L’élément déclencheur
Philosophe ou chercheur en médecine, Jeremy Howick a chapeauté plusieurs recherches novatrices, notamment sur l’effet placébo et sur l’empathie. Ce travail, commencé il y a 15 ans, s’appuie sur des études réalisées auprès de milliers de patients. Docteur Vous est un livre qui rend l’individu mieux outillé, face à la panoplie de médicaments trop souvent offerts pour guérir le moindre mal.
Quand on lui demande quel a été l’élément déclencheur de ce livre, monsieur Howick nous parle de son expérience personnelle, de cette grande période de stress vécue il a plusieurs années. À cette époque, il faisait partie de l’équipe canadienne d’aviron : «Ma mère m’avait recommandé de consulter un herboriste. Je n’y croyais pas vraiment, mais j’y suis quand même allé. Nous avons parlé pendant au moins 45 minutes – et pas seulement de mes symptômes d’allergies – mais aussi du stress (dans mon cas de compétition à haut niveau). L’herboriste m’a simplement conseillé de m’habiller chaudement et de boire du thé au gingembre. J’étais persuadé que ça ne marcherait pas, mais j’ai quand même essayé. Après 3 jours de ce régime, mes allergies ont pratiquement disparu. Je me suis demandé si ça marchait vraiment, ou si c’était l’effet placébo ou l’empathie de l’herboriste qui m’avait aidé. Toutes ces questions m’ont amené à faire des recherches – durant les 15 dernières années – avec des milliers de patients. Et j’ai trouvé des réponses à mes questions.»
Des études scientifiques
Il n’y a pas un seul remède miracle, mais plusieurs solutions qui vont dépendre de chaque individu. Il y a toutefois une constante: la pensée positive, l’empathie, la connexion avec les autres ou les actes altruistes. «La plupart du temps, ces approches sont considérées comme pas vraiment scientifiques. Alors j’ai utilisé le modèle de la médecine moderne – c’est-à-dire les essais cliniques – pour découvrir les véritables effets de la pensée positive, de l’empathie et des actes altruistes, par exemple. Grâce à mes études sur de nombreux patients, ces remèdes naturels sont maintenant basés sur la science pure et dure.»
Comment fait-on une étude scientifique avec des placébos?
En partant du même principe que les scientifiques, qui testent des médicaments sur des patients qui seront suivis durant quelques années. «Nous avons regardé les effets que les remèdes naturels – c’est-à-dire les placébos, l’empathie du docteur, une bonne alimentation et des habitudes saines de vie – ont sur les patients. Et nous avons découvert que lorsque tous ces éléments sont réunis, ont peut guérir les maladies légères aussi bien qu’avec les antibiotiques, mais sans les effets secondaires» indique le docteur Howick.
Les bienfaits de l’effet placébo
Une dose d’empathie de la part du docteur et les pensées positives suffiraient pour guérir le patient? «J’ai découvert que l’effet placébo est bien réel, pour beaucoup de maladies dites légères: notamment la douleur légère, l’anxiété légère ou la dépression légère. Toutefois, pour les maladies plus sérieuses ou carrément graves, il faut des médicaments. Mais l’effet placébo peut aussi en augmenter ses effets. Le stress, par exemple, empêche le corps de digérer convenablement. Alors même si nous mangeons que de bons aliments pour la santé, si nous sommes stressés, nous ne digérons pas bien ces choses et nous ne profiterons pas des bienfaits des aliments.
Il faut savoir que l’effet placébo – comme une pilule de sucre – marche à travers une connexion entre l’esprit et le corps. Les placébos peuvent être pris pour guérir des maladies communes, comme le mal de dos, la dépression légère, des blessures mineures ou encore le déficit de l’attention. «C’est si fort, qu’un médecin qui a confiance en son traitement et en la capacité de guérison de son patient peut influencer la rapidité de guérison» ajoute Jeremy Howick.
Poser des questions à votre médecin
Quand on lit Docteur Vous, on réalise que c’est vrai, qu’on n’y avait jamais pensé, mais que c’est plein de bon sens. C’est un livre en soi éducationnel, qui offre une prise de conscience sur la responsabilité de chaque individu devant sa propre santé. Mais pour poser des questions au docteur, ne faut-il pas avoir un minimum de connaissances sur les maladies ou sur nos propres douleurs? «Pas quand on connaît les principes de base de la probabilité, très faciles à comprendre…» nous confie monsieur Howick.
La force de la probabilité
Comme indiqué dans son livre, les questions que vous devez poser au médecin sont simples et doivent être posées lorsque le médecin vous prescrit un médicament.
• Que va-t-il m’arriver si je ne prends pas ce médicament?
• Que va-t-il m’arriver si je prends ce médicament?
• Est-ce qu’il y a d’autres alternatives?
«On n’a pas besoin de connaissances spéciales pour poser ces questions. C’est facile pour la majorité des gens, mais le médecin se doit de l’explique. Par exemple, sur 100 personnes qui prennent ce médicament, il y en a 20% qui vont voir leur état s’améliorer. Mais une autre étude est réalisée sur 100 autres personnes, qui ne prennent pas ce médicament : ici, il y a seulement 10 personnes dont l’état va s’améliorer», nous explique le docteur Howick.
S’il est parfois difficile de comprendre la probabilité, la bonne nouvelle c’est qu’elle est très bien expliquée dans les pages du Docteur Vous. En effet, poser des questions ce n’est pas difficile: en gros, ça pourrait se résumer en deux questions. «Qu’est-ce qui va m’arriver si je prends ce médicament?» et «qu’est-ce qui va m’arriver si je ne le prends pas?» et quelles sont les autres options.
Développer un lien de confiance avec le médecin
Jeremy Howick (né à Montréal, il vit maintenant en Angleterre) encourage le patient à trouver un médecin avec qui il se sent bien. Il a conscience qu’au Québec, c’est plus difficile qu’en Angleterre. «Toutefois, l’empathie c’est une relation qui se développe entre le patient et le docteur. Alors le patient doit travailler avec le médecin. Ça veut dire avoir des questions claires et connaître ses propres objectifs. Souvent, les gens entrent dans le bureau du médecin sans vraiment savoir ce qu’ils cherchent. Veulent-ils soulager la douleur ou – si la douleur ne les dérange pas trop – préfèreraient-ils bouger davantage? Le but du patient influencera la bonne recommandation, du médecin.»
La médecine parallèle a changé sa vie
Jeremy Howick avoue en rigolant qu’il voulait être banquier: « j’ai complètement changé de trajectoire. J’étais quelqu’un de terriblement stressé – encore aujourd’hui, mais je fais beaucoup de choses pour me déstresser. Ma mère m’avait conseillé de voir un yogi traditionnel – qui s’appelait dr Balli – je l’ai visité dans son studio à Montréal, et il m’a expliqué la connexion entre l’esprit et le corps. Au début, j’étais septique, mais j’ai quand même essayé. En fait, je me suis senti tellement relax après cette visite, que j’ai pensé qu’en pouvant contrôler mon esprit de cette façon en pratiquant l’aviron, je pourrais gagner davantage de concours. Alors j’ai pratiqué le yogi et après ça j’ai fait partie de l’équipe canadienne d’Aviron et j’ai gagné des médailles… et maintenant je suis aussi prof de yoga!» Tout ce que Jeremy Howick recommande, il le met lui-même en application.
L’autoguérison, à la portée de tous
Est-ce que le lecteur a besoin de lire le livre Docteur Vous au complet, pour bien comprendre et mettre les conseils du docteur Howick en application? Idéalement oui, car c’est un livre-ressource riche en information, avec de nombreux témoignages. Toutefois, il est également possible de lire les chapitres selon ses propres besoins.
Chaque chapitre commence avec une histoire qui explique l’idée générale du chapitre, et un exercice à la fin fortement recommandé par le Docteur Vous. Un livre bien plus qu’intéressant: un outil vers l’autoguérison!