Portrait de Hubert Reeves.

Effet de serre, épuisement des ressources, disparition des espèces… Pour le célèbre astrophysicien québécois Hubert Reeves, il est urgent d’agir. Voici le contenu d’une entrevue de nos archives, publiée en 2002.

Professeur, conseiller scientifique, conférencier, auteur d’innombrales ouvrages de vulgarisation, dont Patience dans l’azur, Poussières d’étoiles et L’espace prend la forme de mon regard, Hubert Reeves ne s’intéresse pas qu’au destin de l’univers. Depuis une dizaine d’années, le lauréat du prix Albert Einstein jette tout son poids de savant dans la bataille pour sauver notre planète. Il dresse ici un constat alarmant de l’état de la Terre et propose des solutions pour y remédier avant qu’il soit trop tard. «Il y va de l’avenir de nos petits-enfants.»

À travers vos livres et vos émissions de vulgarisation scientifique, vous avez fait rêver plusieurs générations, des jeunes et des moins jeunes, à propos des étoiles et des mystères de la vie. Et voilà qu’aujourd’hui vous nous ramenez sur Terre. Vous parrainez l’Observatoire du Saint-Laurent. Vous avez adopté la rivière Sainte-Anne, au sein du mouvement Eau-Secours contre la construction de barrages. Vous avez participé à un mouvement d’opposition à l’installation de mégaporcheries en Beauce. En France, à la tête d’une association de protection de la nature, vous manifestez contre les chasses illégales, vous interpellez les hommes politiques. Pourquoi cette conversion?

L’étude des étoiles et l’écologie ne sont pas incompatibles, bien au contraire. En tant qu’astrophysicien, on ne peut qu’être émerveillé devant la fabuleuse histoire de l’univers. Il a fallu 15 milliards d’années pour qu’on apparaisse la vie sur la Terre, et voilà qu’aujourd’hui son avenir est en question. Devant toutes les menaces que l’homme fait planer, on s’interroge. Dans quel état sera notre planète dans quelques décennies? Nous ne le savons pas. Ce qui est fondamental est qu’on se pose la question. Fatalement, on devient écologiste.

Vos craintes ne sont-elles pas excessives?

Je dis simplement que nous sommes en train d’altérer la planète d’une façon qui pourrait la rendre inhabitable par l’homme. Depuis le début du XXe siècle, la température a augmenté d’environ un degré. Les effets de ce réchauffement sont déjà perceptibles: déstabilisation des climats, sécheresse, tornades plus fréquentes et plus violentes. Partout, la fonte des glaciers s’accélère.

Certains experts contestent la réalité de ce réchauffement.

La contestation est toujours importante. Mais elle doit être fondée sur des arguments valables. Une commission internationale (International Panel on Climate Change), qui rassemble plus de 2500 des meilleurs spécialistes de climatologie, étudie la question depuis plusieurs années.Elle reconnaît la réalité du réchauffement et la contribution majeure de l’activité humaine à ce phénomène. Il serait très imprudent de négliger ses conclusions.

D’après ses prévisions, la température augmenterait de deux à cinq degrés d’ici à un siècle. Il faut savoir que, pendant l’ère glaciaire, il y a 20 000 ans – époque à laquelle toute l’Europe était sous la glace -, la température n’était inférieure que de cinq degrés à la température actuelle. Une différence de cinq degrés à la hausse bouleverserait le climat d’une façon majeure et largement imprévisible. Au sens propre du terme, nous jouons avec le feu…

Cela suffirait-il pour mettre la survie de l’humanité en danger?

Ce n’est pas le seul problème! Il y en a bien d’autres tout aussi inquiétants…La moitié de la forêt de la planète a été détruite, et la destruction de l’autre moitié se poursuit à une vitesse accélérée. L’agriculture intensive stérilise les terres arables. Les pesticides empoisonnent l’air et l’eau. On pêche plus de poisson qu’il ne s’en reproduit. Au Canada, 90% des stocks de morue ont été éliminés. Depuis 10 ans, la pêche à la morue est interdire et, malgré cela, les jeunes sujets demeurent aussi rares sur les anciennes zones de pêche.

Hubert Reeves Portrait 2
«Y serons-nous encore?»  – Hubert Reeves, ici près du lac Saint-Louis qui baigné son enfance, s’inquiète du devenir de l’espèce humaine.

On s’achemine vers l’épuisement des énergies fossiles. Dans un siècle ou deux, au rythme de consommation actuel, il ne restera plus ni pétrole, ni gaz, ni charbon.

Force nous est de reconnaître que nous sommes plongés dans une crise majeure à l’échelle de la planète. Elle est comparable en gravité aux grandes crises géologiques du lointain passé de la Terre. Comme celle d’il y a 65 millions d’années, qui a entraîné la disparition d’une fraction importantes des espèces vivantes (dont les célèbres dinosaures).

La Terre ne sera plus jamais comme elle était en 1900. Mais la vie est robuste. On peut lui faire confiance. Elle s’adaptera et, comme après chacune des crises précédentes, elle continuera à évoluer. La question pour nous est: l’espèce humaine y sera-t-elle encore? Et, si oui, dans quel état? Ou bien serons-nous les dinosaures de la crise contemporaine? Nul ne peut le dire.

Quelles sont les décisions à prendre d’urgence?

Tout faire pour stopper l’accroissement de la température. Pour cela utiliser des sources d’énergie qui n’émettent pas de gaz carbonique.

Aujourd’hui, deux choix s’offrent à nous: consacrer des sommes colossales au développement du nucléaire ou investir massivement dans le solaire.

À mon avis, le nucléaire est le mauvais choix. Il n’émet pas de gaz carbonique, mais il produit des déchets radioactifs qu’il faudra ensuite gérer pendant des siècles. En ce sens, il hypothèque l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. À nous le confort, à eux de payer la note! À condition encore qu’ils le puissent. Imaginons, par exemple, que l’Argentine ait misé sur le nucléaire. Aujourd’hui en faillite, ce pays n’aurait plus les moyens de démanteler ses réacteurs et de traiter ses déchets.

Personnellement, je choisis le solaire, une forme d’énergie sûre, propre et inépuisable.

Mais l’énergie solaire pourra-t-elle répondre aux besoins de toute la planète?

C’est là le grand défi du futur. Il n’y a pas d’impossibilité théorique à capter l’énergie suffisante. Il faudra beaucoup de développements technologiques. Dans plusieurs pays, l’énergie éolienne (les moulins à vent) est en expansion rapide. Elle se développe au Danemark, en Espagne, aux États-Unis et au Japon.

Quelle est autre décision est-il urgent de prendre?

Il faut développer le ferroutage (transport combiné rail/route) et les transports en commun, parce qu’ils consomment moins d’énergie et provoquent moins d’accidents. Mais aussi parce que les trois quarts de la production de gaz carbonique responsable du réchauffement de la planète sont produits par les voitures et les camions.

Pour lutter contre la faim – qui, selon les Nations unies, progresse dans le monde -, il faut développer l’agriculture biologoique, qui se passe de produits issus de la chimie. La combinaison de la sécheresse et de l’abus d’engrais et de pesticides rend les sols stériles. Dans bien des pays, la productivité à l’hectare des cultures de blé et de maïs est en diminution.

Quel bilan faites-vous du Sommet sur le développement durable qui s’est tenu à Johannesburg en septembre 2002?

Les conclusions de ce sommet sont très décevantes dans la mesure où les vrais problèmes, comme l’effet de serre, l’épuisement des ressources naturelles et la protection des sites naturels, n’ont pas été réglés. Aujourd’hui, les gouvernements sont de plus en plus impuissants face à la mondialisation de l’économie. Il nous reste à compter sur les mouvements associatifs, sur la pression des organisations non gouvernementales et sur certaines entreprises qui prennent progressivement conscience du fait qu’il n’est pas dans leur intérêt de continuer dans cette voie.

Lors du précédent Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, il y a 10 ans (en 1992), les participants avaient pris l’engagement d’augmenter considérablement l’aide aux pays démunis. Près de deux milliards d’individus vivent en effet aujourd’hui sous le seul de pauvreté et, si l’on n’intervient pas, la moitié de la population terrestre pourrait être touchée. Or cette aide est tombée de moitié durant cette période!

Quel rapport y a-t-il entre la pauvreté et les menaces écologistes?

La misère ne conduit pas seulement à l’instabilité politique, elle peut entraîner la destruction de la nature. Lorsque les paysans brésiliens brûlent leurs forêts, ils font disparaître de précieux écosystèmes et augmentent l’effet de serre en rejetant du gaz carbonique dans l’atmosphère. Mais comment exiger d’eux qu’ils cessent de brûler du bois? Ils vous répondront qu’ils ont des enfants à nourrir. Les pauvres ne peuvent pas se payer le luxe d’être «écolos».

D’immenses catastrophes écologiques sont à craindre dans les pays pauvres, et les pays riches ne sont pas à l’abri: le gaz carbonique, les pluies acides traversent les frontières.

Autres problèmes associés à la pauvreté: l’extension des maladies infectieuses (malaria, sida) et la difficulté à obtenir des médicaments pour les traiter. L’industrie pharmaceutique néglige ce domaine de recherche, jugé non rentable. Entre 1975 et 1997, parmi les 1233 nouveaux médicaments mis au point sur la planète, 1% seulement concernaient le traitement des maladies tropicales.

Après avoir longtemps tergiversé, le Canada semble enfin disposé à ratifer le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre…

Il est très important que le Canada signe ce protocole. Il en va de l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants.

Comment se fait-il qu’au Québec les partis verts soient totalement absents de la scène politique?

L’écologie doit d’abord être un contre-pouvoir face aux gouvernements. Il y a beaucoup de mouvements écologistes actifs au Québec. C’est ce qui compte le plus et qui a le plus de chance d’arriver à quelque chose de tangible.

«Merveilleux oiseaux» - Depuis l'observatoire du Verdon, en France, Hubert Reeves et Alain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux, scrutent le passage des tourterelles.
«Merveilleux oiseaux» – Depuis l’observatoire du Verdon, en France, Hubert Reeves et Alain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux, scrutent le passage des tourterelles.

Parlez-nous de la Ligue pour la protection de la faune sauvage et la défense des non chasseurs (ROC), qui mène plusieurs opérations conjointes avec les mouvements québécois, notamment pour la sauvegarde des loups.

La Ligue a été fondée par le grand humaniste et naturaliste français Théodore Monod, au cours des années 70, afin de préserver la nature, en particulier la faune sauvage. À sa mort, on m’a offert sa succession. J’ai été honoré de cette invitation, et j’ai accepté parce que je crois qu’il faut sauver la biodiversité sur notre planète et changer le regard des hommes sur les animaux.

Mais la disparition des espèces n’est-elle pas un phénomène naturel?

Oui, bien sûr. Mais le problème, c’est l’accélération fulgurante du taux d’extinction. De l’avis des biologistes les plus compétents, ce taux serait aujourd’hui 1000 fois plus élevé qu’avant l’arrivée des humain sur la Terre. Plus de 30% des espèces animales et végétales pourraient avoir disparu au milieu du XXIe siècle.

À l’aide de documents distribués dans les écoles et du site web du ROC sur la vie sauvage, nous espérons éduquer les hommes au respect de la vie. Un enfant qui a été sensibilisé à la beauté de la nature et de la vie animale sera moins enclin, plus tard, à tuer pour le plaisir.

Qu’est-ce que le simple citoyen peut faire pour sauver la planète?

D’une façon individuelle, protéger son environnement (tri des déchets, utilisation des transports en commun, par exemple). D’une façon collective, s’associer à des mouvements écologistes. Il faut une «mondialisation de l’écologie» pour s’opposer aux méfaits et aux pollutions provoqués par la mondialisation de l’économie.

Nous avons la responsabilité de notre environnement immédiat et nous devons enseigner ce principe à nos enfants.

Cet article est republié à partir de l’article «Nous jouons avec le feu», par Catherine Galitzine, avec des ajouts de Gérard Rubeillon, pour l’édition décembre 2002 du magazine de Sélection du Reader’s Digest.

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Escapades automnales: un avion.

Selon le rapport sur les voyages d’automne publié récemment par Expedia®, Hotels.com® et Vrbo®, l’augmentation de la – demande de voyages observée au cours des mois d’été devrait se poursuivre au cours des mois plus frais, alors que les marques de voyages affichent des augmentations de recherche d’escapades d’automne par rapport à l’année précédente. Selon Expedia, les recherches de vols pour l’automne ont augmenté de 325% et les recherches d’hôtels de 267% par rapport à l’automne 2021. La baisse des températures s’accompagne d’une baisse des prix, ce qui offre aux voyageurs soucieux de leur budget de nombreuses possibilités de s’offrir une escapade à moindre coût.

«Oubliez la saison des épices à la citrouille, l’automne est maintenant la saison des voyages. Pour les personnes qui ne sont pas contraintes par le calendrier scolaire, celles qui n’ont pas d’enfants et celles qui apprécient les bonnes affaires, la saison intermédiaire entre l’été et le temps des Fêtes est le moment idéal pour s’évader», déclare Melanie Fish, responsable des relations publiques des marques d’Expedia Group. «C’est la période de l’année où les prix moyens baissent et où les disponibilités augmentent, ce qui est idéal pour faire un court séjour à la plage ou pour visiter des villes étrangères moins achalandées. Ce n’est plus un secret, et les recherches sont en hausse sur Expedia, sur Hotels.com et sur Vrbo.»

Connaissez-vous les meilleures destinations de voyage en 2023?

Économies de la saison des couleurs et astuces de voyage en avion d’Expedia

Puisqu’il ne s’agit pas d’une saison de pointe, l’automne est toujours l’une des meilleures périodes de l’année pour partir à moindre coût, les prix moyens des billets pour les vols nationaux étant 10% moins élevés que pendant les mois les plus occupés de l’été, et les prix moyens des billets pour les vols internationaux étant d’environ 9% moins élevés.

Le rapport sur les astuces de voyage en avion d’Expedia peut aider les voyageurs à économiser encore plus sur leurs vacances. Élaboré en partenariat avec l’Airlines Reporting Corporation (ARC), le rapport fournit les plus récents conseils essentiels pour permettre aux voyageurs d’économiser temps et argent, et de ressentir moins de stress lors de leurs voyages en avion. Il y est notamment question du meilleur moment pour réserver, de la façon de prévenir les annulations et du meilleur jour pour prendre le départ.

Escapades automnales: un avion.

La publication de ce rapport coïncide avec la période où les voyageurs commencent à planifier leurs escapades de fin d’année et se sentent submergés devant l’ampleur de la tâche. Dans un sondage mené par Expedia auprès de 1 000 Canadiens qui prennent l’avion, 39% des répondants ont indiqué trouver les voyages aériens stressants et plus angoissants qu’une boîte de courriels qui déborde ou qu’un retard au travail après avoir dormi trop longtemps. Presque la moitié (43%) des voyageurs aériens trouvent particulièrement stressantes les démarches pour mettre la main sur une offre de vol intéressante, et 17% vérifient même le tarif des billets après avoir réservé pour savoir s’ils auraient pu économiser davantage. Les principaux conseils du rapport sur les astuces de voyage en avion pour 2023 sont les suivants:

  • Réservez vos billets d’avion le dimanche pour économiser jusqu’à 24%. Les voyageurs qui réservent le dimanche au lieu du vendredi ont tendance à économiser en moyenne 17% sur les vols nationaux et 24% sur les vols internationaux.
  • Réservez les vols nationaux au moins un mois à l’avance pour économiser 33%. Les voyageurs qui ont réservé 25 jours avant le départ ont économisé 33% en moyenne par rapport à ceux qui ont attendu à la dernière minute. Pour les billets de vols internationaux, évitez de réserver trop tôt, car les prix sont comparativement élevés 106 jours à l’avance. Cependant, les prix ont également tendance à augmenter 20 jours avant le départ. Pour une disponibilité, une sélection et des économies optimales, réservez de 30 à 37 jours à l’avance.
  • Partez un jeudi pour économiser jusqu’à 13%. Évitez de partir le dimanche, qui est le jour le plus cher, en moyenne, pour commencer un voyage.
  • Partez avant 15h pour réduire les risques d’annulation. Quelque 24% des voyageurs aériens canadiens essaient d’éviter les vols du matin parce que le fait de se lever tôt le jour du voyage leur cause un stress supplémentaire. Cependant, les données sur le statut des vols depuis le début de l’année révèlent que les vols qui partent après 15h ont une probabilité d’annulation 18% plus élevée, en moyenne, que ceux qui partent plus tôt dans la journée.

Outils du voyageur:

  • Suivi de prix: évitez l’incertitude quant au moment idéal pour réserver grâce à la fonction de suivi de prix de l’application Expedia. Celle-ci avertit les voyageurs lorsque les prix des vols changent et utilise des données exclusives pour déterminer le meilleur moment pour effectuer la réservation.
  • Forfaits: Expedia propose une vaste sélection de forfaits vacances personnalisables, comprenant des vols, des voitures de location, des hôtels et des activités. Les voyageurs peuvent ainsi économiser des centaines de dollars en moyenne lorsqu’ils réservent plusieurs éléments sur Expedia.
  • Planificateur de voyages: vous souhaitez organiser un grand voyage avec des amis? Pour la première fois, les voyageurs disposent d’un endroit pour collaborer et échanger avec leurs amis et leur famille sur un voyage. Un endroit pour consulter les options enregistrées et les éléments réservés en ce qui concerne les lieux d’hébergement, les vols, les activités et les voitures de location. Il s’agit d’un endroit où les personnes invitées peuvent «aimer», commenter, ajouter des idées et consulter ce qui a déjà été réservé.

Les destinations internationales d’automne les plus populaires chez les voyageurs canadiens:

  1. Las Vegas, USA
  2. Cancun, Mexico
  3. New York City, USA
  4. Los Angeles, USA
  5. Orlando, USA
  6. London, UK
  7. Puerto Vallarta, Mexico
  8. Paris, France
  9. San Francisco, USA
  10. Miami, USA

Dès que les feuilles changent de couleur, les voyageurs adoptent une tout autre mentalité à l’égard des propriétés de vacances. En effet, comparativement à la période de pointe estivale où la durée moyenne de séjour est de sept jours, les voyageurs québécois cherchent à faire des escapades de trois jours à l’automne.

Destinations automnales les plus populaires auprès des voyageurs québécois sur Vrbo:

  1. Estrie
  2. Laurentides
  3. Capitale-Nationale
  4. Montérégie
  5. Montréal
  6. Bas-Saint-Laurent
  7. Lanaudière
  8. Mauricie
  9. Outaouais
  10. Rimouski-Neigette

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Pollution numérique: illustration sur ce thème.

Penser écologie: premier réflexe

Le numérique cause jusqu’à 4% des gaz à effet de serre de la planète démontrent des recherches menées par le groupe de travail The Shift Project. Pour atteindre la sobriété numérique et contrer cet «invisible ennemi» qu’est la pollution numérique, il est nécessaire de bien comprendre ce dont il s’agit.

Selon Greenpeace France, le terme «pollution numérique» réfère à «toute forme de pollution engendrée par le secteur informatique»: émissions de gaz à effet de serre, contamination chimique, érosion de la biodiversité, production de déchets électroniques. La consommation du réseau internet venant avec sa panoplie de matériau nécessaire; une forme de contamination est donc déjà en marche à l’étape de la fabrication, avant même que l’on ne pose les doigts sur un clavier ou un écran tactile.

Sachant que la demande sollicite 34 milliards d’interfaces de tablettes et de téléphones intelligents à travers le monde, le portrait est peu reluisant, souligne Guillaume Pitron.

La pollution matérielle est causée par l’extraction de minerais. Par exemple, le métal cobalt engendre une importante émission de dioxyde de carbone, le CO₂.

Greenpeace atteste que «la fabrication d’un téléviseur exige 2,5 tonnes de matières premières, et génère 350kg de CO₂». Le tantale congolais, le lithium bolivien et l’or australien sont requis pour la fabrication informatique, mais ne se recyclent pas. Un rapport de l’ONU de 2013 atteste que 75% de l’ensemble des déchets électroniques esquivent à toute forme de recyclage, aboutissant dans des décharges comme celle tristement célèbre du bidonville d’Agbogbloshie, au Ghana, où s’amoncellent des déchets électroniques nocifs pour quiconque y circulent. Sans parler du coût humain. Selon Jeune Afrique, 60% de la production mondiale de cobalt provient de la République démocratique du Congo (RDC), une extraction du sol taboue menée par 200 000 jeunes mineurs.

(Informez-vous sur ces 9 dangers de la pollution atmosphérique sur votre santé.)

Pollution numérique: illustration sur ce thème.

Dépendance aux données et aux couleurs

Un autre volet de la pollution numérique réside dans la production des données en soit: tout ce qui est visionné en ligne pour se divertir, les téléchargements et le stockage. Cet écosystème nécessite une production d’électricité à l’échelle mondiale non négligeable. Une dette envers la Planète que Guillaume Pitron chiffre, selon ses estimations, à hauteur de 1% à 3% de la consommation d’électricité mondiale. «Il s’agit d’un coût direct sur l’environnement causé par l’émission des centrales de charbon, de gaz et nucléaires, mais surtout des énergies fossiles. Un gigaoctet produit environ 20g de CO₂, l’équivalent d’une distance de 150 mètres en voiture», contextualise-t-il.

Le visionnement de vidéos en streaming implique 60% des flux de données sur internet, à cause du poids des fichiers, note Guillaume Pitron. Un film offert par Netflix en très haute définition (4K), a un poids de 10 giga-octets, ce qui revient à 300 000 fois plus qu’un courriel (30 ko).

L’auteur souligne dans son livre l’influence d’un code couleur créé par l’interface Microsoft Bing, avec ce bleu distinctif, et le rouge véhiculé par les réseaux sociaux et ses notifications. Selon lui, cette couleur rougeoyante absente du milieu naturel aurait sur l’être humain un effet attractif qui le pousse à consommer davantage de produits numériques. C’est sans équivoque: les couleurs «aguicheuses» alimentent le temps connecté aux réseaux sociaux; ils ont donc un impact direct sur la pollution environnementale.

(Avion vs voiture: savez-vous lequel des deux est le plus nocif en ce qui concerne la pollution?)

Réduire avec certification

Sans qu’on ne le voie, l’usage des appareils informatiques et des accessoires ouvrant au merveilleux monde numérique constitue un premier indicateur de menaces sur la santé et l’écologie.

On doit d’ailleurs à la Suède et à la Scandinavie le tout premier guide, paru dans les années 90, des bonnes pratiques pour un usage responsable du numérique qui n’abîme ni les yeux ni le dos. La certification TCO de la filiale Swedish Confederation of Professional Employees fut avant-gardiste, devenant à ce jour la certification de développement durable des produits informatiques..

Pollution numérique: illustration sur ce thème.

Puis, l’Allemagne développa sa certification de responsabilité Blue Angel, un sceau vert attestant que toute fabrication à base de plastique l’est à 80% de matières recyclées post-consommation. Enfin, la France, en 2021, a voté la loi REEN prévue pour la réduction de l’empreinte environnementale du numérique. Plus près de nous, Hydro-Québec peut se targuer d’héberger sur son territoire reconnu comme «pôle Internet propre du Nord-Est américain» les installations de multinationales comme Google et Amazon Web, favorisant une part de la transition écologique.

Il existe des moyens de réduire les effets du numérique, sur soi et sur la société. Une lutte qui se joue sur dans « l’arène de la consommation», en limitant nos achats d’appareils informatiques. Quand on sait qu’une dizaine de métaux en provenance du monde entier compose un simple ordinateur, avec un coût lié à l’extraction d’énergie fossile et d’eau, il y a matière à réflexion avant de se procurer le dernier modèle en vogue.

Dans un futur proche, l’être humain aura-t-il adopté la pleine «sobriété numérique»? Peu probable dans l’esprit du spécialiste Guillaume Pitron, vu nos besoins exponentiels qui frôlent la surconsommation. «Tout le monde court sur internet, il en va de la nécessité de s’informatiser pour rester dans l’Histoire. Il y a peu d’espace pour un débat sérieux sur l’écologie numérique et peu de rêveurs numériques qui accepteront de vivre dans la sobriété…», conclut-il.

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Tous les automnes, les punaises de l’érable et les coccinelles asiatiques se cherchent un abri pour l’hiver. Elles pourraient malheureusement jeter leur dévolu sur votre maison. Ces insectes rouge et noir sont présents tout au long de l’année, mais c’est en automne qu’ils deviennent envahissants.

Apprenez à mieux connaître ces intrus nuisibles et quatre autres coléoptères noir et orange qui pourraient se cacher dans votre jardin. Vous pourrez ainsi repousser sans peine ces prédateurs de l’automne. (Profitez-en pour commencer votre ménage d’automne!)

Insectes rouge et noir: la punaise de l'érable.

Punaise de l’érable

Plusieurs coléoptères noir et orange présentés ici peuvent sembler identiques. Vous pourrez les différencier par leurs comportements et leurs marques distinctives.

Si une importante colonie d’insectes ovoïdes rouge et noir envahit le côté ensoleillé de votre maison chaque automne, il pourrait s’agir de punaises de l’érable. Elles couvrent les murs extérieurs en quête des derniers rayons de soleil.

Vous pouvez retenir les punaises de l’érable à l’extérieur en appliquant un pesticide sur tout accès potentiel à votre maison. Et même si elles réussissent à entrer, elles n’abîmeront pas les structures et ne se reproduiront pas chez vous comme le font les termites. À l’intérieur, éliminez-les simplement avec l’aspirateur. Les écraser peut laisser des traces.

Assurez-vous de connaître ces 15 signes sournois que votre maison est sur le point d’être infestée

Insectes rouge et noir: la coccinelle asiatique.

Coccinelle asiatique

La coccinelle asiatique ressemble beaucoup à la coccinelle indigène. Si vous découvrez de petits insectes ronds, noirs et orange, sur le rebord de vos fenêtres, vous avez probablement affaire à des coccinelles asiatiques.

Comme la punaise de l’érable, ce parasite indésirable peut former un essaim imposant, mais ne devrait pas couvrir les murs des édifices de la même façon. La coccinelle asiatique se fraie plutôt un chemin dans la maison à l’approche de l’hiver, bourdonne autour des ampoules électriques et tombe morte avant le printemps. C’est un prédateur de la coccinelle indigène. Quasiment inoffensives, certaines piquent à l’occasion.

Avez-vous déjà vu l’un de ces 16 insectes les plus dégoûtants? Voici comment s’en débarrasser.

Insectes rouge et noir: la cocinelle indigène.

Coccinelle indigène

La coccinelle indigène est moins courante que l’importune coccinelle asiatique, et plus appréciée des jardiniers. Contrairement à l’asiatique, l’indigène ne pique pas et n’envahit pas les maisons en hiver. De plus, son avidité pour les pucerons et autres insectes phytophages en fait un excellent antiparasitaire naturel. Elle se vend même en paquet dans des centres de jardinage. Mais l’espèce asiatique peut s’y mêler, ce qui devrait vous inciter à bien vérifier le contenu avant l’achat.

On différencie ces deux insectes rouge et noir par leur taille et leurs marques. On trouve de nombreuses variétés de coccinelles indigènes. Elles sont souvent plus petites et plus rondes, et arborent une petite tache blanche de chaque côté de la tête. Les coccinelles asiatiques ont des marques blanches plus grosses sur la tête, et une marque en forme de M à la jonction de la tête et du thorax.

Insectes rouge et noir: la criocère du lys.

Criocère du lys

Le criocère du lys est un autre insecte rouge et noir qui pourrait ravager votre jardin. Il afflige particulièrement les amateurs de cette fleur. Ce coléoptère a une livrée écarlate et une face ventrale noire.

Selon la Gardener’s Supply Company, les criocères adultes grignotent les feuilles du lys et pondent sur leurs faces inférieures. Les larves ravagent feuilles, bourgeons et fleurs.

Le criocère du lys hiverne enfoui dans le sol. Il est donc sans danger pour votre maison à l’automne. Il devient plus nuisible au printemps, lorsque les jonquilles et les lys fleurissent.

L'insecte gendarme.

Gendarme

Si vous n’en avez jamais entendu parler, c’est que le gendarme ou pyrrhocore est plutôt rare en Amérique du Nord. Selon le Musée d’histoire naturelle de l’Utah, cet insecte noir et rouge ne vit que dans cet état américain en dehors de l’Europe. À ne pas confondre avec la luciole!

En fait, le gendarme ressemble à la punaise de l’érable et se comporte comme elle. Son corps ovoïde présente de longues pattes et des marques dorsales noir et rouge. Il peut former d’importantes colonies sur les bâtiments et autres structures. Il peut même laisser des taches si on l’écrase. Et il ne vole pas.

Ensuite, apprenez-en plus sur ces manières de se débarrasser des insectes nuisibles dans la cuisine.

L'insecte petite punaise de l'asclepiade.

Petite punaise de l’asclépiade

L’asclépiade commune est l’une des fleurs favorites des abeilles, des papillons et autres pollinisateurs. Elle éclot en grappes rondes de fleurettes mauves parfumées. On s’en sert pour attirer les papillons monarques. Elle attire aussi les insectes nuisibles.

Si vous cultivez l’asclépiade, gardez l’œil sur les coléoptères noir et orange semblables aux punaises de l’érable: ce sont les punaises de l’asclépiade. La Fondation Save Our Monarchs en dénombre quatre espèces. Une seule des quatre, la petite punaise de l’asclépiade (photo), constitue un danger pour les monarques.

Cherchez une marque en forme de croix ou de sablier sur leur dos pour identifier la petite punaise de l’asclépiade parmi les autres punaises rouge et noir.

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Bon côté de l'anxiété: illustration d'une fille qui fait de la méditation.

En voyage, je suis anxieuse. Je me présente à l’aéroport et à la gare bien en avance, je vérifie plusieurs fois tous mes documents. J’ai la mâchoire contractée et un nœud dans l’estomac jusqu’à ce que j’arrive à ma destination. Les personnes qui ne souffrent pas d’anxiété se moquent de ma nervosité excessive. Avant, cela me contrariait, je pensais être irrationnelle, faible. Plus maintenant. J’ai appris à respecter mon hypervigilance. J’ai appris qu’il pouvait y avoir un bon côté à l’anxiété.

Récemment, en traversant une route de campagne au début d’un long voyage qui aurait principalement lieu sur une grande autoroute, j’ai eu l’intuition que quelque chose pourrait mal se passer. Et si je manquais d’essence? me suis-je inquiétée, alors que la réserve était encore importante. Lorsque j’ai aperçu une station-service juste avant la bretelle que j’allais emprunter pour rejoindre l’autoroute, j’ai cédé à mon anxiété. J’ai refait le plein. Juste au cas. C’est là que je me suis rendu compte que l’un de mes pneus avant était très dégonflé. Si j’avais ignoré mon sentiment de malaise, rationalisé mon anxiété, le pneu aurait pu éclater à grande vitesse sur l’autoroute. Mon besoin tenace de prévoir les choses même lorsque ce n’est pas absolument nécessaire m’a soustraite à une éventuelle catastrophe.

Apprenez-en plus sur ces signes révélateurs d’un trouble anxieux.

Une anxiété «diabolisée»

Un nombre croissant de psychologues et neuroscientifiques rappellent désormais que l’anxiété et autres émotions négatives ont leur raison d’être. Selon Tracy Dennis-Tiwary, notre culture les diabolise trop. Elle connaît bien le sentiment d’être parfois submergé par l’anxiété. Lors d’un moment d’intense travail, raconte ce professeur de psychologie et neurosciences à la cité universitaire du Hunter College de New York, ses préoccupations ne cessaient de la réveiller à 4h du matin.

Au lieu d’essayer de faire disparaître ces émotions déconcertantes, elle leur a prêté une oreille attentive. «Écouter son anxiété est une chance d’apprentissage. Dans mon cas, une erreur importante commise au travail est finalement remontée à la surface de mon esprit. Je m’en suis avisée, je lui ai fait face, j’en ai tiré une leçon. J’ai pris en note deux ou trois solutions pour régler le problème.» Le lendemain, elle s’est sentie beaucoup mieux.

Directeur du Well-Being Lab à l’université George Mason, en Virginie, le psychologue Todd Kashdan critique ce qu’il appelle l’«idéologie naïve du bonheur». Nous n’avons pas à choisir entre être systématiquement souriants et sereins, et vivre à l’ombre de l’image négative que nous nous faisons de nous-mêmes et du monde. Parfois, dit-il, l’anxiété est un bon guide. Vous avez le vertige? Très bien, vous ne serez pas de ceux qui tombent dans un ravin en prenant un selfie.

Ces spécialistes se demandent si le rôle naturel que l’anxiété joue dans notre vie n’aurait pas tendance à être oublié. L’Organisation mondiale de la santé a ainsi annoncé en mars 2022 que la prévalence de l’anxiété et de la dépression avait augmenté de 25% au cours de l’année 2021 dans le monde. Voilà, selon elle, un signal «pour inciter tous les pays à améliorer leurs services de soutien en santé mentale». Mais a-t-on vraiment affaire à un problème de santé publique? Ne pourrait-on pas plutôt dire que des millions de gens ont raison d’éprouver des sentiments d’incertitude, de stress et de peur?

La différence est importante. Aux États-Unis, par exemple, le ministère de la santé et des services sociaux recommande désormais le dépistage systématique de l’anxiété par les médecins de famille. Bien. On reconnaît ainsi l’effet des troubles anxieux sur les personnes à risque. On peut tout de même se demander si ce genre de mesure ne fait qu’en pousser certains aux traitements et aux médicaments. Aurions-nous perdu de vue les avantages de nos doutes et de nos inquiétudes?

Bon côté de l'anxiété: deux amies discutent autour d'une table.

On peut traverser des phases de désarroi sans être pour autant atteint d’un trouble mental, expliquent les psychologues comportementalistes. L’anxiété est une stratégie d’adaptation développée au cours de l’évolution humaine. Elle nous aide à nous préparer à un avenir incertain, à «rester vigilants», note Tracy Dennis-Tiwary. Elle contribue à la projection de solutions à des problèmes éventuels. «D’un point de vue évolutionniste, l’anxiété est la meilleure émotion pour nous aider à gérer l’incertitude, affirme-t-elle, car elle nous force à exécuter ces simulations de type et si?»

La neuroscientifique Wendy Suzuki de l’université de New York dit de même. «Si on réduit l’anxiété à une émotion à éviter, à atténuer, ou dont il faut se défaire, non seulement on ne résout pas le problème au sujet duquel on est alerté, mais on manque également une chance d’utiliser le pouvoir générateur de l’anxiété.»

«Générateur», en ce que cette émotion peut nous encourager à nous arracher à une situation qui ne fonctionne plus pour nous, à trouver l’énergie pour débloquer les choses. En état anxieux, en effet, la quantité de dopamine dans le cerveau augmente, ce qui nous force à agir. Il y a des millions d’années, cela voulait dire, par exemple, chercher un abri pour échapper à des prédateurs. Aujourd’hui, c’est peut-être plutôt quitter un travail en raison d’un patron au comportement difficile.

Si l’on n’affronte pas son anxiété, on en perd les avantages et l’on peut même aggraver la situation. J’en suis l’exemple parfait: j’ai longtemps caché, sans les ouvrir, toutes les enveloppes reçues du fisc dans un tiroir, même si, vraisemblablement, il ne s’agissait que de mises à jour de routine ou de banals rappels. C’était devenu une véritable phobie. Selon Alice Boyes, titulaire d’un doctorat en psychologie clinique, gérer des sentiments déplaisants en les évitant ne fait que renforcer l’insécurité, car on se conforte ainsi dans la conviction d’être incapable de résoudre les problèmes: «Avec le temps, vous vous sentirez de moins en moins compétent.»

Vous connaissez peut-être l’une de ces 14 choses que seules les personnes anxieuses peuvent comprendre

Comment maîtriser son anxiété?

La clé est de maîtriser son malaise avant qu’il ne vous submerge, comme on s’occupe d’un jardin pour éviter que les mauvaises herbes l’envahissent. Mais comment faire? Parmi les solutions possibles, Wendy Suzuki, de l’université de New York, évoque la méditation, l’exercice, les connexions empathiques comme le bénévolat, l’accès à la nature et le recadrage mental de l’expérience vécue. Mais quelle est la meilleure façon de gérer son anxiété?

La neuroscientifique raconte le cas d’un entrepreneur de start-up qui commençait à se sentir intimidé par tout ce qui pourrait mal se passer dans son projet à haut risque. Cela générait toutes sortes de «et si?» qui l’empêchaient de dormir. Il dramatisait. Puis, après avoir discuté avec un vieil ami et mentor, il a fait appel à un nouvel outil: le «recadrage». Il a transformé ses «et si?» en liste de choses à faire en vue d’un objectif. «Si cela se produisait, que pourrais-je faire? Eh bien, je pourrais faire X.»

Tracy Dennis-Tiwary confirme que ce recadrage est essentiel. Elle mentionne une étude de l’université Harvard de 2013 dans laquelle des personnes souffrant d’anxiété sociale devaient parler en public. Les chercheurs ont indiqué à certains sujets que le fait d’avoir les paumes moites et la bouche sèche ou les genoux qui flageolent était bon signe, un «outil de gestion positif» qui optimisait le corps pour bien se tirer d’affaire. Les orateurs nerveux qui avaient entendu ce message présentaient une tension artérielle plus basse et un rythme cardiaque plus lent. En d’autres termes, ils avaient trouvé le juste milieu leur permettant d’être prêts à relever le défi sans être distraits et alarmés par leur propre nervosité.

Il s’agit d’une découverte remarquable. Ce qu’elle révèle, c’est que nous pouvons reformuler nos peurs pour qu’elles nous aident. Il y a plusieurs années, j’étais la dernière d’une longue liste d’intervenants à un événement TEDx. Le théâtre était trop climatisé. J’attendais, assise et frissonnante, de plus en plus nerveuse, craignant d’oublier mon discours au sujet d’un livre que j’avais récemment écrit sur la mort. Plus ce dialogue entre le corps et l’esprit se poursuivait en un cercle vicieux de tension physique et d’anxiété mentale, plus il devenait lourd, au point que mes jambes s’engourdissaient et que j’avais peur de tomber de la scène. C’est un miracle que je sois parvenue à terminer ma conférence.

Bon côté de l'anxiété: une femme court.

Si j’avais su ce que je sais aujourd’hui, j’aurais fait les cent pas et me serais étirée dans le couloir pour que mon corps reste échauffé et ma respiration calme, un peu à la manière d’un athlète avant une compétition. J’aurais tout de même été nerveuse, mais j’aurais géré ce sentiment de manière active.

«La difficulté réside dans ce que notre perception de l’anxiété nous empêche de croire que nous pouvons la surmonter, affirme Tracy Dennis-Tiwary, qui soutient que l’anxiété n’est pas le problème. C’est le messager qui nous prévient que nous sommes face à l’incertitude et devons relever le défi. Ou bien elle nous montre les aspects de notre vie qui doivent changer, ou bien elle nous rappelle que nous avons besoin de soutien.»

Pour plus de conseils, voici 50 bonnes habitudes pour une meilleure gestion du stress et de l’anxiété.

Des manières de «bien s’inquiéter»

Nous sommes capables de gérer notre anxiété. Les conseils de Wendy Suzuki pour «bien s’inquiéter» incluent la méditation, dont il a été démontré qu’elle affecte l’amygdale. De la taille et la forme d’une grosse amande, c’est la glande du cerveau responsable d’envoyer des signaux d’alarme liés à la peur et l’anxiété. La méditation peut calmer cette partie du cerveau.

L’exercice aide aussi. Wendy Suzuki a mené des expériences avec certains de ses étudiants et découvert que même un entraînement de 10 minutes permettait à ses élèves de se sentir moins nerveux avant un examen. Alors rendez-vous à la salle de sport, défoulez-vous sur une piste de danse ou partez en randonnée. Passer simplement du temps à la lumière du jour et dans des espaces verts, ce que les Japonais appellent «bain de forêt», peut restaurer votre sentiment d’équilibre psychologique. Après tout, nous avons évolué en harmonie avec la nature.

Depuis que je sais que l’humour augmente la production d’oxytocine, une hormone qui améliore les liens sociaux et le sentiment d’appartenance, j’écoute parfois des spectacles d’humoristes pour me calmer. Le lien social, le toucher, et le fait d’adopter une perspective réaliste concernant les souffrances des autres ont un effet apaisant, c’est pourquoi le bénévolat et l’implication dans la collectivité aident. (Durant la pandémie, l’isolement a très bien pu être un facteur déterminant dans le pic d’anxiété noté par l’OMS.)

Ces techniques peuvent nous éviter le cercle vicieux de la peur qui se renforce. Le truc, comme le dit Tracy Dennis-Tiwary, est d’écouter l’anxiété, puis de s’en servir pour mettre en place des changements nécessaires ou une planification supplémentaire – comme je l’ai fait lorsque j’ai entamé mon voyage en voiture. «Puis, conseille-t-elle, lâchez prise. C’est une vague sur laquelle vous devez apprendre à surfer.»

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Aimer à la dure: illustration pour l'article du magazine.

Rompre les liens avec ma sœur aînée a été dévastateur. Pourtant il le fallait.

Nous étions dans le séjour, chez mes parents. La chaleur dégagée par le foyer à gaz était aussi insupportable que la conversation: pour des raisons obscures, Meghan – alors âgée de 25 ans – avait encore besoin d’argent.

Je bouillonnais en la regardant faire la moue, assise dans un fauteuil les bras croisés. Depuis la fin de l’adolescence, elle avait du mal à se faire aimer. Elle devait certaines de ses mauvaises décisions à sa dépendance à la cocaïne et aux opioïdes. Quand elle se mettait en colère, ma sœur se montrait égoïste et odieuse. Avec elle, nous marchions sur des œufs.

Et voilà qu’une fois de plus elle réclamait de l’argent.

Elle était de trois ans mon aînée. Je lui avais déjà filé tant d’argent (ou elle l’avait volé) que je risquais de perdre ma maison. Mais je l’avais toujours aidée, même quand ça voulait dire se passer d’épicerie.

Nos parents, tous les deux à la retraite et handicapés, y avaient laissé leurs économies et leur santé mentale. Mais Meghan considérait que personne ne pouvait souffrir plus qu’elle.

Au cours des 15 années où elle a été aux prises avec la toxicomanie, elle ne s’est pas contentée de voler sa famille, ce qui est fréquent pour tout individu souffrant de dépendance. Elle a été accusée de vol dans une boutique où elle travaillait; elle a trahi ses engagements, inventé sans scrupules quantité de mensonges insensés, ridicules; et combien d’accidents de voiture – où elle conduisait sans permis ni assurance – mes parents ont dû couvrir?

Le coup fatal est venu quand elle a volé un homme souffrant d’alzheimer à qui elle prodiguait des soins. Elle aurait vraisemblablement tablé sur le fait qu’il était trop atteint pour s’en rendre compte.

«Je suis une bonne personne, vous savez!», a-t-elle crié ce jour-là dans le séjour, rouge de colère et de honte. Elle détestait autant que nous ces sollicitations financières.

«Tu sais, Meg, il ne suffit pas de répéter que tu es une bonne personne, il faut l’être aussi», lui ai-je balancé.

Je savais que je lui avais brisé le cœur. Et parce que je l’aimais, je m’en voulais terriblement d’avoir été aussi directe. Aujourd’hui, je ne le regrette pas. Je ne pouvais pas continuer à espérer voir ma sœur changer uniquement parce que j’en avais envie.

Il peut être malsain de maintenir une relation avec une personne qui vous fait du mal. Telle est la réalité effroyable qu’affrontent tant de familles, toutes cultures confondues. Mais les liens du sang sont plus forts que tout, dit-on; chérissez les vôtres, car un jour tout le monde aura disparu. Je comprends. Mais qu’en est-il de ceux qui volent votre confiance, votre joie et votre sécurité? Que faire dans ce cas?

Une adolescence chamboulée

Nous avons grandi en Ontario. Meghan était alors une sœur formidable. Elle me lisait un conte tous les soirs au coucher, m’accueillait dans sa chambre la nuit quand j’avais peur et menaçait quiconque osait s’en prendre à moi. J’étais une enfant solitaire, mais Meghan m’invitait toujours à participer à ses jeux, malgré nos trois années d’écart. Elle ne supportait pas de me voir seule et apeurée.

Aimer à la dure: portrait de deux sœurs.
Kelly Thompson à trois ans (à gauche) avec sa sœur Meghan qui en a six, en 1987.

Tout a changé quand elle a découvert la drogue à 15 ans. Elle utilisait la colère pour masquer la supercherie, et j’ai rapidement compris qu’il valait mieux aimer Meghan de loin. Un jour, je l’ai aperçue de l’autre côté d’une fenêtre d’un restaurant qui avalait son milk-shake. Elle avait les pupilles dilatées, des marques sur la peau et son petit ami la traitait avec rudesse. J’ai su alors que j’allais devoir être l’aînée que Meghan n’avait plus la capacité d’être.

J’ai essayé de comprendre le rôle de la dépendance dans ses choix et appris à gérer ma relation avec elle. Les thérapeutes et les gens croisés dans les groupes de soutien ont tous dit la même chose: il faut établir des limites pour protéger son propre cœur. Comme on enfile d’abord soi-même le masque à oxygène dans l’avion avant d’aider les autres à le mettre.

Il n’y a rien de plus difficile que de se conformer à cette consigne. Je raccrochais quand j’entendais sa voix suppliante accompagnée des hurlements d’un homme, et pleurais à en crever de douleur.

J’ai commencé à avoir des problèmes de santé et à souffrir d’un syndrome de dépression et d’anxiété chroniques. J’étais trop fragile psychologiquement pour soutenir Meghan – ni elle ni personne, du reste. Cela ne m’empêchait pas d’être dévorée de culpabilité, convaincue que l’abnégation et le don de soi étaient synonyme d’amour. Mais le prix de ce soutien se révélait trop élevé.

En sortant ma sœur de ma vie, je m’opposais à mes parents qui, souvent, en voulant l’aider, ont justifié ses actes. Les amis de Meghan me reprochaient de l’avoir «abandonnée». Tu ne vois pas qu’elle a besoin d’aide? insistaient-ils. Je n’ai jamais cessé de me sentir coupable, même si, en coupant tous les liens, je me protégeais du chagrin et du désarroi qu’elle pouvait m’infliger. J’ai cessé de répondre à ses appels de nuit, de lui prêter de l’argent, de sauter dans la voiture pour aller à sa recherche dans des lieux improbables. Il fallait l’éloigner en attendant qu’elle retrouve un comportement acceptable, dussé-je en avoir le cœur brisé.

Elle seule pouvait demander de l’aide, et cela, il fallait que je le comprenne. On ne saurait faire boire un âne qui n’a pas soif, même si on le conduit à la rivière. J’ai si souvent donné de l’eau à Meghan que j’étais moi-même deshydratée.

Après la tempête, le beau temps

Cinq ans après notre dispute mémorable dans le séjour, Meghan, qui n’avait pas 30 ans, a accepté de se faire aider. Elle a eu un enfant et s’est mariée, et nous avons pu engager une vraie conversation au cours de laquelle elle s’est excusée du fond du cœur. Elle ne s’attendait pas à ce que tout redevienne instantanément comme avant; elle a plutôt fait de nombreux efforts pour prouver que je pouvais compter sur elle, qu’elle ne me laisserait jamais tomber, que si j’appelais en pleine nuit elle arriverait en courant. Je pense avoir fait la preuve qu’il en était de même pour moi.

Ma sœur m’a épatée – d’avoir réussi à s’arracher à sa dépendance, mais aussi de ne pas m’en vouloir pour avoir coupé les ponts. Elle m’a au contraire remerciée pour ma franchise et la certitude qu’elle pourrait compter sur moi si elle faisait les premiers pas vers un mode de vie plus sain.

Ces retrouvailles ont été une bénédiction. Trop souvent on n’arrive pas à surmonter un conflit et renouer. Ceux qui perdent un proche victime de toxicomanie regrettent souvent de ne pas en avoir fait assez, auraient voulu déployer plus d’efforts, prendre LA décision qui aurait tout changé.

Dans Holden After and Before, un récit étonnant sur l’overdose accidentelle de son fils, Tara McGuire, qui vit en Colombie-Britannique, décrit le sentiment d’impuissance et la culpabilité obsessionnelle qui l’ont envahie. «Il est impossible de trouver un sens à l’insondable absence de Holden. Mais il me reste encore trop d’amour pour lâcher prise, écrit-elle. Alors je creuse. Je conjecture et j’enquête, je passe des coups de fil. Je ferme les yeux et me demande quand tout a commencé.»

Il n’y a pas de secret pour échapper à cette effroyable épreuve. Je ne dispose que des pépites de réconfort que j’ai su cultiver. J’ai découvert que les liens du sang ne nous obligeaient pas à aimer ceux qui nous faisaient du mal, car cela ne faisait que nourrir le cycle de la maltraitance qui ne sert personne. Que l’on pouvait continuer à aimer ceux que nous cessions de voir au quotidien. Que ce masque à oxygène qui consiste à être bon envers soi-même est sans doute le meilleur soutien dont on dispose.

Mais j’ai aussi appris qu’aucune de ces règles ne s’applique quand il n’y a plus d’air du tout.

Un départ plus tôt que prévu

En 2017, quelques années après nos retrouvailles, Meghan a reçu un diagnostic de sarcome à un stade avancé; elle est morte l’année suivante, à 37 ans. La période qui a précédé sa disparition a souvent semblé aussi lourde, douloureuse et dévastatrice que celle de la toxicomanie. Sauf que cette fois, comme je prenais soin d’elle, je ne pouvais pas l’abandonner. Ni le voulais. Nous nous étions retrouvées et il fallait célébrer ce temps qu’il nous restait. Cette fois, je l’ai choisie – et elle nous a choisies en retour.

Depuis son lit dans l’unité des soins palliatifs, Meghan m’a demandé d’écrire sur sa dépendance et comment elle nous avait transformées. «Ne censure pas les moments durs», a-t-elle insisté. Elle voulait que ses erreurs servent aux lecteurs et qu’ils comprennent que l’amour, un travail acharné, la thérapie et les traitements portaient fruit. Nul ne peut guérir seul, disait-elle. Elle avait peur de me quitter, tout en sachant que, dans les moments où elle s’était absentée, j’avais trouvé du soutien en dehors de la sororité. «J’ai toujours su qu’une autre famille s’occupait de toi quand je n’étais pas là.»

La dépendance abîme inévitablement les relations, mais elle est aussi un bouc émissaire quand les membres de la famille se font du mal. Si les deux camps sont disposés à reconnaître leurs erreurs, c’est une occasion pour mûrir et apprendre. Oui, Meghan ne se laissait pas facilement aimer, mais c’était aussi mon cas. Les deux peuvent être vrais, et ça fait moins mal quand on apprend à s’accorder plus d’espace pour respirer.

Alors enfilez votre masque à oxygène, peu importe la forme qu’il prend. Faites appel aux personnes qui vous défendent et vous apportent de la joie. Un jour, peut-être ferez-vous la paix avec ceux dont les choix vous ont blessé. Et même si ça n’arrive pas, vous aurez survécu. Parfois, cela seul suffit.

© 2023, Kelly S. Thompson. Tiré de «The Ties That Grind: What Can We Do When Family Members Cause Us Pain?» publié dans The Globe and Mail le 10 février 2023, theglobeandmail.com

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Illustration pour l'article des petites entreprises au grand cœur.

J’ai grandi dans le grand magasin Sharp de la rue Front, à Campbellford, en Ontario. Il était dirigé par ma grand-mère maternelle, Mme Sharp. Au cours de mon enfance et de mon adolescence dans les années 1960 et 1970, je faisais partie des divers membres de la famille qui y travaillaient à l’occasion. J’ai appris la différence entre les fermetures éclair en nylon et en métal, les tissus qui doivent être coupés et ceux qui doivent être déchirés, comment trier les patrons et harmoniser les couleurs de bobines de fil à broder. J’ai aussi appris plus important: le rôle des petites entreprises familiales dans la société.

Mme Sharp connaissait ses clients. Elle entendait parler de violence domestique, de femmes qui manquaient d’argent pour acheter des produits de première nécessité, de familles qui tentaient de prendre soin de leurs fils revenus de la guerre avec ce que l’on appelait à l’époque la «névrose des tranchées», de grossesses non planifiées. Elle savait être discrète sur certains patrons de couture.

Les fins de rouleaux de tissus et les patrons rejetés finissaient dans les mains de mères dont les enfants avaient besoin de vêtements pour la rentrée scolaire. Les veuves sans argent liquide pour acheter des sous-vêtements les obtenaient à crédit, parfois en larmes: «Je m’en veux de vous demander cela. C’est tellement dur depuis la mort de Charlie. Vous savez que je vous rembourserai. Merci. Que Dieu vous bénisse.»

Lorsque ma conjointe et moi étions encore étudiants à l’université, nous sommes devenus parents. Notre budget était serré – l’inflation dépassait alors les 11% et les taux d’intérêt excédaient 18%. Nous avons tout de même économisé pour pouvoir nous permettre de nous faire plaisir à l’occasion. Et nous avons bénéficié de la gentillesse de commerçants locaux qui comprenaient que traiter tous les clients de manière égale ne signifiait pas les traiter de la même manière.

Le poissonnier, qui fournissait homard, crabe et pétoncles aux restaurants, a fait preuve d’une incroyable prévenance. Nous étions des clients réguliers, car notre enfant de deux ans s’était découvert une passion pour les moules. Systématiquement, après avoir pesé et étiqueté nos moules, le vendeur replongeait sa petite pelle dans l’aquarium – «Juste quelques-unes de plus pour remplacer celles qui ne s’ouvriront pas.»

Une fois, un employé nous a montré le saumon écossais arrivé le matin même. «Il n’est pas mal, ai-je répondu. Mais je vais m’en tenir aux moules, merci.» Il a demandé si nous saurions quoi faire avec quelques queues: «Le restaurant ne veut que les meilleurs filets, et je n’ai pas vraiment de clientèle pour ces morceaux.» Et hop! deux queues ont été ajoutées à mon sac. «Des moules pour le petit et une gourmandise pour vous et votre épouse. Offert par la maison.»

Quand ma femme était enceinte de notre deuxième enfant, elle avait très envie de la version de tai dop voy d’un restaurant chinois local, un mélange de viandes, de crevettes et de légumes. Même s’ils nous voyaient rarement, les propriétaires se souvenaient toujours de nous. Un soir, le huitième mois de grossesse, j’ai commandé un tai dop voy à emporter. Comme il était encore debout, j’ai emmené mon fils avec moi. C’était un soir de décembre froid et humide. Aussitôt, on nous a fait asseoir au comptoir et mon fils a eu droit à une boisson gazeuse. Notre commande est arrivée et j’ai payé. Le sac me semblait plus lourd qu’à l’ordinaire. «Nous fermons bientôt, m’a dit le serveur. J’ai ajouté un reste du riz frit. Bon appétit. Faites un bébé en bonne santé.»

Quand je suis arrivé à la maison, il y avait non seulement du riz frit, mais aussi une portion de chow mein et deux de tai dop voy.

Un acte de «service» à la collectivité

Ces petits actes de gentillesse de la part de propriétaires et employés d’entreprises locales ont fait toute la différence. Au-delà des petites économies qu’ils faisaient, les clients n’étaient pas considérés comme une simple source de revenus: nous étions des membres de la collectivité que ces entreprises servaient. Aujourd’hui, je ne suis pas certain que beaucoup de gens associent les compagnies aériennes, les entreprises de téléphonie ou les supermarchés avec l’idée de «service» à la collectivité. Leurs clients sont principalement anonymes, et leurs conditions de vie n’ont d’importance que dans la mesure où les applications qu’ils utilisent aident les entreprises à déterminer les produits à mettre en avant.

Une fois de plus, beaucoup d’entre nous avons été contraints de nous serrer la ceinture. Des fruits frais? Peut-être la semaine prochaine. Du bacon ou des œufs, pas les deux. Mais la générosité dont j’ai été témoin en ces temps n’a pas disparu.

J’en ai eu la preuve récemment au marché de producteurs locaux. Une jeune famille – comme celle que nous avons été – débattait de la possibilité d’ajouter une autre courgette à son panier (écouter les conversations des autres est l’un de mes passe-temps). L’agriculteur qui les servait a déclaré: «Vous savez, la récolte de courgettes a été considérable cette année. Si vous en achetez deux, la troisième est gratuite.» J’aime penser que ce maraîcher pratiquait une souplesse éthique: pas de prix affiché sur ses légumes, mais tout était au juste prix. «Juste», si l’on considère que le sens de la collectivité, le souci des autres et l’amabilité font tous partie de la relation entre commerçant et client.

La sensibilité des commerçants en période de disette est le signe d’un lien plus profond: nous sommes tous dans le même bateau. Pour ma part, je continuerai de soutenir les marchés de producteurs et les restaurants familiaux. Je suis heureux de payer le «juste» prix, en sachant qu’il y aura peut-être un épi de maïs gratuit pour la veuve qui achète ses œufs à la demi-douzaine.

Ma grand-mère n’en attendrait pas moins de moi.

«A family run business will always have a special place in my community», The Globe and Mail (27 octobre 2022), theglobeandmail.com © 2022, Scott Grills.

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Portrait dessin de la Miss Marple suisse.

Une femme blonde d’une soixantaine d’années traverse un quartier très chic de Zurich. Mince, d’allure soignée, elle porte une veste matelassée sombre, un jean noir, des baskets élégants mais discrets, des bijoux sobres et des lunettes à la mode. Elle ne se démarque pas spécialement. Les personnes de son âge ont tendance à se fondre dans le décor. Elle sourit en plissant les yeux sous les rayons du soleil. Des traces de la petite fille curieuse et impertinente qu’elle a été subsistent encore sur son visage – une fille satisfaite de ne pas être découverte au cours d’une partie de cache-cache. Son expression semble dire: s’ils savaient! Elle s’appelle Louisa Erismann, ou Miss Marple de son pseudonyme. Elle est détective privée depuis six ans. Je l’accompagnerai toute la semaine dans son travail d’enquête.

«C’est très bien que vous veniez avec moi, me chuchote-t-elle. Deux personnes ensemble se remarquent moins. Et qui imaginerait être suivi par deux femmes?»

Nous faisons ce que l’on appelle une reconnaissance. Repérer un lieu. J’ai appris cela en lisant deux livres que Louisa Erismann m’a donnés pour m’aider à me préparer avant notre semaine ensemble. Elle m’a conseillée sur le type de vêtements et de chaussures à porter; je suis également vêtue de couleurs sombres.

La reconnaissance du jour concerne un différend entre un homme et sa voisine. Il ne m’est pas permis de partager tous les détails de cette affaire – ni d’aucune autre mentionnée dans cet article – sinon que Louisa a été embauchée pour surveiller la voisine.

Comment devenir un détective privé?

Louisa Erismann a suivi un programme de formation pour adultes d’un an en investigation privée, qui lui a coûté environ 8000€ (12 000 CAD), dans une école de Zurich. Pour ses missions, elle se familiarise avec la routine quotidienne de sa cible, puis la place sous observation. Elle la surveillera à 5h du matin, puis à midi, et encore dans l’après-midi. Parfois, les surveillances durent jusqu’à 15 heures d’affilée.

Dans sa voiture peu remarquable, Louisa garde une paire de jumelles, ainsi que des vestes, des bonnets et des écharpes avec lesquels elle peut se déguiser rapidement; ces accoutrements l’aident également à se réchauffer lors des longues périodes de surveillance. Elle garde des sacs de courses dans son coffre, qu’elle peut ouvrir pour se donner l’air de revenir du supermarché. Son équipement de détective comprend enfin des perruques, une paire de chaussures de rechange, des sous-vêtements thermiques, des vitamines et des bananes.

Dans son bureau, elle dispose de manuels sur les méthodes de surveillance et l’expertise judiciaire, ainsi que d’une copie du Code civil suisse. Louisa respecte la loi lorsqu’elle mène ses enquêtes, ainsi que la vie privée de ses clients, mais aussi des personnes qu’elle observe. «Un client souhaitait que j’enregistre une vidéo par le trou d’une serrure. C’est interdit, et je ne le ferai pas. Avec un bon travail de surveillance, il est inutile de porter atteinte à la vie privée des gens»

Un jour, elle s’est inscrite comme invitée à une fête Tupperware, car elle surveillait l’hôte. Elle a aussi été engagée par un réalisateur de film qui voulait désespérément acheter un manoir; elle a donc remonté la piste des propriétaires. Une autre fois, on lui a demandé de tenir à l’œil une femme en arrêt maladie depuis plus d’un an en raison d’une fracture du pied; sur les réseaux sociaux, elle a découvert une photo récente de cette femme promenant ses chiens.

Une femme multi-tâche

Louisa a toujours plusieurs affaires en cours. Récemment, elle a enquêté sur un avocat qui disparaissait une fois par mois. Sa femme n’avait aucune idée du lieu où il allait, mais elle a ensuite découvert qu’une de ses pilules de Viagra avait également disparu. La femme a engagé Louisa, qui a suivi l’homme à la trace jusqu’en Allemagne, où il fréquentait plusieurs hôtels. Dans la trappe de la roue de secours à l’intérieur du coffre de sa voiture, elle a découvert un sac contenant un fouet et d’autres objets destinés à des pratiques sadomasochistes.

Les enquêtes de notre détective portent principalement sur des hommes riches suspectés par leur épouse de les tromper; environ deux tiers de ses clients sont des femmes. «Selon mon expérience, affirme-t-elle, dans un couple, si l’un des époux soupçonne qu’il se passe quelque chose, il a généralement raison.» Il ne lui est arrivé qu’une seule fois qu’une suspicion d’infidélité se révèle infondée.

«Les femmes attendent jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus supporter leurs soupçons. Elles ne veulent pas y croire.» Les affaires de Louisa impliquent généralement de réunir des preuves de l’infidélité, qui peuvent ensuite être utilisées pour justifier des demandes financières ou la garde d’un enfant dans le cas d’un divorce. Elle effectue donc le travail de reconnaissance, prend les photos, puis annonce la mauvaise nouvelle. La nature très émotionnelle de ses missions crée rapidement un lien amical, voire maternel avec ses clientes. Parfois, elle les accompagne ensuite au tribunal, pas seulement pour des audiences en cas de divorce, mais aussi pour des affaires de harcèlement ou de viol.

Une fois, un avocat a engagé Louisa, car il pensait que sa mère âgée était en train de se faire escroquer. Un homme allemand était parvenu à s’insinuer dans le cœur et le portefeuille de sa mère, qui lui avait déjà donné plus de 100 000€. Son fils a expliqué à l’enquêtrice qu’il pensait qu’elle était sur le point de modifier son testament pour y inclure cet homme. Le fils ne voulait pas rester passif et voir son héritage disparaître.

Mais sa mère refusait de lui donner l’identité de l’escroc supposé, dont Louisa a découvert qu’il ne s’agissait pas de sa première arnaque: il avait aidé plusieurs riches personnes âgées avec leur déclaration de revenus et d’autres transactions financières afin d’obtenir les renseignements de leur carte de crédit et de leur compte bancaire. La détective a pris des photos de relevés de compte pertinents laissés sur le tableau de bord de sa voiture, et a envoyé les preuves à son client. Qui est enfin parvenu à convaincre sa mère de ne pas modifier son testament.

Un passé douloureux

Louisa Erismann travaille principalement de sa voiture, mais elle occupe également un modeste cabinet à Seefeld, l’un des quartiers les plus chers de Zurich. Il ne ressemble en rien aux agences enfumées des films noirs, avec leur lumière filtrant à travers des persiennes. Il est meublé d’un bureau, d’un fauteuil, d’un ordinateur, d’un téléphone, de dossiers et de livres de droit. Pas de plantes, pas d’objets personnels. Il y a également une salle de réunion avec une longue table, des chaises de métal et un tableau à feuilles. «Les gens viennent me voir, car c’est une adresse crédible, affirme Louisa. Si j’étais située ailleurs, personne ne me remarquerait.»

Avant de créer son agence de détective à elle seule, Louisa Erismann a travaillé 20 ans aux ventes dans un grand groupe allemand d’optométrie. Auparavant, elle et son ex-mari possédaient un magasin de photographie et d’optométrie. Également photographe, Louisa a couvert des événements, des fêtes d’entreprise et des mariages, développant un talent pour l’observation et l’art de prendre des photos sur le vif, lorsque ses sujets ne faisaient pas attention à elle.

Puis deux événements douloureux l’ont entraînée vers la profession qu’elle a choisi d’exercer à un âge où la plupart des gens songent plutôt à la retraite. Le premier a eu lieu 12 ans plus tôt, lorsqu’elle a pris son propre petit ami en filature parce qu’elle ne pouvait plus lui faire confiance. «Je lui avais demandé de nombreuses fois s’il fréquentait une autre femme, et il avait toujours nié. Mais je voyais bien à ses airs, à sa façon de répondre, que quelque chose clochait. Je me suis dit: Assez de questions. C’est le moment passer à l’action.»

Elle a donc établi son campement dans un champ de maïs qui lui donnait un bon angle de vue sur sa maison et l’a surveillé un samedi matin jusqu’au lendemain après-midi. Elle portait du noir pour se camoufler et avait emporté des jumelles, un appareil photo et un carnet.

«Soupçonner que l’on vous trompe est horrible. Je comprends mes clientes. On doute de soi: Qu’ai-je fait de mal? Pourquoi ne lui suffis-je plus?» Là, dans ce champ de maïs, Louisa s’est sentie tiraillée. «Ce que je faisais là n’était peut-être pas juste, mais d’un autre côté, je voulais savoir, même si c’était difficile.» Son conjoint fréquentait en effet une autre femme.

Le second grand choc de la vie de Louisa a été l’assassinat de son petit frère à l’âge de 40 ans. Elle n’aime pas en parler, décrétant simplement qu’elle a aidé à élucider ce crime. Elle et sa famille pensaient connaître l’identité du tueur, et soupçonnaient un meurtre commandité. C’est sa seule enquête portant sur un homicide, mais il s’agit d’un tournant dans sa vie: elle a alors décidé qu’elle serait détective.

Quand un détective se transforme en simple client

Nous parvenons dans un labyrinthe de maisons mitoyennes et avisons celle où vit la femme en conflit avec son voisin. Soudain, Louisa chuchote: «Quelqu’un approche.» Je suis tentée de me retourner, mais elle m’a prévenue que cela nous rendrait suspectes. Un homme croise notre chemin et nous dévisage. Il faut absolument éviter qu’il s’interroge sur notre présence. Nous discutons à haute voix de la possibilité d’acheter une maison, et de l’avantage de bénéficier d’une aire de jeux pour enfants juste devant l’entrée.

Ensuite, nous partons en reconnaissance dans la fripe où travaille la femme. J’entre en premier, mais je ne suis pas certaine du plan; Louisa et moi sommes-nous censées nous connaître ou pas? La cible me demande si j’ai besoin d’aide; je lui dis que je recherche un poncho. Tandis que je jette un œil aux portants, je remarque que Louisa fait également semblant d’être une cliente. Affublée d’un chapeau rouge vif, elle pose devant un miroir. Elle me rejoint ensuite et me conseille d’essayer le poncho à franges. Ah… Donc, nous nous connaissons! J’entre dans le jeu et essaie le poncho. La cible me regarde, puis s’affaire auprès d’un autre client. Certes banales, ces surveillances aident néanmoins Louisa à obtenir une première impression des protagonistes.

Portrait de la Miss Marple suisse.
Louisa Erismann, détective privée.

Au bout de quelques minutes, je quitte la boutique et me dirige vers la voiture, mais Louisa me retient d’un geste. Ne jamais se rendre directement à sa voiture, me dira-t-elle plus tard, car on pourrait être observé. Or, une fois le véhicule d’un détective «découvert», la seule solution est d’en changer.

Louisa a un penchant pour le jeu d’acteur. Lorsqu’elle surveille des quartiers résidentiels, elle emporte une laisse avec elle. «Si on me demande ce que je fais en ces lieux, je réponds simplement que je cherche mon chien perdu.» Ayant déjà été victime de menaces au cours de ses enquêtes, elle emporte toujours un vaporisateur au poivre.

Elle n’a pas pris de vacances depuis six ans. Et sa vie personnelle? «Je suis toujours occupée – quel homme accepterait de supporter cela?» Elle me montre sur son téléphone des photos de ses chats, Fellini et Flash. «C’est agréable de les retrouver tous les deux à la maison. Ils apaisent mes blessures par des câlins. Les humains peuvent se montrer très cruels.»

Sa vision de l’amour et des relations a-t-elle donc changé en raison de son travail? Non, se défend-elle. Elle n’aime pas penser en matière de victime et de coupable dans les affaires d’infidélité. «Les deux parties ont une responsabilité dans l’échec ou le succès d’une relation.» Elle n’en passe pas moins des heures à réconforter ses clientes, leur recommander des avocats et leur fournir des conseils pratiques, comme la nécessité de conserver des copies papier des actifs du mari.

Un nouveau jour, un nouveau cas

Le lendemain, nouveau cas, qui concerne cette fois la garde d’enfants. Nous nous trouvons dans une banlieue de la classe moyenne de Bâle, avec ses immeubles d’appartements, ses garages et ses cours arrière gravillonnées. Un homme a engagé Louisa pour suivre son ex-femme. Il soutient qu’elle maltraite leurs enfants, les laissant souvent seuls à la maison. Il affirme qu’elle le contraint à payer une pension alimentaire totale alors qu’elle travaille comme femme de ménage. Elle prétend aussi ne pas posséder de voiture, mais Louisa découvre qu’elle en a bien une.

Nous montons la garde devant l’école du fils cadet, jusqu’à ce que Louisa le reconnaisse à son sac à dos; on lui a dit qu’il y avait un dinosaure vert dessus. Nous suivons le garçon jusqu’à sa porte d’entrée. Il sonne à la porte. Personne ne répond. Il traverse la rue jusqu’à un terrain de jeu et s’assoit sur une rambarde. Un peu plus tard, la mère arrive. Ensemble, ils pénètrent dans l’immeuble.

Louisa et moi nous asseyons sur un muret en face de la maison et faisons semblant de discuter. Au bout d’environ 10 min, la mère et l’enfant apparaissent sur le balcon. Louisa m’annonce que la mère nous a remarquées, nous marchons donc jusqu’à l’entrée de l’immeuble voisin, où nous ne pouvons être vues. «Quand je dois me cacher, j’ai parfois une grande poussée d’adrénaline», me révèle la détective.

Elle est fière de pouvoir dire qu’elle n’a jamais été démasquée lors d’une enquête.

Nous faisons un détour pour rejoindre la voiture et passons devant un arrêt de bus. Louisa y voit une occasion d’apprentissage: «Qu’est-ce que je ferais si j’étais en planque non loin et que quelqu’un m’apercevait?» Elle s’assoit sous l’abribus et prend l’air d’une passante. «J’attendrais le bus.» En quelques occasions elle a dû sauter dans un bus ou un tramway pour garder sa couverture.

Une organisation impeccable

De retour à la voiture, nous nous installons pour surveiller l’appartement de la femme. Louisa garde un œil sur ceux qui pourraient nous observer. «Les personnes âgées dissimulées derrière des voilages sont les plus dangereuses.»

Lorsque la mère ressort en compagnie de deux enfants, Louisa prend des photos et contacte le père. Elle fait ensuite une deuxième ronde de surveillance, seule et à pied, puisque nous avons peut-être déjà été observées ensemble. Elle noue ses cheveux en une queue de cheval, enfile un chapeau et une veste différente. «Appelez-moi dès qu’ils reviennent», m’ordonne-t-elle.

Je jette un coup d’œil par la vitre de la voiture. Il est 13h45 et il bruine. Un cycliste passe. Deux garçons marchent dans la rue vers l’aire de jeux. Je suis les gouttes d’eau sur le pare-brise. Je n’ai pas le droit de consulter mon téléphone portable. Je pourrais manquer quelque chose.

Mais rien ne se passe, et environ 15 minutes après son départ, Louisa ouvre brusquement la portière. Nous nous en tiendrons là pour aujourd’hui et retournons à Zurich. Les journées pluvieuses, quand les gens font moins d’allées et venues, Louisa s’occupe généralement de ses tâches administratives: rapports, photos, dossiers.

Le soir venu, je feuillette à nouveau les livres sur le métier de détective, qui contiennent également des publicités: l’une d’elles fait la promotion d’un stylo bille équipé d’une caméra-espion et d’un micro intégré; une autre présente des «gants de fouille». Ces publicités promettent le frisson que la journée ne m’a pas apporté.

Rester assise des heures dans une voiture, attendre, observer, prendre des photos. Disparaître dans le décor, loin de l’effervescence et du drame des films et romans de privés. Est-ce donc le quotidien d’un véritable détective?

Louisa Erismann a pourtant un point en commun avec ces célèbres enquêteurs de fiction: ce sont des non-conformistes que la curiosité pousse vers la vérité. C’est aussi ce qui la motive. Son mode de vie n’est pas courant et elle s’intéresse à la nature humaine. Dans un monde centré sur la jeunesse et la beauté, sur ceux qui se démarquent dans une foule, Louisa sait que rester dans l’ombre est le meilleur point d’observation.

© 2021, Reportagen. Reportagen (Mai 2021)

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