La dame de la rue des Messieurs
Chaque mois, le magazine Sélection du Reader’s Digest recommande, à travers son Club du livre, une œuvre littéraire et vous invite à la lire et à la commenter.
De quoi ça parle
Michèle Dagenais a 65 ans. Elle est veuve. Son amour de la musique l’entraîne à Vienne où, au café Prückel, elle écoute jouer le pianiste d’ambiance Tomas Schneeberger. Il a 71 ans, il est veuf. Elle l’aborde: elle a besoin… non pas d’un professeur mais d’un superviseur qui la guiderait dans son (ré)apprentissage de la 23e Sonate pour piano de Beethoven. Parce que Michèle est musicienne. Ou l’a autrefois été. Et, adolescente, elle a peut-être même sabordé son entrée à l’école de musique en présentant cette pièce musicale en audition.
Pourquoi? C’est le mystère sur lequel Jean Lemieux s’attarde dans ce roman, en levant le voile sur le passé de la sexagénaire, sa vie à Québec, son mariage, ses enfants. En remontant jusqu’à sa mère et à l’Expo 67. Le romancier retrace aussi le passé de Tomas, natif de Prague qu’il a quittée en 1968 pour un tas de (bonnes?) raisons, laissant derrière lui un peu de lui-même, juste assez pour qu’il ait le sentiment de ne jamais avoir refermé complètement la porte. À travers leurs histoires, des pans de celle de Beethoven, comme une ligne de fuite.
Pourquoi vous aimerez ça
Les lecteurs de Jean Lemieux le connaissent surtout pour ses polars. Ils aiment arpenter les rues de Québec et les Îles de la Madeleine avec lui. Ce sont des endroits qui lui sont chers et qu’il décrit à merveille. S’il n’y a à peu près rien de ces endroits-là dans ce nouveau roman, il y a beaucoup de Jean Lemieux quand même. Ne serait-ce que sa plume, ce serait déjà ça. Mais c’est davantage.
En ces temps de morosité (post) pandémique, La Dame de la rue des Messieurs donne le ton dès son titre: c’est un livre souriant, un livre qui fait du bien. On pressent une histoire d’amour entre gens d’âge mûr, mais… a-t-on raison? Disons qu’il y a de l’amour entre ces pages, des amours en fait, de bien des sortes. Il y a également la musique, qui coule à grands flots. Une profonde humanité, qu’il faut préserver envers et contre tout. Et une intrigue, des intrigues, qui surprennent au tournant des pages et débouchent sur une pirouette finale des plus craquantes.
Qui l’a écrit
Jean Lemieux a pris sa retraite de la médecine mais pas de l’écriture. Parce que l’homme de science n’est pas devenu homme de lettres par accident. L’art du récit coulait et coule toujours dans ses veines. Il a signé une vingtaine de romans, polars et titres destinés aux jeunes. Il s’est souvent retrouvé finaliste à des prix littéraires et a remporté les plus importants.
Une suggestion du rédacteur en chef
Notre chroniqueuse littéraire, Sonia Sarfati, a demandé à des auteurs québécois d’écrire une nouvelle dans laquelle ils explorent leur relation avec les personnages qu’ils ont créés. Quatorze d’entre eux ont répondu à l’appel, et cela donne un recueil tout à fait épatant. Dans Face à face (Éditions Druide), les créateurs sont souvent mis en demeure par leurs personnages de justifier leurs choix. L’échange est parfois jovial, sympathique, parfois acrimonieux et revanchard. Eh oui, ce n’est pas toujours le grand amour. Dans la première nouvelle par exemple, Patrick Senécal voit débarquer dans son salon Yannick Bérubé, héros martyr de son 5150 rue des Ormes, qui, 30 ans plus tard, vient à la pointe du revolver demander à son créateur de changer la fin de l’histoire. Cela permet à l’écrivain de jeter un regard plein de dérision et d’humour sur son travail. Un vrai régal!
C’est quelque chose de rare car, comme l’écrit Sonia dans ses remerciements aux auteurs, ces nouvelles donnent au lecteur «l’occasion de jeter un œil furtif dans votre chambre d’écriture. Ça n’a pas de prix.»
Venez nous parler
Rendez-vous sur notre groupe Facebook, Le club du livre Sélection, pour discuter de La Dame de la rue des Messieurs et de Face à face avec les membres de notre club de lecture.
La dame de la rue des Messieurs, de Jean Lemieux, 24,95$, QUÉBEC AMÉRIQUE
Inscrivez-vous à l’infolettre de Sélection du Reader’s Digest!