Vivre sur la Lune
Votre nouveau roman, The Apollo Murders, a pour cadre une mission sur la Lune. Souscrivez-vous au principe selon lequel il ne faut écrire que sur ce qu’on connaît?
J’ai simplement envie de partager des expériences merveilleuses et uniques. Je suis le premier Canadien à avoir marché dans l’espace, le seul à avoir piloté un vaisseau spatial et j’ai été commandant de la Station spatiale internationale. Ce serait dommage de garder tout cela pour moi. Depuis que j’ai pris ma retraite de l’Agence spatiale canadienne en 2013, je découvre d’autres moyens de partager mes connaissances et ma passion pour l’exploration spatiale. Le roman était une nouvelle tribune.
Ne manquez pas ces faits intéressants à savoir sur la Lune.
Exploration spatiale
Vous avez situé l’action à l’époque de la guerre froide. Pourquoi?
C’est un grand moment de l’histoire de l’exploration spatiale. Quand je suis né, il était encore impossible d’aller dans l’espace. Mais voilà qu’en 1961 un homme a effectué le premier vol spatial. En 1981, on lançait la navette spatiale Columbia, et près de 20 ans plus tard, la Station spatiale internationale recevait ses premiers occupants. Encore 20 années se sont écoulées et nous sommes sur le point de retourner sur la Lune, comme dans The Apollo Murders, mais aussi de nous y installer. (Connaissez-vous ces découvertes spatiales les plus étonnantes de la dernière décennie?)
Une banlieue lunaire
À quoi cela ressemble, au juste? Un genre de banlieue, mais sur la Lune?
À cause du coût et du risque de l’entreprise, aller sur la Lune n’a pu être tenté que par quelques personnes. Nous disposons aujourd’hui de moyens plus abordables et plus fiables. Nous savons qu’il y a de l’eau gelée dans les cratères et que le Soleil fournit de l’énergie. Il n’y a plus qu’à trouver comment les exploiter pour assurer un habitat permanent et sûr. Les robots et les sondes peuvent accomplir un tas de choses. Sur le mode de la plaisanterie, nous pouvons imaginer être accueillis avec un martini par les robots que nous aurions envoyés pour préparer le terrain.
Une question sérieuse se pose alors: comment avoir des relations sexuelles dans l’espace?
Priorités différentes
Que répondez-vous à ceux qui souhaiteraient plutôt consacrer tout cet argent à la résolution de problèmes sur la Terre?
Qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Je ne doute pas qu’il y a beaucoup à faire pour résoudre les problèmes auxquels nous devons faire face ici, mais explorer l’univers fait partie de cet effort. En ayant à l’esprit l’histoire des extinctions des espèces, on peut envisager qu’une autre planète habitable pourrait assurer la survie de l’humanité. L’astronome Carl Sagan disait que les dinosaures ont disparu parce qu’ils n’avaient pas de programme spatial.
Il faudra peut-être d’abord percer les mystères de la lune qui intriguent les scientifiques.
Choix cornélien
Que penser des nombreux débats sur le choix entre la Lune et Mars comme lieu possible de colonisation?
C’est comme si, dans le premier cas, vous deviez construire un véhicule pour aller au chalet et, dans le second, pour aller en Australie. Non seulement Mars est beaucoup plus éloignée que la Lune, mais la planète passe souvent de l’autre côté du Soleil; les risques du voyage sont donc beaucoup plus importants. Ce qui n’enlève rien à l’attrait de l’aventure. Pour le moment, on sait qu’il n’y a pas de vie sur la Lune. En ce qui concerne Mars, ce n’est pas encore sûr.
Vous serez surpris d’apprendre que les astronautes ne peuvent pas faire ces choses ordinaires dans l’espace.
Extraterrestres
Pas de Martiens?
Nous espérons trouver des fossiles microbiens, mais nous en saurons davantage quand les échantillons prélevés par l’astromobile Perseverance regagneront la Terre, peut-être vers 2031. Notre chronique de fossiles a près de quatre milliards d’années et elle commence avec des organismes unicellulaires. Il existait des similitudes entre Mars et la Terre à l’époque où cette dernière s’est développée. Alors, quand vous pensez à l’univers et aux possibilités infinies que la vie se soit développée, c’est faire preuve d’arrogance d’imaginer que nous sommes les seuls.
Chris Hadfield est l’auteur de The Apollo Murders.
Inscrivez-vous à l’infolettre de Sélection du Reader’s Digest!