Choix de lecture: L’avenir, de Catherine Leroux

Chaque mois, le magazine Sélection du Reader’s Digest recommande, à travers son Club du livre, une œuvre littéraire et vous invite à la lire et à la commenter.

Club du livre: L’avenir, de Catherine Leroux.ÉDITIONS ALTO - Via Amazon.ca
L’avenir, de Catherine Leroux
(28,95$, ÉDITIONS ALTO)

De quoi ça parle?

Nous sommes à Fort Détroit. Autrement dit à Detroit si la ville avait fait partie du Canada français et non des États-Unis. Fort Détroit qui serait, aussi, en mode survie. Car le monde, notre monde, s’est écroulé. Dans ce contexte où le familier s’emboîte à l’apocalypse, Gloria s’installe dans une maison qui n’est pas la sienne. Dans une maison qui était celle de sa fille.

Mais sa fille a été tuée et ses deux petites-filles ont disparu. Gloria est là pour les chercher, pour les trouver. Puisque tant qu’elles ne sont «que» disparues, ses petites-filles ne sont pas mortes.

Dans un premier temps, c’est donc elle que l’on suit. Puis, dans une deuxième partie, le récit se transporte dans le Ravin. Là où les enfants se cachent, vivent, se sont donné de nouveaux noms, se sont organisé une société bâtie à leur image. Les deux mondes se croisent. Celui des adultes, celui des enfants. Le passé et le futur, tout ça dans un présent gris et dur mais en route vers le renouveau, vers un avenir différent.

N’hésitez pas à lire ou à relire ces livres classiques!

Pourquoi vous aimerez ça

En ces mois de pandémie, de solitude et de désarroi, L’avenir dit des choses importantes, entre autres sur l’humanité. Littérature et science-fiction, travail sur la langue et post-apocalypse, sentiment de familier et odeur de dépaysement se mêlent bellement dans ses pages. Et il y a Gloria, personnage dont on comprend et on endosse la douleur – «Il n’y a rien comme la mort d’un enfant pour vous projeter dans un autre âge» – puis la quête. Où sont passées ses deux petites-filles? Pour la seconder, la précéder, l’appuyer, une galerie de personnages colorés, différents et vrais. Ce sont les adultes, perdus dans un monde pour eux sans repères.

Et soudain, Catherine Leroux se tourne vers l’autre présent, celui qui a la couleur de demain, de l’avenir. Celui des enfants, en train de refaire le monde à leur manière. Une société, des règles, des valeurs à la fois si semblables et si différentes de celles de leurs prédécesseurs. Parce qu’il faut survivre. Bien sûr, quand les deux univers convergent, il y a choc. Il y aura également réconciliation. Et conciliation. Et, côté lecteurs, des réflexions.

Qui l’a écrit?

Catherine Leroux était journaliste. Elle est devenue romancière. Et traductrice. Et éditrice. Toujours avec le même (grand) succès. Entre autres, La marche en forêt, son premier roman, a été finaliste au Prix des libraires; son deuxième, Le mur mitoyen, a remporté le prix France-Québec tandis que Madame Victoria a été couronné du prix Adrienne-Choquette. 

Lire est l’un des moyens de relaxer sans dépenser un sou!

Extrait

Plus loin, un mini pleure de fatigue, ainsi qu’une grande qui saigne du nez – c’est une règle empirique dans le Ravin: il y a toujours une ou deux personnes qui pleurent, deux ou trois qui rient ou qui se battent, une demi-douzaine qui dorment, quelques-unes qui se vident les intestins après avoir avalé des fruits trop verts ou de l’eau croupie, et une qui agonise. Les vies sont courtes et magiques, dures et pleines, et elles sont toutes gouvernées par Fidji. Elle se répète son mantra, ils sont en sécurité, ils sont invisibles, elle s’y agrippe car après tout ce temps à la tête du camp deux choses la tiennent toujours avec toute la rectitude d’une épine dorsale: l’omnipotence et la responsabilité, et plus la seconde pèse, plus la première grandit, comme deux charges s’égalisent pour éviter qu’un bateau chavire. (…)

Le soir venu, des détonations se font entendre; Pow-pow se prépare à trouer la nuit avec sa poudre noire, et par ces brèches les rêves pourront entrer pour mener les enfants au sommeil. Loupiote irait volontiers se coucher mais elle doit veiller: le printemps a ramené les loups, les ombres, les mangeurs d’enfants (…) (p. 112-113).

Venez nous parler

Rendez-vous sur notre groupe Facebook, Le club du livre Sélection, pour discuter de L’avenir avec les membres de notre club de lecture et Sonia Sarfati. Quels thèmes du livre vous ont-ils fait le plus vibrer? Que pensez-­vous de la science-fiction comme miroir réfléchissant (sur) le présent?

Voici comment intéresser votre enfant à la lecture.

Contenu original Selection du Reader’s Digest