La danseuse étoile

«Mesdames, soyez les bienvenues en enfer», annonce-t-il avec un accent d’Europe de l’Est. Je grimace tandis qu’il presse sur le sommet trop raide de mon dos, tentant d’en tirer un millimètre de souplesse supplémentaire. J’ai toujours rêvé de faire de la danse classique, mais je me demande maintenant ce qui m’a pris…

Quand j’étais une petite fille, dans les années 1960, j’ai supplié ma mère de m’inscrire à des cours de ballet. J’adorais les tutus roses, les jolis chignons, l’idée de danser gracieusement comme la princesse du Lac des cygnes. Elle m’a inscrite au patinage artistique et chez les jeannettes mais, pour une raison qui m’échappe, n’a jamais cédé sur les cours de ballet.

Avec les distractions de l’adolescence puis les exigences de la vie adulte, mes espoirs ont faibli. Mais de temps en temps, généralement en admirant une interprétation inspirée du chef-d’œuvre de Tchaïkovski, ces petits pincements au cœur de désir inassouvi se réveillaient et me soufflaient de me lancer avant qu’il ne soit trop tard.

Le grant saut ou le grand écart?

Et me voici donc, plus de 50 ans après avoir imploré ma mère, faisant finalement le grand saut.

Mon cours, à Vancouver, est intitulé «Ballet pour adultes débutants», et j’ai bien 30 ans de plus que le reste des participantes. Notre professeur, Monsieur C., possède une formation en ballet russe classique et a connu une illustre carrière de danseur. Il en impose avec ses yeux noirs perçants.

Mes cheveux sont remontés en arrière en un chignon serré et je porte des chaussons de danse roses d’occasion. La fenêtre durant laquelle il était acceptable pour moi de revêtir un tutu s’est déjà refermée.

Nous débutons par des exercices d’échauffement. Les mouvements précis et maîtrisés sont très différents de ce à quoi je suis habituée dans mes cours habituels d’aérobique et de renforcement musculaire. Je suis en forme, mais cet échauffement me tue. À en juger par les grognements, mes jeunes camarades de classe ne sont pas mieux loties. «Vous ai-je demandé d’arrêter? Continuez, mesdames», ordonne Monsieur C. Il affiche un rictus diabolique, savourant notre torture. J’ai une vision de mes cours de sport à l’école primaire, en banlieue de Montréal.

Pendant des années, j’avais un professeur de sport démoniaque originaire d’un pays de l’ancien bloc soviétique. Il se moquait de nos pathétiques tentatives pour hisser nos corps maigrichons sur des barres de traction. Mais j’ai désormais l’assurance de l’adulte qui ne se laisse pas intimider. Je suis même capable de faire une traction (plus ou moins). La danse classique et Monsieur C. ne m’impressionnent pas.

Mon cygne intérieur

«Bon, mesdames, les mains sur la barre. Tenez-vous droites», commande-t-il. Ça ne doit pas être bien difficile. Il remonte la file d’élèves en critiquant notre posture et en livrant des commentaires d’une voix sévère: «Tête haute, cou étiré, poitrine en avant, ventre rentré, dos droit, fesses contractées.» Je suis la dernière de la file et j’ai pris note de chacun des précédents ajustements. «Respirez! dicte-t-il. Tout doit avoir l’air naturel. Personne n’a envie de voir un visage crispé. C’est hideux.»

Monsieur C. nous fait exécuter une petite routine à la barre. «Pointe, demi-pointe, plié», indique-t-il. Je me concentre très fort pour tenter de maîtriser le jargon tout en effectuant les mouvements correspondants. Je suis sûre que ce n’est pas joli, mais il ne le remarque pas, occupé à sermonner une autre élève pour ne pas avoir gardé la tête haute. «Vous devez avoir l’air fier, comme un coq.» Heureusement, il distribue ses remarques à parts égales.

Nous pratiquons notre «port de bras», un terme de ballet pour parler du mouvement des bras. Monsieur C. nous annonce que nos épaules doivent être fortes et nos avant-bras doux et gracieux. Je bats des bras en faisant appel à mon cygne intérieur. «Vos mains, on dirait des serres, intervient-il. Personne ne veut regarder cela.»

La nervosité s’empare de moi quand la musique de Tchaïkovski commence à jouer. Non seulement je dois me rappeler les termes, les pas, les bras gracieux et la respiration, mais je dois maintenant aussi garder le rythme. «Écoutez simplement. Ressentez la musique», nous implore-t-il.

Trop dramatique

Monsieur C. aperçoit nos expressions troublées. «Je ne suis pas ici pour vous dire à quel point vous êtes toutes merveilleuses. Je suis là pour vous enseigner le ballet classique russe», proclame-t-il. Il se lance dans un monologue sur notre trop grande sensibilité dans ce pays, sur notre permanent besoin d’éloges. Je suis assez d’accord avec lui sur ce point.

Au bout de quelques séances, je me surprends à attendre mes cours de danse classique avec la même impatience qu’un tour dans les montagnes russes quand j’étais enfant: un mélange d’appréhension et d’excitation. Entre les cours, je vérifie ma posture dans chaque vitre que je croise et cède à mes fantasmes de grands jetés entre la cuisine et le salon. Je progresse, quoique lentement. Mes mains ressemblent légèrement moins à des serres et ma posture est un peu plus droite.

Monsieur C. est toujours un peu intimidant. Néanmoins, j’en suis venue à apprécier son exigence de perfection, sa discipline, sa passion, son franc-parler et son sens de l’humour.

Nous nous regroupons au centre de la pièce et Monsieur C. se lance dans une magnifique série de pas d’un bout à l’autre de la salle. J’invoque une nouvelle fois mon cygne intérieur et imagine me trouver sur scène, éblouissant le public de ma grâce.

«Trop dramatique», crie-t-il.

Je souris. Ce n’est pas tout à fait un compliment, mais c’est certainement beaucoup mieux que «hideux».

Le grand jeté

Apprendre la danse classique à l’âge adulte est un bien plus grand défi que ce que je pensais. Je sais que je ne maîtriserai jamais le grand jeté (ni même le petit, en fait), mais je suis heureuse de voir que le ballet conserve pour moi le même attrait que lorsque j’étais une petite fille.

Malheureusement, après seulement quelques mois de cours, les restrictions de la COVID-19 ont brutalement interrompu l’épanouissement de mes talents de ballerine. Mais je sais que je finirai par y revenir – c’est mon nouveau frisson des montagnes russes, et je ne peux tout simplement pas y résister.

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© 2020, Caroline Helbig. Tiré de «Adult Ballet Classes Are Not for the Faint of Heart», The Globe and Mail (19 août 2020), theglobeandmail.com

Comment Pratiquer La Gratitude Merci Bonne Humeur Bonhomme Sourire

Un outil relationnel

Les gens reconnaissants sont des gens heureux. C’était l’une des principales conclusions de la Harvard Adult Development Study, la plus longue étude menée sur le bonheur et la santé au monde, se penchant sur 100 ans de données et deux générations d’Américains.

On y apprend que les personnes reconnaissantes vivent aussi plus longtemps et sont globalement en meilleure santé. Cela signifie qu’apprendre à pratiquer la gratitude est l’une des meilleures choses que l’on puisse faire pour sa santé, souligne l’actuel directeur de l’étude, le psychiatre Robert Waldinger.

Pourquoi? La réponse est assez simple: être reconnaissant concentre l’attention sur ce que l’on a, plutôt que sur ce que l’on n’a pas.

«La gratitude est l’un des meilleurs outils dont nous disposons pour renforcer les relations, et nos relations avec les autres sont le facteur le plus important pour déterminer le bonheur», explique-t-il. Il ajoute qu’être reconnaissant est l’une des choses les plus simples et les plus faciles à faire pour augmenter son bonheur. En plus, l’effet est presque instantané!

Pratiquer la gratitude se fait de plusieurs manières: les méditations de gratitude (l’une des préférées du Dr Waldinger!), la rédaction de notes de remerciement, entretenir un journal de gratitude et lire des citations de gratitude…

Une vie heureuse commence avec des petits gestes qui stimuleront votre bien être et votre bonne humeur!

Qu’est-ce que la gratitude?

Avant d’apprendre à pratiquer la gratitude, il faut s’assurer de comprendre le concept. Alors, qu’est-ce que la gratitude exactement?

La gratitude est le sentiment positif d’être reconnaissant envers quelqu’un ou quelque chose. Mais en pratique, c’est bien plus que cela, explique la psychologue Haley Perlus.

«La gratitude est un outil d’entraînement émotionnel productif. Lorsque nous sommes reconnaissants, nous ressentons les sentiments positifs et agréables associés au bonheur, à la paix, à la passion, à l’excitation et à l’amour. Ces émotions agréables peuvent être un catalyseur de changements positifs dans votre vie», explique-t-elle.

«La gratitude est aussi le contraire de notre voix intérieure négative. Cela perturbe les schémas négatifs et crée une opportunité de se concentrer sur tout le bien du passé, du présent et du futur.»

Certains mantras apaisent les tensions, d’autres diluent les pensées négatives. Certains réveillent notre énergie, d’autres calment les émotions intenses. Jetez un œil à ces mantras qui vous feront du bien.

Pourquoi est-il si important de pratiquer la gratitude?

Plusieurs études ont prouvé à maintes reprises que pratiquer la gratitude offre de puissants avantages pour la santé physique et mentale, déclare Robert Waldinger. Être reconnaissant peut aider à prévenir la maladie, et être reconnaissant peut même aider à vivre plus longtemps.

Certains des plus grands avantages de la gratitude sont:

  • un risque réduit de maladie cardiaque, de diabète, de certains cancers et d’autres maladies liées au mode de vie;
  • un système immunitaire plus fort;
  • une mémoire plus nette et moins de déclin mental avec l’âge;
  • un sommeil de meilleure qualité et moins d’insomnie;
  • une perception réduite de la douleur chronique;
  • une réduction de l’inflammation;
  • une meilleure humeur et moins d’incidence de dépression et d’anxiété;
  • une plus grande confiance en soi et moins de sentiments de colère, de jalousie et d’envie;
  • une plus grande capacité à se pardonner et à pardonner aux autres;
  • une meilleure capacité à gérer son temps.

Comme la gratitude, la bienveillance peut prendre différentes formes. C’est par de simples gestes – comme rendre service, alléger la vie de quelqu’un ou redonner le sourire – que vous parviendrez à faire une différence autour de vous. Découvrez 20 gestes de bienveillance à poser.

7 façons de pratiquer la gratitude

Être reconnaissant, ça se pratique, précise Haley Perlus. Prêt à pratiquer la gratitude dans votre vie de tous les jours? Voici sept manières de le faire.

Dire à voix haute ce pourquoi on est reconnaissant

Mettre des mots sur les choses de la vie pour lesquelles on éprouve de la reconnaissance peut avoir plus d’impact que simplement le penser, dit Haley Perlus.

Le dire à voix haute aide à «l’imprimer» dans la mémoire, et l’articuler aide à identifier précisément ce pour quoi nous sommes reconnaissants.

Comment pratiquer la gratitude: utiliser les mémos vocaux ou toute autre application pour dicter les choses pour lesquelles on éprouve de la reconnaissance (et, de temps à autre, les réécouter lorsque l’on a besoin d’un petit moment de joie).

Encourager sa famille à partager quelque chose dont elle est reconnaissante chaque soir au souper est aussi une bonne habitude à inculquer à ses enfants.

Écrire ce pour quoi on est reconnaissant

Mettre ses pensées sur papier, que ce soit dans un journal de gratitude ou une note de remerciement, est un moyen puissant de connecter le corps et l’esprit, renforçant les sentiments positifs.

Comment pratiquer la gratitude: garder un carnet dans son sac à main ou sur le bureau pour noter les choses pour lesquelles on est reconnaissant au fur et à mesure qu’elles se produisent.

Il peut être bénéfique de tenir un journal de gratitude où l’on écrit trois choses pour lesquelles on est reconnaissant chaque jour dans un journal que l’on garde près de son lit.

Décrire ses sentiments par écrit peut aider à éclaircir ses idées, à vaincre le stress et à générer du bonheur dans sa vie personnelle. Et découvrez comment faire un journal intime pour améliorer votre santé mentale.

Partager sa gratitude avec les autres

Partager sa gratitude a un effet immense sur soi et sur les autres, déclenchant une cascade de pensées et de sentiments heureux, tout en renforçant le lien qui vous unit.

Même un simple merci à un inconnu qui a tenu la porte procure un sentiment de bonheur, ajoute le Dr Waldinger.

Comment pratiquer la gratitude: il faudrait fournir un effort conscient chaque jour pour dire à quelqu’un à quel point nous lui sommes reconnaissants.

Appeler un parent, écrire une note de remerciement à un ancien enseignant, offrir un cadeau de remerciement à un ami ou remercier simplement le caissier de l’épicerie sont toutes des manières de pratiquer la gratitude.

Jetez un œil à ces 8 trucs pour mieux accepter (et donner…) un compliment.

Méditer sur la gratitude

Les gens commettent souvent l’erreur de supposer que les sentiments contrôlent l’esprit – ce que nous ressentons détermine ce à quoi nous pensons.

En réalité, c’est l’esprit qui dicte ce que l’on ressent, explique Robert Waldinger. Donc, concentrer son esprit sur la gratitude en faisant une méditation quotidienne est l’un des meilleurs moyens de se sentir plus reconnaissant dans sa vie.

Comment pratiquer la gratitude: plus simplement, avoir des pensées reconnaissantes aide à voir plus de choses pour lesquelles nous sommes reconnaissants dans notre vie.

Vider son esprit et prendre une à cinq minutes chaque matin pour faire une méditation guidée sur la gratitude ou pour méditer sur des choses ou des personnes pour lesquelles vous êtes reconnaissant.

Une méditation sur le bonheur aide à être plus heureux à la maison, au travail et partout où l’on passe la journée.

Prévoir sa reconnaissance

La gratitude ne se produit pas seulement avec le recul. N’attendez pas de vous «sentir reconnaissant» spontanément.

Pour planifier sa gratitude, il suffit d’identifier les domaines de sa vie dans lesquels nous nous sentons malheureux, puis d’énumérer les moyens de nous sentir reconnaissants dans ces situations.

Comment pratiquer la gratitude: régler une alarme sur son téléphone pour se rappeler de rechercher des moments de gratitude.

Se sentir reconnaissant n’est qu’un seul des nombreux avantages du bénévolat.

Évitez les faux pas! Au travail, avec la famille et avec les amis, découvrez les 50 règles d’or à toujours respecter en matière d’étiquette et de politesse.

Se mettre au défi d’être reconnaissant dans des circonstances difficiles

Les personnes reconnaissantes sont plus résilientes lorsqu’elles gèrent des moments difficiles, explique Robert Waldinger. Après tout, la vie ce n’est pas ce qui nous arrive, mais la façon dont on la gère.

Dans chaque situation – aussi difficile soit-elle – il est possible de trouver quelque chose pour laquelle être reconnaissant. Et pratiquer la gratitude peut grandement contribuer à améliorer la façon dont on gère les épreuves plus difficiles.

Comment pratiquer la gratitude: parcourir de vieux journaux ou des albums photo de moments difficiles de sa vie et prendre des notes sur ce qui vous a aidé à traverser ces épreuves et ce pour quoi vous êtes aujourd’hui reconnaissant. Utiliser ces informations pour s’aider à trouver les bons côtés des problèmes actuels est bénéfique.

Découvrez les bonnes manières que tout parent devrait enseigner à son enfant, afin qu’il se comporte de façon courtoise en société.

Se laisser inspirer par la gratitude des autres

Être reconnaissant est une compétence, et il est possible d’apprendre à le faire en voyant comment les autres pratiquent la gratitude dans leur vie. Faites attention à la façon dont vos amis, les membres de votre famille, vos collègues et vos connaissances expriment leur gratitude tout au long de la journée.

Comment pratiquer la gratitude: lire de bonnes nouvelles, consulter des livres inspirants, regarder des vidéos inspirantes, parler avec ses proches et avoir une thérapie.

Parce que chaque jour apporte son lot de petits plaisirs, que l’on ne prend pas toujours le temps d’apprécier. Jetez un œil aux bonnes raisons de montrer sa reconnaissance et sa gratitude afin de profiter pleinement de chaque jour qui passe.

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Illustration sur les secrets qu'il faut partager

Il y a 30 ans, Allison McColeman, aujourd’hui âgée de 55 ans et vivant à Toronto, s’est bien gardée de révéler à sa famille qu’elle avait pris mari. Elle craignait que son mariage n’alimente les conflits avec ses parents. Elle savait bien que son beau-père n’aimait pas cet homme et, comme elle fréquentait ce dernier depuis moins d’un an, que sa mère serait inquiète. Dans son for intérieur, elle-même doutait au reste de son initiative.

«Cela m’embarrassait de leur dire la vérité», se rappelle-t-elle. Aussi leur a-t-elle présenté son conjoint simplement comme son petit ami. Seuls ses amis proches ont su qu’elle avait discrètement épousé ce charmant Irlandais à la mairie… Aussi, admet-elle, pour l’aider à obtenir la citoyenneté canadienne. On serait passés à un «vrai» mariage si l’union se révélait durable.

Le couple s’est au contraire disloqué un an plus tard. Et ce n’est qu’après cinq ans que Allison a enfin avoué son mariage à sa mère (son beau-père était alors décédé). Entre-temps, même si l’homme qu’elle avait marié était rarement évoqué dans leurs conversations, elle ne pouvait s’empêcher de penser à son secret. C’était comme s’il y avait eu dans la pièce un éléphant qu’elle seule voyait. «J’avais le sentiment de mentir à sa mère depuis une éternité. Après, je me suis sentie plus légère.»

Nous avons tous nos secrets, même s’ils ne sont pas toujours aussi romanesques qu’un mariage. S’il n’est pas nécessaire que tout le monde sache tout, les avantages qu’on retire à partager un secret sont souvent plus grands que les dommages qu’on redoute. Voici quelques repères pour éviter les maladresses.

Demandez-vous si vous en souffrez

Un secret peut être un poids sur la conscience. Voilà ce qui a d’abord piqué la curiosité du psychologue Michael Slepian, professeur adjoint à l’université Columbia, à New York. Ses travaux ont révélé que 97% des sujets ont un secret et que, en moyenne, tout le monde en a 13 à tout moment de sa vie. Mais garder des secrets a été corrélé avec des relations moins satisfaisantes, des taux d’anxiété et de dépression plus élevés et un moindre sentiment de bien-être. La liste des secrets courants dressée par le spécialiste compte 38 catégories qui vont du grave (infidélité, dépendance) au léger (manie gênante, biens dissimulés).

Tous les types de secrets peuvent déstabiliser la santé mentale, mais cela ne résulte pas du stress même de la dissimulation. L’indicateur le plus significatif à cet égard, c’est plutôt la fréquence à laquelle vous y pensez machinalement, comme si vous grattiez une croûte. Et, ajoute le psychologue, vous y penserez d’autant plus que le secret concerne votre identité profonde (un mariage caché) plutôt qu’une banalité (la réserve de chocolat que vous dissimulez à la famille). «Cela dit, conclut-il, le plus difficile, ce n’est pas de devoir taire un secret, mais de devoir le porter seul.»

Ne pas confondre honte et culpabilité

Les secrets les plus lourds sont en général ceux dont on a honte. Beaucoup d’entre nous savent combien la honte peut nous inciter à la boucler. Mon mari aime à me rappeler que j’ai «oublié» de lui dire que je voyais un médium parce que je savais qu’il trouverait ça nul et que ce n’était que de l’argent gaspillé. Si Allison McColeman n’a pas révélé son mariage à sa famille, c’est entre autres parce qu’elle devinait que son petit ami se servait d’elle et qu’elle avait honte de sa naïveté.

Selon Michael Slepian, le côté le plus malsain de la honte – et ce qui la distingue de la culpabilité –, c’est que quand vous avez honte, vous vous dites je ne vaux rien, alors que quand vous vous sentez coupable, vous vous dites j’ai mal agi, ce qui est beaucoup plus sain. Partager un secret peut vous aider à dépasser la honte pour réfléchir à votre action. Si vous estimez avoir mal agi, ajoute-t-il, vous pourrez vous tracer une ligne de conduite différente, «tirer des leçons de vos erreurs».

Confiez-vous…

La façon la plus facile de réduire le poids d’un secret, poursuit le professeur, c’est de le confier à quelqu’un – à un ami, à un thérapeute, et même à une connaissance en ligne. L’avouer devrait déjà réduire les ruminations comme si vos émotions retrouvaient un peu de jeu. Mais Michael Slepian précise que ce n’est pas la simple confession qui dégage la mémoire de son ornière, mais la conversation qui l’accompagne.

«Une confession anonyme sur internet peut sembler un succès pendant 10 secondes, dit-il. Une conversation avec une personne de confiance, c’est autre chose. Votre interlocuteur peut cette fois vous apporter une perspective originale, du soutien affectif, vous prodiguer des conseils. Ne serait-ce qu’en vous écoutant, il peut vous faire percevoir le problème autrement et vous permettre d’avancer.

… mais choisissez bien votre confident

Selon Michael Slepian, les gens répètent 26% des secrets qu’on leur confie; révéler quelque chose que vous voulez garder vraiment secret (ou presque) est donc un pari risqué. Il faut dès lors bien choisir l’interlocuteur qui a une morale et des valeurs proches des vôtres. «On répétera plus facilement votre secret si on est scandalisé par votre conduite, affirme-t-il. Évitez par conséquent de confier à une personne un aveu qui la choquera.»

Gardez-vous par exemple de dire que vous vous êtes entichée d’un collègue (alors que vous êtes déjà mariée) à l’amie qui verrait une trahison dans le seul fait de regarder quelqu’un d’autre. Faites-en plutôt état à la copine qui traite ces innocentes rêveries pour ce qu’elles sont et qui saura vous convaincre que vous n’êtes pas un monstre condamné à détruire votre famille.

Tout au fond d’elle-même, au-delà du tracas et de la honte, Allison McColeman savait que sa mère réagirait bien. «Elle a été étonnée, mais ne s’est pas fâchée.» Par-dessus tout, elle était heureuse que sa fille aille bien, ait divorcé et ait refait sa vie. «Quant à moi, je me sentais bien mieux une fois libérée de ce poids.»

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Aristides De Sousa Mendes Portrait
Aristides de Sousa Mendes en 1940. À droite: des réfugiés français fuient l’assaut nazi en 1941.

C’est la deuxième semaine de juin, en 1940, et Aristides de Sousa Mendes refuse de quitter sa chambre. Le consul général du Portugal à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, occupe avec sa femme et plusieurs de leurs 12 enfants un vaste appartement qui donne sur la Garonne. Leur inquiétude ne cesse de croître devant les événements.

Aristocrate bon vivant, Aristides est profondément attaché à sa famille. Il aime le vin, le Portugal et chante volontiers à tue-tête des chansons populaires françaises, notamment «J’attendrai» de Rina Ketty, une ode à l’amour qui, dans le contexte instable de la guerre, se transforme en un hymne à la paix. Le consul aime aussi sa maîtresse, enceinte de cinq mois de son treizième enfant.

En général, même dans les pires circonstances, il trouve toujours matière à rire. Mais là, devant la décision la plus difficile de son existence, replié sur lui-même, il refuse de quitter sa chambre, même pour manger. «La situation est terrifiante ici, écrit le diplomate de 54 ans à son beau-frère. Je suis au lit, affecté par une grave dépression nerveuse.»

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Des millions de réfugiés

Les prémices de cet effondrement datent de l’offensive lancée par Hitler contre la France et les pays du Benelux le 10 mai 1940. En quelques semaines, des millions de réfugiés ont été arrachés à leur foyer et contraints de fuir l’avance de l’armée allemande. Selon le représentant de la Croix-Rouge à Paris, on fait alors face au «plus important problème de réfugiés qu’ait connu la France».

Des conducteurs épuisés perdent la maîtrise de leur véhicule. Des femmes tirent des charrettes transportant enfants et chèvres. «Des gens tuaient leur chien pour ne pas avoir à le nourrir, se souvient Marie-Madeleine Fourcade, chef d’un réseau de la Résistance française. Des femmes en pleurs poussaient des vieillards calés dans des landaus.»

Le Schindler portugais: Aristides De Sousa Mendes et sa famille
Aristides de Sousa Mendes et sa femme, Angelina, avec neuf de leurs enfants, en 1929.

Lansing Warren, un correspondant du New York Times, qui sera plus tard arrêté par les nazis, note: «Dans un pays déjà saturé par les évacués des zones de guerre, la moitié de la population parisienne, une grande partie de la Belgique et de 10 à 12 départements français, soit de 6 à 10 millions de personnes, ont pris le chemin de l’exode dans des voitures ou des camions, à vélo ou à pied.» Les réfugiés «avancent lentement vers le sud, à un rythme régulier, sans vraiment savoir où cela les conduira, écrit-il. Jusqu’où iront-ils? Cela dépendra des circonstances, mais il est dès maintenant évident qu’ils finiront par être bloqués.»

Tandis que le gouvernement français fuit la capitale et que les soldats allemands dressent la croix gammée sur l’Arc de triomphe, les réfugiés écument le pays pour obtenir des visas de sortie. Ils sont nombreux à gagner la côte dans l’espoir de trouver une place à bord d’un navire qui les éloignera du continent. D’autres se rassemblent dans les villes frontalières du sud-ouest, cherchant désespérément à traverser en Espagne.

À Bordeaux, la population a plus que doublé, débordant de réfugiés pour qui un visa du Portugal reste la seule solution. En effet, ce document émanant d’un pays neutre leur permettrait de traverser l’Espagne vers Lisbonne où ils trouveraient peut-être un billet de bateau ou d’avion qui les emmènerait loin de l’Europe.

Ils sont des milliers massés devant le 14, quai Louis XVIII – l’immeuble de quatre étages au bord de l’eau qui abrite le consulat du Portugal et, aux étages supérieurs, la famille Sousa Mendes. À deux rues, place des Quinconces, l’une des plus grandes esplanades d’Europe, des réfugiés campent dans des voitures, sous des cartons et sous des tentes.
Aristides de Sousa Mendes informe le ministre des Affaires étrangères du Portugal de la situation, précisant qu’il y a parmi ces gens «des hommes d’État, des ambassadeurs et des ministres, des généraux et autres officiers supérieurs, des professeurs, des hommes de lettres, des universitaires, des artistes célèbres, des journalistes… des étudiants, des employés d’organismes de la Croix-Rouge, des membres de familles régnantes… des soldats de tous rangs et postes, des industriels et des hommes d’affaires, des prêtres et des religieuses, des femmes et des enfants, tous ayant besoin de protection». Nombre d’entre eux, ajoute-t-il, sont «des juifs déjà persécutés qui cherchent à fuir l’horreur de nouvelles persécutions».

L’agitation ne fait que croître à l’approche de l’envahisseur. «C’était le chaos dans la ville», écrit le journaliste américain Eugene Bagger, coincé en France. Il passe la nuit du 17 juin dans sa voiture avant d’être réveillé quand les lumières sur l’esplanade s’éteignent brusquement. «Puis nous avons entendu les bombes, continue-t-il. Nous en avons compté huit, en succession rapide… Ensuite il y a eu le hurlement des sirènes, d’abord éloigné, puis de plus en plus rapproché.»

Aristides, un fervent catholique convaincu d’avoir des ancêtres conversos, ces juifs contraints de se convertir au catholicisme lors de l’Inquisition espagnole, est atterré devant toute cette souffrance. Les uns cherchent leur femme ou leur mari, d’autres sont sans nouvelles de leurs enfants disparus, d’autres encore ont vu des proches tomber sous les bombes allemandes.

Ils sont alors nombreux à ignorer que, sept mois plus tôt, le dictateur du Portugal, le président António de Oliveira Salazar, a émis la tristement célèbre circulaire 14 interdisant aux représentants portugais à l’étranger de délivrer des visas aux réfugiés – particulièrement aux juifs, aux gens de la diaspora russe et à tout «apatride».

D’un strict point de vue technique, le gouvernement Salazar est certes neutre, mais en réalité, cette «neutralité» varie au gré des événements. Avec les forces nazies désormais présentes dans toute l’Europe, Salazar craint de provoquer Hitler ou Francisco Franco, son semblable espagnol.

Voyant la situation se détériorer sous ses fenêtres, Aristides de Sousa Mendes invite les personnes âgées, les malades et les femmes enceintes à se réfugier chez lui où ils peuvent se reposer ou dormir dans des fauteuils, des couvertures et des tapis à même le sol. «Même le consulat était envahi par des dizaines de réfugiés épuisés d’avoir attendu des jours et des nuits entiers dans la rue, dans les escaliers et enfin dans les bureaux», racontera Cesar, le neveu d’Aristides, dans son témoignage à Yad Vashem, l’Institut international pour la mémoire de la Shoah, en Israël. «La plupart ne possédaient que les vêtements qu’ils avaient sur le dos.»

Un soir, Aristides se glisse dans une voiture conduite par un chauffeur pour observer les soldats français armés de baïonnettes et coiffés de casques métalliques qui maintiennent l’ordre. Près de la grande synagogue de Bordeaux, il remarque la présence d’un homme vêtu d’un caftan noir croisé — il s’agit de Chaim Kruger, un rabbin polonais ayant servi dans un village de Belgique qui a dû fuir avec sa femme, Cilla, et leurs trois enfants. Aristides les invite au consulat. Puis le diplomate accueille Chaim Kruger et sa famille chez lui, en s’empressant de préciser toutefois qu’aucun visa ne sera délivré à des juifs.

Grand Immeuble Brun Bordeaux
Le 14, quai Louis XVIII, à Bordeaux, abritait alors le consulat du Portugal et la résidence de la famille Sousa Mendes.

Pourtant, discrètement, il va essayer d’obtenir de Lisbonne l’autorisation de délivrer des visas. La réponse du ministère des Affaires étrangères lui parvient le 13 juin: Recusados vistos. Visas refusés. Passant outre à la décision de sa hiérarchie, Aristides propose des documents à Chaim Kruger, qui les repousse.

«Seulement pour moi? demande le rabbin. Je n’ai pas le droit de me soucier uniquement de moi-même. Comment pourrais-je abandonner tous mes compagnons juifs?

—C’est bon, rabbi Kruger, réagit Aristides. Vous gagnez!»

Aristides de Sousa Mendes comprend ce que son geste révèle de sa situation: en réalité, il va devoir choisir entre se sauver lui-même ou sauver des milliers de gens, entre obéir à son gouvernement ou écouter sa conscience.
Déstabilisé, il reste enfermé trois jours dans sa chambre. Quand il en sort, il annonce: «Je délivrerai un visa à quiconque en fera la demande. Dussé-je être révoqué, je ne puis agir qu’en chrétien, tel que me l’ordonne ma conscience.» Selon l’historien israélien Yehuda Bauer, la suite constitue «sans doute la plus importante opération de secours menée par un seul individu durant la Shoah».

Découvrez l’histoire de deux familles qui fuient l’Allemagne de l’Est en montgolfière.

Ouvrir la porte

Aristides de Sousa Mendes n’est pas né pour souffrir. Membre de la noblesse terrienne, il possède une somptueuse propriété à Cabanas de Viriato, un village du centre du Portugal où il a vu le jour. Tous les jeudis, il accueille avec son épouse Angelina les pauvres du village qui partagent entre eux un repas préparé par les domestiques.
Plutôt extraverti et spontané, Aristides gère mal ses finances et doit souvent emprunter de l’argent à son frère jumeau, Cesar, sérieux et studieux. Ils ont fréquenté la faculté de droit de la prestigieuse université de Coimbra, au Portugal, et obtenu leur diplôme en 1907. Après avoir brièvement exercé le droit, les deux frères se sont engagés auprès du service diplomatique.

Au début des années 1930, après avoir gravi tous les échelons, Cesar est nommé ministre des Affaires étrangères du Portugal. Pendant ce temps, Aristides occupe divers postes diplomatiques au Brésil, en Espagne, en Guyane britannique et à San Francisco.

En septembre 1938, Angelina et Aristides s’installent à Bordeaux avec plusieurs de leurs 12 enfants encore en vie – un fils de 22 ans a été emporté par une rupture de la rate et une fille est morte de méningite en bas âge. Les professeurs d’art et de musique commencent rapidement à défiler dans l’appartement du quai Louis XVIII.
Aristides s’engage dans une relation amoureuse avec une musicienne de 23 années sa cadette, Andrée Cibial. Connue en ville pour ses chapeaux extravagants, Andrée amuse Aristides avec son côté libre penseur.

À la même époque, préoccupé par l’arrivée de juifs d’Allemagne et de républicains antifascistes fuyant la guerre civile espagnole, le gouvernement français installe des camps de détention et d’internement pour y accueillir des réfugiés. En novembre 1939, 10 jours après la mise en application de la circulaire 14 de Salazar, Aristides délivre un visa non autorisé à l’historien juif Arnold Wiznitzer. Il en signe un autre en mars, cette fois à un républicain espagnol, Eduardo Neira Laporte, un professeur de Barcelone.

Salvador Dali Maurice De Rothschild Et Madeleine Lebeau
Parmi les milliers de personnes qui ont obtenu un visa de Sousa Mendes, on compte (dans le sens des aiguilles d’une montre) l’artiste Salvador Dali et sa femme Gala; le politicien et philanthrope Maurice de Rothschild; l’actrice Madeleine Lebeau.

Bien que les deux hommes aient été à deux doigts d’être envoyés dans un camp français, Aristides a été sévèrement réprimandé par le ministre des Affaires étrangères. «Toute nouvelle transgression ou violation sera considérée comme une désobéissance et pourra vous valoir une procédure disciplinaire», lui écrit à l’époque son supérieur.
Relatant les faits à son frère Cesar, alors ambassadeur à Varsovie, il s’insurge contre «ce Staline portugais qui a décidé de m’attaquer comme une bête sauvage».

Avec les bombes toutes proches annonçant l’arrivée imminente des Allemands, et son gouvernement enferré dans son refus d’accorder un passage sûr aux malheureux réfugiés, Aristides sait certainement ce qu’il risque quand, en juin 1940, il ouvre grandes les portes de sa demeure et commence à délivrer des visas en grand nombre.

Une fois lancé, il ne s’arrête plus. Il signe des visas pour les réfugiés détenteurs d’un passeport et pour ceux qui n’en ont pas. Ils sont des milliers à faire la queue devant son bureau, dans les escaliers, dans les rues. «Ajoutez à ce spectacle des centaines d’enfants et leurs parents exprimant leur souffrance et leur angoisse», dira Aristides de Sousa Mendes quelques mois plus tard.

Les nazis poursuivent leur avance vers Bordeaux et Aristides dort à peine. Devant l’urgence de répondre à toutes les demandes, il se met à signer de façon de plus en plus expéditive, passant de Aristides de Sousa Mendes à Sousa Mendes et, finalement, à Mendes. De peur de perdre leur place dans la queue, les réfugiés s’interdisent de boire ou de manger. Des coups de poing sont échangés.

Chaque jour amène son lot de nouveaux demandeurs. Les grands banquiers Édouard, Eugène, Henri et Maurice de Rothschild ont besoin de documents. Gala souhaite un visa pour elle et son mari, l’artiste Salvador Dali, occupé à construire un abri antibombes dans le jardin de leur maison louée près de Bordeaux.

Pour accélérer l’opération, Aristides réquisitionne son fils Pedro Nuno, son neveu Cesar et José de Seabra, son secrétaire au consulat. Un homme appose le tampon sur le passeport, Aristides le signe et José émet le numéro de visa avant que tout ne soit consigné dans un registre. Le rabbin Kruger se promène au milieu de la foule, prend les passeports, les monte à l’étage pour les faire signer par Aristides puis les rapporte à leur propriétaire.

Le Schindler portugais: des documents Visa
Aristides de Sousa Mendes a délivré une grande quantité de visas aux réfugiés en fuite. Celui-ci est daté du 19 juin 1940.

Parmi les demandeurs, on compte Israël et Madeleine Blauschild – mieux connus sous leurs noms de scène Marcel Dalio et Madeleine Lebeau –, en fuite depuis que les nazis ont diffusé en France une série d’affiches avec la photo de Marcel Dalio illustrant un «juif typique». (Deux ans plus tard, le couple apparaîtra dans Casablanca, un film sur des réfugiés en quête de documents de transit pour le Portugal; Marcel y jouera Émile, le croupier, et Madeleine, la jeune Yvonne qui entonne l’inoubliable «Marseillaise» le visage inondé de larmes.)

La nuit du 17 juin, un homme à la fine moustache, élégant dans son costume de bonne coupe, s’avance vers le consulat. Il s’agit du secrétaire particulier de l’archiduc d’Autriche Otto de Habsbourg-Lorraine, prétendant au trône. L’homme tend 19 passeports. Tous sont tamponnés et signés par Aristides de Sousa Mendes. Le lendemain, les membres de l’ancienne famille royale traversent la frontière espagnole dans cinq voitures suivies par deux camions chargés de leurs biens.

Acclamations – et menaces

Le 19 juin, le président Salazar entend parler des «irrégularités» commises au consulat de Bordeaux. La même nuit, l’Allemagne bombarde la ville. Devant l’avancée inexorable d’Hitler et la perspective de la formation en France d’un régime collaborationniste, la position d’Aristides commence à devenir intenable. L’Espagne va finir par cesser d’honorer les visas portant sa signature, et Salazar le rappellera, l’arrêtera – voire pis.

L’opération visa menée depuis environ neuf jours a déjà sauvé des milliers de vies. Si le quai Louis XVIII est désormais presque vide grâce à l’intervention d’Aristides, ce dernier apprend que des scènes désespérées se déroulent dans le sud.

Appelant le vice-consul du Portugal à Toulouse, au sud-est de Bordeaux, il lui ordonne de commencer à délivrer des visas. Aristides se rend ensuite à Bayonne, à environ 150 kilomètres, une ville proche de la frontière espagnole.

«J’ai trouvé en arrivant environ 5000 personnes dans les rues, immobiles, qui attendaient leur tour nuit et jour», racontera-t-il plus tard.

Il traverse la place centrale quand un groupe de réfugiés le reconnaît et se met à l’acclamer. Constatant que le vieil escalier en bois du consulat menace de s’écrouler sous le poids des demandeurs de visa, il fait installer une table à l’extérieur. Puis, comme à Bordeaux, il improvise une grande file pour signer à la chaîne tous les passeports qu’on lui présente.

Le 22 juin, Salazar câble directement à Aristides de Sousa Mendes: «Il vous est strictement interdit de délivrer un visa d’entrée au Portugal, quelle que soit la personne qui vous le demande.» Puis il envoie l’ambassadeur du Portugal en Espagne, Pedro Teotónio Pereira, enquêter. Une rencontre a lieu entre les deux hommes et Pereira exige des explications. La réponse, couplée à l’air débraillé du consul, va lui faire dire plus tard que Sousa Mendes «n’avait pas toute sa tête».

L’ambassadeur lui ordonne de rentrer à Bordeaux. L’homme préfère se rendre à Hendaye, une ville balnéaire française à la frontière espagnole. Il y constate qu’on refuse l’entrée en Espagne à des centaines de réfugiés. Pereira a donc eu le temps de câbler aux autorités espagnoles de considérer les visas délivrés par Sousa Mendes comme «nuls et sans valeur». Selon le New York Times, 10000 réfugiés se seraient trouvés coincés dans la France occupée par les nazis après la fermeture de la frontière espagnole.

Ayant garé sa voiture près de la frontière, Aristides aperçoit un groupe de réfugiés qui tente en vain de passer. Le diplomate reconnaît alors Chaim Kruger et sa famille, en discussion avec des gardes-frontières. Aristides intervient et négocie pendant plus d’une heure avec les gardes. Finalement, le diplomate soulève lui-même la barrière et fait signe au rabbin Kruger et à ses compagnons d’exil de traverser la frontière pour entrer en Espagne.

Le 24 juin 1940, Salazar rappelle Aristides de Sousa Mendes au Portugal. Le 4 juillet, une procédure disciplinaire est engagée, qui est suivie d’un procès fondé sur des témoignages écrits soumis par de nombreuses personnes impliquées.

Aristides reconnaît que certaines des 15 accusations portées contre lui sont fondées. «Peut-être ai-je commis une faute, écrit-il, mais dans ce cas, elle n’est pas intentionnelle, car bien que je sois resté lucide face à mes responsabilités, je n’ai fait que suivre la voix de ma conscience – malgré la dépression nerveuse dont je continue à souffrir en raison de la charge de travail et qui m’a empêché de dormir pendant plusieurs semaines.»

Avant même que le verdict ne soit rendu, Salazar informe ses ambassadeurs que Sousa Mendes est congédié. Quand la décision est connue en octobre, jugeant insuffisante la punition officielle – la rétrogradation –, Salazar exige que Sousa Mendes soit mis à la retraite.

Aristides réagit avec sa sérénité habituelle: «Je préfère être avec Dieu contre l’homme qu’avec l’homme contre Dieu.» Il ne touchera jamais la retraite qui lui a été promise. Salazar ne juge pas nécessaire de le faire radier du barreau – qui voudrait d’un consul placé sur la liste noire du président? Pour la forme, Salazar fait mettre sous scellés le dossier de la procédure disciplinaire.

Schindler portugais: Portrait d'Andree Cibial en 1949
Sousa Mendes a épousé Andrée Cibial en 1949. Le couple a vécu dans la pauvreté.

Le même mois, à Lisbonne, Andrée Cibial donne naissance à la dernière fille d’Aristides, qui sera ensuite confiée à des parents en France. Après la sanction de Salazar, craignant des représailles, ses autres enfants se dispersent. Sa fille Clotilde part vivre au Mozambique. Deux fils, Carlos et Sebastiaõ, nés en Californie, s’enrôlent dans l’armée américaine. (Sebastiaõ participera plus tard au débarquement de Normandie.) Deux autres fils finissent par immigrer, Luis-Filipe au Canada et Jean-Paul, en Californie.

En 1942, Aristides mange à la soupe populaire de la communauté juive de Lisbonne. Isaac «Ike» Bitton, qui travaille dans la salle à manger des réfugiés, surprend un jour une conversation en portugais du couple Sousa Mendes. «Je me suis approché du chef de famille pour le prévenir que la salle était réservée aux réfugiés, se souviendra plus tard Isaac. À mon grand étonnement, cet homme bon a répondu: Nous sommes aussi des réfugiés.»

Une profonde injustice

Les années suivantes, sa situation financière ne faisant que s’aggraver, Aristides fait campagne auprès de Salazar et du chef de l’Assemblée nationale pour être réintégré dans ses fonctions afin de pouvoir toucher sa retraite. Il s’adresse également au pape Pie XII.

Cesar défend la réhabilitation de son frère et adresse en son nom une lettre à Salazar. Mais, comme l’écrira plus tard Luis-Filipe, le fils d’Aristides, «le roc restait inébranlable et nos espoirs finirent par s’envoler». Pour aggraver l’injustice, voyant la menace d’une attaque allemande s’éloigner et conscient de l’importance que les Alliés accordent aux actions humanitaires, le régime Salazar s’attribue le mérite du travail de Sousa Mendes. Pedro Teotónio Pereira, l’ambassadeur qui l’a pourchassé à la frontière, affirme s’être rendu en France pour prêter assistance «avec tous les moyens à [sa] disposition». Dans un discours à l’Assemblée nationale, Salazar dénonce le sort terrible réservé aux dépossédés de la guerre. «Quel dommage que nous n’ayons pas pu faire davantage», dit-il.

À l’été 1945, Aristides de Sousa Mendes est victime d’un accident vasculaire cérébral qui le laisse partiellement paralysé. Incapable de rédiger les lettres sollicitant de l’aide, il confie sa plume à son fils. Les anciens collègues et amis l’ignorent dans la rue. «Les reproches et les sarcasmes n’étaient pas rares, et venaient parfois de parents proches», regrette Luis-Filipe.

Angelina voit à son tour sa santé décliner et meurt en août 1948. L’année suivante, Aristides épouse Andrée Cibial. Le couple vit dans une effroyable pauvreté. Lui quitte rarement la maison, et la propriété finit peu à peu par tomber en ruine. Elle est saisie et vendue pour couvrir les dettes.

Au printemps 1954, Aristides est de nouveau victime d’un AVC qui l’emporte le 3 avril. Il a 68 ans. Sur son lit de mort, il confie à un neveu que, n’ayant que son nom à laisser en héritage aux siens, il se console que celui-ci ne soit pas entaché.

L’ancien consul est enterré à Cabanas de Viriato au cours d’une cérémonie présidée par le Tiers-Ordre franciscain, une association religieuse dont Sousa Mendes était proche, qui suivait les préceptes de son patron saint François pour qui Dieu vivait en chaque homme.

Après sa mort, le régime «efface» sa mémoire. «Personne au Portugal ne connaît l’histoire de tous ces réfugiés qui sont passés par le pays – pas même les historiens», déplore Irene Pimentel, chercheuse à la nouvelle université de Lisbonne. «Salazar a réussi à faire oublier Aristides de Sousa Mendes.»

Mais ses enfants n’auront de cesse de presser les responsables juifs du Portugal, d’Israël et des États-Unis de reconnaître le rôle de leur père. En 1961, David Ben Gourion, le premier ministre israélien, ordonne la plantation de 20 arbres au nom d’Aristides de Sousa Mendes. En 1966, Yad Vashem le reconnaît comme «Juste parmi les nations».

Au milieu des années 1970, après la mort de Salazar et le renversement du régime, le nouveau gouvernement commande un rapport sur Sousa Mendes. Dans un document accablant, le traitement subi par le diplomate est qualifié de «nouvelle Inquisition». L’administration de l’époque est encore dominée par des fonctionnaires de l’ancien régime et le rapport reste enterré une décennie.

En 1986, 70 membres du Congrès américain signent une lettre adressée à Mário Soares, le président du Portugal, l’exhortant à reconnaître Aristides de Sousa Mendes. L’année suivante, à l’occasion d’une cérémonie à l’ambassade du Portugal à Washington, D.C., au nom du gouvernement, le président présente ses excuses à la famille Sousa Mendes.

Le 18 mars 1988, le parlement du Portugal vote à l’unanimité la réintégration de Sousa Mendes dans les services consulaires et sa promotion au rang d’ambassadeur. «Le temps est venu de lui accorder le visa que lui-même n’aurait pu refuser, proclame à l’Assemblée un membre du Parlement, ce qui vient réparer une profonde injustice.»

«Il m’a embrassée»

On ignore avec certitude combien de personnes il a secourues. En 1964, le magazine Jewish Life avançait le chiffre de 30000, dont 10000 juifs. La fondation Sousa Mendes, formée entre autres d’Olivia Mattis, une musicologue de New York, dont la famille a été sauvée par Sousa Mendes, et de deux des petits-enfants du diplomate, a pu identifier avec certitude 3912 bénéficiaires d’un visa. Olivia Mattis pense qu’ils sont beaucoup plus nombreux.
Il est difficile de le savoir après tant d’années, d’autant plus que de nombreux réfugiés refusaient de parler de la guerre. Par ailleurs, on n’a retrouvé qu’une seule des deux listes de personnes à qui un visa a été accordé par Sousa Mendes durant cette période – et la dictature portugaise a réussi à escamoter les faits.

Même Marie-Rose Faure, l’enfant issue de l’union entre Aristides de Sousa Mendes et Andrée Cibial, n’a pas su tout de suite le rôle qu’avait joué son père. À 82 ans, elle est le dernier enfant survivant du diplomate. Elle vit dans une modeste maison à Pau, au pied de la chaîne des Pyrénées, en France. Cette petite femme chaleureuse à lunettes se souvient de sa première rencontre avec son père. Elle avait 11 ans et vivait en France chez son grand-oncle et sa grand-tante.

«J’attendais ce moment depuis si longtemps», m’a-t-elle confié. Si son père a mis autant de temps à lui rendre visite, c’est que Salazar lui avait interdit de quitter le Portugal. Quand il a enfin pu venir, «il m’a prise dans ses bras et m’a embrassée». Il est revenu souvent pour des vacances de quelques mois et il en profitait pour l’accompagner et venir la chercher au collège tous les jours. «Il y était régulièrement et mes amies le voyaient – c’était important pour moi», dit Marie-Rose Faure.

Elle a découvert à 23 ans ce que son père avait fait à Bordeaux. Un collègue de la mutuelle d’assurance où elle était employée avait lu un article sur lui et lui avait demandé s’il s’agissait d’un membre de sa famille. Quand j’ai voulu savoir quel effet cela lui avait fait, Marie-Rose a réfléchi un instant avant de répondre. «Ça a été un choc. Il avait sauvé entre 10000 et 20000 juifs.»

Nous ne connaîtrons sans doute jamais le nombre exact, mais c’est bien moins important que ce que nous savons. Selon la tradition juive, «qui sauve une seule vie, sauve le monde entier». Aristides de Sousa Mendes a sauvé de nombreuses vies et, grâce à lui, bien plus encore ont vécu.

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©2021, Chanan Tigay. Tiré du Smithsonian Magazine (novembre 2021).

Dormir Sommeil Couple

Avons-nous vraiment besoin de 8 heures de sommeil par nuit?

Nous avons tous déjà entendu dire que les adultes devraient dormir 8 heures par nuit. (Et que les jeunes adolescents et les enfants ont généralement besoin de plus d’heures de sommeil.)

Ce «chiffre magique» provient de diverses sources et études, dont un groupe d’experts de la National Sleep Foundation, qui s’est penché sur les recherches existantes sur le sujet.

Cependant, tout est relatif! Bien que dormir entre sept et neuf heures par nuit est une recommandation qui convient à la plupart des adultes, la National Sleep Foundation reconnaît que certaines personnes peuvent dormir plus ou moins d’heures, et très bien s’en porter.

Selon une étude publiée en 2015 dans la revue Sleep Health: Journal of the National Sleep Foundation, nos exigences en sommeil varient tout au long de notre vie et d’une personne à l’autre. Les nouveau-nés, les nourrissons et les tout-petits ont besoin de 12 à 18 heures de sommeil par jour; les enfants plus âgés ont besoin de 11 à 13 heures; les adolescents (14 à 17 ans) ont besoin de 8 à 10 heures; tandis que les adultes plus âgés (65 ans et plus) ont besoin de 7 à 8 heures de sommeil, selon la National Sleep Foundation.

Le «chiffre magique» des heures de sommeil

«Tout le monde se préoccupe des fameuses 8 heures de sommeil, mais peut-être avez-vous besoin davantage de sommeil, voire de moins», explique Shelby Harris, psychologue et professeure de neurologie et de psychiatrie au Collège de médecine Albert Einstein à New York.

«Si vous dormez le même nombre d’heures chaque nuit, et que vous vous sentez reposé et rafraîchi les matins, alors il s’agit de votre chiffre magique. Soyez attentif à votre état d’esprit et physique au lever», ajoute-t-elle.

Une étude publiée dans la revue Nature and Science of Sleep en 2018 abonde dans le même sens. Elle conclut qu’il n’y a pas de «chiffre magique» et que les besoins varient selon les individus.

Un besoin en sommeil plus élevé qu’à «la normale»

Le médecin Alcibiades J. Rodriguez, directeur du Comprehensive Epilepsy Center-Sleep Center à New York, précise que certaines personnes, qui ont besoin de plus d’heures de sommeil que les autres, peuvent souffrir d’une maladie non diagnostiquée ou d’un problème médical caché.

«Beaucoup de personnes découvrent après plusieurs années qu’elles souffrent d’apnée du sommeil», explique le Dr Rodriguez. L’apnée du sommeil est une condition dans laquelle les voies respiratoires s’effondrent pendant le sommeil, provoquant des épisodes – parfois des dizaines de fois par nuit – de reniflement et de halètement. L’un des symptômes courants de l’apnée du sommeil est le ronflement. Cette condition est très épuisante sans même que l’on s’en rende compte.

Lésiner sur le sommeil peut avoir des effets négatifs bien plus grands que de simplement affecter la productivité (et la mauvaise humeur!). À long terme, la privation de sommeil peut avoir des effets sur la santé cardiaque, le métabolisme et le poids, la santé de la peau et la santé immunitaire.

La génétique influence les besoins de sommeil

La quantité de sommeil dont vous avez besoin pour vous sentir reposé dépend de variations génétiques individuelles, explique le Dr Harris. «Le sommeil est une fonction biologique nécessaire de votre corps, à un moment donné. Il n’y a pas de manière de modifier cela.»

Bien sûr, on peut se forcer à rester au lit quand on ne ferme plus les yeux, ou à l’inverse, se forcer à se lever malgré notre fatigue, mais on finira par en ressentir les effets.

Des changements soudains en termes de besoins de sommeil

Tout changement soudain dans nos besoins de repos peut indiquer un trouble du sommeil, explique le Dr Rodriguez. «En général, si votre performance au travail ou à l’école change, que vous ressentiez une diminution de l’attention ou de la concentration, une augmentation de l’irritabilité ou tout autre type de changement dans la somnolence, cela peut indiquer que quelque chose ne va pas.»

Les troubles du sommeil comme l’apnée obstructive du sommeil ou le syndrome des jambes sans repos peuvent empêcher d’avoir un sommeil réparateur. (Voici d’autres troubles du sommeil, autres que l’apnée, qui peuvent vous empêcher de dormir.)

Hitting The Snooze Button

Utiliser un réveille-matin est un indicateur de problèmes de sommeil

«Si vous avez besoin d’un réveille-matin quotidiennement, ce n’est pas normal», déclare le Dr Rodriguez. «C’est une indication que vous avez besoin de plus de sommeil ou que la qualité de votre sommeil est altérée. Cela pourrait aussi être le signe d’un trouble du sommeil.

Si vous vous réveillez régulièrement naturellement après un certain nombre d’heures, vous dormez probablement le nombre d’heures dont votre corps a besoin. Mais si vous pensez que vous pourriez dormir toute la journée si vous vous laissiez aller, il est temps d’examiner attentivement vos habitudes de sommeil. (Voici les raisons qui expliquent qu’on se réveille au milieu de la nuit.)

Viser la qualité plutôt que la quantité

La plupart des médecins conviendraient qu’il est préférable d’avoir un sommeil de meilleure qualité qu’un sommeil de longue durée. «Si vous dormez 10 heures, mais que vous vous réveillez toute la nuit à cause du ronflement de votre conjoint, je préférerais que vous dormiez six heures, mais de meilleures qualités», explique le Dr Harris.

Si on a l’impression de ne pas dormir assez longtemps, il faut d’abord se questionner sur la qualité de son sommeil. Adoptez-vous de saines habitudes de sommeil? Buvez-vous de l’alcool avant de vous coucher? Dormez-vous toute la nuit ou vous réveillez-vous souvent?

Heureusement, il existe diverses astuces à adopter pour mieux dormir la nuit.

Parler à son médecin de ses habitudes de sommeil

Un médecin de famille peut aider à exclure une poignée de conditions médicales non liées au sommeil qui pourraient rendre léthargique – de l’anémie à une affection thyroïdienne.

S’il ne semble pas y avoir de problème médical omniprésent, la prochaine étape consistera à examiner la qualité de votre sommeil et à déterminer si un trouble du sommeil, comme l’insomnie, peut se cacher et perturber votre horloge biologique.

Il est important de savoir que la difficulté à dormir est souvent reliée à des sources de stress découlant de divers domaines (travail, famille, amour, amitié ou argent). C’est pourquoi les personnes stressées sont plus susceptibles de souffrir d’insomnie chronique. Heureusement, il existe bon nombre de trucs et conseils antistress pour mieux dormir.

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Le drapeau québécois

Un peu d’histoire

Le 21 janvier 1948, le fleurdelisé prenait la place de l’Union Jack, drapeau britannique, au sommet de la tour centrale de l’hôtel du Parlement.

Ce matin-là, le gouvernement du Québec lui accorde le statut de « drapeau officiel du Québec. Saviez-vous que le drapeau fait l’objet d’une loi précise?

La description

D’abord, en termes héraldiques, le drapeau du Québec est défini de la manière suivante: «d’azur à la croix d’argent cantonnée de quatre fleurs de lys du même». Ses proportions sont de deux de largeur sur trois de longueur, comme la plupart des drapeaux internationaux. Celui du Canada, qui suit plutôt l’inspiration britannique, est de format une sur deux. L’élément central et représentatif du drapeau québécois reste la fleur de lis. C’est d’ailleurs l’un des plus anciens emblèmes du monde.

On peut lire sur le site de Justice Québec, dans la section consacrée au drapeau: «La fleur de lis a occupé une grande place dans l’ornementation en Europe, plus particulièrement en France. Elle a également servi de symbole héraldique en Angleterre et en Écosse.»

Quelques règles d’utilisation

Sur le site de Justice Québec, on énumère différentes règles d’utilisation du drapeau québécois.

– Un drapeau doit toujours dominer ce qui l’entoure. On précise: «Il ne doit donc pas être surplombé par des murs élevés ni par des arbres qui lui portent – ou lui porteront – ombrage.»

– Il ne faut jamais arborer un drapeau lacéré ou vieilli.

– Un drapeau ne doit servir ni de draperie ni d’élément de décoration (ne pas s’en servir pour en faire une nappe pour couvrir une table ou un lutrin).

– Lorsqu’il est placé sur un mur, aucun objet ne doit le surmonter. Il doit dépasser la tête de l’orateur ou du conférencier installé devant lui.

– Si on utilise le drapeau, affiché à plat sur un mur (intérieur ou l’extérieur), au cours d’une cérémonie, d’une conférence ou dans un bureau, le drapeau peut être posé horizontalement, tout comme s’il flottait à un mât, ou verticalement. Dans un cas comme dans l’autre, le canton d’honneur, soit le quartier supérieur le plus proche du mât, doit se trouver en haut, à la gauche de l’observateur.

Source : Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec et Justice Québec

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Illustration Homme Entoure Dun Desordre Humour

Les premières victimes de ce surcroît de disponibilité ont été les livres. J’ai commencé par l’époussetage et ça s’est transformé en réorganisation chaotique. J’ai vidé les rayons de tous les livres que j’ai empilés par terre dans la chambre.

Restait à déterminer un système de classement. L’ordre alphabétique m’a paru trop facile, vu le temps dont je disposais. Je me suis donc tourné vers le système géographique qui me permettrait de classer les livres par continent, d’abord, puis suivant la latitude.

Les livres de la tablette du haut seraient réservés aux auteurs qui vivent plus au nord, ça semblait plus sensé. De leur côté, les ouvrages d’un auteur, disons, crétois auraient droit au climat ensoleillé de celles du dessous.

Coordonnées géographiques à l’aide

Réorganiser sa bibliothèque est l’activité toute désignée lors d’un confinement, car pour chaque livre posé sur une étagère, il faut effectuer une profonde recherche préalable. Léon Tolstoï est-il plus près du pôle Nord, ou faut-il réserver la tablette supérieure au format poche élimé d’un roman du Suédois Stieg Larsson? Ajoutez-y Smilla et l’amour de la neige du Danois Peter Høeg et vous vous retrouvez rapidement au milieu des livres dans votre chambre, incapable de déterminer l’étape suivante.

J’ai conclu que le mieux était de classer les ouvrages en fonction du lieu de décès de l’auteur – la gare Astapovo en Russie pour Tolstoï, Stockholm pour Larsson, et pour Peter Høeg, eh bien… il n’est pas mort, mais Copenhague fera l’affaire.

Cela fait, on passe aux latitudes et on obtient: 53,2098°N pour Tolstoï, 59,3345°N pour Larsson et 55,6761°N pour Høeg. Et hop! après 10 bonnes minutes de recherche, vous êtes en mesure de poser le Larsson tout en haut, avec Høeg à sa droite, et enfin, Tolstoï.

Il y a maintenant trois livres sur l’étagère et il en reste 400 empilés dans la chambre. Bon. Craignant tout à coup l’effet de l’auto-isolement sur ma joie de vivre, je me résous à renoncer à la bibliothèque et à attaquer le classeur.

Prévisions budgétaires et méthodes

Je commence par sortir les dossiers de relevés de comptes et je plonge dans un abîme de désespoir en m’avisant que la banque ne m’a pas payé un sou d’intérêt depuis des années. Ça me fait bouillir de rage. Puis je sors les dossiers de l’assurance de la voiture qui, après 10 minutes de calculs, montrent que, si j’avais choisi dès 1983 la formule autogérée et mis l’argent économisé à la banque, je conduirais aujourd’hui une Maserati. J’ai aussi découvert trois cartes cadeaux périmées.

Le contenu du classeur se dispute maintenant avec les livres l’espace dans la chambre. C’est trop déprimant pour continuer. Je conviens de me replier dans la cuisine pour réorganiser les herbes et épices.

Je sors des tiroirs pots et enveloppes et je les empile sur la table. Soyons méthodique. On pourrait, par exemple, diviser les produits selon qu’ils sont «fréquemment utilisés» ou «rarement utilisés», ou encore selon qu’ils proviennent «d’Inde» ou «du Mexique», mais cela exigerait un vif débat avec ma femme, Jocasta, que je ne veux pas mêler à mon projet, elle qui est d’ailleurs déjà occupée à reclasser les DVD en fonction du mode de financement de la production.

Je retiens l’ordre alphabétique, que je dois ânonner en boucle pour chaque nom comme le ferait un gosse de six ans – le seul moyen de m’en souvenir. Et puis, zut!, c’est plus simple de tout laisser sur la table de la cuisine. Jocasta les classera quand elle en aura terminé avec les DVD.

Mais quoi garder?

Hélas!, après avoir abandonné trois tâches, je me sens désœuvré, mais je repère dans le garde-robe un carton marqué en grosses lettres: «MÉRITENT D’ÊTRE CONSERVÉS». Il n’a pas été ouvert depuis 20 ans.

Ça alors! Je plonge la main à l’intérieur et tombe sur une enveloppe bien lestée sur laquelle est écrit «Vieilles clés, utilité incertaine». Une autre enveloppe est, elle, remplie d’enveloppes: «Enveloppes de divers formats». Je trouve ensuite une petite boîte de crayons pas taillés: «Crayons à tailler». Je m’attends à tomber sur un bocal «Bouts de ficelle trop courts pour servir».

Un ramassis d’inutilités. C’est à se demander ce que le pauvre radin débile qui a utilisé une écriture qui ressemble fort à la mienne pouvait bien avoir dans la tête quand il a écrit: «MÉRITENT D’ÊTRE CONSERVÉS».

Un autre monde

Je renverse le contenu par terre, sur le petit bout de parquet qui n’est pas couvert de livres ou de dossiers à jeter. C’est alors que je trouve au fond du carton deux enveloppes «Dent pour la fée des dents». Chacune contient une dent minuscule qui a appartenu à nos fils désormais grands. J’ouvre les deux enveloppes et, les petites dents au creux de la main, je suis transporté ailleurs, dans un autre monde.

Tant mieux, parce que la maison est devenue un énorme fouillis.

Première publication dans le Sydney Morning Herald.

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Homme Signe Documents Papiers Vendeur Assurance Cheque

Que vous ayez 25, 35 ou 45 ans, il n’est jamais trop tôt pour réfléchir à vos objectifs de retraite. Après tout, épargner suffisamment d’argent en vue d’une retraite paisible peut prendre du temps ! Que vous commenciez à songer à votre avenir ou que vous ayez déjà élaboré une stratégie de planification de la retraite, vous devez vous poser d’importantes questions.

1. À quel âge souhaitez-vous prendre votre retraite?

Tout d’abord, vous devez évaluer le nombre d’années durant lequel vous aurez besoin d’un revenu après avoir raccroché votre stéthoscope, éteint votre ordinateur portable ou fermé votre commerce. Pensez à l’âge auquel vous souhaitez prendre votre retraite, puis utilisez un calculateur d’espérance de vie pour estimer le nombre d’années qu’il vous reste à vivre. Aurez-vous les moyens de prendre votre retraite au moment voulu?

Un Couple Fait Des Calculs D Argent Rendement Investissement

2. Quels sont vos objectifs de retraite?

Lorsque vous aurez déterminé l’âge de la retraite désiré, demandez-vous ce que vous voulez faire durant votre retraite.

  • Souhaitez-vous voyager dans des pays chauds?
  • Souhaitez-vous faire du bénévolat ou suivre des cours?
  • Souhaitez-vous faire un don annuel à un organisme de bienfaisance?
  • Aurez-vous des petits-enfants que vous voudrez gâter?
  • Prévoyez-vous demeurer le plus longtemps possible dans votre maison ou vous en départir pour vivre dans un appartement en copropriété ou un village de retraités?

Puisque certains de ces objectifs exigeront plus d’argent, vous devez en tenir compte lors de la planification de votre retraite.

3. De quel revenu aurez-vous besoin à votre retraite?

Le revenu nécessaire à la retraite dépend de plusieurs facteurs comme la date à laquelle vous prendrez votre retraite, votre espérance de vie, vos objectifs de retraite et le rendement de vos investissements. En règle générale, il vaut mieux épargner 80% de votre revenu annuel avant la retraite pour chaque année de retraite prévue.

Par exemple, si votre revenu annuel s’élève à 100000$, que vous prévoyez prendre votre retraite à 65 ans et que vous avez une espérance de vie de 90 ans, vous aurez besoin d’un montant annuel équivalant à 80% de 100000$ (soit 80000$) pendant 25 ans. Il vous faudra donc avoir accumulé deux millions de dollars pour votre retraite.

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4. Avez-vous pensé aux impôts?

Les taux d’imposition et les crédits d’impôt peuvent compliquer les choses si vos fonds de retraite proviennent de diverses sources (par exemple: Régime de pension du Canada (RPC), régime enregistré d’épargne-retraite (REER), régime de retraite d’un employeur, héritage ou argent provenant d’un passe-temps lucratif) qui s’additionnent pour constituer votre revenu. Sachez que le fait de prendre votre retraite ne signifie pas que vous ne paierez plus d’impôts.

5. En plus de l’épargne-retraite personnelle, sur quelles autres sources de revenu pourrez-vous compter une fois à la retraite?

Il existe deux principales sources de revenu qui ont été mises en œuvre par le gouvernement canadien: le Régime de pensions du Canada (RPC) et la Sécurité de la vieillesse (SV).

RPC

  • Pour être admissible au RPC, vous devez avoir au moins 60 ans et avoir versé des cotisations valides. (Si vous avez plus de 18 ans et que vous travaillez au Canada à l’extérieur du Québec, vous devez cotiser au RPC lorsque votre revenu annuel est supérieur à 3 500$ par année.) Vous pouvez retarder la réception des prestations jusqu’à l’âge de 70 ans. Plus vous reportez votre pension de retraite du RPC, plus vos prestations mensuelles seront élevées.
  • En date du 30 septembre 2022, la caisse du RPC s’élevait à 529 milliards de dollars.
  • Selon le dernier rapport publié par le Bureau de l’actuaire en chef du Canada, la caisse du RPC sera financièrement viable pendant au moins les 75 prochaines années.
  • Investissements RPC est un organisme professionnel spécialisé dans la gestion de placements qui exerce ses activités sans lien de dépendance avec les gouvernements fédéral et provinciaux. Il est chargé d’investir les actifs du RPC qui ne sont pas nécessaires au versement des prestations de retraite courantes.
  • Investissements RPC investit dans diverses catégories d’actifs, notamment des actions publiques et privées, des biens immobiliers et des infrastructures. Entre 2012 et 2022, la stratégie de gestion active d’Investissements RPC a permis à la caisse du RPC d’obtenir un rendement annuel moyen de 10,1%.
  • La caisse du RPC a la capacité de résister lors de périodes incertaines et stressantes.

SV

  • À l’âge de 65 ans, vous devenez admissible à la SV si vous avez résidé au Canada durant au moins 10 ans depuis vos 18 ans. (Pour recevoir le montant complet de la pension, il faut avoir vécu au Canada pendant au moins 40 ans après l’âge de 18 ans.)
  • La pension de la SV est financée par les recettes du gouvernement fédéral. Ainsi, personne n’y cotise directement.
  • Si votre revenu dépasse un certain seuil, vos prestations de la SV pourraient être réduites. Par exemple, si vous êtes bénéficiaire de la SV et que votre revenu net de toutes provenances était supérieur à 81761$ en 2022, vous devrez payer un impôt de récupération pour chaque dollar excédant 81761$ pour la période allant de juillet 2023 à juillet 2024.

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Puisque le RPC et la SV ont été conçus pour compléter l’épargne des particuliers, il importe de songer à d’autres sources de revenu alors que vous planifiez votre retraite sur (possiblement) de nombreuses années.

Investissements RPC est un organisme professionnel spécialisé dans la gestion de placements qui a pour mandat d’investir les cotisations nettes de la caisse du Régime de pensions du Canada. Les Canadiens peuvent être assurés qu’Investissements RPC déploie tous ses efforts pour protéger et faire fructifier les fonds qu’eux-mêmes et leurs employeurs versent au Régime de pensions du Canada. Pour en savoir plus sur l’état de la caisse du RPC, visitez le investissementsrpc.com.

les centres commerciaux: Illustration de l'expert Andrew Gallici

Les centres commerciaux étaient déjà en déclin avant 2020. La pandémie leur a-t-elle donné le coup de grâce?
Je suis designer commercial depuis 30 ans, et j’entends parler depuis presque aussi longtemps de l’agonie dans les centres commerciaux. Non, il n’y a pas de mort, mais il est clair qu’un recadrage est nécessaire. La crise sanitaire a stimulé l’achat en ligne. Détaillants et propriétaires doivent donc se demander s’il n’y a pas trop de boutiques, si elles ne sont pas trop grandes. Telle marque n’a peut-être plus besoin de 250 m²; 100 m² suffiraient.Mais que faire de tout l’espace libéré?

Ne vous faites pas prendre par ces 27 trucs de vendeurs pour vous faire dépenser.

D’autres boutiques?
Pourquoi pas? Subdiviser et ajouter des détaillants. Mais reste le problème de fond: le centre commercial n’est plus un lieu de rassemblement. Depuis quelque temps déjà, on fréquente en effet ce genre de lieu pour une raison et une seule: acheter. Il est «unimodal» là où la société devient de plus en plus «multimodale»: on veut pouvoir faire différentes choses au même endroit. Peut-être faut-il dès lors réinventer les centres commerciaux selon cette nouvelle donnée.

Plutôt qu’un grand magasin à rayons, le cœur pourrait en être un gym, une clinique médicale ou des activités universitaires. En ville, un centre commercial avec service d’entreposage épargnerait aux habitants du quartier d’avoir à se rendre à un entrepôt en périphérie pour récupérer ses affaires. Et l’usage pourrait changer au cours d’une même journée: un restaurant bondé le soir se muerait en bureaux partagés dans le genre WeWork le jour. Ou encore en atelier d’art auquel les parents confieraient leurs enfants le temps de faire leurs courses. Les possibilités sont infinies.

Les centres commerciaux étaient des lieux de rassemblement, avez-vous dit. Pourquoi ne le sont-ils plus?
Je crois que, longtemps, ces centres ont été la seule voie qui s’offrait à nous. Nous traînions là faute de mieux. Aujourd’hui, jeunes et moins jeunes peuvent choisir où faire des achats, où aller manger, ou simplement choisir de se distraire en ligne. Les détaillants que je rencontre, disons une marque de vêtements, croient souvent que leurs concurrents, ce sont les autres marques de mode. Cela me fait toujours sourire. Le temps et l’argent dont dispose le consommateur sont limités, il peut parfaitement préférer une sortie à un nouveau chandail.

Vous êtes curieux de voir à quoi ressemblent des centres commerciaux vides? Découvrez ces étranges centres commerciaux abandonnés.

Ces centres s’en tireraient-ils mieux s’ils reflétaient davantage le milieu qu’ils desservent?
C’est tout à fait juste. Mais cela résulte aussi d’un réflexe des consommateurs. Depuis l’apparition d’internet, nous nous attendons à trouver tout de suite exactement tout ce que nous voulons. Les promoteurs et propriétaires de centres commerciaux ont réagi en dotant chaque centre d’une collection complète de boutiques, d’où une certaine homogénéisation. Aujourd’hui, après la pandémie, j’ai le sentiment que les consommateurs ont réévalué leurs priorités et qu’on saura bientôt mieux tenir compte du milieu dans lequel s’insère le centre commercial.

Si l’on en croit les manchettes, les Canadiens sont tout disposés à se remettre à la consommation en mode réel. Est-ce une bonne nouvelle pour les centres commerciaux?
Il n’est pas étonnant que, après deux ans de pandémie, on ait envie de tout faire en vrai. Ce n’est pas pour autant la fin de l’achat en ligne, pas plus que la pandémie n’a mis fin aux achats en personne. Le rôle des magasins, leur insertion dans les calculs globaux de l’entreprise sont appelés à changer. Ainsi, on peut vouloir continuer à commander des vêtements en ligne, les essayer à la maison puis, si ça ne va pas, les rendre à un magasin parce que c’est plus pratique. Si on se rend toujours dans ses magasins, le centre commercial a encore une chance d’y gagner.

Andrew Gallici est directeur du design pour commerces de détail au bureau torontois de Gensler, une agence internationale de design et d’architecture.

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Peau sèche ou déshydratée: comment faire la différence?
On pourrait penser que c’est la même chose, et pourtant non. Bien qu’il existe des similitudes entre la peau sèche et la peau déshydratée, il s’agit de problèmes différents et leur traitement exige des approches différentes. Pour trouver une solution efficace, vous devez d’abord déterminer votre type de peau.

Quelle est la différence entre une peau sèche et une peau déshydratée?

La peau sèche est un type de peau, selon Ramya Kollipara, dermatologue et chirurgienne en dermatologie cosmétique. «Chez les patients ayant un type de peau sèche, leur peau présente une plus faible densité de glandes sébacées –glandes responsables de la fabrication de sébum ou d’huile, par rapport à une peau normale», explique le Dr Kollipara. La peau déshydratée est un manque d’eau dans la peau. Et tout type de peau – sèche, grasse ou mixte – peut en souffrir, dit-elle. Étant donné que la peau déshydratée manque d’eau et n’est pas liée au sébum ou à l’huile, vous pouvez avoir une peau grasse tout en ayant une peau déshydratée. Il en va de même pour les personnes à la peau sèche.

En général, les peaux sèches et déshydratées vont de pair, selon John Zampella, professeur adjoint de dermatologie à NYU Langone Health. «Le fait de reconstituer la barrière des composants gras de la peau aide à retenir l’humidité et l’eau», explique-t-il. Les graisses et le cholestérol constituent la barrière qui aide à sceller votre peau et à la garder intacte. Sous cette barrière, votre peau contient de grosses molécules d’acide hyaluronique qui aident à retenir l’eau et l’humidité dans la peau, selon le Dr Zampella. «Certaines crèmes hydratantes aident à sceller l’humidité que vous avez déjà», explique-t-il. «D’autres types de crèmes donnent de l’humidité en permettant à la peau de retenir l’eau».

Quels sont les signes d’une peau sèche par rapport à une peau déshydratée?

La peau sèche est généralement rugueuse et squameuse, et elle peut aussi être rouge ou irritée. Les personnes qui ont la peau du visage sèche souffrent généralement de peau sèche ailleurs sur le corps: sur les mains, le dos ou les jambes, note le Dr Kollipara. La peau déshydratée est souvent tendue et a un aspect terne. Vous pouvez également avoir des cernes sous les yeux ou un relâchement de la peau, ajoute le docteur Raman Madan, directeur du service de dermatologie esthétique du Northwell Health. Si votre peau est déshydratée, les ridules sont également plus marquées. Gardez à l’œil ces autres signes de déshydratation.

Il n’existe pas de test officiel pour la peau sèche, mais le Dr Madan dit que vous pouvez essayer d’utiliser un tampon imbibé d’huile. Si rien ne ressort, votre peau est sèche. En revanche, si vous pensez avoir une peau déshydratée, vous pouvez faire ce que l’on appelle le test du pincement. «Vous pouvez pincer légèrement la peau de votre joue ou de votre bras pendant quelques secondes», explique le Dr Madan. «Si la peau se rétracte rapidement, vous n’êtes pas déshydraté; si elle met un peu de temps à rebondir, vous êtes peut-être déshydraté.»

Le Dr Zampella n’est pas particulièrement convaincu de l’efficacité du test du pincement, car ce n’est pas le moyen le plus précis de savoir si votre peau est déshydratée. «Si vous êtes tellement déshydraté que votre peau se dessèche, vous avez probablement des problèmes plus importants», dit-il. Il est donc fort probable que la peau ne soit pas vraiment déshydratée, à moins que vous ne souffriez d’un manque d’eau extrême.

Prévenir la peau déshydratée et la traiter

Selon le Dr Madan, les températures élevées, l’alimentation, certains médicaments et une mauvaise routine de soins contribuent tous à la déshydratation de la peau. Veillez à éviter les douches chaudes, les lavages excessifs et l’augmentation du chauffage en hiver: ces habitudes peuvent entraîner une perte d’hydratation, selon le Dr Kollipara.

Bien qu’il soit important de boire suffisamment d’eau pour sa santé générale, l’idée courante (et fausse) circule sur le fait que boire de l’eau augmente l’hydratation de la peau. «Ce n’est pas vraiment le cas pour la plupart des gens», explique le Dr Zampella. «En fait, de nombreuses études montrent que la quantité d’eau que vous buvez n’est pas en corrélation avec l’hydratation de votre peau.» La plupart des déshydratations cutanées proviennent de facteurs externes.

Le Dr Kollipara et le Dr Madan recommandent toutefois de rester hydraté. «Tout le monde devrait boire au moins huit verres d’eau par jour», dit le Dr Kollipara. Recherchez également des produits de soins de la peau contenant des substances qui attirent l’eau, connues sous le nom d’humectant. Notamment l’acide hyaluronique, la glycérine et l’urée, qui contribuent à réduire la perte d’eau de votre peau, explique le Dr Madan. Le Dr Zampella ajoute que l’acide hyaluronique est particulièrement indiqué pour les personnes à la peau grasse.

Prévenir la peau sèche et la traiter

Si vous avez un type de peau sèche, les docteurs Kollipara et Madan recommandent d’utiliser des crèmes hydratantes épaisses qui contiennent des céramides et des lipides pour réparer la barrière naturelle de la peau, diminuer l’inflammation et protéger contre les agressions environnementales. «Avoir une barrière adéquate permet à la peau de retenir l’humidité et de ne pas devenir sèche», explique le Dr Madan. Selon le Dr Zampella, même des produits épais comme le pétrole aident la barrière des peaux sèches. Et plutôt que de recourir à des traitements exfoliants, il est préférable d’opter pour des nettoyants doux qui ne privent pas la peau de ses huiles naturelles.

En résumé: il est essentiel d’utiliser les bons produits

Tout le monde devrait utiliser une crème hydratante, quel que soit son type de peau, selon le Dr Zampella. «Si vous avez la peau grasse, vous pouvez quand même avoir une peau rêche et la faire bénéficier d’une amélioration de la fonction barrière de votre peau», dit-il. «De même, si votre peau est sèche ou mixte, vous pouvez également améliorer la barrière de votre peau.» Si vous pensez avoir affaire à l’une ou l’autre, ou à une combinaison de peaux sèches ou déshydratées, l’important est de choisir des produits appropriés.

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