y a des situations dans la vie, les séparations par exemple, qui sont déjà difficiles à vivre. Alors étaler ça sur la place publique, ça ne m’intéresse pas. Je parle quand j’ai des choses à dire, et ce que j’ai à dire concerne mon travail. Je ne pense pas que ma vie personnelle soit plus intéressante que celle d’un autre et mes enfants n’ont pas envie d’y être mêlés.

Difficile de parler de votre carrière sans aborder le succès de Broue, le plus grand de l’histoire du théâtre au Québec. Comment cette aventure a-t-elle commencé?

En 1979, notre petite troupe, Michel Côté, Véronique le Flaguais, sa blonde, Marcel Gauthier et moi, avait acheté un petit théâtre sur la rue Saint-Laurent que nous voulions rentabiliser. Et comme Véronique était enceinte, on cherchait une pièce pour trois gars. C’est là qu’on a appris que les tavernes, cette institution mâle où les femmes n’étaient pas admises et où se réunissaient des Québécois assez typiques pour boire, déblatérer, raconter des niaiseries, allaient fermer. On a décidé de saluer cette disparition.

Vous aviez imaginé un tel succès?

Pas du tout. On voulait ouvrir le théâtre le 21 mars, jouer notre pièce et le louer ensuite à d’autres troupes, parce qu’on n’avait plus d’argent pour payer le loyer. Mais le succès a été immédiat. Comme le théâtre nous appartenait, on s’est mis à l’affiche sans interruption. Il faut comprendre qu’à l’époque une pièce qui était jouée 100 fois, ça ne se voyait à peu près jamais au Québec. Nous, on a joué des centaines de fois dans ce petit théâtre avant que le gouvernement ne le ferme parce qu’il n’y avait pas de ruelle à l’arrière pour évacuer en cas d’incendie.

Marc Messier joue dans Broue.
Entre 1979 et 2017, Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier ont joué Broue devant plus de 3 millions de spectateurs.

Ce qui n’a pas signé la fin de Broue

Non. Jean Duceppe, qui était venu voir la pièce, nous a invités à joindre sa troupe qui se produisait à la Place des Arts dans une salle de 700-800 personnes. Il nous avait dit que nous n’étions pas connus ailleurs au Québec, mais que le nom de Duceppe nous ouvrirait les portes. Il avait raison. Sous sa bannière, on remplissait les salles.

Vous avez joué Broue 3322 fois, établissant ainsi un record Guinness pour une même pièce jouée par les mêmes comédiens. Où trouve-t-on l’énergie?

L’énergie vient du public, qui adorait ce spectacle. On jouait sur scène au moins 75 fois par année, toujours devant des salles combles. Jamais il n’y a eu de salles à moitié vides, et c’est ça qui nous motivait. Si on n’avait pas aimé ce spectacle, on ne l’aurait pas joué 38 ans.

Que dit le phénomène Broue de la société québécoise?

On faisait de l’humour sur des gens qui se fréquentaient dans les bars, la génération des mononcles, et chacun voyait le spectacle à sa manière. Certains ne voyaient que le côté réaliste, les bonnes blagues, tout ce qui se passe dans une taverne et qui est un peu vulgaire. D’autres y voyaient une critique sociale. Nous, on le jouait dans cette optique-là. C’est pour ça que ça attirait un peu tout le monde. Ce qui est bizarre avec Broue, c’est qu’au départ on jouait des bonhommes de 50 ans alors qu’on en avait 28 ou 30, puis en arrivant dans la soixantaine, on est devenus ces mononcles dont on se moquait 30 ans plus tôt…

Le Québec a beaucoup changé entre 1979 et 2017. À la fin vous jouiez devant des spectateurs qui n’avaient jamais connu le temps des tavernes.

Oui, mais on l’a toujours joué comme si ça se passait en 1979. Même à la fin, on n’avait rien changé et c’est devenu avec les années une pièce un peu historique. Ce qui fonctionnait avec Broue, c’est la mécanique de la comédie, la couleur des personnages qui sont immortels parce que ce sont des stéréotypes un peu universels. Ça a été joué en Belgique pendant sept ans par des Belges, et la critique le soir de la première vantait «le spectacle le plus belge en ville». Pourtant, il n’y a rien de plus québécois!

Ça ne devait pas être facile d’avoir une vie de famille dans tout ça?

C’est un métier difficile pour la famille. Ça a toujours été compliqué pour moi parce que j’ai beaucoup travaillé. Je jouais Broue au théâtre et je tournais en même temps. Pour ma première fille, c’était plus dur.

Malgré cela, vous avez décidé de récidiver 20 ans plus tard?

J’ai rencontré la mère de mes deux derniers quand j’avais 50 ans et qu’elle en avait 32. J’avais toujours été très occupé et j’étais resté un peu sur ma faim paternelle si je peux dire. Quand j’ai eu ma deuxième couvée, ma première fille avait déjà 19 ans. Alors j’ai dit oui. C’est sûr que ça demande de l’énergie mais ce n’est pas du tout le même genre.

Ma deuxième fille a maintenant 14 ans et mon fils 18, et j’adore passer du temps avec mes enfants. C’est un cliché, mais aussitôt qu’ils viennent au monde, «t’es fait». Tu les aimes inconditionnellement.

Sont-ils attirés par votre métier?

Ma fille aînée n’est pas séduite par la célébrité. Elle a 37 ans maintenant et enseigne la biologie à l’UQAM. Elle était au doctorat quand son entourage a compris que j’étais son père parce que je suis allé lui porter quelque chose qu’elle avait oublié chez moi. Personne ne le savait. Et, au Pensionnat St-Nom-de-Marie, les amis de ma fille de 14 ans ne savent pas vraiment que son père est comédien. Mes enfants ne veulent pas retrouver leurs photos dans les magazines. C’est arrivé il y a un an ou deux, lors d’une émission, ils ont sorti des photos de mes enfants sans me le dire. Sur le moment, je n’ai pas réagi parce que je croyais que leur mère avait donné son accord. Mais elle m’a dit plus tard ne l’avoir jamais fait. Du coup, j’étais un peu fâché. Je leur ai envoyé un texto pour manifester mon désaccord, ils m’ont promis de retirer les photos du site.

Portrait Exclusif DeLance Et Compte

Pour revenir à votre métier d’acteur: y a-t-il un rôle qui vous a marqué plus particulièrement?

Il y en a plusieurs, mais j’ai beaucoup aimé jouer dans Lance et compte.

Est-ce que c’est parce que Marc Gagnon, c’est un peu Marc Messier?

Oui et non. Je suis plus subtil que lui, mais il y a indéniablement des côtés de moi dans ce personnage. Comme j’avais beaucoup joué au hockey étant jeune, j’y ai vu une manière de jouer dans la Ligue nationale. Quand j’étais enfant, je rêvais de jouer avec les Canadiens. Ça m’a toujours passionné. Et là, on m’offrait un rôle de joueur de hockey professionnel. La fiction était donc le seul moyen pour moi de jouer dans la Ligue nationale.

Vous n’avez jamais peur de vous tromper en acceptant un rôle? Je vous ai entendu raconter dans une entrevue que, après la première de La petite vie, votre épicier vous avait dit que vous «aviez l’air d’un idiot» et que vous devriez être plus sélectif dans vos choix de carrière… Vous êtes-vous déjà demandé s’il avait raison?

Non, pas dans ce cas-là, parce que nous on trouvait ça drôle. C’est sûr que la première année, les gens qui regardaient La petite vie se disaient: «Oh, mon Dieu, c’est quoi ce soi-disant couple québécois joué par un homme qui a l’air de la Sagouine et un type qui a l’air de Fidel Castro? Est-ce qu’ils se moquent de nous?» Mais après un an, tout le monde a fini par trouver ça drôle C’était quand même du 10e degré et c’est pour ça que ça ne vieillit pas et que les gens regardent inlassablement La petite vie depuis presque 30 ans.

Marc Messier Les Boys
Avec Lance et compte et Les Boys, Marc Messier a «presque» réalisé son rêve de «jouer» dans la LNH.

Vous avez repris en septembre votre spectacle solo, Seul en scène, où vous affrontez votre égo… D’où vous est venue cette idée, vous qui justement n’avez pas un égo surdimensionné?

Ça doit faire 25 ans que j’ai eu cette idée-là, sans penser que j’en ferais un spectacle un jour. J’avais écrit cette phrase: «Je ne sors plus avec mon ego, il n’arrête pas de me mettre dans le trouble.» Ça parle de cette petite voix intérieure qu’on a tous et avec laquelle on n’est pas nécessairement d’accord.

Vous ne vous étiez jamais retrouvé seul sur scène. Pas trop dur?

Quand j’ai arrêté de jouer Broue, j’avais 69 ans et envie de faire deux choses: jouer un rôle sérieux, dramatique, et ça je l’ai fait dans La mort d’un commis voyageur. Et peut-être faire un spectacle solo si l’occasion se présentait. À 20 ans, j’ai vu Yvon Deschamps dans L’Osstidcho au Théâtre de Quat’Sous. Je m’étais dit «Il est tellement bon, c’est tellement ça que j’aimerais faire». Mais j’étais dans une école de théâtre pour devenir comédien et j’étais très bien là-dedans. Je n’y ai plus repensé.

Quand vous voyez votre ancien complice, Michel Côté, qui se retire pour cause de maladie, ou Serge Thériault, qui a sombré dans la dépression, ça ne vous donne pas envie de mettre la clé sous la porte, de dire j’arrête, vous qui avez fêté vos 75 printemps?

Ça me donne plutôt envie de profiter de la vie. Et pour moi, profiter de la vie, c’est jouer, faire ce que j’aime. Je vais là où mon plaisir m’amène. Tant qu’on me propose des choses intéressantes, je le fais. J’adore jouer. J’adore quand le rideau s’ouvre ou qu’ils disent «Action». Idéalement, j’aimerais tourner dans mon garage. Tout le reste commence à me peser un peu: les répétitions, les déplacements, les tournages à -15°C où on fait comme si on était au mois d’août. Mais dès que le moteur s’allume, je suis vraiment très bien.

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Chaque année, plus de cinq millions de personnes au Royaume-Uni n’éprouvent aucun soulagement à la prise de codéine en raison d’une particularité de leur ADN. Pour la même raison, l’antibiotique gentamicine peut causer une perte définitive de l’ouïe chez certains patients. Or, selon la Société britannique de pharmacologie et le Collège royal des médecins, 99,5% de la population présente au moins une anomalie de l’ADN pouvant affecter l’efficacité d’un médicament. Les chercheurs ont donc mis au point un test génétique qui peut être réalisé avec du sang ou de la salive et qui permettrait de déterminer si un patient répondra adéquatement à 40 des médicaments les plus prescrits. Ce nouveau test pourrait être mis en circulation dès 2023.

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Les chercheurs ont en effet noté que les hommes cardiologues sous-estimaient souvent le risque d’infarctus chez les patientes. Les femmes avaient également moins tendance à recevoir un traitement médicamenteux en cas d’hypercholestérolémie et d’hypertension lorsqu’elles étaient traitées par un homme, entraînant ainsi de plus funestes conséquences. Une des raisons pour lesquelles le genre peut influer sur le cours d’une maladie cardiaque est que les femmes médecins passent en moyenne plus de temps avec leurs patients et sont plus à même de remarquer les indices subtils – étourdissements, épisodes d’essoufflement – chez leurs patientes. Elles sont peut-être également plus susceptibles de reconnaître des symptômes plus présents chez les femmes que chez les hommes tels que l’indigestion et les maux de dos.

Les chercheurs recommandent donc d’encourager les femmes à se spécialiser en cardiologie. Aux États-Unis, par exemple, elles ne composent que 13% des cardiologues en activité. Les chercheurs conseillent également de mieux former les cardiologues aux spécificités liées au sexe afin de mieux différencier les symptômes, le diagnostic et le traitement des maladies cardiaques chez les hommes et les femmes.

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Voici l'histoire du tueur en liberté

Petite pause sur la route

Le 14 août 1997, après avoir livré ses derniers explosifs aux équipes du chantier de l’autoroute de l’Alaska, Ray Kitchen, un camionneur de 56 ans de Fort Nelson en Colombie-Britannique, s’arrête avec sa fille Joline, 11 ans, et Sarah, la copine de cette dernière, dans le parc provincial Liard River Hot Springs pour que les enfants puissent passer un moment dans l’eau.

Avec ses sources chaudes naturelles, son camping et son terrain de jeu, cette oasis tropicale plantée dans la forêt boréale juste au sud de la frontière entre le Yukon et la Colombie-Britannique est une destination touristique populaire. Ray se détend près de l’eau et regarde les filles s’amuser. Mais des cris de terreur percent soudain l’air. Ils semblent venir des «jardins suspendus», un endroit du parc où les plantes tombent en cascade d’une terrasse naturelle.

Ray Kitchen bondit sur ses pieds puis s’élance sur la passerelle glissante et dans l’escalier en bois qui mène à la plateforme d’observation des jardins. Là, horrifié, il s’arrête. Sur la terrasse, un ours énorme se dresse au-dessus d’un adolescent et d’une femme immobiles au sol. Ils sont couverts de sang surgissant d’entailles profondes à travers leurs vêtements.

Patti McConnell a quitté Paris, au Texas, une semaine plus tôt. Elle entend rejoindre l’Alaska et commencer une nouvelle vie. La jeune mère de 37 ans espère trouver du travail pour élever ses deux enfants, Kelly et Kristin, âgés respectivement de 13 et 7 ans.

Après un voyage interminable, les enfants sont enchantés de laisser l’autoroute de l’Alaska et d’entrer dans le parc Liard River. Sans perdre de temps, en maillots, la petite famille se retrouve pieds nus sur la passerelle en direction de l’eau cristalline à 53°C du bassin inférieur. Un long bain chaud plus tard, ils passent au bassin supérieur plus isolé, à quelque 340 mètres dans les bois.

Quand la petite Kristin en a assez, elle reprend la passerelle pour retrouver le bassin inférieur et ses nouvelles copines. «Ne cours pas, tu vas glisser!» lui lance Patti en la voyant disparaître dans un tournant. Puis elle se lève à son tour pour suivre la gamine avec Kelly.

«Allons voir les jardins suspendus», propose le garçon devant une bifurcation qui y conduit.

Du bruit dans les buissons

Ils gravissent l’escalier dans la forêt pour rejoindre la plateforme. Trop absorbés par l’identification des plantes exotiques, la mère et le fils ne se soucient pas du léger froissement provenant des buissons près de la passerelle. Patti jette un coup d’œil à sa montre.

«Je suis inquiète pour Kristin, dit-elle à son fils. Je vais la chercher.»

Elle descend les marches mouillées quand, posant une main sur la rampe, quelque chose retient son attention. Assis dans les buissons, un ours noir, un mâle adulte, mâche une branche de cornouiller.
Figée, elle siffle à son fils:

«Kelly, un ours!
— Bien sûr, maman! rétorque le garçon qui, le dos tourné, croit à une plaisanterie.
— Kelly!»

Cette fois, il se retourne et voit la bête énorme qui dévisage intensément sa mère. « Maman, pas de gestes brusques », la met-il en garde, se souvenant de ce qu’on lui a appris sur les ours. Il s’approche avec prudence de sa mère. L’ours grogne, puis s’avance vers la rampe et grimpe sur la passerelle.

«Maman ! Cours!»

Galvanisée par les cris de son fils, Patti se met à courir, l’ours à ses trousses. Elle gravit les marches jusqu’à la plateforme d’observation, où elle se retrouve coincée.

Kelly voit avec horreur la silhouette de sa mère disparaître dans l’étreinte de l’ours. Malgré sa constitution frêle, l’adolescent se jette sur la bête et lui balance un coup de pied au visage. « Lâche ma mère ! » L’ours lève la tête, grogne et retourne à sa proie. Cherchant une arme, Kelly saisit une branche d’arbre coupée. Avec une force nourrie par la colère, il frappe l’ours à la tête tout en appelant à l’aide.

À la vue du sang de sa mère sur les canines de la bête, l’adolescent redouble d’efforts. Il se rue sur l’ours et lui assène un coup de bâton sur le museau. L’animal commence à saigner. Ses grognements s’intensifient et, d’un coup de patte, il entaille profondément le cou et les épaules de Kelly, puis s’aplatit sur lui. Écrasé sous la bête, le garçon terrifié sent la mâchoire de l’animal se refermer sur sa taille. L’ours le soulève dans les airs et le secoue comme un chien ferait de son jouet. L’enfant est sur le point de s’évanouir quand la bête le laisse tomber.

Recroquevillé, Kelly voit sa mère allongée tout près, le teint gris, les yeux grands ouverts. Il voudrait bien se rapprocher d’elle en rampant, mais l’ours revient lui arracher quelques morceaux de chair. L’haleine fétide de l’animal lui donne la nausée. Il ferme les yeux, persuadé que c’est la fin.

Le parc provincial Liard River Hot Springs, 20 ans après l’attaque.
Le parc provincial Liard River Hot Springs, 20 ans après l’attaque.

Un sauveur inespéré

Ray Kitchen intervient rapidement. Armé d’une branche cassée, il donne plusieurs coups sur la rampe. «Va-t’en!» hurle-t-il, mais l’ours ne cille pas. Rompant une plus grosse branche, l’homme l’enfonce dans le ventre de l’animal pour l’éloigner de l’enfant. L’ours lâche enfin sa victime et se jette sur Ray. Sous le choc, l’homme et la bête franchissent la rampe et chutent dans les buissons. Vêtu de son seul maillot de bain, Ray cherche à se protéger des griffes acérées et avance sur les genoux vers un arbre en se protégeant la tête des mains. Il appelle à l’aide de toutes ses forces.

Frank Hedingham, 71 ans, est allongé sur une terrasse qui surplombe le bassin inférieur quand il entend des hurlements. «À l’aide!» «Un ours!» «Apportez un fusil!» Il se précipite alors dans leur direction. Devant lui, sur la passerelle, il y a déjà Ingrid Bailey, pompière forestière et secouriste de Feldon, en Californie, et son ami Brad Westervelt. La nouvelle de la présence d’un ours dans le parc s’est répandue et les visiteurs affolés courent vers le stationnement. Mais Ingrid, que l’on envoie régulièrement combattre des incendies dans des lieux reculés, a l’habitude des ours. Elle accélère le pas, suivie de Brad et de Frank, et saisit au passage des bâtons et des débris de bois.

Près de la plateforme d’observation, ils aperçoivent les deux corps ensanglantés. Mais la scène terrifiante sous la terrasse les laisse sans voix. Toujours vivant, Ray se débat faiblement. Son bras et son épaule sont entre les mâchoires de l’ours qui continue de griffer le corps déchiqueté et ensanglanté. Ingrid lance les morceaux de bois à la bête.

«Lâche-le!» hurle-t-elle en tapant du pied et en frappant la rampe du bâton. Elle n’a pas peur, mais sa colère cède à un sentiment d’impuissance devant cet ours qui reste indifférent à tous ses efforts.

Entre-temps, Frank et Brad repèrent un tronc d’arbre long et massif. Malgré le poids, ils réussissent à le faire basculer sur la rampe. S’en servant comme d’un bélier, ils le soulèvent à trois, sans pourtant arriver à repousser l’ours. C’est un fusil qu’il nous faudrait, se dit désespérément la secouriste. Et où est le gardien du parc? Comme s’il avait lu dans ses pensées, Brad lâche le tronc d’arbre.

«Je vais chercher le gardien», crie-t-il en s’éloignant en courant.

Malgré ses antécédents cardiaques, Frank, épuisé, continue à attaquer l’ours. Soudain, la bête change de position, serre la mâchoire autour du cou de Ray et le soulève dans les airs.

«Non!» hurle Ingrid, au désespoir.

Après une hésitation, l’ours lâche sa victime. Le visage évidé et le cou presque arraché, Ray est mort.

Ingrid se tourne alors vers les autres. Agenouillée près de Patti, elle prend son pouls. La femme est sans doute morte, mais sa formation de secouriste l’oblige à tenter une manœuvre de réanimation. Ingrid se met donc au travail. Soudain, Kelly gémit, et Frank se précipite à ses côtés.

Au même moment, l’ours pose une patte au bord de la terrasse, à quelques centimètres des pieds de l’enfant. Furieux, le septuagénaire se lève et, chaussé de ses bottes de randonnée, assène un violent coup de pied à l’animal. L’ours chancelle, mais loin de battre en retraite, il se dirige plutôt en contrebas vers la passerelle où des gens circulent encore. Frank revient s’occuper du garçon, qui tente de ramper vers Patti.

«Aidez ma mère », implore-t-il dans un murmure.
«Ne t’inquiète pas, veut le rassurer Frank. Nous allons tout faire pour la sauver. Il ne faut pas bouger. Respire lentement.»

Formé aux premiers secours, il sort un mouchoir de sa veste pour éponger le sang des entailles les plus profondes.

«Il faudrait des serviettes pour servir de compresses et deux autres paires de mains pour la réanimation cardio-respiratoire», dit Ingrid.

Comme en réponse à sa demande, plusieurs hommes arrivent par l’escalier. L’un a une serviette et connaît les manœuvres de RCR. Il aide Frank à panser les plaies du garçon. Un autre comprime la poitrine de Patti pendant qu’Ingrid pratique la respiration artificielle. L’ours a disparu.

«Mais où est le gardien?» se demande encore la secouriste.
«Il faut les envoyer à l’hôpital, décrète Frank d’un ton désespéré. Je vais chercher de l’aide.»

De nouveaux cris résonnent dans la forêt.

Sauvez-vous!

Arie Van der Velden, 28 ans, assistant de recherche à l’université de Calgary, se prélasse dans le bassin supérieur quand il entend l’agitation venant des bois. Il monte précipitamment sur la passerelle en compagnie d’autres baigneurs. Près de la bifurcation pour les jardins suspendus, quelqu’un crie :

«Il y a un ours ! Sauvez-vous!»

Tous font demi-tour et se mettent à courir, mais Arie glisse et tombe dans les buissons. L’ours le rattrape en quelques secondes et lui lacère le corps. Le jeune homme se débat de toutes ses forces, frappe du pied le museau de l’animal et essaie de lui arracher les oreilles ; rien ne semble pouvoir entamer la détermination de la bête. Arie ressent une vive douleur quand les griffes se plantent dans sa chair et que l’animal enfonce ses canines dans sa cuisse gauche.

Dave Webb, un homme d’affaires de 49 ans de Fairbanks, en Alaska, vient d’arriver dans le parc quand il voit apparaître un homme épuisé, du sang sur la tempe. « Il faut faire quelque chose. Il y a un ours, là-haut ! » halète Frank, qui décrit la situation. Dave hoche la tête et regagne en courant son autocaravane. Il en revient avec deux fusils, un Winchester .30-30 et un Remington .223.

«Vous savez vous servir d’un fusil? lance-t-il à un jeune homme tout près.
— Je sais me servir du .30-30», répond Duane Eggebroten, 27 ans. Les deux hommes chargent les armes et s’engagent sur la passerelle.

Duane arrive le premier. Il entend des grognements sourds sous la passerelle. L’ours a calé Arie contre une bûche pour le dévorer. Le tireur vise avec précision la base arrière de la tête et presse la détente. L’ours s’écroule. Duane sait que l’animal est mort, mais il presse tout de même deux autres fois la détente. Il n’y a pas de risque à prendre. Sur la plateforme, Ingrid continue à prodiguer les premiers soins à Patti et à son fils. En entendant les coups de feu, elle est submergée par la tension et la colère accumulées.

«Encore! a-​t-elle hurlé. Encore!»

L’horreur vient de prendre fin à Liard River Hot Springs.

Patti McConnell est morte dans l’après-midi. Grâce au courage de Ray Kitchen, d’Ingrid Bailey, de Frank Hedingham et des autres, Kelly McConnell et Arie Van der Velden ont survécu. Héliportés vers un hôpital, ils ont pu se remettre de leurs blessures. 

À Fort Nelson, le 22 août 1997, plus de 500 personnes se sont rassemblées pour honorer le courage de Ray Kitchen. Dans une lettre adressée à sa femme, Bill Clinton, alors président des États-Unis, a écrit : « L’héroïsme et l’abnégation dont votre mari a fait preuve en venant en aide à Patti et Kelly McConnell illustrent ce qui est noble et bon dans la nature humaine. 

En septembre 1998, Ray Kitchen s’est vu décerner à titre posthume l’Étoile du courage du Canada. Frank Hedingham, Kelly McConnell, Ingrid Bailey et Brad Westervelt ont également été décorés pour leur bravoure.
Après l’attaque de l’ours, BC Parks a fait ériger une clôture électrique de 2,5 m autour des installations pour protéger les visiteurs de la faune sauvage.

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Cyclist Cycling Riding Bicycle Woman Isolated White Background

Une étude britannique a établi que l’activité physique libère dans le système sanguin une protéine anticancéreuse appelée interleukine-6 (IL-6), capable de réparer les cellules et de ralentir la croissance des tumeurs. Les sujets de l’étude qui présentaient un risque élevé de cancer du côlon produisaient de plus grandes quantités de la pro­téine IL-6 après avoir pédalé sur un vélo d’appartement pendant 30 minutes que lorsqu’ils étaient demeurés assis. En conclusion: l’exercice régulier – marche rapide, vélo, etc. – permet de réduire le risque de cancer du côlon d’environ 20%, une découverte qui s’applique sûrement à d’autres types de cancer, selon les chercheurs.

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Robot Intelligence Artificielle Travail De Bureau Ordinateur

Quand les gens pensent à l’intelligence artificielle (IA), la plupart s’imaginent des robots pouvant satisfaire tous leurs caprices. Bien qu’il y ait de grandes chances pour que de tels robots voient le jour, l’avenir de l’IA révolutionnera aussi la façon dont nous travaillons (dans la vraie vie et dans le monde virtuel, appelé le métavers). En fait, l’IA est déjà présente dans votre lieu de travail: vous l’utilisez en consultant Google Maps pour trouver la route pour vous rendre à une réunion à l’extérieur du bureau (peut-être en voiture à conduite autonome?) ou en utilisant le correcteur d’orthographe dans un rapport.

L’état actuel de l’IA et son avenir vont toutefois bien au-delà de la simplification des tâches courantes. L’intelligence artificielle ou les ordinateurs qui sont conçus pour «penser» comme des humains peuvent nous permettre d’être en meilleure santé, moins stressés et plus heureux grâce aux avancées de la médecine, de la fabrication et plus encore. Mais ça ne vient pas sans inconvénients. Voici donc quel sera l’avenir de l’intelligence artificielle dans le monde du travail ainsi que certains avantages et désavantages dont vous pourriez être témoin au cours de votre vie.

Des exemples de l’intelligence artificielle dans le monde du travail aujourd’hui

L’intelligence artificielle est partout autour de vous. Vous soumettez votre candidature pour un poste? Il y a de bonnes chances pour que l’IA trie les CV avant de se retrouver dans les mains d’un humain. Vous utilisez un assistant vocal dans votre téléphone pour vous aider dans vos tâches professionnelles? Alexa et Siri utilisent tous l’IA pour répondre à vos questions et exécuter des tâches.

Lorsque vous utilisez Google ou un autre moteur de recherche pour vérifier des informations, vous utilisez l’IA. Votre voiture de fonction vous avertit que vous déviez de votre voie lorsque vous commencez à somnoler? Elle utilise aussi l’IA.

Les fabricants utilisent l’intelligence artificielle pour trouver des façons plus simples et plus abordables de produire des articles de meilleure qualité. L’intelligence artificielle peut également revoir l’historique de l’équipement de fabrication afin de déterminer le meilleur moment pour entretenir la machinerie.

Dans l’industrie médicale, l’IA peut obtenir un meilleur taux de réussite que les radiologistes pour détecter des tumeurs. Elle peut aussi diagnostiquer d’autres maladies et déterminer la meilleure manière de procéder aux essais cliniques.

Et même si le Web3 – la prochaine évolution d’Internet – en est à ses débuts, nous pouvons déjà voir comment, une fois combiné avec l’IA, il peut offrir une expérience de travail hors des normes actuelles. Certaines compagnies commencent déjà à tenir des réunions dans le métavers, et des experts s’attendent à ce que cela arrive de plus en plus souvent dans l’avenir.

L’avenir de l’IA dans le monde du travail

L’être humain envisage l’avenir de l’IA avec une grande question en tête: est-ce que les robots vont prendre mon emploi? La plupart des experts s’entendent pour dire que les humains constitueront encore une portion nécessaire de la main-d’œuvre au moins encore pour un bon bout de temps.

«Comme les tâches courantes que nous sommes forcés de faire au nom de la productivité deviennent de plus en plus automatisées grâce à l’intelligence artificielle, nous serons libres de faire ce que nous faisons le mieux et qui nous rend le plus heureux. Par exemple, faire preuve de créativité pour résoudre des problèmes, explique Robb Wilson, un chercheur en intelligence artificielle et auteur du livre Age of Invisible Machines. Ça exigera de faire un changement important dans notre façon de penser sur ce qui a de la valeur dans le monde et comment nous satisfaisons nos besoins de base.»

Même s’il est vrai que certains emplois vont disparaître, explique Robb Wilson, de nouveaux postes spécifiquement en lien avec l’intelligence artificielle vont apparaître. Le plus gros changement se fera peut-être en termes de ce que nous retirons du travail, un changement analogue à la restructuration du travail dans le sillage de la révolution industrielle. Beaucoup d’emplois deviendront plus satisfants en travaillant à l’aide de l’IA, ce qui permettra aux gens de résoudre des problèmes grâce à de nouvelles méthodes excitantes.

«Une très grande part de la culture de l’ère moderne est construite autour de l’idée de travailler 40 heures semaine, et ce, sans se soucier si ces heures passées cloués à un endroit, à un bureau ou à une fonction sont vraiment nécessaires», explique Robb Wilson. Les entreprises de l’avenir finiront peut-être par renoncer à l’idée de la semaine de travail de 40 heures.

«À l’aide de la technologie, nous devrions être capables de vivre dans un monde où l’emploi de chacun apporte une certaine contribution créative à la résolution des nombreux problèmes qui nous entourent, déclare-t-il. Il existe sûrement des façons grâce auxquelles la technologie peut nous aider à créer et à gérer davantage de ressources [comme la nourriture, l’eau, des abris et des médicaments] faisant que la semaine de travail de 40 heures n’aurait plus sa raison d’être. Cette idée pourrait être terrifiante ou libératrice, selon votre vision du monde.»

Quelles industries l’intelligence artificielle va-t-elle transformer?

L’IA a déjà transformé presque toutes les industries, mais ce que l’avenir lui réserve promet de révolutionner encore plus de marchés.

Les soins de santé: À l’aide de l’intelligence artificielle, les médecins seront capables de mieux diagnostiquer les maladies et plus susceptibles de commencer tôt un traitement pouvant sauver la vie d’un patient. Ils pourraient utiliser l’IA pour créer de nouvelles façons de traiter les maladies comme la démence et le cancer ainsi que pour prévoir de futures maladies en combinant l’historique de santé d’un patient et des données génétiques afin de concevoir un programme de soins préventifs.

L’industrie des services: Les futurs robots et machines intelligents pourraient remplacer les représentants du service à la clientèle, les caissiers et même les cuisiniers. Des robots manipulent déjà les paniers à friture et autres appareils de cuisson dans des restaurants de fast-food.

Les forces de l’ordre: Dans un avenir rapproché, la reconnaissance faciale par l’intelligence artificielle dans les caméras de sécurité pourrait aider les policiers à mettre la main au collet de criminels potentiels. Les robots intelligents pourraient même remplacer les agents de police. De tels robots sont déjà utilisés comme agents de sécurité dans certaines entreprises.

La sécurité en ligne: L’intelligence artificielle est déjà en développement pour détecter plus intelligemment la fraude en ligne et protéger les consommateurs. Elle sera capable de mieux détecter les changements dans nos habitudes de dépenses et de crédit que ne le font les alertes (souvent erronées) que nous recevons actuellement.

Les transports: Dites adieu aux chauffeurs de taxis et de Uber! Les voitures du futur se conduiront toutes seules (certaines le font déjà). Nous verrons peut-être aussi l’avènement des trains et des avions autonomes.

Le marketing: L’intelligence artificielle vous cible déjà avec des publicités personnalisées sur les sites de médias sociaux, mais bientôt elle sera même en mesure de créer les pubs que vous voyez ou les articles que vous lisez. Les robots qui écrivent déjà des publicités et des articles sont, de l’avis de développeurs, aussi bons que des rédacteurs humains.

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Les avantages de l’intelligence artificielle dans le monde du travail

L’intelligence artificielle offre beaucoup d’avantages. Mais, un avantage particulièrement intéressant lorsqu’elle est utilisée dans le monde du travail, c’est qu’elle effectue des tâches répétitives courantes que personne ne veut vraiment faire. En simplifiant le travail des humains, l’IA peut les rendre plus productifs tout en fournissant moins d’efforts. Par exemple, elle peut entrer des données dans des tableaux, aider des clients à retourner des achats en ligne ou remplir des formulaires.

«D’un point de vue commercial, l’intelligence artificielle peut faire la différence entre avancer ou reculer dans n’importe quel marché, explique Lou Bachenheimer, Ph.D., directeur de la technologie des Amériques pour SS&C Blue Prism, un chef de file mondial en automatisation. Lorsqu’elle est utilisée avec les technologies appropriées, comme l’automatisation, l’intelligence artificielle est capable d’améliorer considérablement l’expérience client, de s’adapter rapidement aux conditions changeantes du marché, de mettre en œuvre de nouveaux produits et services plus rapidement et plus efficacement, de stimuler la compétitivité et de créer un meilleur environnement de travail pour les employés.»

Et il y a de bons côtés aux effets que l’intelligence artificielle aura sur le marché du travail. En raison du développement de l’IA, de nombreux emplois, comme ceux des services à la clientèle, disparaîtront probablement, mais sa présence accrue dans nos vies pavera la voie à de nouvelles technologies et carrières qui n’existent pas actuellement. Selon le Forum économique mondial, l’intelligence artificielle supplantera 85 millions d’emplois, mais elle en créera 97 millions de nouveaux dans 26 pays d’ici 2025.

Et ces nouveaux emplois seront probablement plus payants que ceux perdus à cause de l’adoption de l’intelligence artificielle. Nous aurons besoin, après tout, de gens pour concevoir, entretenir et travailler avec l’IA. Le seul inconvénient, c’est que ces nouveaux emplois requerront une formation plus pointue. Ça pourrait être plus difficile à réaliser pour certains si on tient compte des coûts liés à des études supérieures, aux handicaps et à d’autres problèmes.

Les désavantages de l’intelligence artificielle dans le monde du travail

Bien que l’avenir de l’IA présente beaucoup de côtés positifs, il existe certains aspects négatifs. Les préjugés de l’IA, l’impact environnemental et le manque d’intelligence émotionnelle des machines constituent tous des défauts du système.

Les préjugés de l’intelligence artificielle

Les êtres humains ont des préjugés, et ils peuvent les transmettre à un programme d’IA. L’intelligence artificielle peut même, par inadvertance, apprendre des préjugés venant d’ensembles de données, ce qui peut être particulièrement nuisible lorsque les entreprises utilisent l’IA pour recruter du personnel. C’est un problème déjà présent.

Un grand nombre d’entreprises utilisent l’IA pour sélectionner des candidats, mais un programme peut potentiellement rejeter les CV allant à l’encontre de ses préjugés. Par exemple, Amazon a dû renoncer à utiliser l’intelligence artificielle pour revoir les candidatures reçues après qu’elle ait développé un préjugé défavorable envers les candidats femmes. Étant donné que la plupart des candidats étaient des hommes, l’IA avait déterminé que les hommes étaient les meilleurs candidats pour le poste.

Les préjugés de l’intelligence artificielle constituent un tel problème que des législateurs ont présenté un projet de loi (l’Algorithmic Accountability Act de 2019) afin que les compagnies soient tenues responsables des systèmes d’intelligence artificielle qu’elles utilisent.

L’impact environnemental

Autre problème concernant l’avenir de l’intelligence artificielle: sa capacité informatique et de traitement peut en décourager l’adoption et nuire à l’environnement. À l’instar des jetons non fongibles (JNF) qui sont néfastes pour l’environnement parce que leur achat et leur transfert utilisent beaucoup de capacité informatique, la formation en IA requiert des ordinateurs puissants. Ces ordinateurs (appelés unités de traitement graphique ou UTG) utilisent d’énormes quantités d’énergie, et ce, parfois pendant des mois. Une formation pour apprendre à une intelligence artificielle à comprendre le langage humain génère 626 155 livres d’émissions de dioxyde de carbone sur une période de trois jours et demi, soit à peu près le même impact environnemental que cinq voitures sur la route.

La plus grande part de l’impact environnemental résulte de l’avancement dans l’apprentissage profond, un type d’apprentissage sur machine qui utilise des réseaux neuronaux artificiels afin d’aider la machine à penser comme un humain. C’est le cerveau derrière les voitures autonomes, par exemple

«Des tonnes d’argent sont versées en ce moment aux développeurs d’intelligence artificielle, un peu comme à l’époque de la ruée vers l’or afin d’établir les avantages du premier arrivé sur le marché», explique Peter Scott. Scott est l’auteur du livre Artificial Intelligence and You et fondateur de l’Institut Next Wave, une organisation internationale d’éducation qui enseigne comment comprendre l’intelligence artificielle et la mettre à profit. «Une grosse part de ce financement est, sans surprise, dirigée simplement à l’augmentation de la taille des modèles d’apprentissage profond, lesquels doublent actuellement tous les 3-4 mois. Par conséquent, on prévoit que ces modèles vont bientôt consommer une portion importante de l’électricité mondiale. Parce que l’apprentissage profond a démontré des résultats extrêmement intéressants, beaucoup s’attendent à ce que tout ce que ça prendra pour obtenir des résultats encore plus performants sera d’augmenter la taille de cet apprentissage.»

Le manque d’intelligence émotionnelle

Les machines sont parfaites pour traiter rapidement et correctement des transactions, mais elles échouent dans de nombreux domaines nécessitant des pensées ou des émotions complexes, indique Lou Bachenheimer. Elles n’ont tout simplement pas l’intelligence émotionnelle des humains.

Prenons l’exemple des agents conversationnels. Dans la plupart des cas, ils n’arrivent pas à offrir une bonne expérience à l’utilisateur parce qu’ils ne sont pas capables d’utiliser l’intelligence émotionnelle afin d’offrir une meilleure expérience client. Ils ont tendance à échouer dans des situations où le côté humain est nécessaire ou que la solution à un problème est complexe et requiert de la créativité.

Les agents conversationnels en santé mentale en sont un bon exemple. Lorsque des reporters de la BBC ont essayé de mesurer leur utilité pour traiter des maladies graves, ils ont découvert que les agents conversationnels ne réussissaient pas à reconnaître les abus sexuels. «Ces composantes [du soutien] évoluent à travers les relations entre êtres humains, écrivent les auteurs d’une étude de 2021 publiée dans la revue médicale SSM Mental Health. L’intelligence artificielle est par nature limitée dans sa capacité à entrer en relation avec un humain à travers sa propre expérience intime.»

En résumé, si les robots du futur pourront prendre la place des humains quand il s’agira d’accomplir des taches dangereuses, ce ne seront probablement pas les thérapeutes vers qui vous vous tournerez si tout va mal.

L’avenir de l’intelligence artificielle

Bien que l’intelligence artificielle ait ses désavantages, rien ne l’empêchera d’avancer. Les experts soulignent qu’à mesure que l’IA évoluera, nous, les humains, devrons suivre et ajuster sa progression avec prudence pour qu’elle demeure aussi éthique et écoresponsable possible.

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