Un beau gars dans un monde de femmes
Dans le monde imaginaire de la pièce de théâtre Beau gars les femmes prennent leur place, sans filtre et sans compromis. Jusqu’au 1er avril au Théâtre d’aujourd’hui.
Le monde imaginaire de Beau gars s’ouvre sur trois femmes trois narratrices (Oumy Dembele, Marie Bernier, Cynthia Wu-Maheux) qui discutent. Trois excellentes comédiennes qui sont de véritables hyènes sur scène. À travers leur personnage, elles parlent sans filtre des hommes dans un langage imagé parfois difficile à soutenir, avouons-le.
Relatant avec admiration les exploits d’héroïnes féroces des séries télé de leur univers fictif : de la chasseuse Diane à la politicienne symbolique en passant par la policière… Ces femmes qui règnent là où les hommes ont toujours dominé décrivent dans un excès de détails les histoires vues à la télévision et relatent avec passion les exploits de leurs héroïnes dans un monde où l’homme est on ne peut plus effacé. Car dans l’univers de Beau gars, les rôles sont inversés pour une satire engagée (et parfois enragée), mais envoutante. Si la spectatrice et le spectateur sont parfois mal à l’aise devant des propos crus, choquants et qui vont trop loin, ils restent à l’affut bien curieux de savoir de quoi ces femmes seront capables. Et c’est ainsi que le message prend toute son importance, car la caricature offre une version finalement humoristique à ces situations autrement dramatiques. Dans cette pièce incroyable, mise en scène par Guillermina Kerwin, on prend d’assaut ce que la culture populaire a de plus toxique en changeant complètement les repères de la narration. Dans cette satire engagée, la dramaturge canadienne Erin Shields renverse les comportements stéréotypés pour les révéler au grand jour sous les projecteurs.
Tout au long de la pièce, les protagonistes surveillent – d’un œil intéressé – un beau gars (Gabriel Lemire), homme-objet à moitié nu et à leur disposition. Mais celui-ci prend toute sa place et confirme ses talents d’acteur au cours de la dernière demi-heure. Dans la tête d’une femme bien ordinaire, il nous offre un monologue sans répits sur la peur de ne pas être «correct» ou la honte d’avoir peur de ne pas dire ou penser les bonnes choses… ou d’avoir peur tout court. Que le narrateur soit un homme rend, en quelque sorte, le message plus objectif et moins cliché.
Une pièce audacieuse et excellente, qui génère de bonnes discussions à la sortie du théâtre.
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